soit par voie terrestre à travers les plaines d'Ukraine, le Caucase et l'Inde.
Enfin, les métaux précieux, l'or qui sous-tend l'activité économique, ne sont plus produits en quantité suffisante
pour répondre aux besoins monétaires. Les pays ibériques, en contact avec le monde arabo-musulman par
l'intermédiaire du Maroc ont entendu parler, à travers les récits du géographe Ibn Battuta, des immenses
richesses de l'Empire songhraï de Tombouctou. Ils vont donc s'efforcer dans un premier temps de trouver une
route qui puisse les mettre en contact avec l'Empire songhraï, puis de contourner l'Afrique pour
s'approvisionner directement en Inde et court-circuiter le monopole des villes marchandes italiennes.
III. Causes techniques et scientifiques
La révolution géographique
Depuis le Vème siècle après J.-C., tous les savants savent que la terre est ronde. Bède le Vénérable (mort en
736) écrit dans son traité De la nature des choses " Que la terre est semblable à un globe " ; cet acquis n'a
jamais subi la moindre contestation de la part de l'Eglise.
Les Arabes transmettent aux Européens les travaux de l'antiquité hellénistique : Hérodote, Ératosthène,
Hipparque de Nicée, Strabon et Ptolémée (IIème siècle ap. J.-C.) qui a fait une synthèse de tous les travaux
antérieurs. Sa Géographie est une vaste compilation destinée à l'établissement d'une carte du monde connu.
Les cartes qui accompagnent l'édition de sa géographie au XVème siècle répandent l'idée que des côtes d'Europe,
en faisant voile vers l'ouest, on atteindrait facilement l'Asie.
Les géographes arabes (Edresi - XIIème siècle - et Ibn Battuta - XIVème siècle) fournissent d'importantes
indications sur l'Afrique, la péninsule arabique et l'Inde. D'autre part, à la suite des croisades, les Occidentaux
entreprennent de grandes expéditions en Asie dont la plus connue est celle de Marco Polo en raison de son
Livre des Merveilles dans lequel il décrit les richesses des pays traversés. La plupart des voyageurs de l'époque
ont laissé leurs relations de voyages, et c'est grâce à la compilation de tous ces périple que des traités de
géographie voient le jour.
Mais les connaissances sont erronées. Certains géographes, comme l'italien Toscanelli (1471) démontrent que
les données sont fausses. Ceci est dû au manque de précision des instruments de mesure permettant de faire
des relevés. L'Europe et l'Asie sont démesurément allongés vers l'est par rapport au méridien de référence
(méridien des Canaries) ; la distance Asie-Europe par l'ouest s'en trouve donc fortementr accrue. Il est donc
normal que la route vers l'ouest, pour rejoindre Cathay (Chine) et Cipangu (Japon) soit considérée comme plus
facile.
La carte permet d'abord la conquête intellectuelle du monde avant d'accompagner et de guider son exploration
; les voyageurs, loin de partir vers l'inconnu, ont voulu vérifier dans les faits l'existence de mondes que la
spéculation intellectuelle avait d'abord suscité pour dilater l'univers des mappemondes. L'entreprise de la
découverte trouve dans la carte un objet conventionnel fondé sur des principes scientifiques et susceptible
d'améliorations.
Cette révolution des connaissances géographiques se poursuit au XVIème siècle avec la mise au point du
système de projection de Mercator qui permet de représenter sur une surface plane le globe terrestre. Cette
découverte facilitera grandement la navigation. Mais en même temps que les connaissances géographiques
augmentent, des découvertes techniques importantes révolutionnent l'art de naviguer.
Les instruments de navigation
Ces instruments de navigation permettent de s'affranchir de la côte et de pouvoir naviguer en pleine mer. Les
nouveaux instruments permettent de partir le dos à la terre, ailleurs qu'en Méditerranée. (La Méditerranée est
une mer fermée ; après quelques jours de navigation en gardant le même cap, on est certain de trouver une
terre connue). Les navigateurs peuvent s'orienter en pleine mer grâce à deux instruments : la boussole et
l'astrolabe.
· la boussole est une invention chinoise apporté par les Arabes au XIIIème siècle ; un Italien a eu l'idée de
monter l'aiguille aimantée sur un pivot et de loger le tout dans une boite. La boussole permet s'orienter et de
garder un cap.
· Sous Jean II du Portugal (1455-1495), les mathématiciens du cap Saint-Vincent découvrent le moyen de
calculer la latitude d'un lieu quelconque grâce à l'astrolabe. On mesure l'angle de l'étoile polaire avec l'horizon
et l'on se reporte à des tables astronomiques.
Malheureusement les instruments de mesure du temps sont encore trop rudimentaires pour calculer
correctement la longitude. Le seul moyen employé est le sablier de Vingt-quatre heure qui permet de
déterminer approximativement le fuseau dans lequel on se trouve. Sur un long voyage, il était possible de se
tromper de 20° (400 lieues). Avec des cartes sommaires, une boussole et la possibilité de faire un point
approximatif, les marins disposaient de quelques moyens fiables pour naviguer en haute mer.