
  Fiche de lecture. Discours décisif  (AVERROES) 
Le discours décisif : « fasl al maqal » 
 
 L’ouvrage  n'est  ni  un  livre  de  philosophie  ni  un  livre  de  théologie.  Le « discours  décisif »  est  une 
fatwa (un avis légal) qui répond à une question formulée dans les termes et le registre de la juridiction religieuse. 
C'est comme juriste et cadi qu'Ibn Rushd intervient, et pour persuader. 
 
  La démonstration est déclinée selon 3 parties :  
 
Première partie  
  L'objet du Discours est énoncé sous forme de question : Rechercher, dans la perspective de l'examen 
juridique, si l'étude de la philosophie et des sciences de la logique est permise par la Loi révélée, ou bien 
condamnée par elle, ou bien encore prescrite, soit en tant que recommandation, soit en tant qu'obligation. 
L'objet du traité est donc le statut légal de la philosophie. 
   Pour prouver que «la Révélation nous appelle à réfléchir sur les étants
 en faisant usage de la raison, et 
exige de nous que nous les connaissions par ce moyen », Averroès invoque une série de versets du Coran : LIX, 
2 («Réfléchissez donc, ô vous qui êtes doués de clairvoyance»); VII, 185 («Que n'examinent-ils le royaume des 
cieux et de la terre et toutes les choses que Dieu a créées»…. 
  Averroès poursuit en précisant que le musulman est aujourd'hui obligé d'étudier «ce qu'en ont dit les 
Anciens » dans la période préislamique, à charge, pour lui, de recevoir ce qui s'y avère juste et de signaler ce qui 
ne l'est pas.  Ainsi, la Loi rendant obligatoire l'étude des Anciens, quiconque interdit à ceux qui y sont aptes 
l'étude d'une science appelée par la Révélation leur interdit l'accès à la «connaissance de Dieu» et contrevient à 
l'appel adressé à l'homme par Dieu.  
Deuxième partie :  
  Averroès consacre la 2e partie du Discours à répondre à des objections contre la thèse de l'obligation de 
philosopher établie dans la première partie. Averroès identifie 2 objections : la première, générale, porte sur la 
possibilité d'une discordance entre les enseignements de la philosophie et ceux de la Révélation ; la seconde, 
légale,  sur  l'hétérodoxie  factuelle  alléguée  de  certaines  thèses  philosophiques.  Sa  réponse  s’articule  en  deux 
temps :  
 la vérité atteinte par la démonstration ne peut contredire celle du Texte, donc toute contradiction entre 
elles ne peut être qu'apparente. L'existence de textes réclamant une interprétation, i.e. de textes qui, pris dans le 
sens premier, paraissent se contredire n'a qu'une raison d'être : «signaler aux "hommes d'une science profonde"» 
la  nécessité  de  l'interprétation,  «pour  les  concilier»  entre  eux,  c'est-à-dire  pour  mettre  le  Texte  révélé  en 
conformité avec la vérité démonstrative. 
  Ibn Rushd dresse une typologie générale des énoncés de la Révélation. Il y a deux classes d'énoncés : 
les « versets univoques » et les «versets équivoques». Pour les versets univoques, l'attribution du sens premier 
est obligatoire pour tout le monde et l'interprétation interdite à tout le monde. Pour les versets équivoques, il faut 
distinguer  entre  les  classes  d'esprits.  Pour  les  gens  de  démonstration  :  l'interprétation  est  obligatoire  et 
l'attribution  du  sens  premier  est  interdite;  pour  les  autres  :  1'attribution  du  sens  premier  est  obligatoire,  et 
l'interprétation interdite. 
  Ensuite, Averroès tire la conclusion de l'ensemble de la discussion et ouvre la question politique qui va 
dominer toute la dernière partie du « discours décisif ».Pour établir socialement la philosophie, il n'y a qu'une 
solution : politique et coercitive. Il faut commencer par l’interdire à ceux qui ne sont pas aptes à la science. 
En revanche interdire totalement les livres de démonstration, donc empêcher la circulation de la science 
chez ceux qui y sont parfaitement aptes, serait une erreur irréparable. 
 
Troisième partie : 
  Il ne faut donc rien communiquer à la foule : ni les interprétations vraies ni les interprétations viciées. 
Le manquement à ce précepte est la cause de l'apparition des «sectes de l'Islam». La caractéristique des sectes, 
c'est-à-dire  des  différentes  écoles  théologiques  et  mystiques,  est  de  s'accuser  mutuellement  d'infidélité  et 
d'innovation blâmable. C'est une conséquence inéluctable de leur pratique de l'interprétation.  Dans ce qui est 
probablement la page la plus souvent citée du « discours décisif », Averroès impute ainsi formellement aux 
Mu'tazilites et aux Ash'arites
 la responsabilité de la «haine», de l'«exécration mutuelle» et des «guerres» 
qui «divisent les hommes» autant qu'elles «déchirent la Révélation».  
 
 
 
 
 Selon Averroès, «L'acte de philosopher ne consiste en rien d'autre que dans l'examen rationnel des étants et 
dans le fait de réfléchir sur eux en tant qu'ils constituent la preuve de l'existence de l'Artisan. ». 
 Ecoles théologiques et mystiques dont chacune se voulait l’unique interprète de la doctrine de l’Islam.