Conférence de presse du 2 août 2012
Hausses de salaire 2013 : les travailleurs et travailleuses les méritent !
La récession annoncée n’a pas eu lieu et les prévisions de croissance ont sensiblement été cor-
rigées à la hausse en début d’été. Les perspectives économiques restent réjouissantes pour
l’année en cours et l’année à venir. Travailleurs et travailleuses ont fourni un effort énorme en
ces temps d’insécurité, il s’agit donc de le valoriser en leur accordant d’appréciables hausses de
salaire lors des négociations salariales 2013. Par conséquent Travail.Suisse, l’organisation faî-
tière indépendante de 170'000 travailleurs et travailleuses, insiste sur des augmentations sala-
riales générales, accordées régulièrement.
Susanne Blank, responsable de la politique économique, Travail.Suisse
La récession annoncée pour fin 2011 n’a pas eu lieu. L’économie suisse a montré une fois de plus
sa robustesse et sa capacité à résister à la crise.
L’économie suisse ne craint pas l’adversité et continue de croître avec vigueur
L’économie suisse a mieux résisté que prévu dans le contexte de la crise de la dette et de l’euro.
La récession annoncée pour fin 2011 n’a pas eu lieu et les prévisions de croissance ont sensible-
ment été corrigées à la hausse au début de l’été. Le Secrétariat d’Etat à l’économie SECO s’attend
à une croissance économique de 1.4 pour cent pour l’année en cours et de 1.5 pour cent pour
2013. Ce bon résultat est surtout dû à forte consommation privée. La croissance de celle-ci est
constante et se reflète dans l’indice du climat de consommation, lui aussi en hausse. L’économie
intérieure continue de prospérer allègrement, la construction tourne à plein régime et le com-
merce de détail s’est apparemment remis de sa fragilité de l’année dernière. Dans l’industrie
d’exportation, une image hétérogène apparaît : les exportations de montres et de produits
pharmaceutiques continuent d’augmenter, alors que le tourisme et l’industrie des machines, qui
subissent les retombées du franc fort et de la crise européenne de la dette, doivent faire face à
de multiples exigences. L’industrie suisse d’exportation se montre cependant, dans l’ensemble,
très résistante et compétitive.
Quant aux entreprises, la situation est satisfaisante dans l’ensemble. Le niveau de rendement
semble continuer de se stabiliser pour l’année à venir.
La situation sur le marché du travail est réjouissante : l’emploi augmente, même si sa croissance
est un peu plus modérée qu’auparavant. Le taux de chômage oscille autour de trois pour cent et,
en été 2012, le chômage partiel a été beaucoup moins important que ce qu’on craignait.
L’Office fédéral de la statistique s’attend pour l’année en cours à un renchérissement négatif de
0.4 pour cent et pour 2013 à un modeste renchérissement annuel de 0.5 pour cent.
La crise de l’euro et la crise de la dette sont toujours considérées comme les principaux risques
conjoncturels, la probabilité d’une aggravation débridée est cependant faible.
Pression accrue sur les travailleurs et travailleuses
Au cours de ces quatre dernières années de crise économique et d’insécurité, la pression exercée
sur les travailleurs et travailleuses a fortement augmenté. De nombreuses restructurations et de
nombreux licenciements ont accru l’insécurité de l’emploi. Cette situation n’a d’ailleurs pas été
compensée par une amélioration des prestations de l’assurance sociale, bien au contraire : la
révision de la loi sur l’assurance chômage a affaibli la protection des travailleurs et travailleuses.
Les employeurs ont répercuté sur leurs travailleurs et travailleuses les insécurités au sein de leurs
entreprises en exigeant encore plus de flexibilité : rythmes de travail accrus, pression accrue en
ce qui concerne les délais et la production en sont devenus les maîtres mots. Ces exigences, asso-
ciées au fait de devoir être constamment atteignable et à l’extension du temps de travail fondé
sur la confiance, sont appliquées au détriment des travailleurs et travailleuses. Et, comme c’était
le cas l’an passé dans de nombreuses entreprises d’exportation, une augmentation du nombre
d’heures de travail a été imposée au personnel, ce qui n’est rien d’autre qu’une réduction brutale
des salaires.
Deux enquêtes mettent ces évolutions nettement en évidence. Au vu de la statistique des heures
supplémentaires établie par l’OFS, chaque personne travaillant à plein temps a effectué en
moyenne 56 heures supplémentaires l’an passé, ce qui représente une augmentation de 7 heures
par rapport à 2008. Au vu de l’étude sur le stress effectuée par le SECO, une personne active sur
trois est constamment soumise à un stress négatif et chronique provoqué par le travail. Ce
nombre a augmenté d’un quart entre 2000 et 2010. Déjà 80 pour cent des personnes actives
travaillent constamment sous une pression élevée due à des délais à respecter, ce qui représente
10 pour cent de plus qu’il y a dix ans. Aucune différence n’existe entre catégorie professionnelle,
branche ou revenu.
Ces dernières années, les travailleurs et travailleuses ont fait preuve de flexibilité et de d’un tra-
vail méritoire. Pour cette raison, les travailleurs et travailleuses doivent aussi avoir part, en toute
justice, à la valeur ajoutée ainsi créée et bénéficier de hausses de salaire appréciables.
Augmentations salariales substantielles pour 2013
Les négociations salariales 2013 se placent pleinement sous le signe des années d’insécurité au
cours desquelles les travailleurs et travailleuses ont fourni un travail méritoire. Travail.Suisse et
les fédérations affiliées Syna, transfair et Hotel & Gastro Union revendiquent des hausses de sa-
laire substantielles pour les travailleurs et travailleuses pour les raisons suivantes :
Un renchérissement négatif conduit à une évolution positive du pouvoir d’achat
L’Office fédéral de la statistique s’attend à un renchérissement négatif de 0.4 pour cent pour
l’année en cours. Cela signifie concrètement que les travailleurs et travailleuses peuvent s’offrir
plus avec le même salaire. C’est donc positif, puisque cette évolution a des retombées, elles aussi
positives, sur la consommation.
Il ne faut toutefois pas oublier que l’indice national des prix à la consommation ne tient pas
compte des primes d’assurance-maladie et de leur évolution. Rien qu’en 2011, la hausse des
primes a réduit de 0.4 pour cent le revenu moyen disponible
1
, ce qui signifie donc une perte de
salaire réel. D’après l’Office fédéral de la santé publique, les primes ont augmenté en moyenne
de 2.2 pour cent et elles vont encore augmenter en 2013.
Exemple illustratif:
Le renchérissement attendu en 2012 est de 0.4 pour cent. Si l’employeur accorde une hausse
de salaire de 1.5 pour cent pour 2013, le travailleur peut apprécier une augmentation du pouvoir
d’achat de 1.9 pour cent. L’effet négatif de l’indice des primes d’assurance-maladie, qui à son
tour diminue le pouvoir d’achat, n’y figure pas.
Les travailleurs et travailleuses peuvent s’offrir quelque chose en plus avec le même salaire,
grâce à des prix à la consommation en baisse. Pour cette raison, les revendications salariales
2013 adressées aux employeurs sont un peu plus basses.
Augmenter les salaires honorer le travail accompli
Au milieu de l’année 2009, l’économie suisse a retrouvé plus rapidement que prévu le chemin de
la croissance. L’automne salarial 2009 n’a cependant débouché que sur un statu quo pour 2010
(indice salarial 2010 : hausse de 0.1 % réel, conventions collectives de travail 2010 : hausse de 0
% réel). D’après les conventions collectives de travail, une hausse de 0.9 pour cent réel a été ac-
cordée pour le début 2011 et, d’après l’indice salarial, une hausse de 0.7 pour cent réel. Malgré
tout, les travailleurs et travailleuses n’ont pas eu beaucoup plus d’argent dans leur porte-
monnaie en 2011, étant donné qu’augmentaient en même temps d’autres redevances et la taxe
sur la valeur ajoutée et que, comme cité plus haut, les augmentations des primes d’assurance-
maladie ont réduit de 0.4 pour cent le revenu disponible. Pour l’année courante, les résultats
salariaux ont été plutôt modestes en raison de la récession qui menaçait et, suivant les branches,
ils se situaient très différemment entre zéro et 2 pour cent au maximum.
1
Office fédéral de la statistique, indice des primes d’assurance-maladie 2011
Le renchérissement négatif ne libère pas les employeurs d’une hausse de salaire accordée
régulièrement à leurs collaborateurs. En résumé, depuis 2010, les salaires ont modestement
augmenté de 1-2 pour cent. L’énorme travail fourni ces dernières années doit être valorisé
pour 2013 par une hausse de salaire se situant entre 1 et 2 pour cent.
Soutenir la consommation privée garantir la croissance
C’est surtout grâce à une robuste consommation privée et à une économie intérieure florissante
que l’économie suisse a renoué avec une croissance solide. C’est la consommation privée en par-
ticulier qui va être le principal pilier de la croissance de l’économie pour l’année courante et
l’année prochaine.
Des hausses de salaire réel s’imposent afin que la consommation privée continue d’être le
pilier de la croissance de l’économie.
Hausses de salaire pour tous les travailleurs et travailleuses
Sur le plan de la politique salariale, la question cruciale est la répartition des hausses de salaire.
Travail.Suisse et les fédérations affiliées Syna, transfair et Hotel & Gastro Union ont des idées
bien claires à ce sujet:
Des revendications salariales différenciées selon la branche
Dans ces négociations salariales, les fédérations affiliées à Travail.Suisse ont, comme d’habitude,
des revendications différenciées et tiennent compte de la situation propre à chaque branche
resp. à chaque entreprise. Il faut cependant souligner qu’à l’exception des entreprises de
l’industrie des machines et du tourisme, touchées par la crise de l’euro et de la dette et par la
cherté du franc, la situation économique du reste des entreprises suisses est bonne, voire très
bonne et qu’elles peuvent se permettre d’accorder une substantielle hausse de salaire.
Pas de réforme des systèmes de rétribution favorisant les hauts dirigeants
On procède à une réforme des systèmes de rétribution, on donne de plus en plus d’importance
aux bonus. Mais le profit tiré de ces adaptations n’est pas le même pour tous. Souvent, les chan-
gements opérés dans les systèmes de rétribution sont conçus pour les cadres ou les directions
des entreprises, ce qui leur permet d’augmenter abusivement leurs salaires. Cette tendance ap-
paraît clairement dans l’évolution des salaires de managers. Il ressort de l’étude menée par Tra-
vail.Suisse sur les salaires des managers qu’en l’espace de 10 ans les rémunérations des membres
de la direction ont décuplé par rapport à celles du personnel
2
. Ça ne peut continuer ainsi. Il faut
aligner les taux de croissance des salaires des travailleurs et travailleuses sur ceux des salaires des
managers.
Des hausses de salaire générales pour tous les travailleurs et travailleuses
Pour 2013, les hausses de salaires doivent être en premier lieu générales. Tous les travailleurs et
travailleuses doivent pouvoir bénéficier de la reprise économique et des progrès de la productivi-
té. Des hausses de salaire générales sont un moyen adéquat. Des augmentations de salaire indi-
2
Travail.Suisse, étude sur les salaires des managers 2011
viduelles et des salaires à la prestation engendrent des injustices et une désolidarisation parmi
les travailleurs et travailleuses.
Des hausses de salaire accordées régulièrement au lieu de versements uniques
Les versements uniques profitent surtout à l’employeur puisqu’il ne doit pas prévoir pour l’année
suivante un montant salarial fixe plus élevé. Quant aux bonus, ils sont certes un plus bien
agréable pour les travailleurs et travailleuses, mais ne sont pas un élément constant et fiable du
salaire, car ils ne garantissent pas au cours des années qui vont suivre un niveau salarial plus éle-
vé et un droit à une rente plus élevée. Cette forme de rémunération ne peut être appliquée
qu’exceptionnellement.
Plus de salaires minimaux par branche ou région
Il faut contrer la pression accrue sur les salaires. Pour les branches à bas salaires, des salaires
minimaux, par branche ou région, à caractère contraignant doivent être négociés par les parte-
naires sociaux ou fixés dans un contrat-type de travail.
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