Cours n°9 : gynécologie-obstétrique 08/01/2010
Pathologie mammaire
La pathologie du sein est extrêmement fréquente, dans 8 à 9 cas sur 10, il s’agit d’une
pathologie bénigne, cependant le diagnostic de cancer doit être présent à chaque consultation.
L’interrogatoire
Age
Existence de mastodynies
Ecoulement galactophorique
Les antécédents personnels (traitements hormonaux, allaitement, chirurgie
mammaire…) et familiaux (cancer du sein, de l’endomètre…)
Date d’apparition, augmentation de volume, variabilité en fonction du cycle).
L’inspection
Patiente torse nu avec une lumière frisante: examen debout puis allongée, bras baissés
puis levés.
On recherche:
o des signes inflammatoires (rougeur, œdème cutané, aspect en peau d’orange)
o une petite rétraction cutanée (la rétraction du mamelon est plus inquiétante si
elle est récente et unilatérale)
o une lésion eczématiforme du mamelon.
o les lésions cutanées pouvant gêner l’interprétation des examens
complémentaires comme un mamelon surnuméraire ou un nævus.
Une dissymétrie des deux seins dans leur taille et leur forme
La palpation
Mains réchauffées, bien à plat en faisant rouler la glande sur le grill costal.
Bilatérale, méthodique, quadrant par quadrant
Recherche de nodules, de zones empâtées (mastose), de zones douloureuses.
Ecoulement mamelonnaire, par pression du sein.
Palpation des aires ganglionnaires axillaires et sus-claviculaires+++
En présence d’une tumeur, on apprécie
sa localisation exacte dans l’un des quadrants du sein;
sa taille, sa consistance, son aspect régulier ou non;
son adhérence au plan profond du grand pectoral et son adhérence par rapport à la peau ou
au mamelon.
Les examens complémentaires:
La mammographie
Examen indispensable en pathologie mammaire
Performance diminue chez la femme jeune aux seins très denses. Ne doit pas être
réalisée chez l’enfant
Toujours bilatérale et comprend au moins trois clichés de chaque sein: face, profil, et
prolongement axillaire.
Possibilité é de compléter l’examen avec clichés centrés ou avec compression pour
détecter des foyers très fins
Recherche d’opacités (zones blanches), de clartés, de calcifications, de signaux fibreux
(désorganisations architecturales de la trame conjonctive ou des asymétries de densité
des deux seins).
L’échographie
Pratiquée avec une sonde linéaire à haute fréquence (7 à 10 MHz)
On recherche des images anormales dont on précisera le caractère liquidien ou solide
et dont on note différents critères évoquant une lésion bénigne ou maligne.
La cytoponction
Examen fondamental qui n’a de valeur que positif.
Indication : toute lésion palpable ou sous contrôle échographique (+++) en cas de
lésion non palpable.
Après ponction à l’aiguille de la lésion sans anesthésie locale, on pratique une analyse
cytologique du “suc” monté par capillarité dans l’aiguille.
La biopsie a l’aveugle
Elle consiste à prélever une carotte de tissu à l’aide d’un tru-cut (“ Drill-biopsique”),
sous anesthésie locale.
Micro-biopsie
Ponction sur nodule palpable ou avec guidage écho ou stéréotaxique à l’aide d’aiguille
à biopsie. Prélèvement de carottes tissulaires : diagnostic histologique.
Macro-biopsie avec mammotome :
Prélèvements tissulaires sous guidage échographique ou stéréotaxique sur une table
dédiée, mais quantité de matériel prélevé supérieur rendant ainsi cet examen plus
performant (en particulier pour les microcalcifications).
L’IRM mammaire : bilan de certains cancers du sein (lobulaires), surveillances mutations
BRCA 1 et 2
Galactographie : diminution indication, à prescrire devant des écoulements sero-hématiques
(papillomes++)
La pathologie mammaire bénigne
Elle est très fréquente et le plus souvent hormonodépendante. Elle pose toujours le
problème du diagnostic différentiel avec un authentique cancer.
Circonstances de découverte
Douleurs mammaires (mastodynies), le plus souvent bilatérales, prémenstruelles,
disparaissant avec les règles,
Masse ou écoulement mamelonnaire découverts par la patiente elle-même ou lors d’un
examen systématique.
Mammographie de dépistage
Physiopathologie
On incrimine souvent un excès relatif d’œstrogène au niveau de la glande mammaire
dans la genèse de la pathologie bénigne (traitement hormonal, syndrome prémenstruel,
préménopause).
Examen clinique
Inspection normale le + souvent
A la palpation : nodules classiquement bien limités, mobiles, à contours réguliers, sans
adhérence profonde ou superficielle, sans aucune adénopathie axillaire.
Ce nodule peut être ferme (adénofibrome), rénitent (kyste), multiples chez des
femmes aux seins très denses où la fibrose est importante (mastose fibrokystique) en
règle bilatérale associée à une mastodynie importante.
Recherche d’un écoulement à la pression du mamelon. Une étude cytologique peut
être pratiquée sur cet écoulement.
Adenofibrome
Femme jeune
Nodule arrondi, solide, régulier, mobile, parfois douloureux en période prémenstruel,
unique ou multiple (fibroadenomatose), parfois très volumineux (fibroadénome géant).
A la mammographie: opacité ovalaire, bien homogène, à bords nets et réguliers avec
liseré clair calcifié, parfois non visible
A l’écho : image hypoéchogène homogène, à bords nets et à grand axe parallèle à
celui de la peau.
Le traitement médical repose sur les progestatifs.
Le traitement chirurgical n’est discuté qu’en cas de grosse lésion hyperalgique, de
lésions augmentant de taille ou en cas de doute diagnostique.
Tumeur Phyllode
Tumeur Peu fréquente, volumineuse, ronde ou ovalaire, d’évolution rapide à
consistance est ferme.
La peau en regard est normale.
Risque de récidive après l’exérèse et de transformation sarcomateuse maligne.
A la mammographie, il s’agit d’une tumeur dense, à contours réguliers, polycyclique,
souvent de grande taille.
Échographiquement, la tumeur est bien limitée, avec une structure interne
hétérogène.
Traitement chirurgical avec vérification anatomopathologique extemporanée. Une
surveillance clinique et radiologique s’impose pour prévenir une récidive.
le kyste
Nodule régulier, mobile, sensible et rénitent.
Femme jeune +++
A la mammographie : opacité arrondie avec parfois des calcifications arciformes et
fines.
La cytoponction ramène un liquide citrin qui affaisse le kyste.
L’échographie confirme le caractère liquidien. La ponction sous échographie affaisse
le kyste et permet une étude cytologique.
La chirurgie n’est indiquée qu’en cas de doute sur la nature histologique.
Maladie fibro-kystique
Synonyme: mastose ou dystrophie kystique ou maladie de Reclus
Responsable de mastodynies prémenstruelles.
Bilatérale avec lésions nodulaires de taille variable, correspondant à des kystes séparés
par des zones de fibrose donnant au palper une sensation granuleuse.
La mammographie retrouve des seins denses avec des formations kystiques et des
macro- et microcalcifications.
Traitement médical : progestatifs en deuxième partie de cycle par voie générale ou par
voie percutanée (Progestogel).
Surveillance difficile biopsies si doute
L’ectasie canalaire
Dilatation des canaux galactophores de la région périaréolaire avec rétention de débris
cellulaires et gras, associée à une fibrose et souvent une inflammation. Tabac+++
Cliniquement: tumeur rétro-aréolaire, rétraction mamelonnaire et écoulement
sanglant ou jaunâtre, épais comme du pus.
Episodes inflammatoires : tumeur devenant douloureuse avec œdème et rougeur de
la peau et pouvant évoluer versun abcès se fistulisant à la peau.
Traitement est le plus souvent chirurgical après échec des traitements anti-
inflammatoires. Risque de récidive++
Aspect mammographique sequellaire mastite à plasmocytes, calcifications
caractéristiques
Papillome intracanalaire
Ecoulement mamelonnaire le plus souvent unigalactophorique, parfois sanglant,
palpation le plus souvent normale
La mammographie est le plus souvent normale.
La galactographie, par cathétérisme rétrograde du galactophore qui coule, est
systématique et permet de voir l’image de lacune, voire d’amputation associée à une
dilatation.
Traitement : Exérèse chirurgicale enlevant tout l’arbre galactophorique repéré par la
galactographie (pyramydectomie) ou exérèse par mammotome sous echographie
Pathologie mammaire bénigne
Le lipome : tumeur molle, bien limitée, contenant des cellules adipeuses.
La cystéatonécrose : enkystement d’un tissu mammaire adipeux traumatisé.
Cliniquement, il s’agit d’une masse bien limitée, superficielle, pouvant parfois adhérer
à la peau, faisant habituellement suite à un traumatisme et pouvant en imposer pour un
authentique cancer. A la mammographie, c’est une image radio-transparente finement
cerclée donnant un aspect en bulle de savon.
Hamartome: Composantes habituelles du sein, mais en arrangement architectural
inhabituel, Bien délimité, souvent palpable, peut contenir tous les aspects
pathologiques du sein
Abcès du sein
Infection aiguë du sein, chez la femme en période de lactation suite à des gerçures ou
des crevasses du mamelon négligées. staphylocoque doré++. Entrainant :
Une lymphangite (infection des lymphatiques) du sein ou
Une galactophorite (infection du canal galactophore) déterminant une issue de pus à
la pression du mamelon. (Budin)
Traitement médical : pansements alcoolisés et antiphlogistiques, zntalgiques et
antibiotiques.
L’infection peut évoluer vers l’abcès avec douleur pulsatile intense, fièvre à 40 °C.
Cliniquement : tumeur douloureuse, chaude, fluctuante, de taille variable avec œdème
et rougeur de la peau en regard.
Echographie : collection anéchogene à paroi épaisse
Mammographie: non réalisable (algie++), inutile
Traitement : chirurgical uniquement : incision, évacuation du pus effondrement des
logettes et drainage quelques jours avec une lame.
Soins infirmiers abcès du sein
Prévention : empêcher l’apparition des crevasses du mamelon par une asepsie
rigoureuse, un nettoyage avant et après chaque tétée et une vidange parfaite de la
glande
Au retour du bloc : vérifier les prescriptions médicamenteuses (antalgiques,
antibiotiques); prendre les constantes, surveillance du pansement
Les soins de pansement
Asepsie rigoureuse indispensable.Désinfection de la cicatrice et l’incision à la
bétadine, des soins de lavages, drainages répétés, peuvent être prescrits. La lame est
mobilisée progressivement vers J2-J3 puis retirée quand le pansement est bien sec et la
guérison est alors totale.
Conseils: L’allaitement doit être interrompue (soutien-gorge serré, restriction
hydrique,…), les bains sont déconseillés pendant 15 jours, la cicatrice doit être bien
séchée après chaque douche.
Le cancer du sein
Affection maligne la plus fréquente chez la femme avec une incidence estimée à 80
pour 100 000 femmes par an.
19% des décès par cancer.
Cancer hormonodépendant (œstrogénodépendant), tranche d’âge entre 45 et 75 ans le
+ souvent.
Accessible à un dépistage mammographique organisé permettant de le diagnostiquer
précocement.
Interet en termes de survie+++ et de prise en charge thérapeutique (traitement
conservateur)
« Maladie générale » prise en charge globale associant chirurgie, radiothérapie,
hormonothérapie, et chimiothérapie
Les facteurs de risque
Antécédents familiaux de cancer du sein++. RR augmenté de 2 à 3 fois Mutations
BRCA1 et BRCA2 +++
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