doctrine sont appelés réalistes. Ce réalisme n’implique pas le matérialisme : il tient que qu pour nous, la
réalité-type est la matière, mais l’esprit qui perçoit la réalité matérielle est lui-même immatériel.
2) La pensée est-elle la réalité type ?
D'autres, plus critiques, observent que les sens ne nous font pas connaître ce que les choses sont en soi,
mais seulement ce qu'elles sont pour nous, êtres sentants. Bien plus, réduisant ce « nous » à l'esprit que,
contrairement aux données les plus indiscutables de l'expérience, ils conçoivent comme indépendant du
corps et se suffisant à lui-même, ils en viennent à nier toute possibilité de connaître quelque chose qui
serait en dehors de l'esprit, et même toute existence de choses extérieures à la pensée. Non seulement le
type de la réalité est la chose pour nous, mais encore il n'y a pas d'autre réalité que celle-là, c'est-à-dire
nos idées. Telle est la position des idéalistes.
3) Un mélange des deux ?
Plus subtile une attitude résultant de la combinaison du réalisme et de l'idéalisme. Il existe des
choses en soi (réalisme). Mais ce n'est là qu'une réalité ou une existence virtuelle. En effet, « réel »
qualifie ce que nous savons être tel, ce que nous avons éprouvé ou constaté. Par suite, c'est la
connaissance que nous prenons des choses en soi qui les fait accéder au plan de la réalité véritable
(idéalisme). Ainsi, le type de la réalité est la chose pour nous, le phénomène ; la chose en soi n'est pas
rien, mais ce n'est qu'une réalité en puissance. Nous avons là la position de phénoménologues (par ex. :
J.-P. Sartre, M. Merleau-Ponty), à ne pas confondre avec les phénoménistes, qui, ne reconnaissant pas
d'autre réalité que celle des phénomènes, sont en réalité des idéalistes.
D – QUELLE EST LA REALITE DES IDEES ?
Plus intéressante peut-être (parce quelle nous fera revenir aux mathématiques) la question de savoir à
quel type de réalité appartiennent les idées : à la réalité en soi ou à la réalité pour nous ?
Mes idées, ou plutôt mes opinions politiques, celles que je me fais sur mes camarades ou mes maîtres...,
ont la réalité du pour moi : je conçois qu'on puisse en avoir d'autres et je sais que, effectivement, tout le monde
ne pense pas comme moi. Mais il en est d'autres bien différentes.
Ainsi, les idées que le mathématicien se forme des divers objets dont il traite ne permettent pas les
divergences de celles dont nous venons de parler ; elles sont, non pas seulement pour nous, mais aussi en soi,
quoique en dehors du monde matériel : « Lorsque j'imagine un triangle, encore qu'il n'y ait peut-être en aucun lieu du
monde hors de ma pensée une telle figure, et qu'il n'y en ait jamais eu, il ne laisse pas néanmoins d'y avoir une centaine nature.
ou forme, ou essence déterminée de cette figure, laquelle est immuable et éternelle, que je n'ai point inventée, et qui ne dépend
en aucune façon de mon esprit » (Descartes, Cinquième méditation.)
D'après ces lignes, les notions mathématiques ont la réalité de l'en-soi. Cette conception peut être dénommée un
réalisme mathématique.
Mais elle ne se limite pas aux notions mathématiques ; elle s'étend à toutes les idées servant de norme
dernière à nos jugements : idées de vrai, de bien, de juste, de beau...
La tradition réaliste dont Descartes se constitue l'écho est toujours vivante. B. Russell, par exemple,
parlant des notions générales, écrit : « Leurs subsistances ne dépendent en aucune façon des esprits qui les connaissent :
les sciences abstraites ont donc un objet complètement indépendant de tout élément mental.
Cette tradition remonte à la célèbre théorie des idées de Platon. Pour lui, les mathématiques, qui
occupaient le premier rang parmi les disciplines prévues pour la formation du futur magistrat, avaient pour but
essentiel de le détacher du monde sensible et de le rendre capable de contempler les idées du monde intelligible :
idées normatives, types idéaux d'après lesquels il aurait à gouverner ses semblables, et dont la hiérarchie était
dominée par l'idée du Bien. Pour Platon, le monde sensible tenu par le vulgaire comme la seule réalité, n'est
qu'une participation du monde intelligible, qui, seul, est pleinement réel. Sous sa forme radicale, cette théorie,
n'a pas eu d'autre partisan.
II ] LA VÉRITÉ
Au sens concret (dire à quelqu'un « ses quatre vérités »), on entend par « une vérité » ou « des vérités » une ou
des propositions vraies. Au sens abstrait, « la vérité » est le caractère d'une proposition vraie (la vérité des