1
INITIATIVES DES COMMUNAUTÉS, POLITIQUES
PUBLIQUES ET REFONDATION DE L’ÉTAT SOCIAL
AU SUD ET AU NORD :
LES DÉFIS DE LA PROCHAINE DÉCENNIE
Conférence internationale
à l’Université du Québec en Outaouais
Alliance de recherche en développement
des communautés (ARUC-ISDC)
Chaire de recherche du Canada en
développement des collectivités (CRDC)
en collaboration avec
Association québécoise des organismes
de coopération internationale (AQOCI)
Groupe d’économie solidaire du Québec
(GESQ)
24 et 25 septembre 2008 (version juillet 2008)
2
MISE EN PERSPECTIVE DU PROGRAMME
À l’heure des Forums sociaux mondiaux, continentaux, nationaux et même locaux ; à l’heure des
rencontres internationales d’économie sociale et solidaire et de l’internationalisation du mouvement des
femmes et des réseaux de consommation responsable ; à l’heure de la transformation du syndicalisme
international des travailleurs, du retour du monde paysan sur l’avant-scène publique et du renouveau
international du mouvement coopératif, il est impératif de pousser plus loin la discussion collective
entreprise il y a cinq ans. Après un premier exercice de réflexion sur Le Sud et le Nord dans la
mondialisation : quelles alternatives ? à l’occasion d’une conférence internationale que nous avions tenue
à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) en 2003, les choses ont à ce point changé qu’il nous faut
approfondir les premières pistes explorées cette année-là en ciblant cette fois l’État social comme acteur
en pleine transformation, acteur sans doute à refonder dans plusieurs de ses repères de base, à
reconstruire ou, à tout le moins, à renouveler pour faire face à la mondialisation néolibérale qui traverse
l’ensemble de la planète. Autrement dit par où passe le renouvellement des États sociaux aujourd’hui ? Et
d’abord qu’a-t-il été dans les pays du Nord et est-il encore pertinent d’y référer ? Ensuite, les
mouvements sociaux visent-ils à le transformer ? Quelles stratégies nouvelles mettent-ils aujourd’hui de
l’avant ? Quelles initiatives les ONG, les gouvernements locaux, le mouvement paysan, les syndicats et les
coopératives, les diasporas et les Églises, tant à l’échelle locale, nationale qu’internationale, paraissent
les plus aptes à ré-ouvrir l’espace politique ?
Il est clair que, dans le processus de mondialisation en cours, l’influence décisive demeure entre les mains
des grandes organisations financières internationales (FMI, BM, OMC) et des États des pays du Nord qui
pilotent des politiques de lutte contre la pauvreté sans par ailleurs offrir de perspective de développement
durable et structurant. Cependant les deux dernières décennies ont considérablement changé la donne avec
l’émergence sur l’avant-scène de nouveaux acteurs de développement qui stimulent l’organisation des
communautés locales (associations de quartiers, regroupements villageois, associations de producteurs,
associations de femmes, associations de jeunes, réseaux coopératifs, etc.)». Les ONG sont très actives
dans ce type de travail mais elles ne sont pas les seules. Les gouvernements locaux du Nord en interface
avec leur équivalent au Sud dans le cadre d’une coopération de proximité, les OCI, certaines diasporas,
des organisations de travailleurs (syndicats), certains réseaux religieux sécularisés communautés de
base» en Amérique latine…), des initiatives internationales des mouvements paysan, coopératif et
associatif en font également partie (Favreau et Fall, 2007 ; Fall, Favreau et Larose, 2004). Mais tout cela a
été fort peu étudié et débattu au Québec.
3
Dans les deux dernières décennies, les gouvernements centraux du Nord, à la faveur d’un resserrement
important de leur budget et d’une certaine «fatigue» de l’aide publique, ont en effet ouvert une brèche
dans la coopération interétatique qui prévalait jusqu’alors : non seulement la Banque mondiale a
encouragé la décentralisation dans les pays du Sud mais un mouvement de décentralisation s’est
également amorcé dans l’aide publique au développement des États du Nord. Avec des fortunes diverses,
les ONG ont saisi la balle au bond, puis les municipalités, les coopératives, le monde agricole et les
organisations de travailleurs. Après une décennie de ce type, on semble assister depuis peu à un
mouvement inverse un mouvement de renforcement de la coopération interétatique- qui laisserait en plan
la «société civile» (Déclaration de Paris, 2005).
En sciences sociales du développement, l’objectif est de comprendre la nature des rapports sociaux entre
le Nord et le Sud dans lesquelles de nouveaux acteurs interviennent, et notamment l’importance, depuis
une décennie ou deux, accordée au niveau «local» hier si décrié et considéré comme résiduel, car c’est le
«national» qui prévalait. Mais si le «local» a ses avantages dont celui de la proximité des populations,
celui de l’apprentissage de la démocratie et de la citoyenneté au plus près de la vie quotidienne, celui de la
volonté de contrôler son environnement immédiat en matière d’habitat, d’emploi, de santé,
d’éducation…il a aussi un inconvénient, celui de la valorisation excessive des petits projets, celui de leur
spécialisation sectorielle, celui de la main mise de professionnels sur les processus de participation des
populations locales et celui d’un affaiblissement potentiel des États nationaux.
En dépit de ces faiblesses, il faut alors tenter de reconstituer la portée plus générale de ces milliers
d’initiatives qui, à première vue sont très locales, mais influencent, dans une direction ou l’autre, la
marche des États, tout en s’internationalisant. Il faut aussi tenter de mieux cerner cet ensemble de
dynamiques portées par ces acteurs nouveaux qui interviennent comme agents de développement et
comme initiateurs ou partenaires dans la création de nouveaux espaces politiques locaux, voire nationaux
et internationaux : hier «localistes» et aujourd’hui «réseautés» à l’échelle internationale, ces acteurs ont-
ils un poids quelconque sur les décisions des gouvernements pour favoriser le renouvellement des
politiques publiques ou au contraire sont-ils très dépendants de ces derniers ? Quelle influence ont-ils sur
leur gouvernement respectif et sur les grandes institutions internationales ? Et comme ils n’évoluent pas en
vase clos, comment sont-ils par ailleurs également influencés par le contexte général qui ne se prête pas
nécessairement au développement comme stratégie et politique étant donné le poids envahissant de
l’action humanitaire et des programmes de lutte contre la pauvreté. En fait, n’assistons-nous pas à
certaines innovations à partir du local, une première contribuant à institutionnaliser les pratiques de ces
nouveaux acteurs qui occupent et restructurent le terrain délaissé par l’État et se faisant, font pression sur
4
les États pour un redéploiement des politiques publiques; une seconde qui suscite des formes inédites de
coopération internationale multi-partenaires.
Aujourd’hui il existe, à des degrés variables, une volon politique, au Sud comme au Nord, de re-
construire de nouvelles régulations économiques et sociales pour contraindre les multinationales,
favoriser la souveraineté alimentaire, le développement de marchés intérieurs, lutter pour conjurer les
catastrophes écologiques et leurs conséquences sociales, etc. En même temps, bon nombre d’analystes
s’entendent pour dire que l’épicentre du développement demeure encore le monde du travail. Sans
cependant penser pour autant à un simple retour à l’équation chérie par l’Étatisme traditionnel :
«développement=industrialisation=emploi salarié=service public». On sait que les programmes
d’ajustement structurel et la grande sélectivité des investissements des multinationales en direction de
certains pays émergents du Sud ont beaucoup précarisé le monde du travail. L’«informel» est alors devenu
une tendance prévalente dans la majorité des pays du Sud même au sein des puissances émergentes du Sud
comme le sont le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud. Comment ces nouveaux acteurs se sont-ils déployés
pour trouver des réponses à cette situation nouvelle et tenter d’imposer de nouvelles régulations ?
C’est à partir de cette perspective générale que nous voulons, par cette conférence internationale, -
ouvrir le débat sur l’État social dans le contexte de la nouvelle mondialisation, tenter de cerner de plus
près les nouvelles tendances sociales au plan international et voir plus clair dans les contributions de ces
nouveaux acteurs pour refonder des politiques publiques progressistes et de nouvelles formes de
coopération au développement.
Louis Favreau, Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC)
Lucie Fréchette, Alliance de recherche Université-Communauté (ARUC-ISDC)
Maria Luisa Monreal, Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)
Gérald Larose, Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ)
5
PROGRAMME PRÉLIMINAIRE DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE
MERCREDI LE 24 SEPTEMBRE 2008
9h00 Ouverture
Ouverture de la Conférence internationale
- Denis Dubé, Vice-Recteur Enseignement et Recherche, UQO
- Lucie Fréchette, ARUC-ISDC et CRDC (UQO)
- Maria Luisa Monreal (AQOCI)
- Gérald Larose (GESQ)
9h20 Plénière d’ouverture
Mondialisation et États sociaux dans une perspective Nord-Sud
Présidence : Gérald Larose, GESQ (confirmé)
- Louis Favreau, sociologue, CRDC/CRDT/ARUC-ISDC (UQO), réseau CRCP, Québec
Par où passe le renouvellement des États sociaux? Éléments d’une problématique en chantier
- Humberto Ortiz, économiste, GRESP, réseau CRCP, Pérou
Mondialisation et reconstruction des États sociaux en Amérique latine, que nous apprend la
dernière décennie?
- Sambou Ndiaye, sociologue, réseau CRCP, Université Gaston Berger, Sénégal
Mondialisation et reconstruction des États sociaux en Afrique de l’Ouest, que nous apprend la
dernière décennie?
- Yves Vaillancourt, politologue, LAREPPS/UQAM, Québec, réseau CRCP,
Renouvellement des politiques publiques au Nord : quelles sont les avancées et les reculs depuis
10 ans?
11h00 Ateliers thématiques : les nouveaux enjeux de la solidarité entre le Nord et le Sud
Atelier I Les nouveaux acteurs économiques de la coopération internationale
Présidence : Vincent Dagenais, GESQ, ex-conseiller de la CSN aux affaires internationales
- Danielle Demoustier, économiste, Institut d’études politiques de Grenoble, réseau CRCP
Entreprises collectives et coopération Nord-Sud, un état des lieux
- Adrien Akouete, Secrétaire général adjoint de la Confédération syndicale internationale - Afrique
(CSI-Afrique)
Le syndicalisme international est-il un agent de développement dans les pays du Sud ?
- Claude Giles, UPA-DI, Québec
Les partenariats Nord-Sud de gouvernements locaux : quelles sont les conditions de leur
développement et de leur efficacité économique et sociale?L’expérience de Lanaudière avec le
Mali
- Laurent Pellerin, président sortant de l’UPA et président d’AGRICORD au sein de la Fédération
internationale des producteurs agricoles (FIPA)
Les solidarités Nord-Sud au sein du mouvement international des agriculteurs, mythe ou réalité?
L’expérience d’AGRICORD.
Atelier II : Vers une redéfinition des espaces politiques au Nord et au Sud?
Présidence : Jean Tremblay, revue Développement social
- Odile Castel, économiste, réseau CRCP, Université de Rennes, France
Anciennes et nouvelles coopérations internationales à l’heure de la déclaration de Paris : y a-t-il
encore un espace politique pour les Organisations de coopération internationale (OCI)?
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !