Note résumée ; M.L. ; 20/05/08
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Ces données mettent en évidence que :
- la maladie est quasiment inévitable pour les personnes fragiles qui toucheraient à
des excrétas de malades ;
- plus la distance est grande entre les excrétas des malades et les contacts
« alimentaires », moins le risque est élevé ;
- à conditions d’exposition équivalentes, les groupes de personnes fragiles sont
beaucoup plus vulnérables que les groupes de personnes en bonne santé globale
.
b. Des risques individuels aux épidémies
A partir du moment où une ou quelques personnes sont touchées par la maladie, le risque
épidémique est lié à la densité de la population à laquelle appartiennent ces premiers cas
(faible « distance » entre les excrétas des uns et les contacts oraux des autres), le niveau et
les conditions d’hygiène (au sens large dont l’accès en quantité à une eau de qualité
minimale) de ces populations et enfin de la fragilité globale de ces populations (voir ci-
dessus).
Quand tous les facteurs défavorables sont réunis, la flambée épidémique est quasiment
inéluctable, d’autant plus lorsque le secteur géographique est peu souvent touché par la
maladie (pas ou peu de mémoire immunitaire dans la population).
Il faut enfin rappeler l’importance du portage sain comme facteur de risque épidémique au
sein d’une population : en effet, si une ou plusieurs personnes excrètent le vibrion dans leurs
selles sans signes cliniques, il est probable que moins de précautions seront prises par leur
entourage pour se protéger d’une éventuelle contamination.
Au vu de ces données, les épidémies de choléra devraient se manifester beaucoup plus
souvent et de manière beaucoup plus large que ce que semblent indiquer les alertes
notifiées à l’OMS, en particulier dans la région Afrique.
c. Eléments d’analyse proposés :
L’apparent paradoxe des conclusions de l’analyse des risques et des observations
épidémiologiques peut avoir au moins deux explications :
- une sous notification importante des cas et des épidémies,
- et/ou il existe des facteurs explicatifs supplémentaires à rechercher dans la
dynamique de la maladie.
C’est ce deuxième angle d’approche qui a fait l’objet du travail d’analyse réalisé en 2004, sur
la base des données OMS disponibles et de discussions avec des personnes ressources
connaissant bien la situation dans quelques cas.
L’analyse proposée (détaillée dans le diaporama ci-joint), mise en regard de quelques uns
des exposés faits par d’autres intervenants lors de cet atelier tend à montrer que :
- les notions d’endémie, d’épidémies tournantes, d’épidémies par flambée, doivent être
précisées sur le plan épidémiologique et servir à orienter et affiner la typologie des
territoires en Afrique centrale et de l’ouest ;
- si l’analyse par pays ou par zone géographique, telle qu’elle figure sur le diaporama,
doit être précisée systématiquement localement,
- en revanche, les facteurs évoqués ont du sens, en particulier les facteurs dits de
« rupture », comme la dégradation des conditions de plus ou moins grande sécurité
et qualité de vie pour les populations en amont d’un certain nombre d’épisodes
épidémiques ou les facteurs de potentiel et de propagation épidémiques;
- il existe peut-être réellement des secteurs, au sein de pays ou de zones
géographiques en apparence homogènes, pour lesquels la maladie ne semble
cependant pas diffuser (notion de zones indemnes).
Santé entendue alors ici au sens de la définition de l’OMS dans son objectif « la santé pour tous en l’an 2000 ».