Le Tribunal des Conflits a décidé d’accorder la compétence du juge administratif
sur le fondement du service public.
L’intérêt de cet arrêt est de mettre fin à la longue tradition d’irresponsabilité de
l’Etat ; désormais, le régime de responsabilité est plus rigoureux. En outre, cet
arrêt abandonne le critère basé sur la distinction entre acte de gestion et acte
d’autorité.
En conséquence, le juge s’engouffre dans la notion de service public. En pratique,
le contentieux relatif à l’organisation ou au dysfonctionnement du service public
relève de la compétence du seul juge administratif.
Cependant, il n’y a pas encore d’unité entre le contentieux de l’Etat et celui des
collectivités locales. Pour ces dernières, on applique encore la distinction
classique entre acte d’autorité et acte de gestion.
Au début du XX° siècle, on assiste à l’affirmation du critère de service public ; en
effet, quand une collectivité locale agit en vertu du service public, il y a alors
attribution de la compétence du juge administratif.
Cette affirmation est illustrée par l’arrêt Terrier (CE, 6 Février 1903). Il s’agit d’un
versement de primes dues à un particulier. Le département s’était engagé à verser
une contrepartie à l’élimination de vipères. Le refus du versement est porté
devant le juge administratif. Dès lors, on note qu’il n’y a plus distinction entre le
contentieux des collectivités locales (département) et celui de l’Etat dans la
mesure où il est question d’un service public.
On assiste donc à un élargissement du champ de compétence au profit du juge
administratif. Par cet arrêt, on voit la consécration de la notion de service public
au-delà de la seule personne étatique.
Cette jurisprudence a été confirmée par l’arrêt Thérond (4 Mars 1910) ; il s’agit
d’un contentieux opposant la ville de Montpellier et un particulier chargé de
capturer les chiens errants. On applique à la commune la même règle qu’aux
départements.
Cette jurisprudence est étendue au contentieux de la responsabilité ; l’arrêt de
principe émane du Tribunal des Conflits (Arrêt Feutry du 29 Février 1908). En
l’occurrence, il y était question d’une action en dommages et intérêts intentée par
un particulier contre un département. En effet, un aliéné s’est échappé d’un asile