
 
observe-t-on, avant cette date, quelques précédents en faveur des femmes, mais 
ce sont des actes dispersés et de faible influence, par exemple au tout début des 
années  1790  avec  Olympe  de  Gouges
  ou  Condorcet
,  au  même  moment  en 
Grande-Bretagne  avec  Mary  Wollstonecraft
.  Soulignons  toutefois  que  ces 
comportements restent individuels, ponctuels et isolés. La part que prennent les 
Françaises à la Révolution peut à  la  limite être considérée comme la naissance 
d’un  mouvement,  mais,  outre  que  cet  événement  est  particulier  à  un  pays  et 
reste très circonstanciel, il ne se structure guère et ne se prolonge pas
. 
En  revanche,  à  la  fin  des  années  1820,  apparaît  en  France  le  saint-
simonisme, qui, parmi ses revendications les plus importantes, annonce vouloir 
œuvrer  au  bénéfice  des  femmes.  Cet  objectif,  initialement  formulé  par  des 
hommes, est rapidement accepté et revendiqué par des femmes, qui rejoignent 
les  rangs  du  mouvement.  L’action  collective  de  ces  militantes  ou  de  ces 
sympathisantes, au début des années 1830, peut véritablement être considérée 
comme ayant servi de base à un mouvement féministe. 
Quelques  années  plus  tard,  aux  États-Unis,  les  Américaines,  si  elles  ne 
font  pas  l’objet  de  sollicitudes  directes  de  la  part  de  penseurs  et  militants 
socialistes,  n’en  influencent  pas  moins  le  développement  de  certains 
mouvements de réforme, comme l’illustre par exemple le schisme de l’American 
Anti-Slavery Society
. Plus généralement, au moment où les Françaises prennent 
une  part  active  aux  débuts  de  la  Deuxième  République,  alors  que  le  réseau 
féministe s’apprête à connaître un essor sans précédent à l’échelle internationale, 
les États-Unis voient  s’affirmer une certaine sensibilité féministe, qui  s’exprime 
 
 Voir notamment Olympe de Gouges, Les Droits de la femme, document numérique, reprod. d’une 
édition  s.l.n.d.,  http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=N042613&E=0  (dernière 
consultation le 21/03/2003). 
  Voir  par  exemple  Jean-Antoine-Nicolas  de  Caritat,  marquis  de  Condorcet,  Sur  l’admission  des 
femmes  au  droit  de  cité,  document  numérique,  reprod.  de  l’édition  Paris,  Firmin  Didot  frères, 
imprimerie  de  l’Institut,  1847,  http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=N041754&E=0 
(dernière consultation le 21/03/2003). 
 Mary Wollstonecraft, A Vindication of the Rights of Woman : With Strictures on Political and Moral 
Subjects, London, J. Johnson, 1792. Texte accessible à : 
http://www.bartleby.com/144/ (dernière consultation le 19/03/2003) 
 Pour le XVIIIe siècle, voir Georges Duby et Michelle Perrot, Histoire des femmes en Occident, t. 3, 
XVIe-XVIIIe siècle (sous la direction de Natalie Zemon Davis et Arlette Farge), Paris, Plon, 1991 ; 
en ce qui concerne plus particulièrement le mouvement féministe populaire sous la Révolution, voir 
Dominique Godineau, Citoyennes tricoteuses : les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution 
française, Aix-en-Provence, Alinéa, 1988. 
 En 1840, la société nationale anti-esclavagiste se scinde en deux camps distincts, l’un favorable à 
la pleine participation des membres féminins, avec accès à la hiérarchie du mouvement et au vote, 
l’autre opposé. À cette occasion, la question féminine est clairement posée.