ces stratégies en évolution par la négociation constante de ces enjeux.
La quatrième séance s’intitulait Obstacles et facteurs de division et a présenté les chercheures et
chercheur suivants:
Mickael Chacha Enriquez du Département de Sociologie à l’UQAM présentait La lutte
contre la transphobie au Québec : perception d’activistes trans à propos des liens entre la
militance trans et la militance féministe
Éloise Gaudreau, du Département d'Études et interventions régionales de l’UQAC présentait
L'articulation des principes d’égalité en matière de rapports de genre et des pratiques
militantes libertaires : contradiction, cohérence, tension ?
Diane Lamoureux du Département de science politique de l’Université Laval terminait avec
Un féminisme à géométrie variable
La présentation de Mickael Chacha Enriquez portait sur les liens entre la militance trans et d’autres
espaces militants. Il a exposé l’importance des espaces d’alliance, mais aussi la présence de difficultés
à partager les mêmes espaces de luttes ou les mêmes ressources étant donné une certaine méfiance de
féministes envers les transgenres. Ainsi, des féministes peuvent interpréter ce rapprochement
stratégique comme une demande de privilèges de la part de gens qui sont systématiquement privilégiés,
les hommes. Par une étude de cas de deux groupes libertaires ayant des valeurs antiautoritaires et
antioppression, Éloise Gaudreau donnait un bon exemple d’obstacle au féminisme en identifiant les
principaux endroits où les pratiques s’éloignent des idées. Ainsi, malgré un idéal libertaire, la
chercheure a aussi décelé une logique patriarcale qui semble inhérente à la culture militante. Par contre,
étant donné l’habitude et la volonté de mettre de l’avant des pratiques féministes, il est possible de
critiquer les pratiques patriarcales et de les exposer au groupe dans une volonté d’amélioration. En
continuant sur cette lancée, Diane Lamoureux terminait la séance en invoquant trois raisons qui
expliquent la difficulté à intégrer le féminisme dans d’autres mouvements sociaux et qui font le plus
souvent confondre intégration des femmes et intégration du féminisme. Tout d’abord la difficulté à
percevoir le patriarcat comme une structure sociale globale, ensuite la difficulté à définir et dégager ce
qui est politique ainsi qu’à interroger les postures de domination et, finalement, la difficulté à rompre
avec l’hétéronormativité et à promouvoir l’autonomie des femmes. Ainsi, en étant conscientes des
rapports de pouvoir dans leurs propres organisations militantes, ainsi que par leur autonomisation face
à leurs collaborateurs, les femmes auront plus de facilité à mettre de l’avant des pratiques et des
critiques féministes qui rejailliront sur le groupe.