Le clonage en dix questions Face au clonage, l`opinion publique

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Le clonage en dix questions
Face au clonage, l'opinion publique reste partagée entre fascination et incrédulité. Qu'est-ce qu'un clone ? Quelle
différence avec un jumeau ? Dix questions pour comprendre et vous faire votre propre opinion.
1 - Qu'est-ce qu'un clone ?
Le terme clone désigne un objet ou un organisme considéré comme identique à un autre. Si l'on se limite à la biotechnologie,
le clonage désigne la reproduction en laboratoire de gène, cellule ou organisme à partir d'un même exemplaire de départ. Le
clonage de gènes ou de cellules est utilisé depuis plus de vingt ans pour mettre au point des vaccins ou des médicaments. Mais
c'est le clonage d'organisme entier qui est aujourd'hui au coeur de la polémique. Deux clones humains seraient deux êtres
ayant le même patrimoine génétique.
2 - Un clone, est-ce la même chose qu'un vrai jumeau ?
Si l'on se limite à la définition ci-dessus, la question peut se poser. Les vrais jumeaux sont des clones de l'oeuf initial. Dans
les premiers jours de son développement, l'embryon se scinde et donne naissance à deux organismes avec exactement le même
patrimoine génétique. Deux vrais jumeaux partagent plus de caractéristiques qu'un clone. Issus de la même mère au cours de
la même gestation, ils auront partagé sensiblement le même environnement foetal pendant les neuf mois de grossesse. Enfin,
les jumeaux héritent également du même ADN mitochondrial apporté par l'ovule de départ, contrairement aux deux clones.
Les scientifiques savent depuis plusieurs années produire artificiellement cette division par fécondation in vitro chez des
animaux d'élevage.
3 - Quelle sont les différentes techniques de clonage ?
On peut distinguer deux grandes techniques de clonage :
LE CLONAGE PAR SCISSION D'EMBRYON
La technique consiste à reproduire ce qui se passe naturellement chez les vrais jumeaux. Il s'agit de scinder l'embryon durant
les premiers stades de son développement. Les cellules totipotentes, c'est-à-dire capables de produire toutes les cellules
indispensables à la constitution d'un organisme entier, ainsi isolées se développent parallèlement après implantation dans
l'utérus de mère(s) porteuse(s). Dans ce cas, les gènes contenus dans le noyau mais également les gènes mitochondriaux (en
petit nombre) sont identiques chez les deux clones.
LE CLONAGE PAR TRANSFERT NUCLÉAIRE
Le clonage peut aussi être réalisé par transfert nucléaire. Dans ce cas, on récupère le matériel contenu dans le noyau d'une
cellule pour le transférer dans un ovule (dont on a enlevé le matériel génétique). Ainsi, seuls les gènes du noyau sont
"identiques". On distingue deux techniques :

Le clonage par transfert de noyau de cellule d'embryon - Il s'agit de fusionner une cellule embryonnaire
prélevée dans un embryon de trois ou quatre jours et un ovule privé de son noyau. La cellule qui en résulte peut produire un
embryon qui devra être transféré dans l'utérus d'une mère porteuse de la même espèce. Utilisée depuis le milieu des années
1980, cette technique a été étendue aux singes en 1997 avec la naissance de Tetra.

Le clonage par transfert de noyau de cellule déjà différenciée dans un ovule - Plus récente et plus
révolutionnaire, c'est la technique utilisée pour la création de Dolly. Une cellule adulte différenciée (comme une cellule de
peau par exemple) est prélevée chez l'individu à cloner. Le matériel génétique de cette cellule est isolé et implanté dans un
ovule dont on a enlevé le noyau. Après différentes sollicitations électriques et chimiques, la cellule recrée est capable de se
diviser. L'embryon obtenu pourra être implanté dans l'utérus d'une mère porteuse. Mais cette technique souffre d'un très
mauvais taux de succès (1 à 2 % de naissance).
4 - La technique du clonage est-elle aujourd'hui parfaitement maîtrisée ?
Non. Pour obtenir le premier mammifère cloné Dolly, le taux d'échec a été très important. Si l'on transpose les chiffres issus
de l'expérience faite sur la brebis à l'homme, il faudrait disposer de mille ovules et cent femmes porteuses. Mais les plus
"optimistes" rappellent que certaines techniques d'assistance médicale à la procréation fonctionnent plus facilement chez
l'homme que chez l'animal.
Mais les limites sont multiples. On a constaté chez les animaux clonés des signes de vieillissement prématuré, d'anémie, de
malformations, d'atteintes du système immunitaire, de défaut génétique, d'obésité, ainsi que d'une espérance de vie moins
importante.
5 - Qu'offrirait en terme de reproduction le clonage ?
Certains commentent déjà les possibilités qu'offrirait le clonage en matière de reproduction. De nouveaux liens de parenté
pourraient apparaître. On peut distinguer quatre cas de figure qui pourraient préfigurer l'arbre généalogique de demain :

Une femme pourrait enfanter un clone d'elle-même - Pour les femmes n'ayant pas d'oeufs viables mais qui
désirent un bébé possédant un lien génétique avec elle. L'ADN de la mère pourrait ainsi être extrait et fusionné dans l'ovule
d'une donneuse. Préalablement, cet ovule aura été vidé de son noyau et ainsi de l'essentiel de son matériel génétique.
L'embryon résultant de la fusion (forcément féminin) pourrait être ré-implanté dans l'utérus de la femme ou d'une autre mère
porteuse, si la femme ne peut porter l'enfant. La fille sera ainsi un clone de la femme qui a donné son ADN, mais pas son
exacte réplique du fait des faibles quantités d'ADN mitochondrial issu de l'ovule énucléé et d'un environnement foetal
différent.

Deux femmes pourraient avoir un enfant - Deux femmes pourraient avoir un enfant sans l'intervention d'un
homme. L'ADN d'une des femmes pourrait être fusionné dans un ovule énucléé de l'autre. L'embryon créé serait un clone de
la femme qui aurait donné son ADN mais partagerait également de faibles quantités d'ADN mitochondrial contenu dans
l'ovule vidé. La dernière étape résiderait dans l'implantation dans l'utérus de l'une des femmes.

Une femme pourrait donner naissance à un clone de son mari - Si un homme infertile désire un enfant
sans don de spermatozoïde, le clonage pourrait lui offrir une possibilité supplémentaire. Son ADN pourrait être fusionné avec
un ovule énucléé. L'embryon créé pourrait ensuite être implanté dans l'utérus de sa femme ou d'une mère porteuse. Le bébé
serait ainsi le clone de son père (ADN mitochondrial et environnement foetal mis à part).

Des parents pourraient cloner un enfant décédé - Si une cellule de l'enfant décédé est stockée, l'ADN
pourrait en être extrait et implanté dans un ovule énucléé de la mère. Ensuite, l'embryon serait implanté dans l'utérus de la
mère. Le nouveau-né serait un clone de l'enfant mort mais pas sa copie. Plutôt un jumeau né plus tard.
6 - Le clonage reproductif permettra-t-il de ressusciter des espèces disparues ?
Dès le clonage de Dolly, la possibilité de faire revivre des espèces animales disparues ou en voie de disparition a été avancée.
Pandas, rhinocéros, dodos, mammouths… Même s'il est possible de récupérer l'ADN d'une espèce disparue, deux problèmes
se posent :

Trouver une mère porteuse de la même espèce - Dans le cas des espèces disparues, trouver une mère
porteuse est un vrai casse-tête. Il faut se tourner vers une espèce proche encore vivante. Pour le mammouth, on pense
évidemment à l'éléphant. Mais l'animal qui en résulterait ne serait pas une copie exacte des mammouths ancestraux à cause
de l'influence du milieu foetal et de l'ADN mitochondrial issu de l'ovule énucléé d'une autre espèce. De plus, tant que le taux
de succès reste aussi faible, il faudrait mobiliser des troupeaux d'éléphants entiers pour espérer un succès.

Cloner des animaux des deux sexes - Enfin, si l'on dispose d'un seul extrait d'ADN, on ne pourra cloner que
des animaux du même sexe. On comprend la difficulté de se reproduire d'un troupeau de mâle ou d'un troupeau de femelles…
Il restera à trouver le moyen de cloner un animal d'un autre sexe.
En janvier 2001, des scientifiques américains ont réussi à obtenir un clone de gaur (boeuf sauvage de l'Asie). Mais il est mort
quelques jours après sa naissance d'une infection, accréditant la thèse d'une plus grande fragilité des clones.
7 - Comment prouver que le bébé présenté par la secte Raël est bien un clone ?
Un simple test génétique, comparable aux milliers de test de recherche de paternité ou de tests ADN conduits dans le cadre
d'enquête policière, suffirait à prouver la véracité du clonage. Il faudra pour cela de disposer des deux personnes clonées en
l'occurrence la mère et le bébé prénommé Eve et s'assurer de l'indépendance des personnes effectuant les prélèvements d'ADN
et les tests.
8 - Quelles sont les différences entre clonage thérapeutique et clonage reproductif ?
Les techniques de transfert de noyau de cellule déjà différenciée dans un ovule sont utilisées dans les deux cas. Seule la
dernière étape diffère, dans le cas du clonage thérapeutique, les cellules souches sont prélevées et servent aux recherches,
dans le cas du clonage reproductif, l'embryon entier est implanté dans l'utérus d'une mère porteuse.
Les scientifiques peuvent cloner des cellules pour deux raisons :

Pour produire des cellules souches capables de produire n'importe quel type de cellules. Elles pourraient
permettre de guérir des maladies jusqu'alors incurables. Alzheimer, Parkinson, diabète… les possibilités semblent infinies.
On parle alors de clonage thérapeutique.

Pour créer un embryon en vue d'une implantation in utero. On parle alors de clonage reproductif.
9 - Quelles sont les perspectives du clonage thérapeutique ?
De nombreuses maladies sont liées à une dégénérescence cellulaire. Les seuls traitements consistent généralement en une
greffe, mais aux problèmes de compatibilité, s'ajoute la faible offre de greffons par rapport au nombre de malades.
En prélevant une cellule sur une personne, on peut créer un embryon possédant le même patrimoine génétique par clonage
thérapeutique ; ainsi, les risques de rejet en cas de greffes ou d'implants sont écartés. Les bénéfices potentiels des tissus
développés à partir de ces cellules souches sont multiples.
Perspectives thérapeutiques du clonage d'embryon
1 - extraction de l'information génétique d'une cellule du malade
2 - ovocyte énucléé
3 - embryon obtenu par transfert de l'information génétique du malade dans l'ovocyte énucléé
4 - différenciation en :
a. neurones
b - cellules du foie
c - cellules de la peau
d - cellules du muscle cardiaque
Alzheimer, Parkinson, diabète, leucémie… toutes ces maladies pourraient être traitées par thérapie cellulaire. Cette technique
est prometteuse, mais est encore loin d'être totalement maîtrisée. De nombreux travaux témoignent néanmoins des incroyables
possibilités de cette nouvelle voie thérapeutique.
10 - Le clonage thérapeutique est-il le seul moyen d'obtenir des cellules souches ?
Non, il ne s'agit pas de la seule possibilité. En plus du clonage thérapeutiques, ces cellules peuvent être obtenues :

A partir d'embryons surnuméraires actuellement congelés et stockés, ayant fait l'objet d'un abandon de projet
parental et dépourvus de couples d'accueil ;

A partir de cellules souches obtenues à partir du sang du cordon ombilical, (mais cette voie reste à explorer
et la recherche dans ce domaine sera développée) ;
Enfin, de récentes recherches ont rapporté l'identification de cellules souches dans des localisations plus singulières : des
cellules souches de la peau capables de reconstituer l'essentiel de l'épiderme, y compris les glandes sébacées et les poils ou
dans les tissus graisseux chez le rat, dans la moelle, etc.
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