de «frontière-zone de contact»
La dernière approche théorique se réfère à la frontière ouverte où
domine la fonction de contact - et non celle de séparation - entre deux
ou plusieurs systèmes politico-institutionnels ou sous-systèmes socio-
économiques.
Cette troisième situation a vu le jour, en termes économiques, avec la
phase de reconversion économique devenue nécessaire au lendemain
de la crise de 1974: nouveaux processus de globalisation, de
repolarisation et de spécialisation dans les modalités de développement
industriel et des services. Elle devient évidente avec l'exigence
économique et politique liée à la création d'un véritable espace de libre
marché européen.
Dans ce contexte, l'analyse théorique nous apprend que le
développement économique des zones de frontière ne sera plus
déterminé par le différentiel politico-institutionnel et donc par les rentes
différentielles et de position, positives et négatives, dues à l'effet
d'appartenance à telle ou telle nation, mais bien par les avantages
comparés réels de l'ensemble des deux zones de frontière. La
«frontière ouverte» implique le passage du concept d'économie des
zones de frontière à celui d'économie transfrontalière. Dans cette
situation, qui peut impliquer des ajustements rapides et fondamentaux,
le comportement stratégique des opérateurs est particulièrement
crucial: la stratégie en terme de réseau de coopération est
théoriquement la plus efficace pour dépasser les obstacles et les
situations d'incertitude typiques du contexte frontalier (Ratti,
1991;1992). Mais elle devra s'accompagner d'une stratégie de
synergies fonctionnelles, capables de se réaliser au niveau de toute la
région transfrontalière, et non seulement d'une façon ponctuelle comme
dans le cas de la «frontière-filtre».
Ainsi, la frontière dans sa fonction de contact exige, pour pouvoir être
vécue positivement, une préparation à l'ouverture et la création d'un
nouvel «espace de soutien».
Il faudra ainsi dépasser le dualisme traditionnel du marché de l'emploi
des zones-frontières par une politique couvrant l'ensemble du bassin
d'emploi transfrontalier et concernant en particulier les structures de
formation et la sécurité sociale.
Pour les firmes, il s'agit de construire, en remplacement des structures
hiérarchiques de la division du travail typiques des situations
périphériques, un réseau de collaborations et d'alliances nouvelles, où
les caractéristiques de la «frontière-zone de contact» avec ses effets de
proximité économique, sociale et culturelle seraient mises en valeur
(voir l'exemple de la Regio Basiliensis, région transfrontalière tripartite).
Enfin, il va sans dire qu'à la notion de «frontière ouverte» appréhendée