modernes et dérivent de sections plus anciennes (comme les Ruderalia, les Erythrosperma ou
les Alpestria), d’autres sont primitives (comme les Piesis, les Glacialia ou les Rhodotricha).
Le genre Taraxacum forme un complexe polyploïde, allant du diploïde à l’octoploïde, les
triploïdes étant la grande majorité. Il a été avancé que l’apomixie prévaut dans une bonne
partie des taxas dérivés et que la reproduction sexuée se rencontrait plutôt chez les taxas
primitifs*. L’apomixie mène à l’apparition de lignées clonales, où les individus se
reproduisent à l’identique. Les différences morphologiques entre ces lignées clonales ont
permis de décrire un nombre important de (micro-) taxa. Cependant, le reproduction sexuée
est moins rare que présumée : des taxas sexués sont présent dans nombre de sections. Ploïdie
et reproduction sont liés : les sexués sont diploïdes et les polyploïdes sont agamospermes.
Dans le domaine méditerranéen, il y a des diploïdes sexués dans 14 des 21 sections. Les
sections relativement primitives comme Piesis, Glacialia ou Oligantha ne comportent que des
diploïdes sexués. Dans 10, peut-être 11, autres sections, on trouve à la fois des sexués et des
agamospermes. Chez les Ruderalia et les Erythrosperma, la coexistence diploïdes sexués-
triploïdes agamospermes est très commune en Europe Centrale et méridionale.
Cet article développe les points suivants : 1, l’apomixie n’est pas obligatoire ; les polyploïdes
montrent un degré variable (et bas) de sexualité grâce à plusieurs mécanismes. 2, dans les
populations mixtes (diploïdes et polyploïdes), l’hybridation est possible ; ce qui conduit à 3,
un cycle di-triploïde, qui peut apporter un nouveau potentiel de réponses à des changements
environnementaux. Ceci peut conduire à : 1, l’apparition de nouvelles lignées apomictiques
(micro-taxa), 2, la disparition d’autres (par la sélection et l’hybridation introgressive) et 3,
l’apparition de nouveaux diploïdes. De plus, il a été découvert que l’auto - incompatibilité
des diploïdes (reproduction croisée obligatoire) peut être levée par la présence de pollen de
polyploïde. Cela donne la possibilité aux diploïdes de se reproduire dans un environnement
constitué uniquement de polyploïdes et favorise leur extension. Du point de vue évolutif, les
sections qui présentent ces phénomènes sont très dynamiques, mais aussi très difficiles à
traiter quant à la taxonomie, le concept de « micro-taxon » étant applicable d’une façon
limitée. Ceci est sans doute vrai aussi pour certaines sections de Méditerranée.
*Note : d’après Jan KIRSCHNER, la sexualité serait d’apparition « secondaire » chez les
Ruderalia.
Extrait de l’article de J.C.M. DES NIJS, Jan KIRSCHNER, Jan STEPANEK et A. VAN DER
HULST publié dans Plant Systematics and Evolution 170, 71-84 (1990) : Distribution des
Taraxacum sect. Ruderalia diploïdes en Europe du Centre Est, notamment en
Tchécoslovaquie.
Problèmes taxonomiques. L’existence de diploïdes au sein de certaines sections et surtout
l’existence d’un flux génétique entre les différents niveaux de ploïdie conduit à s’interroger
quant au traitement taxonomique. Le cycle diploïde - triploïde se retrouve dans toutes les
zones de contact entre plantes sexuées et agamospermes. En même temps, des doutes sont
formulés, expressément ou implicitement, quant à une approche taxonomique du type de celle
adoptée dans les régions « purement agamospermes ». On estime souvent que les
agamospermes disparaissent inévitablement dans les zones de contact et perdent leur identité.
Nos recherches taxonomiques nous donnent à penser que dans certaines régions, ces deux
approches, la bio systématique et la traditionnelle, ne s’excluent pas mais peuvent se
compléter.