RESUME
Le Bénin a un potentiel de plus de 322 000 ha de terres propices à la riziculture, dont 205 000
ha de bas-fonds et 117 000 ha de plaines inondables. Cependant moins de 8% de ce potentiel
sont actuellement exploités et la production nationale ne couvre pas les besoins de
consommation. Ceci rend nécessaire le recours aux importations de riz. Les importations de
riz entraînent sur le marché local des distorsions telles que la perte de part de marché par les
producteurs nationaux, la mise à mal de l’efficacité des actions de promotion de la filière par
l’Etat et l’accroissement du déficit de la balance commerciale.
Face à tout ce qui précède, deux exigences s’imposent : (i) trouver les voies et moyens pour
protéger le riz local en réduisant progressivement les quantités de riz importées ; (ii)
accroître le volume et la qualité de la production locale de riz pour prendre occuper les
segments de marché libérés par la réduction des importations. La présente étude s’est fixé
trois principaux objectifs : simuler l’impact socio-économique de différents scénarii tarifaires
sur l’évolution des prix, des quantités, ainsi que des pertes et profits pour les différents
acteurs; proposer sur la base des résultats des simulations, des instruments de régulation des
importations commerciales de riz au Bénin; élaborer des stratégies en vue de l’amélioration
quantitative et qualitative de la production locale. Pour atteindre ces objectifs, une
méthodologie en trois volets a été utilisée et comporte essentiellement une synthèse
bibliographique, des entretiens avec les acteurs de la filière et la simulation à l’aide de
modèles conçus à cet effet (modèle économétrique et modèle BENSIMURIZ) .
Les résultats ont montré que l’élasticité de la demande des importations du riz par rapport
au prix est de -0,677 à court terme et de -1,053 à long terme. Ces différentes élasticités
expriment qu’à court terme, une augmentation des tarifs sur le prix des importations de 10%
entraînerait une baisse du volume des importations de 6,77% toutes choses égales par ailleurs
et qu’à long terme cela se traduirait par une baisse des importations de 10,5%. Par ailleurs,
les simulations ont révélé qu’une augmentation du tarif appliqué au riz importé permet à la
production locale de devenir plus compétitive. Cependant, les perspectives de mise en oeuvre
d’une augmentation du TEC au delà de 20% dans l’environnement sous-régional actuel sont
assez difficiles.
Sur la base des résultats de l’étude, certaines recommandations ont été formulées. Ainsi au
plan national, le CCR et ses partenaires devront vulgariser les résultats de la présente étude
auprès des décideurs politiques pour leur faire comprendre que le libéralisme ne doit pas se
faire au mépris des impératifs de développement à long terme et de l’intérêt national. Au
niveau sous-régional (UEMOA, CEDEAO), une campagne de sensibilisation et de lobbying doit