La terrible odyssée de JEAN DELCROIX

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LA TERRIBLE ODYSSEE DE JEAN DELCROIX
Je m’appelle Jean DELCROIX et je viens de la Terre.
Ma mission n’était autre que d’expérimenter
Cette nouvelle fusée toute révolutionnaire
A accélération constante de 1 G.
Donc toutes les secondes ma vitesse s’accroissait
De dix mètres par seconde et indéfiniment.
L’impulsion nécessaire aux moteurs provenait
De l’énergie traduite des cosmiques rayonnements.
Je partis de la base avec un but précis.
C'est-à-dire de sortir du système solaire
A une vitesse moitié de celle de la lumière
Et de foncer tout droit, à travers l’infini.
Pour atteindre cette vitesse, je mis cent cinquante jours
Décrivant une orbite toute autour du soleil
Et, de plus en plus grande, ceci à chaque tour.
Mon regard embrassait les planètes. Quelle merveille !
Je quittai notre étoile, partant son attraction,
Entamant un voyage de quatre années lumière
Ceci à une vitesse très proche de la lumière
Poursuivant tout le temps mon accélération.
Trois cent mille kilomètres par seconde c’est très grand.
C’est une célérité que l’on n’atteint jamais
Car plus on s’en rapproche, plus s’allonge le temps
Et la loi d’addition des vitesses n’est plus vraie.
Donc, tout est relatif. A bord de la fusée,
L’aller et le retour devait durer deux ans.
Cependant que sur terre se serait écoulé
Un laps de temps étant estimé à dix ans.
Le but était d’aller près d’Alpha du Centaure,
Inverser la poussée des moteurs et, alors,
Il devait se produire une décélération
En profitant des forces dites de gravitation.
C’est à ce moment là que le drame commença.
Le navire ne répondait pas à mon contrôle
Si bien que la vitesse encore s’accéléra.
Je dépassais Alpha suivant une parabole.
Je fus pris de panique ; « Comment allai-je faire,
Pour rebrousser chemin et revenir sur terre ?
Quand pourrais-je arrêter le processus en cours ?
Est-ce qu’il sera trop tard ? Suis-je perdu pour toujours ? »
Et je passais au large d’un système puis d’un autre,
Au fur et à mesure, ils devinrent plus petits.
L’espace, tout comme le temps est relatif aussi,
A cette folle vitesse et si loin de la nôtre.
Tout à coup, en passant près d’un système astral,
Je vis une planète qui quitta son orbite
Pour suivre un cout instant ma fusée anormale
Formidable aimant pour ce corps satellite.
A cette vitesse accrue et le temps et l’espace
Ne sont pas seuls en cause. L’énergie et la masse
En sont fonction aussi et donc, le bâtiment
Augmentait en volume en poids et en mouvement.
Et lorsque le vaisseau eut atteint la grandeur
Du système solaire, une étoile explosa
Quand elle vint percuter la coque extérieure.
La terrible réaction ne l’entama même pas.
De faire d’autres victimes, je n’en eus l’occasion
Car de la Voie Lactée, j’en quittais l’attraction
Et c’est un disque plat qui s’éloignait de moi
Comme se l’imaginait les terriens d’autrefois.
Après la galaxie d’Andromède dépassée
Mon voyage continuait si bien que la fusée
Atteint rapidement une grandeur galactique
De quarante ou cinquante milliers d’années lumniques.
Je me sentais petit dans cette immensité
J’étais une molécule perdue dans l’univers
Au loin, les galaxies formaient, par la lumière
Un globe de matière où j’étais prisonnier.
Mais ce n’était pas tout. Le vaisseau grandissant
Agitait tout l’espace par le fait du mouvement.
L’interaction jouait sur mon corps en tout sens.
J’heurtais une paroi et perdis connaissance.
Quand je me réveillai, je vis les galaxies
S’écraser par centaines semblables à des fourmis.
Chacune d’elles contenaient plusieurs formes de vie.
Combien d’extra-terrestres détruits par cette folie ?
La matière prenait corps tout autour de moi
L’horizon se bornait à deux mètres ou trois
Et bientôt j’évoluais dans un liquide aqueux
Ce fluide devint puis visqueux, puis pâteux.
Les moteurs de la nef se mirent à rugir
Pour échapper aux forces grandissantes et contraires
Et soudain, je sentis le vaisseau ralentir
Les moteurs des machines faisaient un bruit d’enfer.
La fusée était prise dans une glu solide.
Elle faisait des efforts pour s’en débarrasser.
A l’intérieur régnait une chaleur torride.
Pour moi, c’était la fin. Tout allait exploser.
Mais je fus aveuglé par une vive lumière
Alors que l’astronef fit un bond en avant.
Une pesanteur terrible ma plaqua contre terre.
A nouveau je perdis toute notion du temps.
Lorsque j’ouvris les yeux continuait le cauchemar.
La nef de tous côtés par des secousses énormes
Etait par des objets de différentes formes
Ballottée comme une mouche au milieu du blizzard.
Pourtant elle évoluait dans un gaz bleuté
Elle continuait sa route vers un coin plus verdâtre
Et en me retournant je vis un mur blanchâtre
Couvrant toute ma vision derrière la fusée.
Continuant de grandir l’astronef approchait
D’une masse gigantesque, d’un vert prononcé.
Tout à coup, je compris que tout ce vert n’était
Que les feuilles d’un arbre où j’allais m’écraser.
Je sautai aux commandes et celles-ci réagirent
Je fis ce que jusqu’alors je n’avais pu faire
Inverser les moteurs pour éviter le pire.
Je pris un virage court. J’évitais l’arbre vert.
La manœuvre eut pour but de me faire monter
Dans l’espace de ce monde vers le ciel bleuté
Je regardais au sol, je vis le marronnier,
Une maison aux murs blancs était juste à côté.
Le reste du voyage se fit sans incident
La décélération dura le même temps
Tout au moins relatif à bord de la fusée
Que l’accélération, environ deux années.
Ce qui eut pour effet en l’espace d’un instant
De me faire surgir dans votre atmosphère
De la taille d’un insecte à celle d’un éléphant,
De la masse d’un ion à celle d’un univers.
Voici donc mon histoire, j’étais dans un atome
Qui était pour ma part le système solaire
Je viens vous demander asile sur votre terre
Plutôt sur Algira, c’est ainsi qu’elle se nomme.
J’envisage d’être seul de ma race sans effroi
Car, si dans plus d’un siècle relatif à la Terre
Les hommes avaient refait une fusée similaire
Elle aurait atterrit presqu’en même temps que moi.
J’ai appris votre langue et j’aime la beauté
De ce monde merveilleux sans haute technicité.
J’espère sur Algira me refaire une vie.
Déjà je me suis fait de vous tous un ami.
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