Gaudet, Catherine 00311919 Référence complète de l’article Csikszentmihalyi, M., & Hunter, J. (2003). Happiness in Everyday Life : The Uses of Experience Sampling. Journal of Happiness Studies 4, 185-199. 1. Cadre théorique (option épistémologique) de l’auteur Dans l’ensemble des recherches sur le bonheur, le niveau général de « happiness » des individus est habituellement mesuré à l’aide d’un sondage ou d’un questionnaire. On demande aux participants de noter leur niveau de bonheur à un moment précis sur une échelle. Les individus ayant les résultats les plus élevés sur l’échelle étant les plus heureux et ceux ayant les plus bas, les moins heureux. Cette méthode, appelée « one-time measure » ne permet pas de détecter les différences personnelles entre les participants, ni de faire des liens entre les conditions environnementales présentes lors de la cueillette des données. Shwartz et Strack (1999) ont démontré que certains événements, même banals, pouvaient influencer le niveau de bonheur d’une personne et que l’impact de ces événements extérieurs étaient interprétés différemment, selon le système de valeurs et l’interprétation cognitive du participant. C’est donc pour détecter ces variations dans l’état émotionnel des participants que la méthode ESM a été développée. 2. Hypothèses ou propositions principales Tenter d’expliquer les contributions des évènements « momentanés » sur le niveau de bonheur des individus et regarder de quelle façon les variables démographiques et les modèles comportementaux affectent le niveau de bonheur. 3. Méthodologie utilisée (échantillon, méthodes de collecte de données et méthodes d’analyse, s'il y a lieu) Les chercheurs ont utilisés la méthode ESM (Experience Sampling Method) sur 828 adolescents fréquentant 33 écoles secondaires des Etats-Unis réparties dans 12 communautés différentes. Les sites géographiques ont été choisis de façon à être le plus représentatif possible de la réalité américaine. Le groupe de participants, comprenant le groupe témoin, est formé de 1215 jeunes. Chaque participant a reçu une montre-bracelet qui émettait des signaux ESM 8 fois par jour de 7h30 à 22h30 durant une semaine. Lorsque les participants entendaient le signal, ils devaient répondre à un questionnaire portant, entre autre, sur leur niveau de bonheur et à certaines questions ouvertes sur les émotions ressenties et les conditions environnementales associées au moment. Les participants devaient aussi noter l’aspect « challenging » et le niveau de compétence, d’aptitude qui étaient requis à ce moment. Finalement, l’humeur devait être évaluée sur une échelle de 1 à 7. 4. Principaux résultats obtenus (s’il y a lieu) L’étude a révélé de nombreuses corrélations. Par exemple, une corrélation entre le niveau de bonheur et le jour de la semaine. Les gens étant moins heureux le dimanche et tous les jours suivants, le degré de bonheur augmentant jusqu’au samedi, pour ensuite redescendre le dimanche. En effet, les gens sont significativement plus heureux le samedi que le lundi, mardi et mercredi. Aussi, les gens ont un degré différent de bonheur selon l’heure de la journée. Par exemple, ils sont heureux à l’heure du lunch et en milieu d’après-midi. Cela est influencé par les contraintes temporelles qu’ont les gens habituellement (école, travail…). Selon le classement des résultats, les étudiants participent à 10 différentes activités durant leur journée, dont 7 influencent de façon significative positivement ou négativement leur niveau de bonheur. En regroupant les activités dans 6 grandes catégories, on remarque que certaines ont des tendances significatives à élever le niveau de bonheur, comme socialiser avec des amis, tandis que des activités reliées à l’école, sont un facteur de déplaisir. Le niveau de bonheur dépend des personnes avec qui les étudiants sont. Par exemple, ils sont plus heureux lorsqu’ils sont avec leurs amis qu’avec leurs parents Il existe aussi des différences démographiques entre ceux qui ont un niveau généralement plus élevé de bonheur et ceux qui en ont un plus bas. Les plus grandes différences sont reliées à la classe sociale de l’étudiant (SCC). L’âge est le second facteur. Pour ce qui est du genre et de l’ethnie du participant, aucune corrélation significative n’a été observée. Aussi, les étudiants sont plus heureux lorsqu’ils font certaines activités, par exemple des loisirs, que d’autres, comme aller à l’école. Mais on constate, paradoxalement, que ceux qui étudient davantage durant la semaine sont plus heureux que les autres. Finalement, en faisant des liens avec le niveau de bonheur et l’humeur de la personne, on constate que l’humeur qui prédit le mieux le fait d’être heureux et l’excitation. 5. Conclusion du ou des auteurs La conclusion des auteurs grâce à la régression comprenant l’ensemble des variables étudiées, mais excluant les variables d’humeur. Les étudiants les plus heureux sont moins âgés et proviennent d’un milieu socio-économique relativement faible. Ils passent moins de temps à lire et moins de temps seul. Ils passent beaucoup de temps en « high challenge » et « high skill flow situations » et en « low challenge » et « high relaxing situations ». C’est aussi ces participants qui se sentent le plus souvent excités, fiers, sociables, forts, actifs et bien dans leur peau. 6. Critique(s) et appréciation personnelle Évidemment, puisque l’étude a été effectuée sur des étudiants de niveau secondaire, on ne peut pas prétendre que les résultats s’étendent à l’ensemble de la population américaine. Par exemple, la baisse du niveau de bonheur ressentie chez les jeunes peut être causée par l’influence de la crise d’adolescence, fréquemment observée chez les jeunes de cet âge. En effet, les chercheurs ont remarqué une hausse du niveau de bonheur vers l’âge de 18 ans, ce qui laisse croire que la chute n’était pas une tendance à long terme, mais bien un état épisodique. On ne pourrait donc pas faire la généralité suivante : le niveau de bonheur diminue avec l’âge. Les auteurs mentionnent cette limite dans leur discussion. Ils ajoutent aussi une autre limite qui vient affecter la corrélation obtenue entre le niveau de bonheur et la classe sociale. En effet, il se peut qu’il ne soit pas « à la mode » de dire publiquement qu’on est heureux dans la haute bourgeoisie américaine. Les résultats des jeunes issus de la haute société peuvent donc avoir été biaisé. 7. Citation(s) intéressante(s) tirée(s) du texte “… the results have important implications for education and social policy. Happiness will increase to the extent that individuals are provided with the means to learn skills that can be deployed to meet reasonable challenges: that they are given freedom to express themselves within bounds of responsibility.”