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VIAI
ewec re
AVERlISSEMENT II la place du texte de lun de nos conferenciers recents qui a omis de Ie
remeure, textc dont it ne souhaite pas la publication, on tro uver a ciapres SOl.IS un tilre qui
napoarliwt pas d son auteur la communication de Michel Foucault, du mai .l, destinee a eIre
publiee, mais qui, non relue par lui, etai restee dans nos archives. Nous ne nous sommes
pas crus autorises refaire son iexte, nous avons prefere, en en avertissant le lecteur, lui
laisser son caractere original dexpose oral en introduisant seulemeru un minimum de
ponctuation pour satisfaire aux exigences communes dun ceil ordinaire et les quelques
variations de construction correlatives.
IOUS
a
Detentrice du texte prononce devant elle et pour elle, la Societe francaise de philosophic en
a, sous sa seule responsabilite , opere ia transcription. Les fautes qui ant pu sy glisser
incombent done aux transcripteurs, qui noru pas voulu priver le public dune import ant e
contribution. Nous esperons que ceux qui ont connu, aime et admire Michel Foucault
retrouveront ici, avec quelque chose de sa pensee, que/que chose de sa mix. N.D.L.R..
IlUUEW
Soc. FRANC. DE PHlLOSOPHIE, t.
LXXXJV.
.
Bulletin
de la
Societe francaise de Philosophie
QUESTCE QUE LA CRITIQUE CRITIQUE ET AUFKLAIWNG
Compte rendu de ta seance du mal
La seance a tili ouverte a h. , a la Sorbonne, Amphitheatre Michele sous la presidence de M.
Henri Gouhier. M. Henri Gouhier. Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je vouclrais
dabord remercier M. Michel Foucault davoir inscrit cette seance dans lemploi du temps dune
annee tres chargee, puisque nous te prenons, je ne dirai pas au Iendemain, mais au
surlendemain presque dun long voyage au Japon. Cest ce qui explique que la convocation
envoyee pour cette reunion est plutot laconique mais de ce fait la communication de Michel
Foucault est une surprise et, comme on peut penser que cest une bonne surprise, je ne fais
pas attendre plus longtemps Ie plaisir de lentendre. M. Michel Foucault. Je VOllS remercie
infiniment de mavoir invite et devant cette Societe. Je crois que jy avais deja fait une
communication il y a une dizaine dannees, sur un sujet qui etait Questce quun auteur
a cette reunion
quot Le texte ciapres a revise, partir de la transcription de MI,TlMonique Emery. par Mmcs
Suzanne Delorme, Christiane Menasseyre, M..M. Francois Azouvi, JeanMarie Beyssade et
Dominique Seglard.
ete
a
I
M. Michel Foucault
BULLETLl DE LA SOoETE
FRANAISE
DE PHILOSOPHIE SEANCE DU MftJ
Pour la question dont je voudrais vous parler aujourdhui, je ne lui ai pas donne de titre. M.
Gouhier a bien voulu vous dire avec indulgence, que cest cause de mon sejour au Japon. A
vrai dire, cest une tres aimable attenuation de la verite. Disons queffectivernent, jusqua ces
demiers jours, je navais guere trouve de titre ou pluto il y en avait un qui me hantait rnais que
je nai pas voulu choisir, Vous allez voir pourquoi ceut ete indecent. En realite la question
dont je voulais vous parler e dont je veux toujours vous parter, est Questce que la critique II
faudrait essayer de tenir quelques propos autour de ce projet qui ne cesse de se former, de
se prolonger, de renaitre aux confins de la philosophie, tout pres delle, tout contre elle, a ses
depens, en direction dune philosophie a venir, a la place peutetre de route philosophie
possible. Et il semble quentre la haute entreprise kantienne et les petites activites
polcmicoprofessionnelles qui portent ce nom de critique, il me semble quil y a eu dans
lOccident modeme a dater, grossierement, empiriquement, desXVquotXVquot siecles une
certaine maniere de penser, de dire, dagir egalement, un certain rapport a ce qui existe, ce
quon sait, ce quon fait, un rapport Ja societe, a la culture, un rapport aux autres aussi et
quon pourrait appeler, disons, lattitude critique. ffien sur, vous vous etcnnerez dentendre dire
quil y a quelque chose com me une attitude critique et qui serait specifique de la civilisation
modeme, alors quil y a eu tant de critiques, polemiques, etc. et que rnerne les problernes
kantiens ant sans doute des origines bien plus lointaines que ces xwxvr sieeles.n setonnera
aussi de voir quon essaie de chercher une unite cette critique, alors quelle semble vouee par
nature, par fonction, jallais dire par profession, a la dampersin, la oe, a la pur. Apres tout, la
critique nexiste quen rapport avec autre chose quellerneme elle est instrument, moyen pour
un avenir au une verite quelle ne saura pas et quelle ne sera pas, eJJe est un regard sur un
dome oil. elle veut bien faire la police et OU elle nest pas capable de faire la loi. cela fait
quelle est ne fonction qui est sphordonnee par rapport ce que constituent positivement la
philosophie, la science, la politique, la morale, le droit, la litterature, etc. en meme temps,
quels que soient les plaisirs ou Ies compensations qui accompagnent cette curieuse activite
de critique, iI semble quelle v,gtsez rcgulierernent, presque toujours, non seulement guelque
rmdeur tjutllitquot dont elle se reclame, mais aussi quelle soit soustendue par une sorfe
iimperatif plus general plus general encore que celui dter les erreurs. II y a quelque chose
dans la critique qui sapnte a,lti. t dune certaine facon, ce dont je voulais vous parler, c etait
de I attitude cnuque comme vertu en general,
fOUl
encore une fois, parmi bien dautres. Je proposerai la variation suivante la ltmStonue
chretieou leglise chretienne en tant quelle deployait une activile preciscment et
specifiquement pastorale, a developpe cette idee singuliere, je crois, et etrangere tout fait a
la culture antique que chaque individu, quels que soient son age, son statui, et ceci dun bout
Iautre de sa vie et jusque dans le detail de ses actions, devait etre gouverne et devait se
laisser gouvemer, cestadire diriger vers son salut, par quelquun auquelle lie un rapport
global et en meme temps meticuleux, detaille, dobeissance, . Et cette operation de direction
vers le salut dans un rapport dobeissance a quelquun doit se faire dans un triple rapport il, la
verite Itrite entendue com me dogme Brite aussi dans la mesure oil. cette direction implique
un certain mode de connaissance particuliere et individualisante des individus enfin dans la
rnesure oil cette direction se deploie comme une technique J reflechie cornportant des regles
generales, des connaissances particulieres, des preceptes, des methodes dexamen,
daveux, dcntretiens, etc/Apres tout il ne faut pas oublier que ce que, pendant des siecles, on
a appele dans leglise grecque techne technon et dans leglise romaine latine ars artium,
cetait precisement Ia direction de conscience cetait lart de gouvemer les hornmes. Cet art de
gouverner, bien sur, est reste longtemps lie des pratiques relativement limitees finalement,
rnerne dans la societe medievale, lie lexistence conventuelle, lie et pratique surtout dans des
groupes spirituels relativement restreints, Mais je crois qua partir du XV siecle et des avant la
Reforme, on peut dire quil y a eu une veritable explosion de Iart de gouvemer les hommes,
explosion entendue en eillCSejis. eplacement dabord par rapport a son foyer religieux,
disomsi ous voulez Iarcisation, expansion dans Ja societe civile de ce theme de lart de
gouverner les hommes et des methodes pour Ie faire, t puis, deuxiemement, demuitiplication
de cet art de gouvemer dans des domaines varies comment gouverner Ies enfants, comment
gouverner lcs pauvres et les mendiants, comment gouverner une famille, nne maison,
comment gouverner les armees, comment gouvemer les differents groupes, les cites, lcs
Etats, comment gouverner son propre corps, comment gouvemer son propre
espriLfcomment gouverner, je crois que cela a ete une des questions fondamentales de ce
qui sest passe au NYquot ou au xvri sjece.Question fondamentale a Iaquellc a repondu la
multiplication det de gouverner art pedagogique, art politique, art economique, si vous voulez
et de ctOlTteslesfnEffiilljJnsde gouvernement, au sens large quavait le mot gouvemement il,
cctte epoque.
eft
Pour faire Ihistoire de cette attitude critique, il y a bien des chemins. Je voudrais simplement
vous suggerer celuici, qui est un chemin possible,
Or de cene gouvernementalisation, qui me parait assez caracteristique de ces societes de
lOccident europcen au XVIe siecle, ne peut pas eire dissociee, me sembletit, la question du
comment ne pas etre gouverne , Je ne veux pas dire par iii que, gouvernementalisation, a se
serait opposee dans
M. Michel Foucault
BULLETIN DE LA SOCIETE FRANAISE
quot
DE PHlLOSOPHlE exclusive bien
SEANCE DU MAl
sur, par rapport a lEcriture. Disons que la critique
est
une sorte de face a face laffirmation contraire, nons ne voulons pas etre gouvernes, et nous
ne voulons pas eire gouvernes du tout . Je veux dire
que, dans cette grande inquietude autour de Ia maniere de gouverner et dans la recherche
sur les manieres de gouverner, on rep he une pcrpetuelle question qui serait comment ne
pas etre gouverne comme cela, par cela, au nom de ces principesci, en vue de tels objectifs
et par Ie moyen de tels precedes, pas comme ca, pas pour ca, pas par eux et S on donne
bien ce mouvement de a gouvernementalisation, de la societe et des individus a la fois,
linsertion historique et lampleur que je crois avoir ere la sienne, ii semble quon pourrait
placer de ce cotefa peu pres ce quon appellerait lattirude critique. En face, et comme centre
partie, ou plutot comme partenaire et adversaire la fois des arts de gouverner, comme
maniere de sen mefier, de Ies recuser, de les limiter, de leur trouver une juste rnesure, de
les transformer, de chercher a echapper a ces arts de gouvemer ou, en tout cas, ales
dcplacer, a titre de reticence cssentielle, rnais aussi et par merne comme ligne de
developpement des arts de gouyerner, il y aurait eu quelque chose qui serait ne en Europe
ce momentIa, mesorte de forme culturelle generale, it la fois attitude morale et polirique,
maniere de penser, etc. et que jappellerais tout simplement lart de netre pas gouverne ou
encore lart de ne pas etre gouverne cornrne ca et ce prix. Et je proposerais done, cornme
toute premiere definition de la critique, cette caracterisation generale lart de netre pas
tellement gouverne,
historiquernent bibliqne. . Ne pas vouloir etre gouveme, cest ill le second point dancrage, ne
pas vouloir etre gouverne comme ca, cest ne pas non phis vouloir accepter ees loisIii. parce
quelles sont injustes, parce que, sous leur anciennete ou sous leclat plus au mains
rnenacant que leur donne Ie souvcrain daujourdhui, ellcs cachent une illegitimite essentielle.
La critique, cest done, de ce point de vue, en face du gouvernement et a lobeissance quil
demande, opposer des droits universels et imprescriptiblcs, auxquels tout gouvemement
quel quil soit, quil sagisse du monarque, du magistrat, de Ieducateur, du perc de famille,
devra se soumettre. En somme, si vous voulez, on retrouve la Ie probleme du droit nature I.
Le droit naturel nest certainernent pas une invention de Ia Renaissance, rnais il a pris, a
partir du XVIquot siecle, une fonction critique quil conservera toujours. A la question
comment netre pas gouvernc il repond en disant quelles sont les limites du droit de
gouverner Disons que la, la critique est essentiellement juridique.
a
a
a
a
Vous me direz que cette definition est a la fois bien generale, bien vague, bien floue. Bien
sur mais je crois tout de merne quelle permettrait de reperer quelques points dancrage
precis de ce que jessaie dappeler lattitude critique. Points dancrage historigues, bien sur, et
quon pourrait fixer
ainsi
Premier point dancrage a urre poque oil le gouvernement des hommcsctait essentiellernent
un am SPIDtllei, ou UD.e pratique essentiellementteigieuse lice lautorite dune Eglise, au
magistere dune Ecriturc, ne pas vouloir etre gouverne cornrne ccla, cetait essentiellernent
chercher it IEcriture un autre rapport que celui qui etait lie au fonctionnement de
lenseignement du Dieu, ne pas vouloir etre gouveme cetait une certaine maniere de refuser,
recuser, limiter dites comme vous voulez Ie magisrore ccclesiastique, cetait Ie retour a
lEcriture, cetait la question de ce qui est authentique dans lEcriture, de ce qui a ete
effectivement ecrn dans lEcriturc, cetait la question quelle est la sorte de verite que dit
IEcriture, comment avoir acces a cette verite de lEcriture dans lEcriture et en depit peutetre
de lecrit, et jusqua ce quon arrive it la question finalement trios simple lEcriture etaitelle vraie
Et en somme, de Wycliffe it Pierre Bayle, la critique sest developpce pour une part, que je
crois capitale et non pas
.
a
magistI,,rrr..JQLJamont.d.udtiOn voit comment le jeu de la mentaliloti et lequoti lune par
rapport lautre, ont donne lieu a des phenomenes qui sont, je crois, capitaux dans lhistoire de
la culture occidentale, quil sagisse du deve loppement des sciences hilologiques, quil
sagisse du devcloppcment de la reflexion, de lanalyse iuridigue, de lareflexion
methodologique. Mais surtout, on voit que lc foyer delacritiquequoteest
essenUeJlementielruseeau de lquota,Qportsqui noue lun ii. Iautre, orhLnaux deux autres,o,
lavriteet Ie uEt si la gouvernementalisation, cest bien mouvement par Iequel il sagissait dans
la realite merne dune pratique sociale dassujettir les individus par des mecanismes de
pouvoir qui se reclament dune verite, eh bien je dirai que la critique, cest le mouvement par
lequel Ie sujet se donne le droit dinterroger la verite sur ses effets de pouvoir et le pouvoir
sur ses discours de verite eh bien la critique, cela sera lart de linservitude volontaire, celui de
lindoc ilite reflechie. La critique aurait essentiellernent pour fonction le dcsassujettissemeru
dans le jeu de ce quon pourrait appelcr, dun mot, Ia politique de la verite,
lbM.r
le
. Et enfin ne pas vouloir erre gouverne , cest bien sur ne pas accepter comme vrai, la je
passerai trios vite, ce quune autorite vous dit etre vrai, au du mains ce nest pas laccepter
parce quune autorite vo us dit quelle est vraie, cest ne laccepter que si on considere
soirneme comme bonnes les raisons de Iaccepter. Et cette fois, la critique prend son point
a
ce
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I
r
,
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M,Midl jollCIIIl
IlUI.I.HjIN m LA,I I Tn FliNiI.i IIII,OSOPIIIE
SiANCE DU MAl
dans sa rigueur philosophique, je ne me le permettrais pas devant un Jl rei I nuduoiro de
philosophes, netant pas moimeme philosophe, etant a plfill irltiquc, par rapport cette
Aufkldrung, comment pourraiton situer n nrlllo uu proprcrneru dite Si effectivement
Kantappelle tout ce IIIPIVllllcnL critique qui a precede Aufkliirung, comment vatil situer, lui, ce
qull cutend parla critique Jc dirai, et la ce sont des choses completement nllIllllflCS, que par
rapport a lAu.fkzarung,era aux yeux de Kant I qlliJ VII tillquot lir saistu bien jusquou tu peux
savoir re Will qlt tu veux, mais saIsIu bien us uou tu peux raisonner sans dan er . tllilqllO dim,
sornmc, que cest moms ans ce que nous entreprenons, jV, I ll, all moins de courage, que
dns lidee que nou nos faisons dqJ IIOlt connulssancc et de scs lirnites, quil y va de notre
liberte, et que, par/ INIqllcnt, fill lieu de laisser dire par un autre obeissez , cest a ce IIIIIIIIHI. ,
lorxquon sc sera fait de sa propre connaissance une idee juste, lIlltlllllI pourra tie ouvrir Ie
principc de lautonomie et que lon naura plus a IIlIIIItirl btii.l,lez OU plut.Ol que Ie obeissez
sera fonde sur lautonomid Pi
en
llllllIlImo.
/
pus de montrer lopposition quil y aurait chez Kant quot IIIlys lie lAlljkltJrlul el Ie projet critique.
II serait, je crois, facile Ii I , I ,pout Kantuimeme, ce vrai courage de savoir qui etait IIIVIII,llI
pur lAlfikliimng, cc mcme courage de savoir consiste a rcconnaitr IIN I do If cnnnulssance Il
ct il serait facile de montrer qne pour lUI llllllIlIilll,t lNLloiu dllrCl opposee ll.bfssa e aux
souvJRais it rf. nquot ItNI p/iN IIIClII, que Kant a fixe a critique dans son entreprise de II II
IltNmnI. par rapport all jell du j.JOUvoir et de la verite, comme , III pillIlullllll IOllIC
prclcgomene route Aufkliirung presente e , diillllu,II, In cOllnnissanCi .dblquotrIII/i I jI r .. m IVl
JftliJiJil
J I uentrcprcudx
,Iquot
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J
lH OSOPIlIE SEANCE DU MAl L
Ill/r,MI f
qui fill plus cloiglll de ce quon pourrait appeler une critique de gauche, il no Itllit pUNoublier
quHusserl en referait la crise contemporaine de lillltillnil europccnne quelque chose au il etait
question des rapports de Itl nllnllslIlCC a lu technique, de lepisteme it la techne.
a
j
icSJ.Qnditiolls de Iexercice de la philosophie et de a I I I xlol IlOlil.itlLlC ant ete trs, et it cause
de cela a critique de la lt, quotdillil pl,oplueLisc de ses effets specifiques de pouvoir ne
semble pas et llyn Itl mencc de Ia merne fantSt ce serait, je pense du cote dune HlInlia p
nsec d roue au COUTS hSiecle et dusiecle, que n II YIIlliL .t.lLlC rneme mise en accusation
historique de Ja raison au de a lIllollllllllnlloll tlt,l nom des effets,dc pouvoir,quelle porte avec
ellejEn tout Ill III hl,Il CIstlfu par les Lumieres et Ja Revolution a sans doute empeche gncrale
que ron remette reellernent et profondement en lilliquot quot ltlllPOLt
ili..la.ratOnaldtio..J.,SJilJJ. pouvoueutetre aussi IefaIt r Iii I IlnI, ccstadire ce que je crois avoir
ere, dans ses racines tres jill Ii IIlIh N, I premier mouvernent critique comme art de netre pas
gouYI III ,Ii quotI I. que In Rcrorme nait pas eu en France lampleur et la reussire COllllllllS en
Allcmagne, II a fait sans doute quen France cette notion II/WI, itll.l IIVO. tous lcs problernes
quelle posait na pas eu une signi Il I lICpc,ct dailleurs eena amais pris une reference
historique iIjlll I II lIIlIHI port qucn Allemagne. isons quen France on sest COii II II IIWlt I nnlue
ulorisaiion liti ue des philoso hes du xvrne slecle II iii IIII I IIIPH lton dlsqualifiait la pensee des
Lurnieres ccmme un J .w.lm Iquot dans lhistoire de la phiiosophie,/En Allemagne, au , lIUI
ll.litentcndu par Auk/arung etau considere en bien au en IIlUI, PI II PljlOlt, lais cortainemcnt
comme un episode important, ill IltlllU IllutlOIl cclatarue de la desjationJllQfondedeJaraismL I
I ,quot, OlllfIIIVllil dans lAI,tjkiiirung et dans toute cette periode, qui en quot ,lil XViquot uu
VIIIquot SItlC crt de reference a cette notion dAutklartltllg, ,Ill I ItV, I I hlff r.
dccc.olloaitre..laJlgc..pcRt lt pLlls.JnarquQ d III III Nltll Iii ll II ulors que caita laquell llu Illllli h Ii
I lIhlnl lUIl wmCIl SIIPIiOnllX, rei est, Ni VOU vouk, KrllN, quot IlIhlIIII lIIIIIltris.l ILl rnanicre
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quot III III
M, Michel Foucault BULLETIN DE LA SOCIETE FRANAlSE DE PHlLOSOPHIE SEANCE
DU MAI . disons, les travaux de IEcoie de Francfort. Disons, toujcurs pour faire bref,
etceIiestpaSTonnafitcest de la phenomenologie et des problemes poses par elle que nous
est revenue la question de ce que cest que lAufkliirung, Elle nous est revenue en effet a
partir de la question du et de ce qui peut constituoLl. Comment se faitil quil y ail du sens
partir du non sens Comment le sens vientil Question dont on voit bien quelle est la
cornplementaire de cette autre comment se faitil que le grand mouvement de la
rationalisation nous ait conaurtSa tant de bruitlt tant de fureur tant de silence
efolnrretrulTsffie morne Apres tout il ne faufpas oubli.qre La Nausee est a peu de mois pres
la contemporaine de la Krisis. Et cest par lanalyse, apres Ia guerre, de ceci, il savoir que Ie
ne se constltue que par des systernes de contraimes caracteristiques de la machinerie
signifiante, cest, me sembletil, par lanalyse de ce fait quil ny d que effets de cOercition
propres a des sgpctills. que, par etrange raccourci, sest retrouve le probleme entre
ramp/quotd et pqyjOir, Je pense egalement et la ce serait une etude it faire, sans doute que
les . .Ji analyses flistoire des sCiencesJ toute cette problematisation de lhistoire p des
sciences qui, elle aussi, senracine sans doute dans la PhenomenOIOgie I, . qui en France a
suivi a travers Cavailles, a travers Bachelard, a travers j Georges Canguilhem, toute une
autre histoire, il me semble que I problerne historique de lhistoricite des sciences nest pas
sans avoir quelques rapports et analogies, sans faire jusqua un certain point echo, a ce
probleme de la constitution du sens comment nail, comment se forme cette rationalite, a
partir de quelque chose qui est tout autre Voila la reciproque et Iinverse du problerne de
lAufkliirung comment se faitil que la l rationalisation conduise a la fureur du pouvoir
que
lhistoire, nous nous sommes retrouves avec deux formes de pouvoir qui se ressemblaient
comme deux freres fascisme et stalinisme.jkctour par consequent de la question questce
que IAufkliirUlg Et se reactive ainsi la serie de problemes qui avaient marque les analyses de
Max Weber quen estil de ccttc rationalisation dont on convient quelle caracterise non
seulement la pensee et la science occidentales depuis le XVIquot siecle, mais aussi les
rapports sociaux, les organisations etatiques, les pratiques economiques et peutetre jusquau
comportement des individus Quen estil de cette rationalisation dans ses effets de contrainte
et peutetre dobnubilation, dimplantation massive et croissante et jamais radicalement
contestee dun vaste systeme scientifique et technique Ce probleme, que nous sommes bien
obliges en France de reprendre sur nos epaules, ce probleme de questce que cest que
IAufklarung on peut laborder par diffcrents chemins. Et le chemin par lequcl je voudrais
laborder, je ne Ie retrace absolument pas et je voudrais que vous me croyiez dans un esprit
ou de polernique au de critique, Deux raisons par consequent qui font que je ne cherche rien
dautre que de marquer des differences et en quelque sorte de voir jusquou on peut
multiplier, dernultiplier, dernarquer les unes par rapport aux autres, deboiter, si vous voulez,
les formes danalyses de ce probleme de lArgkliirung, qui est peutetre apres tout le probleme
de la lilosophie modeme. Je voudrais tout de suite, en abordant ce problerne qui nous rend
fratemels ar rapport a lEcole de Francfort, noter que ,de toutes, facons, faie de lAufklarung la
question centrale, cela veut dire a coup sur un certain I nombre de choses.Lcia veut dire
dabord que Ion sengage dans une quot certaine pratiqu quon. apelleait
istoricophilosophique, qui na. rien a voir avec la philosophic de Ih.stqlle et
lh.stolleFdi.l.aIlli.l.lli, une certaine pratique historicophilosophique et par ft je veux dire que le
P domaine dexperienceauquel se refere ce travail philosophique nen exclut aucun autre
absolurnent, Ce ngt pas lexperierte interieure, ce ne sont pas les structures fondarnentales
Ia connaissance scientifl ue, mais ce nest pas non plus un ensemble de contenus his gues
elabores ailleurs, prepares par les historiens et accueillis tout faits comme des faits, II sagit,
en fait, dans cette pratique historicophilosophique de se faire sa propre histoire, de .
fabriquer comme par fiction lhistoire qui serait traversee par la question des , rapXlrts entre
les StIifglrlts de ratie qui articulent le disQ.oursvrabet/ le mecahi.slieSdassujetlisseme qui y
sont lies, question dont on voit bien quelledeplace les objets historiques habituels et farniliers
aux historiens vers Ie probleme du et de lavQ dont les historiens ne soccupcnt pas. n voit
egalement que cette question investit le travail philosophique, i la pensee philosophique,
Ianalyse philosophique dans des contenus
,,J
f
..
...
k
I Or il semble que soit ces recherches sur la constitution du sens avec la l decouverte que le
sens ne se constitue que par les structures de coercition du signifiant, soit les analyses faites
sur lhistoire de la rarionalite scientifique avec les effets de contrainte lies a son
institutionalisation et a la constitution de modeles, tout cela, toutes ces recherches
historiques font fait, me sembletil, que recouper comrne par un jour etroit et com me a
travers une sorte de meurtriere universitaire ce qui fut apres tout Ie mouvemcnt de fond de
notre histoire depuis un siecle. Car, it force de nous chanter que notre organisation sociale
ou econornique mariquait de rationalite, nous nous somrnes trouves devant je ne sais pas si
cest trop ou pas assez de raison, en tout cas surernent devant trop de pouvoir il force de
nous entendre chanter les promesses de la revoliifion, Je ne sars pas si la ou elle sest
produite elle est bonne Oll mauvaise, mais nous nous sommes trouves, nous, devant linertie
dun pouvoir qui indfinimenl se..intenai et a force de nous entendre chanter lopposition entre
les ideologies de la violence et la veritable theorie scientifique de la societe, du proletariat et
de
r
s.JTe
M. Michel Foucault
BULLETIN DE LA SOCIETE FRANCAlSE
quot
DE PHILOSOPHIE SEANCE DU MAl
empiriques dessines precisernent par elle. De la, si vous voulez, que les historiens devant ce
travail historique ou philosophique vont dire oui, oui, bien sur, peuteire , en tout cas ce nest
jamais tout a fait cela, ce qui est leffet de brouillage dii deplaccment vers Ie sujct ct la verite
dont je ce parlais, Et que les philosophes, merne sils ne prennent pas tous des airs de
pintades offensees, pensent generalernent la philosophic, malgre tout, cest bien autre chose
, ceci etant dO leffet de chute, dO retour a une ce ernpiricite qui na meme pas pour elle detre
garantie par unc experience interieure. Accordons aces voix da cote route lirnportance
quelles ont, et cette importance est grande. Elles indiquent au moins negativement que ron
est sur le bon chemin, cestadire qua travers des contenus historiques quon elabore et
auxquels on est lie parce quils ou quils valent com me yrais, on pose la question questce
done que je suis, moi qui appartiens humanite , peutetre a cette frange, a ce moment, a cet
instant dhumanite qui est assujetti au pouvoir de la verite en general et des verites en
particulier Desubjectiver la question philosophique par Ie recours au contenu historique,
affranchir les contenus historiques par interrogation sur Ies effets de pouvoir dont cette verite
dont Us sont censes relever les attecte, cest, si vous voulez, la premiere caracteristique de
cette pratique historicophilosophique.lautre part, cette pratique historicophilosohique se
trouve evidemment dans un PflvleglYll une certame epque mplflquement determinable
meme S e Ie est relativement et necessairement Iloue, cene epoque est, certes, designee
comme moment de formation de lhumanite moderne, Aufkliirung au sens large du terme
laquelle se referaient Kant, Weber, etc., periode sans datation fixe, a multiples entrees
puisquon peut la definir aussi bien par la formation du capitalisme, la constitution du monde
bourgeois, la mise en place des systemes etatiques, la fondation de la science moderne
avec tous ses correlatifs techniques, Iorganisation dun visavis entre lart detre gouverne et
celui de netre pas tellerrient gouverne. friviJege de fait, par consequent, pour Ie travail
historicophilosophique que cette periode, puisque cest la quapparaissent en quelque sorte, a
vif et a la surface des transformations visibles, ces rapports entre pouvoir, verite et sujet quil
sagit danalyser, pg,ais privilege aussi en ce sens quil sagit de former a partir de la une
matrice pour Ie parcours de toute une serie dautres doinaines possibles. Disons, si vous
voulez que ce nest pas paree quon privilegie Ie XVIIJe siecle, parce quon sinteresse a lui.
que lon rencontre Ie problerne de IAufkliirurtg je dirais que cest parce que lon veut
fondamentalement poser Ie problerne Que stce que cest que IAufklarung que ron rencontre
le scheme historique de notre rnodernite. Il ne sagira pas de dire que les Grees du IIquot
siecle sont un peu comme les philosophes du XVIIlo siecle ou bien que Ie xuquot siecle etait
deja
une sorte de Renaissance, mais bien dessayer de voir sous quelles conditious, au prix de
queUes modifications ou de queUes generalisaiQrls peut appliquer a nimporte quel moment
e Ihistoir.ctte queston de IAufklarung, a savoir des rapports des pfvOlrs, de la. veflt et du
sUJet Tel est le cadre general de cette recherche que jappellerais philosophique, voila
comment on peut maintenant la mener. historico
Je disais tout it lheure que je voulais en tout cas tracer tres vaguement dautres voies
possibles que celles qui me paraissent avoir ere jusua present tc plus volontiers frayces, Ce
qui nest aucunement les accuser OJ de ne mener a rien ni de ne donner aucun resultat
valable. Je voulais simplement dire ceci et suggerer ceci il me semble que cette question de
IAufklarung depuis Kant, a cause de Kant, et vraisemblablement a cause de ce decal age
entre Aufklarun g et critique quil a introduit, a ete essentiellement posee en termes de
connaissance, cestadire en partant de ce qui fut la dcstinee historique de la connaissance au
moment de la constitution de la science modeme cestadire aussi, en cherchant ce qui dans
cette destinee deja, marquait les effets de pouvoir indefinis auxquels elle allah etre
necessairement lice par lobjectivisme, Ie positivisme, le technicisrne, etc., en rapportant
cette connaissance aux conditions de constitution et de legitimite de toute connaissance
possible, et enfin en cherchant comment dans lhistoire setait opere Ie passage hors
legitimite illusion, erreur, oubli, recouvrement, etc.. Dun mot, cest la procedure danalyse qui
me semble au fond avoir ete engagee par le decalage de la critique par rapport a IAufklarung
opere par Kant. n me semble qua partir de la, on a une procedure danalyse qui est au fond
celie qui a ete suivie le plus souvent, procedure danalyse quon pourrait appeler une enquete
en Iegitirnite des modes historiques du connaitre, Cest en tout cas ainsi quun certain nombre
de philosophes du XVIlIquot siecle, cest ainsi que Dilthey, Habermas, etc. lont entendue.
Plus simplernent encore quelle fausse idee la connaissance sestelle faite dellemernc et quel
usage excessif sestelle trouvee exposee, a quelle domination par consequent sestelle
trouvee lice Eh bien plutot que cette procedure qui prend la forme dune enquete en
Jegitimite des modes historiques du connaitre , on pourrait peutetre envisager une procedure
differente. Elle pourrait prendre pour entree dans la question de IAufkliirung non pas le
probleme de la connaissance, mais celui du pouvoir elle avancerait non pas comme une
enquete en Iegitimite, mais comme quelque chose que jappellerais une epreuve devenemen
m
l
M. Michel Foucault
DE PHlLOSOPHlE SEANCE DU MAl
BULLETIN DE LA SOCIETE FRANCAlSE
tialisation. Pardonnez lhorreur du mot Et, tout de suite. questce que cela veut dire Ce que
jentendrais par procedure devenementialisarion, dussent les historiens crier depouvante, ce
serait ceci dabord prendre des ensembles delernents ou ron peut reperer en premiere
approche, done de facon tout fait empirique et provisoire, des connexions entre des
mecanismes de coercition et des contenus de connaissance, Mecanismes de coercition
divers, peutetre aussi bien des ensembles Iegislatifs, des reglemerits, des dispositifs
materiels, des phenomenes dautorite, etc. contenus de connaissance quon prendra
egalement dans leur diversite et dans leur heterogeneite, et quon retiendra en fonction des
effets de pouvoir dont ils sont porteurs en tant quils sont valides comme faisant partie dun
systerne de connaissance. Ce quon cherche alors nest pas de savoir ce qui est vrai ou faux,
fonde ou non fonde, reel ou illusoire, scientifique ou ideologique, legitime ou abusif. On
cherche savoir ques sont les liens, quelles sont les connexions qui peuvent etre reperes
entre mecanismes de coercition et elements de connaissance, quels jeux de renvoi et dappui
se developpent des uns aux autres, ce qui fait que tel element de connaissance peut prendre
des effets de pouvoir affectes dans un pareil systeme un element vrai OLl probable OU
incertain ou faux, et ce qui fait que tel precede de coercition acquiert la forme et les
justifications propres a un element rationnel, calcule, techniquement efficace, etc. Done ne
pas, a ce premier niveau, operer le partage de lcgitimlte, ne pas assigner le point de lerreur
et de Jillusion. Et cest pourquoi, ce niveau, il me semble que Ion peut utiliser deux mots qui
nont pas pour fonction de designer des entites, des puissances ou quelque chose comme
des transcendentaux, mais seulement doperer par rapport aux dornaines auxquels its se
referent une reduction systematique de valeur, disons une neutralisation quant aux effets de
legitimite et une mise en lurniere de ce qui les rend a un certain moment acceptables et qui
fait queffectivernent ils ont ete acceptes. Utilisation done du mot savoir qui se refere toutes
les procedures et a tous les effets de connaissance qui sont acceptables a uu moment
donne et dans un domaine defini et deuxiernement, du terme de pouvoir qui ne fait rien
dautre que recouvrir lOute uue serie de mecanismes particuliers, definissahles et definis, qui
semblent susceptibles dinduire des comporternents ou des discours. On voit tout de suite
que ees deux termes nont dautre role que methodologique il ue sagit pas de reperer a
travers eux des principes generaux de realite, mais de fixer en quelque sorte le front de
Janalyse, le type delcment qui doit etre pour elle pertinent. II sagit ainsi deviter de faire jouer
dentree la perspective de legitimation comme Ie font les termes de connaissance ou de
domination. II sagit egalement, a tout moment de lanalyse, de pouvoir leur donner lIn
contenu determine et precis, tel element de savoir, tel mecanisme de pouvoir jamais on ne
doit considerer qui existe un savoir ou un pouvoir, pire encore Ie savoir ou Ie pouvoir qui
seraient en euxmernes operants. Savoir, pouvoir, ce nest quune grille danalyse. On voit
aussi que ceue grille nest pas composee de deux categories delernents etrangers run a
Iautre, ee qui serait du savoir dun cote et ce qui serait du pouvoir de lautre et ce que fen
disais tout a lheure les rendait exterieurs Iun a lautre r, car rien ne peut figurer comme
Jement de savoir si, dune part, il nest pas conforme a un ensemble de regles et de
contraintes caracteristiques, par exemple de tel type de disc ours scientifique a une epoque
donnee, er si, dautre part, il nest pas dote des effets de coercition ou simplement dincitation
propres a ce qui est valide cornrne scientifique ou simplement rationnel ou sirnplement
cornmunement recu, etc. Inversernent rien ne peut fonctionner comme mecanisme de
pouvoir sil ne se deploie seton des procedures, des instruments, des moyens, des objectifs
qui puissent etre valides dans des systernes plus ou moins coherents de savoir. II ne sagit
done pas de decrire ce qui est savoir et cc qui est pouvoir et comment run reprimerait Iautre
ou comment lautre abuserait de Iun, mais il sagit plutot de decrire un nexus de savoirpouvoir
qui permette de saisir ce qui coustitue Iacceptabilite dun systeme, que ce soit Ie systeme de
la maladie mentale, de la penalite, de Ia delinquance, de la sexualite, etc. En bref il me
semble que, de Iobservabilite empirique pour nous dun ensemble son acccptabilite
historique, lepoque meme ou effectivement il est observable, le chemin passe par une
analyse du nexus savoirpouvoir qui le soutient, le ressaisit a partir du fait quil est accepte, en
direction de ce qui le rend acceptable non pas bien sur en general, mais seulement ou il est
accepte cest cela quon pourrait caracteriser comme le ressaisir dans sa positivite. Ou a done
Iii un type de procedure, qui, hors du souci de legitimation et par consequent en ecartaru Ie
point de vue fondamental de la i, parcourt lc cycle de la positivite en alant du fait de
Iacceptation au systeme de Iacceptabilite analyse a partir du jeu savoirpouvoir, Disons que
cest la le niveau, a peu pres, de Yarcheologie. Deuxiernement, on voit tout de suite qua
partir de ce type danalyse menacent un certain nombre de dangers, qui ue peuvcnt pas ne
pas apparaitre cornme les consequences negatives et couteuses dune pareille analyse. Ces
positivites SOUl des ensembles qui ne vont pas de soi, en ce sens que, queUes que soient
Ihabitude ou lusure qui ant pu nous les rendre familieres, quelle que soit la force
daveuglernent des mecanismes de pouvoir quelles font jouer ou quelles que soient Ies
justifications quelles ont elaborees, elles nont pas ete rendues acceptables par quelque droit
originaire et cc quil
BULLETIN Soc. FRANlt. DE PHILOSOPHlE.t. LXXXIV.
M. Michel Foucault
BULLETIN DE LA SOCIETE FRANlt,AISE
DE PHILOSOPHIE SEANCE DU MAI
sagit de faire ressortir pour bien saisir ce qui a pu les rendre acceptables, cest que justement
cela nallait pas de soi, ce netait inscrit dans aucun a priori, ce netait contenu dans aucune
anteriorite. Degager les conditions dacceptabilite dun systeme et suivrc les ignes de rupture
qui marquent son emergence, ce sont la deux operations correlatives. Cela nallait pas du
tout de soi que la folie et la maladie mentale se superposent dans le systeme institutionnel et
scientifique de la psychiatrie ce netait pas plus donne que les precedes punitifs,
lemprisonnement et Ia discipline penitentiaire viennent sarticuler dans un systeme penal ce
netait pas plus donne que le desir, la concupiscence, Ie comportement sexuel des individus
doivent effectivement sarticuler les uns sur les autres dans un systeme de savoir et de
normalite appele sexualite. Le reperage de lacceptabilite dun systeme est indissociablc du
reperage de ce qui le rendait difficile a accepter son arbitraire en terme de connaissance, sa
violence en terme de pouvoir, bref son energie. Done necessite de prendre en charge cette
structure, pour mieux en suivre les artifices. Deuxieme consequence, la aussi coGteuse et
negative, cest que ces ensembles ne sont pas analyses comme des universaux auxquels
lhistoire apporterait avec ses circonstances particulieres un certain nombre de modifications.
Bien sur, bien des elements acceptes, bien des conditions dacceptabilite peuvent avoir
derriere eux une longue carriere mais ce quil sagit de ressaisir dans lanalyse de ces
positivites, ce sont en quelque sorte des singularites pures, ni incarnation dune essence, ni
individualisation dune espece singularite que la folie dans le monde occidental moderne,
singularite absolue que la sexualite, singularite absolue que Ie systerne juridicomoral de nos
punitions. Nul recours fondateur, nulle echappee dans une forme pure, cest lit sans do ute
un des points les plus importants et les plus contestables de cette demarche
historicophilosophique si elle ne veut basculer ni dans une philosophie de lhistoire, ni dans
une analyse historique, elle doit se maintenir dans le champ dimmanence des singularites
pures. Alors quoi Rupture, discontinuite, singularite, description pure, tableau immobile, pas
dexplication, pas de passage, vous connaissez tout cela. On dira que lanalyse de ccs
positivites ne releve pas de ces procedures dites explicatives auxquelles on prete une valeur
causale a trois conditions on ne reconnait de valeur causale quaux explications qui visent
une demiere instance valorisee comme profonde et eUe seule, economic pour les uns,
dernographie pour les autres on ne reconnait comme ayant valeur causale que ce qui obeit a
une pyramidalisation pointant vers la cause ou le foyer causal, lorigine unitaire
et enfin on ne reconnait de valeur causale qua ce qui etablit une certaine inevitabilite ou du
moins ce qui approche de la necessite, Lanalyse des positivites, dans la mesure ou il sagit
de singularites pures rapportees non pas a une espece ou a une essence, mais de simples
conditions dacceptabilite, eh bien cette analyse suppose Ie depioiement dun reseau causal a
la fois complexe et serre, mais sans doute dun autre type, un reseau causal qui nobeirait pas
justement a lexigence de saturation par un principe profond unitaire pyramidalisant et
necessitant. sagit detablir un reseau qui rende compte de cette singularite comme dun effet
dou la necessite de Ia rnultiplicite des relations, de la differenciation entre les differents types
de relations, de la differenciation entre les differentes formes de necessite des
enchainernents, de dechiffrement des interactions et des actions circulaires et Ia prise en
compte du croisement de processus heterogenes, Et rien done de plus etranger a une telle
analyse que Ie rejet de la causalite. Mais ce qui est important, cest quil ne sagit pas dans de
telles analyses de ramener a une cause un ensemble de phenomenes derives, mais de
mettre en intelligibilite une positivite singuliere dans ce quclle a justement de singulier,
Disons en gros que, par opposition a une genese qui soriente vers lunite dune cause
principielle lourde dune descendance multiple, il sagirait la dune genea/ogie. cestadire de
quelque chose qui essaie de restituer les conditions dapparition dune singularite a partir de
multiples elements determinants, dont die apparait non pas comme le produit, mais comme
leffet. Mise en intelligibilite done, mais dont il faut bien voir quelle ne fonctionne pas selon un
principe de ferrneture, Et la, il ne sagit pas dun principe de fermeture pour un certain nombre
de raisons. La premiere, cest que les relations qui permettent de rendre compte de eet effet
singulier sont, sinon dans leur totalite, du rnoins pour une part considerable, des relations
dinteractions entre des individus ou des groupes, cestadire quelles impliquent des sujets,
des types de comportements, des decisions. des choix ce nest pas dans la nature des
choses que lon pourrait trouver le soutien, Ie support de ce reseau de relations intelligibles,
cest la logique propre dun jeu dinteractions avec ses marges toujours variables de non
certitude. Pas de fermeture non plus, parce que ces relations que lon essaie detablir pour
rendre compte dune singularite comme effet, ce reseau de relations ne doit pas constituer un
plan unique. Ce sont des relations qui sont en perpetuel decrochement les unes par rapport
aux autres. La logique des interactions, a un niveau donne, joue entre des individus pouvant
a la Iois garder ses regles et sa specificite, ses effets singulicrs tout en
M. Michel Foucault
BULLETIN DE LA
SOCIETE FRANAlSE
DE PHILOSOPHIE
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constituant avec dautres elements des interactions qui se jouent un autre niveau de sorte
que, dune certaine facon, aucune de ees interactions napparait ou primaire ou absolument
totalisante, Chacune peut etre replacee dans un jeu qui a deborde et inversement aucune,
aussi locale quelle soit, nest sans effet ou sans risque deffet sur celle dont elle fait partie et
qui Jenveloppe. Done, si vous voulez et schematiquernent, rnobilite perpetuelle, essentielle
fragilite ou plutot intrication entre ce qui reconduit Ie merne processus et ce qui le
transforme, Bref, il sagirait Iii de degager toute une forme danalyses que Ion pourrait dire
strategiques. En parlant darcheologie, de strategic et de genealogie, jc ne pense pas quil
sagisse de rcperer Ia trois niveaux snccessifs qui seraient developpes les uns partir des
autres, mais plutot de caracteriser trois dimensions necessairement simnltances de la merne
analyse, trois dimensions qui devraient permettre dans leur simultaneite meme de ressaisir
ce quil y a de positif, cestadire quelles sont les conditions qui rendent acceptable une
singularitc dont lintelligibilitc setablit par Ie reperage des interactions et des strategies
auxquelles elle sintegre. Cest une telle recherche tenant compte ... iZ manque quelques
phrases perdues lors du retournement de la bande denregistrementi ... se produit comme
effet, et enfin evenementialisation en ce que lon a affaire a quelque chose dont la stabilite,
dont lenracinement, dont Ie fondement nest jamais tel que Ion ne puisse pas dune maniere
ou dune autre, sinon penser sa disparition, du moins reperer ce par quoi et ce a partir de
quoi sa disparition est possible. Je disais tout a lheure que, plntot que de poser le probleme
en terrnes de connaissancc et de legitimation, il.sagissait daborder la question par Ie biais du
pouvoir et de levenementialisation, Mais vous Ie voyez, il ne sagit pas de faire fonctionner le
pouvoir entendu comme domination, maitrise, a titre de don nee fondamentale, de principe
unique, dexplication au de loi incontournable au contraire, il sagit de le considerer
toujourscomme relation dans on champ dinteractions, il sagit de Ie penser dans une relation
in dissociable avec des formes de savoir, et il sagit de Ie penser toujours de telle maniere
quon Ie voic associe a un domaine de possibilite et par consequent de reversibilite, de
renversement possible. Vous voyez quainsi la question nest plus par quelle erreur, illusion,
oubli, par quels defauts de legitimite la connaissance en vientelle induire des effets de
domination que manifeste dans le mondc moderne lemprisc de mot inaudible La question
serait pluto celleci comment lindissociabilite du savoir et du pouvoir dans Ie jeu des
interactions et des strategies multiples peutelle induire a la fois des singularites qui se fixent
it partir de leurs conditions dacceptabiliie et un champ de possibles. douvertures,
dindecisions, de retoumemcnts et de dislocations evenmelles
qui les rend fragiles, qui les rend impermanentes, qui font de ces effets des evenements, rien
de plus, rien de moins que des evenements De quelle facon les effets de coercition propres
ces positivites peuventis etre, non pas dissipes par un retour a Ia destination legitime de la
connaissance et par une reflexion sur Ie transcendantal ou Ie quasi transcendantal qui la
fixe, mais inverses ou denoues it linterieur dun champ strategique concret, de ce champ
strategique concret qui les a induits, et partir de la decision justement de netre pas gouverne
En somme, Ie mouvement qui a fait bas euler lattitude critique dans a question de la critique
au encore le mouvcment qui a fait reprendre en compte lentreprise de lAufklarung dans le
projet critique qui etait de faire en sorte que la connaissance puisse se faire dellememe une
juste idee, estce que ce mouvement de hascule, estce que cc dccalage, la facon de deporter
la question de lAujkliirung dans la critique, estce quil ne faudrait pas essayer de faire
maintenant Ie chemin inverse Estce quon ne pourrait pas essayer de parcourir cette voie,
mais dans lautre sens Et sil faut poser la question de la connaissance dans son rapport la
domination, ce serait dabord et avant tout partir dune certaine volonte decisoire de netre pas
gouverne, cette volonte decisoire, attitude la fois individuelle et collective de sortir, comme
disait Kant, de sa minorite. Question dattimde. Vous voyez pourquoi je navais pas pu
donner, ose donner un titre it rna conference qui aurait ete Questce que IAujkliirung . M.
Henri Gouhier. Je remercie tres vivement Michel Foucault de nous avoir apporte un
ensemble si coordonne de reflexions que jappellerais philosophiques, quoiquil ait dit netant
pas moimeme philosophe . J e dois dire tout de suite quapres avoir dit netant pas moimeme
philosophe , iI ajoutait a peine critique , cestadire tout de rneme un peu critique. Et apres son
expose je me demande si etre un peu critique, ce nest pas etre beaucoup philosophe, M.
Noill Mouloud. Je voudrais faire peutetre deux ou trois remarques. La premiere est la
suivante M. Foucault semble nous avoir mis devant une attitude generale de la pensce, Ie
refus du pouvoir ou Ie refus de la regie contraignante qui engendre une attitude generale,
lattitude critique. a passe de Iii a une problematique quil a presentee comme un
prolongement de ceue altitude, une actualisation de cette attitude il sagit des problernes qui
sont poses actuellement concernant les rapports du savoir, de Ia technique et du pouvoir, Je
verrais dune certaine maniere des attitudes critiques localisees, toumant autour de certains
noyaux de problemes, cestadire dans une grande mesure, ayant des sources ou si lon veut
des limites
M. Noel MoulOlidl
BULLETIN DE LA SOCIETE FRANCAISE
DE PHILOSOPHlE
SEANCE DU MAl
historiques. Il faut deja que nous ayons une pratique, une methode qui atteint certaines
limites, qui pose des problemes, qui aboutit it des impasses, pour quune attitude critique se
dessine. Et ainsi par exemple ce sont les succes methcdologiques du positivisme qui, avec
les difficultes quil a soulevees, ont engendre visavis de lui les reactions critiques que nous
connaissons, qui sont apparues depuis un dernisiecle, cestadire la reflex ion logiciste, la
reflexion criticiste, je pense it Iecole popperienne ou a la reflcxion wittgensteinienne sur les
limites dun langage scientifique normalise. Souvent it travers ces moments critiques on voit
apparaitre une resolution neuve, la recherche dune pratique renouvelee, dune methode qui
ellemerne a un aspect regional, un aspect dune recherche historique,
Ia seconde moitie du Moyen Age ont prepare la Reforme et, je crois, ont ele lespece de seuil
historique sur lequel sest developpee cette attitude critique. M. Henri Birault, Je ne voudrais
pas jouer le role de a pintade effarouchee Je suis tout a fait daccord avec a facon dont la
question de IAufklarung setrouve fois explicitement reprise par Kant pour subir en la meme
temps une restriction theoretique decisive en fonction dimperatifs dordre moral, religicux,
politique, etc., qui sont caracteristiques de la pensee kantienne. Je crois que ladessus, entre
nous, il y a accord total. En ce qui concerne maintenant la partie plus directement positive de
lexpose, lorsquil sagit detudier it ras de terre, en quelque sorte, au niveau de Ievenement,
les feux croises du savoir et du pouvoir, je me demande si ny a pas place quand meme pour
une question sousjacente et, disonsle, plus essentiellement au plus traditionnellement philo
sophique, qui se situerait en retrait par rapport it cette etude precieuse et minutieuse des
jeux du savoir et du pouvoir dans differents dornaines. Cette question metaphysique et
historique pourrait se formuler de la facon suivante ne pouton pas dire qua un certain
moment de notre histoirc et dans une certaine region du monde Ie savoir en luimeme, le
savoir comrne tel, a pris la forme dun pouvoir ou dune puissance, taudis que Ie pouvoir, de
son cote, toujours defini comme un savoirfaire, une certaine maniere de sa voir prendre au
de savoir sy prendre manifestait enfin lessence proprernent dynamique du noetique Rien
detonnant, sil devait en eire ainsi, que Michel Foucault puisse alms retrouver et debrouiller
les reseaux ou relations multiples qui setablissent entre le savoir et lc pouvoir puisquau
mains a partir dune certaine epoque, Ie savoir est dans son fond un pouvoir et le pouvoir,
dans son fond un savoir, Ie savoir et Ie pouvoir dun meme vouloir, dune meme volonte que
je suis bien oblige dappeler volonte de puissance. M. Michel Foucault. type de rapport Votre
question porterait sur la generalite de ce
M. Michel Foucault. Vous avez absolument raison. Cest bien dans cette voiela que lattitude
critique a ere engagee et quelle a developpe ses consequences dune maniere privilegiee au
xrxsiecle, Je dirai .que cest Ie canal kantien, cestadire que le moment fort, le moment
essentiel de lattitude critique doit bien etre Ie probleme de linterrogation de la connaissance
sur ses propres limites ou les impasses, si vous vouez, quelle rencontre dans son exercice
premier et concret, Ce qui ma frappe, ce sont deux choses. Dune part, si vous voulez, que
eet usage kantien de lattitude critique na pas empeche et it vrai dire, chez Kant le probleme
est ires explicitement pose que a critique pose aussi Ie probleme est de savoir si cela est
fondamental ou non, cela on peut en discuter cette question questce que lusage de la raison,
quel usage de a raison peut porter des effets quant aux abus de lexercice du pouvoir, et par
consequent a la destination concrete de la Iiberte Je crois que ce problemela, Kant est loin
de lignorer et il y a eu, en Allemagne surtout, tout un mouvement de reflexion autour de ce
thernela, si vous voulez, generalisant, decalant le probleme critique strict que vous avez cite
vers dautres regions. Vous citez Popper, mais apres tout pour Popper aussi lexces de
pouvoir a bien ete un probleme fondamental. Dautne part, ce que je voulais remarquer et je
mexcuse du caractere tout it fait de survol, si je puis dire cest quil me semble que Ihistoire de
lattitudc critique, dans ce quelle a de specifique a lOccident et it lOccident moderne depuis
les XVXVJe siecles, i faut en chercher Iorlgine daus les luttes religieuses et les attitudes
spirituelles dans la seconde moitie du Moyen Age. Au moment justement ou se pose Ie
probleme comment eire gouverne, estce quon va accepter detre gouverne comme cea Cest
alors que les chases sont a leur niveau Ie plus concret, le plus historiquement determine
toutes lcs luttes autour de la pastorale dans
M. Henri Birault. Non pas tellement sur sa generalite que sur sa radicalite ou son fondcrnent
occulte en deca de la dualite des deux termes savoirpouvoir. Nestil pas possible de retrouver
une sorte dessence commune du savoir et du pouvoir, Je savoir se definissant en luimerne
comme savoir du pouvoir et le pouvoir de son cote se definissant comme savoir du pouvoir
qu itte a explorer attentivement les multiples significations de ce double genitif
M. Michel Foucault BULLETIN DE LA SOCIETE FRANCAISE DE PHILOSOPHIE SEANCE
DU MAl M. Michel Foucault. Absolument. La, justernent, jai ere insuffisamment clair, dans la
mesure ou ce que je voudrais faire, ce que je suggerais, cest quaudessous ou endeca dune
espece de description en gros, il y ales intellectuels et les hommes de pouvoir, il y ales
homrnes de science et les exigences de lindustrie, ctc., en fait on a tout un reseau tresse.
Non pas seulement delements de savoir et de pouvoir mais, pour que le savoir fonctionne
comme savoir, cela ne peut etre que dans la mesure ou il exerce un pouvoir. A linterieur des
autres discours de savoir par rapport aux discours de savoir possibles, chaque enonce
considere comme vrai exerce un certain pouvoir et il cree en rneme temps une possibilite
inversernent tout exercice de pouvoir, meme sil sagit dune mise it mort implique au moins un
savoir faire, et, apres tout, ecraser sauvagement un individu, ccst encore une certaine
maniere de sy prendre. Done, si vous voulez, je suis tout it fait daccord et cest ce que
jessayais de faire apparaitre sous les polarites qui, a nous, paraissent bien distinctes de
celles du pouvoir, on a nne espece de charoiement. .. M. NoEll Mouloud. Je reviens it notre
reference commune, M. Birault et it moimeme Popper. Un des desseins de Popper est de
montrer que dans la constitution de spheres de pouvoir, quelle quen soit la nature, cestadire
de dogmes, de normes imperatives, de paradigrnes, ce nest pas le savoir luimeme qui est
engage, qui est responsable, mais cest une rationalite deviante qui nest plus un savoir
veritablernent, Le savoirau la rationalite en tant que formatrice est ellemerne denuee de
paradigmes, denuee de reeettes. Son initiative propre est de remettre en question, ses
propres assurances, sa propre autorite, et de polemiquer contre ellememe , Cest
precisement pour cette raison quelle est rationalite et la rnethodclogie telle que Popper la
conceit est de departager, de separer ces deux comportements, de rendre la confusion ou le
melange impossible entre lusage des recettes, la gestion des procedures et linvention des
raisons. Et je me demanderais, bien que ce soit bien plus difficile, si dans Ie domaine
humain, social, historique, les sciences sociales dans leur ensemble ne jouent pas
egalement et avant tout le role de louverture il y a la une situation tres difficile parce quelles
sont en fait solidaires de la technique. Entre une science et les pouvoirs qui lutilisent, il y a
une relation qui nest pas veritablement essentielle bien quelle so it importante, elle reste
contingente dune certaine maniere. Ce sont plutot les conditions techniques de lutilisation du
savoir qui sont en rapport direct avec lexercice dun pouvoir, dun pouvoir echappant it
lechange ou a lexamen, plutot que IIS conditions du savoir luimeme et eest dans ce sens
que je ne comprends pas tout it fait largument. Par ailleurs, M. Foucault a fait des remarques
eclairantes quil developpera sans doute. Mais je me pose la question y atoil un lien vraiment
direct entre les obligations ou les exigences du savoir et celles du pouvoir M. Michel
Foucault. Je serais ravi si Ion pouvait faire comme cela, cestadire si Ion pouvait dire il y a la
bonne science, celle qui est a la fois vraie et qui ne touche pas au vilain pouvoir et puis
evidemment les mauvais usages de la science, soit son application interessee, soit ses
erreurs. Si vous maffirmez que cest cela, eh bien je partirai heureux. M. No Mouloud. Je ncn
dis pas autant, je reconuais que le lien historique, le lien evenementiel est fort. Mais je
remarque plusieurs chases que les nouvelles investigations scientifiques celles de la
biologic, des sciences humaines replacent lhomme et la societe dans une situation de
nondetermination, leur ouvrant des voies de libcrte, et ainsi Ies centralgnent, pour ainsi dire,
a exercer a nouveau des decisions. En outre, que les pouvoirs oppressifs sappuient
rarernent sur un savoir scientifique, mais de preference sur un nonsavoir, sur une science
reduite prealablement a un my the on connait les exernples dun racisme fonde sur une e
pseudogenetique ou bien dun pragmatisme politique ronde sur une deformation
neoIamarckienne de la biologie , etc. Et enfin, je concois tres bien que les informations
positives dune science appellent la distance dun jugernent critique. Mais il me semble et
cetait le sens peu pres de mon argument quune critique humaniste, qui reprend des criteres
culturels exiOlogiqucs, ne peut se developper entierement ni aboutir quavec Iappui que lui
apporte la connaissance ellernerne, faisant la critique de ses bases, de ses presupposes, de
ses antecedents. Cela conceme surtout les eclaircissernents quapportaient les sciences de
lhomme, de lhistoire et il me semble quHaberrnas, en particulier, inclut ceue dimension
analytique dans ce quil appelle la critique des ideologies, de cellesmemes qui sont
engendrees par Ie savoir. M. Michel Foucault. critique, justement Je pense que cest cela
lavantage de la
M. Henri Gouhier. Je voudrais vous poser unc question. Je suis tout fait daccord sur la facon
dont vous avez opere votre decoupage et sur Iimportance de la Reforme, Mais il me semble
quil y a dans toute la tradition occidentale un ferment critique par Ie socratisme. Je voulais
vous demander si le mot critique tel que vous lavez defini et employe, ne pourrait pas
convenir pour appeler ce que provisoirernent jappellerais un
a
M.Henri Gouhier BULLETIN DE LA SOCIETE FRANCAlSE DE PHILOSOPHIE SEANCE
DU MAl ferment critique du socratisme dans toute la pensee occidentale, qui va jouer un role
par les retours it Socrate aux XVIquot et xvus siecles M. Michel Foucault. Vous me prenez
par une question plus difficile. Je dirai que ce retour du socratisme on le sent, on e repere,
on Ie voit historiquement, me sembletil, ala charniere des XVIquotXVrre siecles na ele
possible que sur le fond de eette chose, it mon sens beaucoup plus importante, quont ete les
luttes pastorales et ce probleme du gouvemement des hommes, gouvernement au sens tres
plein et tres large que cela avait it la fin du Moyen Age. Gouverner les hommes, cetait les
prendre par la main, les conduire jusqua leur salut par une operation, une technique de
guidage detaillee, qui impliquait tout un jeu de savoir sur lindividu quon guidait, sur la verite
vers laquelle on guidait. .. M. Henri Gouhier. Estce que votre analyse, vous pourriez la
reprendre si vous faisiez an expose sur Socrate et son temps M. Michel Foucault.Cest en
effet le vrai problerne. Lit encore, pour repondre rapidement sur cette chose difficile, il me
semble quau fond, quand on interroge Socrate comme cela, ou merne jose a peine le direje
me demande si Heidegger interrogeant Ies Presocratiques ne fait pas .. non, pas du tout, il
ne sagit pas de faire un anachronisme et de reporter le xvnr siecle sur Ie v, ... Mais cette
question de lAujklarung qui est, je crois tout de rnerne fondamentale pour Ia philosophie
occidentale depuis Kant, je me demande si ce nest pas elk avec laquelle on balaie en
quelque sorte route lhistoire possible et jusquaux origines radicales de la philosophie. de
sorte que le proces de Socrate, je crois que n peut linterroger val ablement, sans aucun
anachronisme, mais partir dun problerne qui est et qui a ete en toot cas percu par Kant
comme etant un probleme de IAufkliirung. M. JeanLouis Bruch. Je voudrais vous poser une
question sur une formulation qui est centrale dans votre expose, mais qui a ete exprirnee
sous deux formes qui rnoru paru differcntes. Vous avez parle it la fin de lt la volonte decisoire
de netre pas gouverne comme un fondement, ou un retournernent de IAufklarung qui a ete la
matiere de votre conference. Vous avez parle au debut de ne pas etre gouverne comme cca
, de ne pas etre tellement gouverne , de ne pas etre gouverne Ii ce prix , Dans un cas, la
formulation est absolue, dans lautre elle est relative, et en fonction de quels criteres Estce
pour avoir ressenti rabus de la gouvemementalisation que vous venez it la position radicale,
volorue decisoire de ne pas etre gouverne, je pose la question Et enfin, estce que cette
derniere position ne doit pas ellememe faire lobjet dune interrogation, dune mise en question
qui, elle, serait dessence philosophique M. Michel Foucault. Ce sont deux bonnes questions.
Sur Ie point des variations de formulations je ne pense pas en effet que la volonte de netre
pas gouverne du tout soit quelque chose que ron puisse considerer comme une aspiration
originaire. Je pense quen fait, la volonte de netre pas gouveme est toujours la volonte de
netre pas gouverne ainsi, comme cela, par ceuxci, ce prix. Quant it la formulation de netre
pas gouverne du tout, elle me parait etre en quelque sorte Ie paroxysme quot philosophique
et theorique de quelque chose qui serait cette volonte de netre pas relativement gouverne.
Et quand a la fin je disais volonte decisolre de netre pas gouverne, alors lit, erreur de rna
part, cetait netre pas gouverne ainsi, comme cela, de cette maniere. Je ne me referais pas a
quelque chose qui serait un anarchisme fondamental, qui serait com me la liberte originaire
retive absolument et en son fond a to ute gouvernementalisation, Je ne lai pas dit, mais cela
ne veut pas dire que je lexcus absolument. Je crois que, en effet, mon expose sarrete Iii
parce quil avait deja dure trop longtemps rnais aussi parce que je me demande ... si Ion veut
faire Iexploration de cette dimension de la critique qui me parait si importante a la fois parce
quelle fait partie de la philosophie et quelle nen fait pas partie, si on explorait cette dimension
de la critique, estce quon ne serait pas renvoye comme socle de lattitude critique it quelque
chose qui serait ou la pratique historique de la revolte, de la nonacceptation dun
gouvernement reel, dune part, ou, dautre part, a lexperience individuelle do refus de la
gouvernernentalite Ce qui me frappe beaacoup mais je suis peutetre hante parce que ce
sont des choses don je moccupe beaucoup main tenant cest que, si cette matrice de
lattitude critique dans Ie Monde occidental, il faut la chercher au Moyen Age dans des
attitudes religieuses et concernant Iexercice du pouvoir pastoral, il est tout de merne tres
etonnant que vous voyiez Ia mystique comme experience individuelle et la lutte
institutionnelle et politique faire absolument corps, et en tout cas perpetuellement renvoyees
Iune a lautre. Je dirais quune des premieres grandes formes de la revolte en Occident a ete
la mystique et tous ces foyers de resistance a Iautorite de lEcriture, it la mediation par Ie
pasteur, se sont developpes soit dans les convents, soit it lexterieur des convents chez les
Iaics. Quand on voit que ces experiences, ees mouvements de Ia spiritualite ont tres souvent
servi de veternents, de vocabulaire, mais meme plus encore de manieres detre, et de
supports it lespoir de lutte quon peut dire economique, populaire, quon peut dire en termes
marxistes de classes, je trouve quon a la quelque chose de fondamental.
M. Michel Foucault BULLETIN DE LA SOCIETE FRAN,AISE DE PHlLOSOPHlE SEAlCE
DU MAr Dans le parcours de cette attitude critique don il me semble que lhistoire trouve
Iorigine a ce momentla, estce quil ne faut pas interroger maintenant ce que serait la volonte
de netre pas gouverne ainsi, com me cela, etc., aussi bien sous sa forme individuelle
dexperience, que sous la forme collective II faut main tenant poser e probleme de la volonte,
Bref, et on dira que cela va de soi, on nepeut pas reprendre ce problemela en suivant Ie fil
du pouvoir, sans arriver, bien sur, it poser la question de la volonte, Cetait si evident que
jaurais pu men apercevoir avant mais comme ce probleme de la volonte est un problerne
que la philosophie occidentale a toujours traite avec infiniment de precaution et de difficulte,
disons que jai essaye de leviter dans la mesure du possible. Disons quelle est inevitable. Je
vous ai donne la des considerations de travail en train de se faire. M. Andre Sernin. De quel
cote vous rattacheriezvous plutot Estce que ce serait du cote dAuguste Comte, je
schernatise, qui separe rigoureusement le pouvoir spirituel du pouvoir temporel ou au
contraire de celui de Platen qui disait que les choses niraient jamais bien tant que les
philosophes ne seraient pas euxmemes les chefs du pouvoir temporel M. Michel Foucault. II
faut vraiment choisir de la pensee, la pensee irrationnelle qui arrive au logos, cestadire Ie
mytho s, on arrive connaitre les sources de la connaissance , la connaissance du pouvoir qui
a un sens mythique elle aussi
M. Michel Foucault.
Je suis daccord avec votre question.
M. Sylvain Zac. Je voudrais fairc deux remarques. Vous avez dit, it juste titre, que Iattitude
critique pouvait etre consideree comme une vertu, Or il y a un philosophe, Malebranche, qui
a etudie cette vertu cest la Iibcrte desprit. Dautre part, je ne suis pas daccord avec vous sur
les rapports que vous etablissez chez Kant entre son article sur les Lumieres et sa critique
de Ia connaissance. Celleci fixe evidemment des limites, mais ellememe na pas de limite elle
est totale. Or, lorsquon lit Iarticle sur les Lumieres, on voit que Kant fait unc distinction tres
importante entre lusage public et Iusage prive, Dans Ie cas de lusage public, ce courage doit
disparaitre. Ce qui fait ... M. Michel public, cest ... Foucault. Cest Ie contraire, car ce quil
appelle lusage
M. Andre Sernin. Non, il ne faut pas choisir, mais de que cote pencheriezvous davantage ...
M. Michel Foucault. Jessaierais de me faufiler
M. Sylvain zac, Lorsque quelquun occupe par exemple une chaire de philosophic dans une
universitc, il a lusagc public de la parole et il ne doit pas critiquer Ia Bible par centre, dans
lusage prive, il peut le Iaire. M. Michel Foucault. Cest le contraire, et cest cela qui est tres
interessant. En effet Kant dit iI y a un usage public de la raisou qui, lui, ne doit pas etre limite
, Questce que cest que cet usage public Cest celui qui circule de savant en savant, qui
passe par les journaux et les publications, et qui fait appel a la conscience de tons. Ces
usageslit, ces usages publics de Ia raison ne doivent pas tre Iimites, et curieusement ce quil
appelle Iusage prive, cest lusage, en quelque sorte, du fonctionnaire. Et Ie fonctionnaire,
lofficier, ditil, na pas Ie droit de dire a son superieur je ne tobeis pas et ton ordre est absurde
. Lobeissance de chaque individu, en tant quil fait partie de JEtat, it son superieur, au
souverain ou au representant du souverain, cest cela qnil appelle curieusernent Jusage
prive. M. Sylvain Zac. Je suis daccord avec vous, je me suis trompe, mais il resulte
cependant quil y a dans cet article des limites a la manifestation du courage. Or ces limites,
je les ai trouvees partout, chez tous les Aufkldrer, chez Mendelssohn evidemment, II y a,
dans le mouvernent de
M. Pierre HadjiDirnou. Vous nous avez presente avec succes le probleme de la critique dans
son lien it la philosophie et vous etes arrive aux rapports entre pouvoir et connaissance. Je
voulais apporter un petit eclaircissement a propos de la pensee grecque. Je pense que ce
probleme a eOO deja pose par M. le President. Connaitre cest avoir Ie logos et Ie mytho s.
Je pense quavec rAujkliirung, on narrive pas connaitre la connaissance nest pas seulernent
la rationalite, ce nest pas seulernent dans la vie historique le logos, iI y a une deuxieme
source, le mythos. Si ron se refere a la discussion entre Protagoras et Socrate, lorsque
Protagoras pose la question propos de la Politeia du droit de punir, de son pouvoir, il dit quil
va preciser et ilIustrer sa pensee a propos de my/has Ie mythos est lie au logos parce quil y
a une rationalite plus il nous apprend, plus cest beau. Voici la question que je voulais ajouter
estce quen supprimant une partie
M. Sylvain Zac BULLETIN DE LA
SOCIETE FRANAlSE
DE PHlLOSOPHIE SEANCE DU MAl
lAufklarung allemand, une part de conformisme dans les Lumieres francaises du XVIII siecle,
quon ne trouve meme pas
M. Michel Foucault. Je suis tout a fait daccord, je ne vois pas tres bien en quoi cela con teste
ce que jai dit. M. Sylvain Zac. Je ne crois pas quil y ait un lien historique intime entre le
mouvement de lAufklarung que vous avez mis au centre et Ie developpernent de Iattitude
critique, de lartitude de resistance au point de vue intellectuel ou au point de vue politique.
Estce que vous ne croyez pas quon puisse apporter cette precision M. Michel Foucault. Je
ne crois pas, dune part, que Kant se soit senti etranger a lAufkliirung qui etait bien pour lui
son actualite et a Iinterieur de laquclle il intervenait, ne seraitce que par cet article de
IAufkliirung, mais par bien dautres affaires ... M. Sylvain Zac. Le mot Aufklarung se retrouve
dans La Religion dans les limites de la simple Raison, mais il sapplique alors a la purete des
sentiments, a quelque chose dinterieur. II sest produit une inversion comme chez Rousseau.
M. Michel Foucault. Je voudrais terminer ce que jetais en train de dire ... Done Kant se sent
parfaitement lie a cette actualite quil appelle lAufkliirung et quil essaie de definir, Et par
rapport a ce mouvernent de lAufkliirung, il me semble quil introduit une dimension que nous
pouvons considerer comme plus particuliere au au contraire comrne plus generate et comme
plus radicale qui est celleci Ia premiere audace que lon doit mettre en reuvre quand il sagit
du savoir et de la connaissance, cest de connairre ce que ron peut connaitre. Cest cela la
radicalite et pour Kant, dailleurs, luniversalite de son entreprise. Je crois a cette parente,
quelles que soient lcs lirnites, bien sur, des audaces des Aufkldrer. Je ne vois pas en quoi, si
vous voulez, le fait des timidites des Aufkldrer changerait quoi que ce soit a ccttc espece de
mouvement que Kant a fait et dont, je crois, il a ete a peu pres
M. Michel Foucault. Mais son lien a lAufkldrung, cctait la question de tout Ie monde cette
epoquela. Questce que nous sommes en train de dire, questce que ce mouvement qui nous
a un peu precedes, auquel nous appartenons encore et qui sappelle lAufklarung La meilleure
preuve, cest que Ie journal avait a publier une serie darticles, celui de Mendelssohn, celui de
Kant. .. Cctait la question dactualite. Un peu comme nous, nous nous poserions la question
questce que la crise des vaeurs actuelles Mm. Jeanne Dubouchet. Je voudrais vous
demander ce que vous mettez comme matiere dans le savoir, Le pouvoir, je crois avoir
compris, puisquil etait question de ne pas etre gouverne mais que ordre de savoir M. Michel
Foucault. Justernent, la, si jernploie ce mot, cest encore une fois essentiellement a des fins
de neutralisation de tout ce qui pourrait etre soit legitimation, soit merne simplement
hierarchisation de valeurs. Si vous voulez, pour moi aussi scandaleux que ceci puisse et
doive en effet paraitre aux yeux dun savant au dun methodologue ou rnerne dun historien
des sciences pour moi, entre la proposition dun psychiatre et nne demonstration
mathematique, quand je parle de savoir, je ne fais pas, provisoirement, de difference. Le
seul point par lequel jintroduirais des differences, cest de savoir quels sont les effets de
pouvoir, si vous voulez, dinduction induction non pas au sens logique du terrne que cette
proposition pent avoir, dune part, Iinterieur du domaine scieruifique linterieur duquel on la
formule Ies mathematiques, la psychiatrie, etc. et, dautre part, quels sent les reseaux de
pouvoir institutionnels, non discursifs, non formalisables, non specialement scientifiques
auxquels il est lie des lors quil est mis en circulation. Cest cela que jappellerais le savoir Ies
elements de connaissance qui, quelle que soit leur valeur par rapport nous, par rapport a un
esprit pur, exercent linterieur de leur domaine et a lexterieur des effets de pouvoir. M. Henri
Gouhier. Je crois quil me restc a remercier Michel Foucault de nous avoir procure une
seance aussi interessante et qui va donner lieu certainernent une publication qui sera
particulierement importante. M. Michel Foucault. Je vous remercie.
conscient.
M. Henri Birault. Je crois en effet que la philosophie critique represente ainsi un mouvement
a la fois de restriction et de radicalisation par rapport a IAufkliirung en general.
La
Tous aroits de tra,iucUon, da.rio.plation.et de reproduction par tow precedes reserves pour
taus pays. Ici du malS .nautorisant, aux termes des alineas er de larticle , dune part,que les .
copies on reproduction stricrement reservees a. Iusage prive du copiste et non destinces a
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part, que Ies analyses cause, est illicite ou reproduction, et les courtes alinea citations dans
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I
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