La dynamique éthique du respect de la vie
le premier droit, dun être humain quel quil soit, est sa propre vie. Tout ce qui pourrait conduire à son élimination doit
être considéré comme la plus grande privation et la plus grande violence qui puissent être infligées à un homme. Le
respect intangible de sa vie est donc une exigence fondamentale: cest le critère métaéthique et transpolitique
capable dorienter toute délibération et surplombant tout discours. Point de référence sûr, enraciné dans lêtre
humain lui-même et dans ce que lon nomme la loi morale naturelle.
Il est vrai que lEglise est aux avant-postes pour nous parler de cette morale commune, mais il faut impérativement
comprendre que le principe du respect de la vie humaine nexige pas de celui qui lembrasse la profession de la foi
chrétienne, même si lEglise dans le même temps le confirme et le protège comme un bien précieux. Penser le
contraire serait un formidable contresens à ce moment précis de notre histoire où certains considèrent que tout vie
humaine ne vaut pas forcément la peine dêtre vécue et où lêtre humain est toujours plus instrumentalisé et évalué.
«Le fait que certaines de ces vérités soient aussi enseignées par lÉglise ne réduit en rien la légitimité civile ni la
«laïcité» (&). En effet, la «laïcité» désigne en premier lieu lattitude de qui respecte les vérités procédant de la
connaissance naturelle sur lhomme qui vit en société, même si ces vérités sont enseignées aussi par une religion
particulière, car la vérité est une[8]», déclare dans un raccourci extraordinaire lancien Préfet de la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi.
Il faut donc admettre que le service que rend à tous les hommes le magistère de lEglise catholique se présente
comme diaconie de la vérité et charité intellectuelle. Le christianisme défend la raison humaine de tout
réductionnisme et montre quelle est orientée vers la vérité, quelle présente cette capacité à parvenir à connaître la
réalité intelligible avec une certitude authentique malgré leffort à mettre en Suvre pour surmonter sa part de
faiblesse.
Le critère universel dinviolabilité de la vie humaine qui peut être embrassé rationnellement est ainsi la possibilité
même dun manifeste pour un véritable humanisme. Il faut y voir les coordonnées inspiratrices et programmatrices
dune éthique personnaliste qui nous accordera non seulement de penser ensemble mais aussi dagir ensemble.
Léthique personnaliste ne peut en aucun cas être cantonnée aux cercles fermés de lintra-ecclesialité mais doit être
proposée avec confiance à tous comme linstrument servant et confortant lédification dune nouvelle culture de vie
non assujettie à la culture de mort du relativisme.
Lautorité morale de lEglise, experte en humanité, est pour cela appelée à briller à nouveau de tous ses feux. Cest
bien parce que lEglise sadresse aussi intelligemment à tous quelle est à la fois condamnée de manière radicale
par certains tout en étant écoutée cependant avec attention par dautres qui pressentent ses capacités à affronter le
système relativiste et utilitariste de la bioéthique moderne. Nest-ce pas un choc culturel inédit qui est en train de se
jouer entre lEglise et ce système qui accepte le principe du sacrifice de certaines vies?
Parce que lEglise, nous dit Benoît XVI, «argumente à partir de la raison et du droit naturel, cest-à-dire à partir de ce
qui est conforme à la nature de tout être humain[9]», elle «a le devoir doffrir sa contribution spécifique, grâce à la
purification de la raison et à la formation éthique, afin que les exigences de la justice deviennent compréhensibles et
politiques réalisables». En effet, «elle ne peut ni ne doit non plus rester à lécart dans la lutte pour la justice. Elle doit
sinsérer en elle par la voie de largumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans lesquelles
la justice, qui requiert aussi des renoncements, ne peut saffirmer ni se développer». Nest-ce pas la haute
conscience de cette mission qui doit susciter lengagement de chacun?
La confrontation avec la transgression ne peut que nous conduire à une opposition résolue accompagnée dun
surcroît de créativité et dinventivité pour ouvrir de nouvelles voies au Bien. Ce travail doit être conduit dans un esprit
nouveau: celui dune alliance renouvelée entre le magistère et les Pasteurs dune part et des laïcs bien formés
dautre part. Dans un monde où le droit à la vie est bafoué de manière toujours plus insidieuse, nous devons être des
signes de contradiction et despérance. Nous inscrire dans un mouvement intellectuel de résistance auquel nous
invite le développement du Magistère récent.
Devant londe de choc du relativisme et du terrorisme à visage humain, les catholiques sont attendus. La mise en
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