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est un membre de cette équipe qui prend en charge le malade à domicile, cela justifiant qu’il soit payé
par l’HAD. Par contre, cela nécessitera que nos tarifs soient modifiés à la hausse.
Un cinquième des hospitalisations à domicile est prescrit par des libéraux généralistes. Il s’agit
d’ordinaire de médecins qui ont vu certains de leurs patients à qui étaient prescrits une HAD par un
confrère hospitalier et ont alors coordonné les soins en tant que médecin traitant. Ils en ont perçu les
avantages et l’intérêt. Bien souvent, ces médecins deviennent ensuite des prescripteurs d’HAD de
première intention. En la matière, c’est le premier pas qui coûte et ce d’autant plus que bon nombre
de libéraux généralistes ont peur de la complexité des patients en HAD, patients lourds et difficiles car
poly-pathologiques. C’est au nom de ce besoin de soutien et de référence que nous choisissons nos
médecins coordonnateurs parmi les praticiens ayant acquis des expertises en soins palliatifs, en prise
en charge de la douleur etc …. .
Parfois, nous butons sur des réticences déroutantes de la part des médecins, dans les zones de désert
médical, là où justement des praticiens débordés pourraient se décharger d’une bonne part de leur
fardeau sur l’HAD. Ces médecins estiment pouvoir se débrouiller sans notre expertise. Ici et là plutôt
dans les grandes villes, des médecins acceptent que leurs patients soient suivis en HAD mais refusent
tout net de rendre visite aux patients. Ce genre de réactions est dangereux car peut conduire à
l’avenir à recourir à des médecins salariés. Mais telle n’est pas la direction dans laquelle nous
souhaitons aller et nous devons et voulons travailler avec les syndicats de médecins pour déblayer les
obstacles sur notre chemin. »
Gilles Rault (Pédiatre Hospitalier, Centre de Référence pour la Mucoviscidose du Grand Ouest) : je
connais bien la problématique du maintien au domicile des patients, puisqu’il y a bientôt vingt ans
que nous avons importé du Québec un système bien spécifique à destination des enfants affectés par
la mucoviscidose. Je me souviens fort bien des réticences de mon conseil d’administration lorsque
j’ai proposé de faire sortir certains patients du centre : il lui semblait alors que le « fonds de
commerce » était en train de disparaître.
Notre organisation étant vouée à la prise en charge d’une affection bien spécifique, il est devenu
difficile de se réorganiser pour s’associer à des établissements d'HAD, qui eux sont généralistes par
définition. Et ce d’autant plus qu’il n’y a pas l’ombre d’un commencement de convergence public-
privé dans le secteur médico-social : ici, les conflits larvés entre les établissements nuisent aux
patients. En vous écoutant, j’ai été favorablement impressionné par la capacité de vos
établissements à prendre en charge des pathologies très lourdes. Je suis assez tenté par les formules
associatives (de droit privé) d’établissements d'HAD, même si je regrette que les établissements
PSPH soient dans ce domaine assez peu nombreux. Plus que tout, ce qui me rebute est le manque
d’outils de contrôle et d’information performants, une véritable honte pour un système de santé
aussi développé que le nôtre.
Elisabeth Hubert : « la pédiatrie n’est pas le point fort de l’HAD. A tort évidemment, car qui mieux
qu’un enfant malade a vocation à rester à la maison ? La pédiatrie relève de compétences bien
particulières, moins générales que celles décrites dans mon discours d’introduction. Cette
spécialisation des soins a un coût, et ce coût s’inscrire difficilement dans nos modèles actuels d’HAD
(puisqu’une de ses raisons d’être est son moindre coût que l’hospitalisation « dans les murs »). En fait,
pour effectuer une prise en charge globale de patients polypathologiques, nous avons besoin de nous
appuyer sur ceux qui possèdent des compétences spécialisées. Les réseaux ont ce rôle de formation,