Économie Nationale
Professeur J.C. Lambelet
Semestre d’hiver 2001/2002
L’EURO vs. LE FRANC SUISSE
Mario Koepfli
Eric Montagne
François Hora
Janvier 2002
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Table des matières
Introduction ............................................................................................................... 2
L’Europe .................................................................................................................. 2
Histoire européenne ................................................................................................. 2
Les bénéfices et les coûts d’une monnaie unique européenne ................................ 3
Qu’est-ce qu’une aire monétaire optimale et l’Europe en est-elle une ? ................... 4
Quel est donc l’avenir de l’Euro ? ............................................................................. 5
Une vision en noir ! ................................................................................................... 6
Situation de la Suisse............................................................................................. 7
Pour un ancrage du Franc suisse à l’Euro ................................................................ 7
Certitude du prix des marchandises des entreprises importatrices et exportatrices ........ 8
suisses
Freiner l’augmentation du taux de change réel du Franc suisse ..................................... 9
Contre une politique monétaire indépendante .....................................................10
Indépendance de la Banque Nationale Suisse .............................................................. 11
La BNS a peur que la Suisse perde son statut „d’îlot des taux d’intérêt“ ....................... 11
Pour une politique monétaire indépendante ............................................................12
Expériences .................................................................................................................. 13
Îlot de taux d’intérêt....................................................................................................... 13
Attractivité du marché financier suisse .......................................................................... 14
Histoire de stabilité et de succès de la Suisse avec une BNS autonome ...................... 14
Autonomie de la BNS .................................................................................................... 15
Conclusion pour une indépendance de la politique monétaire ...................................... 16
Contre un ancrage du Franc suisse à l’Euro .......................................................16
Volatilité du taux de change .......................................................................................... 16
Problèmes avec l’appréciation du Franc suisse ............................................................ 18
Spéculations dans un régime fixe ................................................................................. 18
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Introduction
Comme nous l’avons assez entendu ces derniers jours, la monnaie unique à été
introduite dans les pays de l’Europe le premier janvier dernier. Trois pays membres de
l’Union Européenne ont toutefois choisi de rester à part et donc de garder encore leur
propre monnaie nationale pour une certaine durée ce sont l’Angleterre, le Danemark et
la Suède. Dans tous les autres pays on paie donc avec l’Euro, cette nouvelle monnaie
qui a tant fait parler d’elle.
Nous allons analyser cette nouvelle monnaie et voir combien elle est un bénéfice pour
l’Europe. Nous verrons aussi si l’Europe est une zone idéale pour une monnaie unique
et quelles menaces elle peut représenter pour la stabilité future de cette nouvelle
puissance mondiale.
Nous discuterons ensuite la situation de la Suisse qui, en tant que place financière très
importante, a aussi son rôle à jouer dans ces changements. Comment doit-elle se
comporter, quels sont les dangers et les chances de la monnaie unique pour notre
pays ?
Qu’est-ce que l’Euro ?
Un peu d’histoire européenne
Déjà avant l’effondrement du système de Bretton Woods, les membres de la
Communauté Européenne ont essayé de coordonner leurs politiques monétaires et de
limiter les marges de fluctuation permises par ce système, avec pour but un meilleur
fonctionnement des échanges dans la communauté. Ces mesures de coordination se
sont même renforcées après l’effondrement de Bretton Woods.
On s’est vite rendu compte que pour le bon fonctionnement d’une Europe, il serait bien
de posséder une monnaie unique. On a donc décidé de mettre le cap sur une monnaie
unique à la fin des années 1960 pour trois raisons
Renforcer le rôle de l’Europe dans le système monétaire mondiale.
Faire de la Communauté Européenne un véritable marché unifié
Éviter une désorganisation politique. (éviter de futurs conflits par unification)
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Avec la crise du dollar, qui entraîna l’effondrement du système de Bretton Woods,
l’Europe a cherché une nouvelle monnaie forte pour s’y tenir. Certain pays ont alors
choisi le DM et ont fixé une marge de fluctuation.
Grâce à la politique monétaire allemande qui voulait éviter une hausse de prix,
beaucoup de pays on vu leur taux d’inflation baisser. Il y a donc eu une diminution
considérable des taux d’inflation en Europe.
Mais comme pour les États-Unis lors du système de Bretton Woods, des voix se sont
élevées pour accuser les allemands de profiter de leur situation au détriment d’autres.
On a donc définitivement cherché à réaliser une banque centrale européenne avec une
monnaie unique.
Les bénéfices et les coûts d’une monnaie unique européenne
Les bénéfices les plus importants sont les suivants:
Une simplification des calculs économiques et une base plus sûre pour les décisions
qui impliquent des transactions internationales.
Une protection contre des attaques spéculatives et autres troubles d’ordre
monétaires.
Une réduction des coûts dus à la conversion des devises.
Une réduction des pressions politiques concernant les politiques monétaires.
A ces avantages on peut opposer des incovénients tels que:
Perte du moyen de réagir à un choc national grâce à une politique monétaire propre
au pays touché
Possible perte de stabilité économique
Perte de l’option inflation pour réduire la dette publique
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Qu’est-ce qu’une aire monétaire optimale et l’Europe en est-elle une ?
Une aire monétaire optimale est une zone avec des économies étroitement liées par les
échanges de biens et services dans laquelle les facteurs (travail et capital) sont
„totalement“ mobiles. Les échanges de biens et de services y sont très élevés.
On peut donc prendre l’exemple des États-Unis comme aire monétaire optimale, car là-
bas tous les points mentionnés sont une réalité.
Avec une telle définition on comprend aussi pourquoi l’Europe, les États-Unis et le
Japon ne fixent pas leurs taux de change entre eux. Premièrement les échanges
nécessaires entre ces régions ne sont pas assez importants et deuxièmement la
mobilité des facteurs manque.
Mais qu’en est-il en Europe ? Est-ce que l’Europe remplie les conditions ?
Le commerce intra-européen est assez important, il est de 10% à 20% dépendant des
pays. Mais est-ce que cela suffit ? Dans une aire optimale, l’échange devrait être au
moins de 25%. Ce commerce a naturellement augmenté avec l’abolition des douanes et
va certainement encore augmenter avec la récente introduction de l’Euro. Comparé aux
États-Unis, on voit que l’Europe n’a toutefois pas un intra-commerce très élevé.
Une preuve du faible commerce dans la zone Euro est aussi la grande différence de prix
qui y règne. On se demande si la monnaie unique va faire disparaître ces différences…
En ce qui concerne la mobilité du travail en Europe, les choses se présentent encore
moins bien. Aux États-Unis la langue et la culture sont identiques dans tout le pays. Ceci
n’est de loin pas le cas en Europe. Admettons qu’il y ait une crise économique en
Espagne et que le chômage augmente. Il n’y aura alors plus de banque nationale pour
déprécier la monnaie, et de ce fait relancer l’économie. Il faudra alors que les chômeurs
essaient de trouver du travail dans un autre pays de l’Union. Mais sont-ils vraiment
assez mobiles ? En théorie ils le sont grâce à la libre circulation des personnes, mais en
vérité il existe d’autres barrières comme la langue et la culture.
Il y a d’ailleurs des études qui montrent que les nord-américains ou les japonais sont
deux à trois fois plus mobiles que les résidents des pays européens.
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