presse, l'antimoine seul serait trop cassant. Leur union fournit un métal parfait pour cette
application. .
Caractères distinctifs. - Oxydes et acide de l’antimoine. - L'antimoine métallique est d’un
blanc argentin avec reflets bleuâtres; il possède un éclat très vif; il est surtout remarquable par
son tissu essentiellement lamelleux et par sa friabilité. Lorsqu’on le chauffe au contact de
l’air, il s’oxyde très facilement et répand des fumées blanches qui se condensent sur les corps
froids en jolis petits cristaux blancs et brillants, qu’on appelait jadis fleurs argentines, fleurs
ou neige d'antimoine ; c’est un sesqui oxyde, Sb2O3. Outre cet oxyde basique, il existe un
acide antimonique, Sb2O5, et un oxyde intermédiaire = Sb2O3 + Sb2O5, qu’on nommait
naguère, fort improprement, acide antimonieux. Dans tous les cas, ces deux derniers
composés oxygénés, qui sont en poudre blanche ou jaunâtre, insolubles dans l’eau, n’offrent
qu’un intérêt scientifique médiocre. Mais un des sels de l’acide antimonique, le biantimoniate
de potasse, qu’on obtient en fondant l’acide avec un excès de potasse, a pris, en 1843, dans les
mains de M Fremy, une haute importance, comme vous allez, Messieurs, en acquérir le
preuve.
Les avantages pécuniaires que présenta la substitution des sels de soude eux sels de potasse,
ont fait développer une industrie frauduleuse, qui consiste à vendre, sous le nom de sels de
potasse, des sels qui contiennent des proportions considérables de sels de soude, Celle fraude
peut avoir des conséquences fâcheuses pour la pratique des arts industriels, car dans certaines
fabrications, comme celles du cristal, du chlorate de potasse, du prussiate de potasse, des
savons, la présence des sels de soude dans les sels, de potasse est toujours nuisible. Il était
donc important de trouver un réactif qui eût la propriété de précipiter la soude sans entraîner
la potasse, et qui pût, par conséquent, accuser, dans un sel de potasse, la présence d’un sel de
soude.
C’est ce problème que M. Fremy a résolu en découvrant que la dissolution du biantimoniate
de potasse qui est sans action sur les sels de potasse, forme, dans les sels de soude dissous, un
précipité cristallin, blanc et insoluble d’antimoniate de soude; elle accuse facilement, dans une
liqueur, le présence de 1/350 de sel de soude. Le précipité ne se forme qu’après quelques
secondes d’agitation, et n'entraîne avec lui, aucune trace de sel de potasse. Lors donc qu’une
potasse ou un sel de potasse du commerce, étant dissous dans l’eau et neutralisé exactement
par un acide, fournit avec le biantimoniate de potasse un précipité blanc, on peut être assuré
que la potasse ou son sel a été fraudé avec de la soude ou un sel de soude, et le poids du
précipité peut, après la calcination, permettre de déduire la quantité de soude qui se trouvait
dans le mélange.
Sulfure d'antimoine. - Parmi les composés naturels de l'antimoine, le sulfure Sb2O3, nommé
stibine par les minéralogistes, est le seul qui soif assez abondant pour servir à l’extraction du
métal. II est reconnaissable à sa forme d’aiguilles plus ou moins volumineuses, appliquées
parallèlement les unes contre les autres ; il en résulte des masses très tendres et très fragiles,
d’un gris de plomb et d’un aspect ; métallique assez vif (3). Ces,’ aiguilles très cassantes
fondent à la simple flamme, d’une chandelle, et exhalent une odeur sulfureuse. On rencontre
ce minéral dans les terrains anciens, en Angleterre, en Suède, en Saxe, en Bohème, en
Hongrie, au Harlz, en Prusse, et dans plusieurs départements de la France.