Les lieux de détention sont tout d’abord ceux dont c’est la destination originelle : les
prisons et maisons d’arrêt (2 à Rochefort, 1 à La Rochelle, 1 à Saintes, 1 à Jonzac, 1 à Royan
et 1 à St Jean d’Angély). Ensuite, ce sont des lieux qui s’y prêtent soit par leurs fortifications
(et leur situation insulaire) : les citadelles des Iles de Ré et d’Oléron, Fort Liédot sur l’Ile
d’Aix, soit par leur caractère militaire : les casernes (1 à Rochefort, 4 à La Rochelle, 2 à
Saintes, 1 caserne de gendarmerie à St Jean d’Angély. Toutes les casernes sont sous
administration allemande). Ou bien encore, ce sont des lieux détournés de leur destination
d’origine mais compatibles avec l’enfermement (écoles, lycée, asile, hôtel). Enfin, ce sont des
camps créés selon les besoins ( 8 à La Rochelle et ses environs, 2 à Saintes et environs, et 6
autres dans ou près d’une agglomération (St Jean d’Angély, Jonzac, Surgères, Montendre, La
tremblade-Les Mathes et Montguyon).
On peut se faire une idée des populations placées en détention et de leurs conditions de
réclusion grâce aux informations disponibles sur :
1. le camp des Asilés de Montendre (1939).
Il était situé au nord-ouest de l’agglomération de Montendre et à 250 mètres de la gare (sur 2
ha et 48 ares). Il y avait 22 baraquements (logeant jusqu’à 650 personnes). Les célibataires
dans des chambres collectives, les familles dans des logements séparés (à l’origine, ce camp
avait été confié aux Ponts et Chaussées pour y loger des réfugiés français en 1939/1940). Le
camp est clôturé par des barbelés de 3 mètres de haut et il y a autour 4 postes de guet. La
garde est assurée par un maréchal des logis chef, quelques gendarmes et huit surveillants
(gardes auxiliaires). Pour la garde et la police intérieure du camp, les gendarmes portent leurs
armes habituelles, les surveillants ne sont pas armés ; Les prisonniers sont vêtus en civil, sans
matricule. Aucun n’a été maltraité. Le travail est effectué au camp d’aviation de Bussac
(transport par camions). Certains sont occupés par des entreprises françaises travaillant pour
les allemands, d’autres dans des fermes des environs. Ils partent au travail escortés par les
gardes et un gendarme. Ils perçoivent un salaire égal à celui d’un ouvrier français. Le repos
hebdomadaire est respecté. Le prisonnier peut sortir le soir et le dimanche, se promener en
dehors de l’enceinte du camp à condition d’avoir une autorisation spéciale délivrée par le
directeur du camp et d’être muni d’un Ausweis. L’effectif est d’environ 650 Espagnols,
rentrés en France au moment de la retraite des Armées Républicaines Espagnoles. La
dénomination officielle de ce camp est « camp de rassemblement des asilés espagnols de
Montendre ». Les habitants du secteur l’appelaient « camp de réfugiés espagnols »
2. le « centre de séjour surveillé » à la citadelle de Saint Martin de Ré (1940 à 1944)
En 1940, 200 « droits communs » sont transférés sur le continent pour faire de la place aux
« politiques » arrêtés à diverses périodes, d’abord par les français fin mai et en juin 40 (décret
de septembre 1939) puis par les allemands dès leur arrivée, ou par les deux à la fois (en
particulier en août 40, juillet 41, etc.). Entre 90 et 100 personnes résidant dans notre
département y iront : anciens syndicalistes, membres du Parti Communiste, quelques
socialistes et anarchistes, des francs-maçons, des opposants à Vichy et des personnes refusant
de travailler pour les allemands. Parmi eux, beaucoup d’anciens combattants de 14/18, des
mutilés de guerre, des gens âgés de près de 70 ans, des pères de familles nombreuse et même
un infirme. Le 12 juillet 1941, le commissaire spécial de La Rochelle signale à Hagen, chef
de la Gestapo de Bordeaux, l’état des personnes encore détenues administratives à Saint
Martin sur ordre du préfet : 1/ juifs : néant - 2/communistes : 18 (dont 2 espagnols) - 3/sans
aveu : 3 - 4/ russes indésirables : 2 .
Au mois d’août 1941, la plus grande partie des internés administratifs de Saint Martin sera
envoyée à Mérignac (avec l’accord des autorités allemandes de Bordeaux), à Chateaubriand
et dans d’autres lieux de détention. D’autres seront libérés mais gardés en » résidence fixe » à
leur domicile. Dès septembre 41, cette prison est sous administration allemande (organisation
Todt). Signalons que pendant la période française, les allemands ne rentreront qu’uns seule
fois dans ce centre pour y réprimer une mutinerie. Les années suivantes, cette citadelle
recevra un peu de tout : des résistants, des réfractaires au STO , des gens ayant refusé de