La première phrase propose une définition succincte de l`amitié

M de Barmon TL
DST de philosophie
Le champ lexical est quelque peu daté mais à part cela, les premières
lignes du texte pourraient avoir été écrites pour nous, jeunes adultes du début du
vingt-et-unième siècle. En terme contemporain, un sage pourrait nous écrire :
« Ce n’est pas dans l’alcool et les drogues, ni dans les plaisirs sexuelles et
l’euphorie des boites, ni même dans la consommation effrénée de biens de
consommations, que vous trouverez le bonheur…. ». Le thème du texte, le
bonheur, est toujours aussi actuel. Nous aussi, comme Ménécée à qui s’adressait
Epicure, nous avons de besoin de conseils pour être heureux.
C’est même peut être une des raisons de notre intérêt pour la philosophie que
nous commençons cette année. Pour Epicure, et c’est sa thèse dans cet extrait,
pour être heureux il faut être sage. Cette recherche de sagesse est le propre de la
philosophie. La sophia en grec, c’est la sagesse. Nous expliquerons cette thèse
mais surtout nous verrons que la définition qu’il donne de la sagesse dans le 3ème
paragraphe n’est pas évidente. Dire qu’être sage consiste à ne pas craindre la
mort, à comprendre le but de la nature… est sous-tendu par une conception de la
réalité et de la sagesse qui n’est pas partagée par tous les philosophes.
Pour notre explication, nous commencerons par une longue partie qui
s’attachera à bien comprendre chacun des trois paragraphes en montrant à
chaque fois en quoi les affirmations de l’auteur sont problématiques. Ensuite,
dans une deuxième partie plus courte, nous synthétiserons la pensée qu’il
propose dans ce texte, pour la mettre en perspective avec la proposition d’autres
auteurs.
*
* *
Avant d’expliquer en détail chaque paragraphe, étudions l’articulation
entre les trois parties du texte. Les trois paragraphes du texte correspondent à
trois parties du texte. Dans le premier paragraphe, Epicure fait une opposition
entre l’assouvissement irraisonné de désirs et l’attitude de la raison qui pose des
choix. Si la thèse n’est pas explicitement énoncée, elle est préparée par l’idée
que les plaisirs « n’engendrent pas une vie heureuse » (l.2) mais que c’est par la
raison qu’il est possible pour l’âme de vivre sans trouble. Cette seconde attitude
raisonnable étant une attitude de sagesse. C’est dans le second paragraphe
qu’Epicure énonce explicitement la thèse ligne 7 : « on ne peut pas être heureux
sans être sage ». Il explique que c’est notre conscience de la sagesse qui
détermine concrètement notre manière de vivre. Enfin, dans le troisième
paragraphe, Epicure précise sa thèse puisqu’il donne une définition en cinq
point de celui qui est sage. Bien que le texte proposé ait été l’objet d’un
découpage (entre la ligne 7 et 8), les trois parties-paragraphes proposent un
cheminement cohérent à partir de la vie de plaisir jusqu’à l’attitude raisonnable
du sage.
Etudions maintenant le premier paragraphe. La construction de l’unique
phrase du premier paragraphe marque l’opposition entre deux attitudes. Le
parallélisme entre les deux parties de la phrase manifeste le parallélisme des
deux attitudes.
30 lignes par page = le nbs de lignes
utilisé par les élèves dans les copies
de DST.
12 mots par ligne : dans les copies
d’élève entre 8 et 11 mots par ligne.
Ce sont des plaisirs charnels qui sont énoncés dans la première phrase et ceux-ci
affirme Epicure n’engendrent pas une vie heureuse. Attention néanmoins à ne
pas conclure trop vite qu’Epicure récuse tout plaisir pour la vie heureuse. La
connaissance de l’auteur mais surtout la lecture attentive du texte invite à la
prudence. D’abord les plaisirs du corps qu’il décrit sont tous des excès. On ne
peut pas affirme qu’il récuse tout plaisir corporel. Les termes sont forts, il parle
de « beuverie », d’« orgie » et de « jouissance ». Il ne dit pas qu’il est mauvais
de savourer des mets raffinés et d’apprécier des vins précieux ! Nous pouvons
affirmer ici qu’Epicure n’est pas hédonisme dans le sens il n’invite à
l’assouvissement du maximum de plaisir mais il n’est à ce niveau là du texte pas
encore possible de préciser comment il situe le plaisir comme moyen pour le
bonheur. Ensuite, le verbe employé est « engendrer ». Cela signifie que les
excès énoncés plus haut ne provoquent pas la vie heureuse, ce ne sont pas eux
qui donnent le bonheur. Pour autant, est-ce qu’ils y contribuent ? Encore une
fois, à ce niveau du texte, il est pas possible de répondre mais nous ne pouvons
pas exclure que pour Epicure les plaisirs du corps contribuent à la vie heureuse.
La deuxième phrase invite à l’exercice de la « raison vigilante » qui a deux
fonctions : 1/ rechercher ce qu’il faut choisir et éviter, 2/ rejeter les vaines
opinions qui troublent l’âme. Et c’est cette attitude de la raison qui engendrera
une vie heureuse écrit Epicure. Sur quoi porte la raison vigilante ? Entre quoi et
quoi doit-elle choisir ? C’est en fait ici que nous avons une précision sur le rôle
du plaisir : la raison a pour fonction de choisir quel plaisir il faut accepter et
quel plaisir il faut éviter. Ce rôle de la raison n’est pas explicite dans cet extrait
qui est tiré de la fin de la Lettre à Ménécée. Epicure a déjà expliqué que
l’homme qui se laisse aller à satisfaire tous ses désirs de plaisirs vie de plus
grands troubles parce que un plaisir excessif provoque des souffrances
physiques, mais en plus l’homme souffre de vouloir à nouveau. On peut
reprendre l’exemple de la beuverie et l’orgie : après avoir trop bu et trop mangé,
on vomit et les troubles intestinaux vont faire souffrir, mais rapidement après on
souhaite à nouveau boire et bien manger pour ressentir toujours un plaisir plus
grand. D’où l’importance du calcul des plaisirs, pour par exemple bien manger
et bien boire, apprécier les bonnes choses sans en être troublé et pouvoir à
nouveau les apprécier. La seconde fonction de la raison est le rejet des « vaines
opinions » (l.4). Il s’agit de ne se pas faire de fausses idées sur la vie, la mort et
sur les dieux, pour ne pas être troublé. Pour Epicure une vaine opinion serait de
croire que l’âme continue à vivre après la mort ou que les dieux dirigent notre
destin. Pour Epicure, la réalité n’est que matériel, la mort n’a donc pas de
véritable réalité puisque personne n’expérimente la mort, la mort étant une sorte
de désagrégation des atomes dont un homme était constitué. De même si il y a
des dieux, ils vivent de leur coté, dans un état bienheureux et immortel, ils se
préoccupent en rien de l’homme réalité matériel. Rejeter les fausses opinions
permet de n’être troublé ni par la mort, ni par les dieux, et donc d’être en paix.
Dans le second paragraphe, Epicure explique pourquoi « le sagesse est
le principe et le plus grand des biens » (l.5). L’affirmation est double puisqu’il
considère la sagesse comme 1/principe, 2/ le plus grand des biens. Si la sagesse
est principe, c’est qu’elle « la source de toutes les autres vertus » précise
Epicure dans la phrase suivante. Dit autrement le projet de sagesse d’un homme
va déterminer la manière dont il va vivre concrètement. En parlant des « autres
vertus », Epicure veut probablement parler de l’amitié, de l’étude, de la
confiance… de toutes qualités morales qu’un homme peut développer. La
sagesse est également « le plus grand des biens » dans le sens, probablement, où
c’est un bien qui ne se perd jamais et qui peut être valable en toute situation.
Tous les biens matériels peuvent se perdre, la sagesse elle perdure même si tout
s’écroule autour de nous. La sagesse étant une disposition spirituelle personnelle
elle aide à vivre quelque soit les circonstances extérieurs. De ces deux
affirmations sur la sagesse découle la thèse selon laquelle « on ne peut pas être
heureux sans être sage » (l.7). Dire cela signifie que le bonheur n’est pas
rencontré au hasard de la vie, ni donné par une divinité en récompense. C’est
dire que le bonheur dépend de la personne, d’une démarche personnelle
rationnelle. Le bonheur n’est donc pas facile à atteindre, il ne s’agit pas de vivre
sans réfléchir, sans se soucier de déterminer ce qui est bien pour moi. Pour relier
cela à la première phrase de l’extrait, selon Epicure, on ne peut pas être heureux
si on se contente de profiter avec inconscience des plaisirs de la vie. Pour être
heureux, il est nécessaire de poser des choix raisonnés orientés selon un projet
de sagesse. Cette sagesse est « même plus précieuse que la philosophie » (l.6).
En effet, la philosophie est l’amour de la sagesse, la recherche de la sagesse,
mais ne prétend pas être la sagesse. La sagesse est supérieure à la philosophie
dans le sens la sagesse est la philosophie accomplit, la philosophie arrivée à
son terme. Mais cela n’arrive jamais, la recherche philosophique est sans fin.
Par contre, d’un point de vue pratique, l’on peut choisir une sagesse de vie, une
sagesse pratique même si l’on n’a pas terminé notre recherche philosophique.
L’important étant d’utiliser sa « raison vigilante » pour choisir les plaisirs qui ne
troubleront pas l’âme et écarter les vaines opinions. Pour Epicure, faire la
philosophie n’aurait de sens que si cette étude aide à discerner comment vivre
pour être heureux. L’interrogation qui peut être la nôtre face à ces affirmations
concerne la possibilité d’être sage. A lire Epicure, il semble qu’il est possible de
vivre selon une sagesse pratique même si la recherche philosophique n’a pas
aboutit. Mais n’est-il pas prétentieux de prétendre être sage avant que la
recherche philosophique ait aboutit ? Ou alors n’est-ce pas une sagesse au rabais
que cette sagesse pratique ? Si l’on pose comme le fait Epicure que la « vie
heureuse » est possible pour le sage qui exerce sa raison vigilante, n’est-ce pas
soit accepter un bonheur médiocre, soit considérer qu’en fait le bonheur que
toute le monde chercher est tout à fait facile à atteindre ? Le problème de la
proposition d’Epicure est de ramener la sagesse comme la vie heureuse à des
réalités trop accessible. Si vraiment le bonheur et la sagesse était si facilement
atteignable pourquoi est-ce une quête permanente ? La thèse d’Epicure est en
fait plus paradoxale qu’il n’y parait. L’étude du troisième paragraphe va nous
permettre de préciser si cette sagesse épicurienne est vraiment une sagesse
facilement atteignable.
Le troisième paragraphe propose une définition du sage en 5 points.
Tout d’abord le sage a sur « les dieux des opinions pieuses », c'est-à-dire ne
considère par que ce sont les dieux qui dirigent notre destin. Le sage sait qu’il
est responsable de sa vie, que c’est lui qui pourra trouver le bonheur. Cette
vision a le mérite de responsabiliser l’homme. Plus tard, les stoïciens
considèreront qu’il n’y a pas de dieux personnels mais qu’une raison divine
anime le monde. Dans cette vision cosmologique, l’homme accepte les
évènements même si il n’en comprend pas le sens. Il y a une harmonie globale
du cosmos qui donne sens à l’ensemble des évènements. L’homme est invité à
s’inscrire dans ce cosmos harmonieux. Ici chez Epicure, la vision est plutôt
individualiste. C’est à chaque individu d’exercer sa liberté sans qu’il n’y ait ni
projet divin, si finalité transcendante à la vie. Les dieux sont de leur coté, les
hommes du leur.
La deuxième définition invite à n’avoir aucune « crainte à la pensée de la
mort ». Dans la lignée atomiste, Epicure considère que l’homme est un amas
d’atomes, la mort est la désagrégation de ces atomes. Même l’âme est
matérielle, elle est dans tout le corps. Pour Epicure seul la réalité matériel existe.
Il n’y a donc aucune crainte à avoir de la mort puisque la mort n’est jamais
expérimentée. Il y a un moment l’homme est et lorsqu’il n’est pas, c’est que
les atomes se sont séparés pour former une autre réalité matérielle. Puisque nous
n’avons pas d’expérience de la mort, inutile de la craindre. Cette pensée qui
ouvre la voie au matérialisme nie toute réalité spirituelle chez l’homme. Si
l’homme est seulement matière, il reste surprenant que l’homme s’interroge tant
face à la finitude de la vie, que la mort soit pour lui une telle source d’angoisse.
N’est-ce pas nier le vécue de l’homme que de prétendre que la mort n’est rien ?
Comment peut-il affirmer qu’il n’y ait aucune réalité spirituelle qui dépasse la
matière quand on constate des pensées qui semblent désincarnées ?
Le troisième élément de la définition est d’arriver « à comprendre quel est le but
de la nature ». Pour les épicuriens, comme nous l’avons dit plus haut, la nature
est un amas d’atomes. Contrairement aux stoïciens la nature n’est pas porteuse
de sens. La nature se fait et se défait selon des assemblages d’atomes. La nature
n’ayant pas de but, l’homme peut vivre comme il le souhaite, selon les calculs
de sa raison. L’homme n’a pas de mission à accomplir dans le monde. Il peut
être intéressant de comprendre le fonctionnement de la nature mais il n’y a pas
de lois à en dégager pour l’homme. La démarche de type scientifique vis-à-vis
de la nature est intéressant mais la question scientifique du comment ? ne
permet en rien de répondre à la question du pourquoi ? Cette dernière question
est celle la philosophie mais Epicure y répond rapidement en disant qu’il n’y a
pas de réponse métaphysique à donner. La sagesse pratique suffit à vivre.
Le quatrième élément de la définition est un des plus problématique : « le
souverain bien est à notre portée et facile à se procurer ». Affirmation
péremptoire ou réductrice pour le souverain bien quand on sait comme Aristote
plaçait ce souverain bien comme l’objectif qu’aucune vie humaine n’atteint
parfaitement. Chez Aristote approcher du souverain bien, c'est-à-dire du
bonheur, est la quête de toute une vie vertueuse et exige une organisation
politique complexe. C’est cette quête qui est le moteur de toutes les actions des
hommes, individuelles et communautaires. Pour Platon également, atteindre le
bien suprême est la quête de l’âme. Mais le chemin est long et difficile puisqu’il
s’agit de s’extraire des réalités sensibles pour entrer dans le monde intelligible et
atteinte l’Idée. Dire que le souverain bien est accessible c’est ramener ce qui
était au terme d’une quête sans fin, à niveau du concrètement atteignable.
Quant au cinquième et dernier point, qui réduit le « mal extrême » à une peine
légère passagère, c’est une manière de relativiser la souffrance que l’homme
peut vivre. Epicure invite à être très rationnel, c'est-à-dire à contrôler ses
sentiments, à calculer les joies et les peines, et dans se sens il invite l’homme à
ne pas se souffrir inutilement en amplifiant les souffrances que l’on peut vivre.
Rappelons-nous que la mort n’est rien pour Epicure, et par conséquent pour ne
pas souffrir de la mort d’un proche, il suffit de se rappeler que ce n’est que la
désagrégation d’un amas d’atomes. Dans le même sens pour ne pas souffrir de
ce qui semble être des malheurs, il suffit de se tourner vers les bonheurs que
même dans les malheurs nous pouvons rencontrer. C’est avant tout une question
de disposition intérieure.
Cette définition très précise et simple du sage nous permet de mieux
comprendre la thèse d’Epicure. Nous constatons que la sagesse épicurienne est
tout à fait accessible, c’est une disposition de l’âme à la réalité pratique du
monde. Le bonheur est donc tout à fait atteignable dès maintenant.
La proposition d’Epicure semble trop simple, presque trop facile. « on
ne peut pas être heureux sans être sage, honnête et juste sans être heureux »
(l.7). La sagesse semble facile à atteindre, sans même la philosophie ; quiconque
serait honnête et sage serait heureux. Est-ce si simple ? Est-ce que le bonheur
est si accessible ? Si la sagesse est si facile à atteindre et le bonheur si
accessible, pourquoi encore aujourd’hui tant d’hommes cherches désespérément
le bonheur ? Est-ce qu’une simple intervention d’une raison calculatrice peut
engendrer une vie heureuse ? Pour apporter des éléments de réponse à ces
questions, nous allons reprendre plusieurs idées d’Epicure.
Tout d’abord, Epicure dans ce texte se souci de la « vie heureuse » de l’homme.
Cette préoccupation qui est celle du bonheur est commune dans la philosophie
grecque et elle est et elle est toujours liée à une invitation à progresser en
sagesse. Dès l’inscription du temple de Delphes « Connais-toi toi-même »,
souvent reprise par Socrate, propose à l’homme de trouver en lui-même la vérité
et le bien, pour en vivre dans ses rapports avec les autres. Contrairement aux
sophistes qui cherchent à dire ce qui utile, Socrate invite l’homme à découvrir la
vérité et cette vérité est l’objet d’une quête sans fin. La première sagesse pour
celui qui cherche, c’est de savoir qu’il ne va pas trouver facilement la vérité, le
bien, qu’il devra toujours chercher. Et dans cette recherche, le philosophe a
besoin d’autres philosophes pour l’aider à discerner de la validité de ce qui
accouchera de son esprit. Il a une humilité devant une sagesse qui nous dépasse.
Socrate lui-même peu de temps avant de mourir, nous rapporte Platon, rappelle
qu’il ne sait qu’une chose, c’est qu’il ne sait rien. Il n’a pas la prétention d’avoir
trouver. Et il n’affirme pas non plus qu’il est sage. Il écoute avec attention les
arguments de Criton qui cherche à la faire sortir de sa prison. Il ne les récuse pas
au nom d’une sagesse qu’il posséderait. Il écoute, répond à ses arguments, pour
que tous deux se mettent d’accord sur l’attitude la plus sage, la plus juste, plus
conforme au bien. Et si la mort ne lui fait pas peur, ce n’est pas parce que pour
lui elle n’est rien car il ne prétend pas savoir ce qu’est la mort. Ce dont il est
convaincu c’est que l’attitude conforme à la justice est de mourir. D’où la paix
qui l’anime alors même qu’il a bue la ciguë. Cette paix peut probablement être
rapprocher d’une forme de bonheur mais ce bonheur n’est pas évident, Socrate
ne se dit pas sage, il cherche à chaque fois, pour chaque situation l’attitude la
plus juste et c’est cette attitude juste qui le rendra heureux.
Ensuite, chez Aristote, ce lien entre la sagesse et le bonheur est exprimé à
travers la recherche du souverain bien, l’eudémonia. Au début de l’Ethique à
Nicomaque, Aristote précise que ce souverain bien que chaque homme
recherche, c’est le bonheur. Toutes les activités de l’homme, collectives
(politique) et individuelles (morale) vont être orientées vers ce souverain bien.
Mais pour Aristote atteindre le bonheur est la quête de toute une vie.
Contrairement à Epicure qui prétend que le souverain bien à la portée du sage,
Aristote élabore toute une réflexion sur l’organisation politique, l’amitié, la
justice, sans jamais prétendre qu’un homme ait possédé le souverain bien. Il est
même probable que le souverain bien, le bonheur ne soit jamais parfait sur terre.
Il rejoint ici Platon pour qui le bien suprême est l’Idée et l’Idée est au-delà du
monde sensible, dans le monde intelligible que le sage tente de contempler.
Aristote comme Platon ont une conception très haute du bonheur qui correspond
probablement à l’expérience de l’homme qui a souvent le sentiment qu’il peut
vivre plus de bonheur. Certes, des hommes semblent heureux, mais même celui
qui est heureux ne prétend pas avoir atteint le maximum de bonheur. Il y a
probablement une insatisfaction lié à la condition fini de l’homme. L’homme
bien que vivant dans des réalités contingentes aspire à l’absolu.
Enfin, probablement en partie en réaction à Platon et Aristote qui situent le
bonheur comme une finalité jamais parfaitement atteinte, les stoïciens et les
épicuriens, chacun à leur manière proposent un bonheur facile à atteindre.
Comme nous l’avons dit, pour les épicuriens, il s’agit d’un calcul de la raison
qui choisi les plaisirs pour que l’âme soit le moins troublé possible. Pour les
stoïciens, le bonheur consiste à accepter ce qui arrive. Le monde étant un
cosmos harmonieux, l’homme est invité à s’y inscrire en acceptant ce qui lui lui
semble imparfait. De ce qui ne dépend pas de lui, l’homme n’a pas à s’en
préoccuper. Si mon corps souffre et que je n’y peux rien, inutile de s’en plaindre
puisque nous n’y pouvons rien. La mort peut emporter des proches, je n’y peux
rien, alors pourquoi les pleurer. Dans les deux cas, que ce soit dans le stoïcisme
et dans l’épicurisme, la morale proposée est supportée par une conception de
l’homme essentiellement immanente. Il n’y pas de monde transcendant, au-delà
du monde concret dans lequel nous évoluons. Le bonheur qui est proposé est
atteignable dès aujourd’hui, dans le monde dans lequel nous sommes. C’est peut
être pourtant oublié l’aspiration transcendante de l’homme, de l’homme qui
aspire à plus, toujours plus. Il n’est pas certain que ce bonheur soit à la hauteur
de l’homme…
* *
*
Pour conclure, nous pouvons prendre pour nous l’invitation qui est celle
d’Epicure, à être sage en exerçant notre raison pour choisir les plaisirs qui nous
apporterons la paix de l’âme, l’ataraxie. Néanmoins, est-ce qu’il est vraiment
sage d’accepter de vivre selon une sagesse pratique qui se passe de
philosophie ? Est-ce que l’homme n’aspire à un bonheur plus haut que celui que
donne le plaisir ? Socrate nous invite à toujours chercher en nous même le bien
pour être toujours plus sage. Platon propose une méthode pour dépasser le
monde sensible et atteindre la connaissance du bien suprême dans le monde
intelligible. Aristote cherche quelle organisation politique et quelle attitude
morale permettra à l’homme d’atteindre le souverain bien. Aucun des trois ne
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