Chap. VI : Entrée de la Birmanie dans ASEAN

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Chap. VI : Entrée de la Birmanie dans ASEAN
Rappel de la position économique de la Birmanie : c’est un pays dont la position
économique régionale s’est dégradée depuis les années 50’s. En 1950, le PNB de la Birmanie
est supérieur à celui de la Thaïlande. En 1997, le PNB réelle de la Birmanie est égal à 1/10 de
celui de la Thaïlande. Avant la seconde guerre mondiale, la Birmanie était le premier
exportateur de riz.
Le pays est donc actuellement en position d’échec économique. Depuis 1987, la Birmanie est
classée par ONU comme l’un des 40 pays le moins développer au monde. En mars 1989, les
autorités birmane ont abandonné le socialisme bouddhique au profit d’une gestion capitaliste.
La Birmanie connaît des difficultés politiques parce que son système politique a été gelé à la
suite des élections de 1988 (l’opposition avait gagné mais cela a été bloqué par le SLORC, la
junte militaire). Depuis l’arrivée du SLORC au pouvoir, la Birmanie est considérée de
manière négative par les EU dont le lobby anti-Birmanie est très actif. Mais en dépit des
pressions américaine, ASEAN a admis la Birmanie en 1997.
Pourquoi ASEAN a-t-il admis la Birmanie ? Quels sont les vrais enjeux de l’intégration de la
Birmanie en ASEAN ?
La Birmanie est le pays le plus complexe sur le plan économique à cause de son néant
statistique.
I/ Bilan du processus d’ouverture de la Birmanie à l’économie de marché :
Depuis son indépendance en 1948, on peut découper son processus en trois phases.
a) Construction et démantèlement d’un cadre socialiste :
* 1948-62 : Transformation du cadre hérité de la colonisation en un Etat fédéral qualifié de
socialiste qui repose sur une économie mixte. Comme à la fin des années 50’s les problèmes
économiques augmentent, en 1962 il y a un coup d’Etat du général Newin qui changera de
cap.
* 1962-88 : Passage d’un socialisme teinté de capitalisme à une économie plus
authentiquement socialiste (pas d’entreprise privé, pas de commerce). Mais il n’y a aucune
référence marxiste d’où le socialisme bouddhique. Cela aboutit à une série de difficultés. En
1988, à la suite de troubles politiques, le socialisme est officiellement abandonné.
* 1988-... : Passage à une économie de marché. Nouvelle gestion, l’armée Birmane instaure le
SLORC. La situation politique grave pour deux raisons parce qu’à l’intérieur de la région,
l’autorité contrôlée par l’Etat Birman est remise en cause. La nouvelle équipe ne tient pas les
minorités ethniques de la région. S’ajoute à cela les problèmes économiques : les pays
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occidentaux retirent toutes les aides à la Birmanie au regard du régime dictatorial. Le SLORC
abandonne le capitalisme. Cet abandon reste limité dans ses applications car le vrai but du
SLORC est de construire un capitalisme d’Etat.
b) Déroulement de l’opération d’ouverture :
Le gouvernement birman fait un choix qui est d’ouvrir les frontières. La Birmanie a
commencé par normaliser, légaliser au plan commercial les relations avec la Chine populaire
et la Thaïlande. Des accords commerciaux sont signés avec la Chine et la Thaïlande. Elle
légalise l’ensemble du traffic frontalier. Le commerce frontalier est officiellement réouvert.
Elle installe 10 postes de douanes à des points stratégiques, par la suite ils seront consolidés
par des opérations militaires.
Cependant, la libéralisation reste limité puisque les produits les plus stratégiques des échanges
internationaux restent sous le contrôle de l’Etat (pierres précieuses, bois, hydrocarbure, riz).
La quasi totalité des produits agro-industriels et tous les produits miniers sont sous le contrôle
de l’Etat.
En parallèle pour faciliter le développement de ses échanges, le gouvernement birman modifie
sa politique monétaire. Il gonfle la masse monétaire (64-85 et 1987 : démonétisation). Il
apprend à réguler la monnaie. En 1989-92, la masse monétaire augmente de 40% à 50% par
an d’où inflation. A partir de 1993, l’accroissement monétaire est limitée. Seulement, le fait
de jouer sur la masse monétaire ne joue que sur l’économie officielle et pas sur l’économie
parallèle.
Le gouvernement birman veulent donc encourager les fonds de l’économie parallèle à
s’officialiser. En 1994, le gouvernement autorise les personnes physiques ou morales à
déclarer leur capitaux. Ils paieront une taxe de 10% à 20%. Ce qui leur permettront de
blanchir des actifs et des fonds acquis de manière douteuse. Comme les fonds blanchis étaient
en monnaie étrangère ($ ou or) cela implique une modification des dispositions face au
contrôle des changes.
C’est un problème énorme en Birmanie. Le cours officiel de la monnaie est de 6 kiat pour 1$.
Dans l’économie parallèle, il est de 300 kiat pour 1$. Le gouvernement tente donc de réduire
la capacité des birmans à échanger en $. Même si les fond ont été blanchis, on assiste à une
dollarisation de l’économie birmane.
En 1993, en s’inspirant des mesure chinoises des années 80’s, le gouvernement crée des FEC
(Foreign Exchange : monnaie pour étranger) : 1$ = 1FEC
A la fin de 1995, le gouvernement autorise les birmans à détenir des FEC. Pour les birmans, il
y a un autre taux : 1 FEC = 100 kiat. En déc. 95, le marché parallèle indiquait 1$ pour 200
kiats. Se créer un marché de change pour les birmans.
En juin 1996, un taux de change supplémentaire est crée : le Near Market Rate. Ce taux est
réservé au calcul des Droits de douane, sur la base de 100 kiats pour 1$ (marchandises
importées).
BILAN sur la question monétaire :
Aujourd’hui, la Birmanie fonctionne avec 3 taux de change, voire plus.
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- Taux officiel : 6 kyat pour 1$
- Taux du marché parallèle : 300 kyat pour 1$
- Near market rate : 100 kyat pour 1$
- Taux des FEC : 1$ pour 1 FEC
Deuxième volet des réformes : Privatisation des entreprises d’État en Birmanie.
Quelques mois après sa prise du pouvoir, le SLORC a abolit les monopoles d’État dans la
plupart des secteurs industriels et des services. Cette loi sera complétée en 92 par
l’autorisation des banques privées birmanes ou étrangères à investir. Cette privatisation reste
limité à deux niveaux, au niveau juridique et économique. Aucun cadre juridique n’est
réellement défini (pas de tribunaux de commerce). Le gouvernement se réserve l’exploitation
des secteurs stratégiques, au niveau de la commercialisation et de la production. Ce sont des
secteurs qui peuvent être développés avec des sociétés étrangères ou nationaux.
D’après les statistiques officielles birmanes, à la fin de 1993 l’État contrôlait encore 1/3 des
capitaux industriels, 40% des capitaux dans le transport et 40% des autres entreprises (dans le
service). Le gouvernement en mettant en location les entreprises opérant dans l’industrie
légère commence à ouvrir les capitaux des grandes entreprises à l’actionnariat privée.
Les résultats des réformes sont difficiles à évaluer :
En 1997, son PNB avec le taux officiel serait supérieur à celui des Philippines.
Avec le taux NMR, son PNB par tête serait inférieur à celui du Zaïre (130$ par tête).
Avec le taux du marché parallèle, son PNB serait égale à moins de 2 MM $.
Évaluation sur la base de la production d’électricité, un bien difficilement détournable et
indispensable à la vie économique : fin 97, le PNB de la Birmanie = 19 à 20 MM $ soit moins
de 400$ par habitant.
La Birmanie représente 2% à 3% du PNB de ASEAN. Elle tient donc une faible position. Le
PNB VN = 30 MM $ fin 97, le PNB B = 2/3 PNV VN.
S’ajoute la structure économique de la Birmanie qui est très archaïque, au moins 60% de la
production provient de l’agriculture.
Gestion économique archaïque : deux traits rémanents du « socialisme »
- pluralité des taux de change
- poids important du secteur d’État (industrie et services)
Bilan : le processus de transition vers l’économie de marché de la Birmanie est beaucoup
moins avancé que pour le VN, le Laos et le Cambodge. La Birmanie est un pays dont les
structures et le gestion vont à l’encontre des autres pays de ASEAN.
II/ Les rapports entre la Birmanie et ASEAN :
a) Au plan des flux commerciaux :
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Les sources relatives au commerce extérieur de la Birmanie sont les plus mauvaises parmi les
pays de ASEAN. Seules les sources du F.M.I. sont utilisables. Seulement on a une
discontinuité des données statistiques. Les données du F.M.I. (a prendre avec beaucoup de
réserves) en $ et celles de la Birmanie ne concordent pas.
Sur les 20 dernières années, le commerce extérieur de la Birmanie est à peu près équilibré en
1976. A la fin de 1995, son commerce est devenu déficitaire à peu près de moitié (les
exportations = 50% des importations).
A partir du processus de transformation vers l’économie de marché, le déficit se creuse. Les
exportations = 60% des importations en 1988. En 1995, les exportations = 50% des
importations.
Comment la Birmanie évolue au niveau des importations et des exportations ? Raisonnement
sur la structure géographique du commerce extérieur de la Birmanie.
* EXPORTATIONS :
- La part du Japon : en 76 : 10%
en 95 : 5%
- Pays occidentaux hors EU : en 76 : 15%
en 95 : 7%
- Monde Chinois et Corée, Inde : en 76 : 27%
95 : 18%
- Hongkong : pratiquement inexistante
- ASEAN : en 76 : 32%
en 95 : 25%
- Reste du monde (Europe, Am. Latine) : en 76 : 8%
95 : 18%
- Chine : en 76 : 1%
en 95 : 10%
- EU : en 1995 : 5%
Globalement, on note une double reconfiguration de la clientèle de la Birmanie. La
part occidentale EU/Europe augmente au détriment des pays asiatiques. A l’intérieur des pays
asiatiques, on observe l’émergence de la Chine et la diminution de la part des pays de
ASEAN.
* IMPORTATIONS : 2 grands mouvements
- Réduction de la part des pays occidentaux : de 30% en 76 à 8% en 95
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- Disparition des EU
- Réduction de la part du Japon : en 76 : 30%
en 95 : 7%
- Accroissement de ASEAN (multiplié par 4) : de 11% en 76 à 45% en 95
- Accroissement de la Chine (multiplié par 7) : en 76 : 4% et en 95 : 30%
La Birmanie a deux fournisseurs : ASEAN et la Chine. On observe donc une régionalisation
des fournisseurs de la Birmanie. L’intégration commerciale de la Birmanie s’opère par les
importations et non pas par les exportations. Le commerce global (exportations et
importations) avec ASEAN et la Chine représente les ¾ du commerce extérieur de la
Birmanie.
Son intégration au marché régional s’accompagne d’une introduction au mécanisme de
marché.
Les partenaires privilégiés de la Birmanie avec ASEAN sont en N°1 Singapour et N°2
Malaisie et Thaïlande. Les échanges de la Birmanie avec ASEAN ne se limitent pas aux
échanges officiels car on note une réintégration de la Birmanie dans sa logique d’échange
traditionnel. Cela correspond à la réactivation des jeux commerciaux séculaires que sont les
échanges frontaliers avec la Chine et la Thaïlande.
Avec la Chine, le long de la route Mandalay Kunming est réouverte en 1989 et le trafic
devient abondant. Les zones frontalières avec la Thaïlande et le Laos est la second jeu
d’échange, hors douane.
Pour évaluer ce commerce hors douane, on a comparé les statistiques birmanes avec les
statistiques de la Chine, Thaïlande et le Laos. On se rend compte qu’il n’a a pas les mêmes
données. Dans les statistiques birmanes, le Laos n’est pas présent (trafic de voitures).Le
volume du commerce non officiel entre la Chine et la Birmanie est plus important.
° Comparaison statistique entre la B et la Chine :
Jusqu’en 1989, les exportations de la Chine vers la Birmanie sont 9 fois plus élevées que les
importations de la B en provenance de la Chine (même rapport avec les importations de la
Chine). A partir de 1991, les enregistrements des statis. B et Chine se recoupent. Mise en
place réinstallation de la douane par l’État birman.
° Thaïlande :
Il y a le même phénomène entre 1985 et 1989. Les exportations de la Thaïlande vers la B sont
9 fois plus élevées que les importations de la B en provenance de la Thaïlande. En 91, à
nouveau 1$ sur 10 provenant de la Thaïlande est enregistré. En 92-93, la B n’enregistre pas
d’échanges avec la Thaïlande. A partir de 95, les deux statis. se recoupent. La reconstruction
des points de douane connaît plus de difficulté et a été plus tardif par rapport à la Chine.
Réouverture des frontières contrôlées par le gouvernement birman correspond aux
réenregistrement par la Birmanie. La prise de contrôle des frontières par les militaires est-il un
préalable nécessaire dans son entrée à ASEAN ?
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Encore aujourd’hui, il existe des échanges hors douane d’autant plus que ni la Chine, ni la
Thaïlande ne contrôle les flux frontaliers. Au milieu des années 90’s, les échanges frontalier
avec la Chine s’élèvent à 1,5 MM$ par an dont moins de 1MM sont enregistrés par les
statistiques de par et d’autre. Les échanges avec la Thaïlande s’élèvent à 300 M$ dont le tiers
est enregistré.
En Birmanie, les échanges frontaliers hors douane seraient au moins équivalent aux échanges
officiels.
Que signifie donc pour la Birmanie son adhésion à ASEAN qui imposera des réductions de
droit de douane ?
La Birmanie au fur et à mesure que sa transition vers une économie de marché avance, elle se
réinsère dans ses logiques d’échanges traditionnels avec la Chine du sud, les chinois de
ASEAN (sino-thai). Ces derniers contrôlent une bonne partie des flux frontaliers. Cette
dynamique de réinsertion est confronté par un second type de flux économique : les
investissements étrangers ?
2°) Comment évoluent les investissements étrangers en Birmanie ?
Par la loi de Nov. 1988 qui offre une série incitation fiscale, les étrangers sont encouragés à
investir au Myanmar. Leur participation au capital des sociétés mixtes est fixée à un minimum
de 35%. Les sociétés 100% étrangères sont autorisées dans les secteurs jugés non stratégiques.
Le code des investissements birman est équivalent à ce jour au code des investissements très
ouvert vietnamien.
La réponse des investissements étrangers face à cette ouverture est favorable. Le montant des
investissements cumulés s’élève à la fin de 1990 à 300 millions $ et en 1996 à 4,5 milliards $.
Au moins ¼ des investissements a été réalisé.
De 1990 à 1996, les investissements ont été multipliés par 20 mais ce n’est pas extraordinaire
car les investissements birmans sont 6 fois moins élevés qu’au Viêt Nam. Et leur progression
reste 3 fois moins rapide que celle enregistrée au VN.
Globalement, les investissements étrangers restent réservés vis à vis de la Birmanie.
A la fin de 1996, les investisseurs étrangers sont :
- N°1 : Singapour (1/4 des investissements depuis)
- N°2 : RU (moins de 1/4)
- N°3 : France (Total) 11%
- N°4 : Malaysia, Thaïlande : 10% chacune
- N°5 : EU, Pays-Bas : 6%
- N°6 : Japon : 4%
- N°7 : HK : moins de 2%
La structure des investissements est particulière, partagé en deux blocs à peu près équivalentes
:
- les pays occidentaux
- les pays de ASEAN
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C’est une structure doublement différente des autres pays du S-E asiatiques.
1°) A la différence des autres pays de ASEAN, avec des investissements majoritairement
asiatiques, la Birmanie a une structure dualiste : des investissements néocolonial et des
investissements chinois d’outre mer.
2°) Les réseaux chinois d’outre mer présents en Birmanie sont des chinois du S-E asiatique
(pas de HK et Taiwan). Les taiwanais ne sont pas présents en Birmanie car ce dernier a joué
stratégiquement avec Pékin. Entre 1945-49, les troupes du Kuomintang se sont réfugiés en
Haute Birmanie, exploitation de l’héroïne. Par contre, il y a des missionnaires taiwainais en
pays Karen.
Par conséquent, ASEAN est la seule voie possible intégration.
* Typologie des investissements étrangers : caractéristique des pays à haut risque.
- N°1 : 1/3 hydrocarbures
- N°2 : immobilier (20%)
- N°3 : tourisme (16%)
- N°4 : mines (11%)
- N°5 : pêche, industrie (5% chacune)
Ce sont des secteurs très générateurs de devises au moins à CT, avec un retour sur
investissement très rapide. Des secteurs extérieurs à la structure productive du pays. Les
investissements les plus porteurs à terme pour le pays (industrie, infrastructures) restent
faibles. A ce jour, il n’y a pas d’investissements au niveau des infrastructures. Les
investisseurs étrangers sont en position de bulle économique parasitaire. Ce sont des
investissements d’exploitation pas de production.
Deux caractéristiques sur les investissements étrangers :
- Structure géographique archaïque : c’est une structure néocoloniale avec une dynamique de
prédation et non de développement interne du pays. Cette structure néocoloniale est également
le fait des investisseurs du S-E asiatique.
Pourquoi la Birmanie a-t-elle choisi ou toléré ce type d’investissement ?
Cela permet au gouvernement d’atteindre son objectif stratégique i.e. asseoir son pouvoir sur
une base économique. C’est un capitalisme d’État qui est mis en place dès les années 70’s.
Au sommet :
une HOLDING, une SOCIÉTÉ FINANCIÈRE :
La Myanmar Economic Holding Company
Intermédiaire : 8 principales Sociétés Mixtes à capitaux birmans (des actionnaires privés
birmans et des actionnaires publics). En 1990, cette holding représente au moins 10% du PNB
birman.
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Au final :
Des Sociétés Mixtes à capitaux étrangers.
Des sociétés directement ou indirectement contrôlées par le ministère e la
défense.
Quel que soient les rhétoriques des pays occidentaux ou asiatiques, ils contribuent à assurer la
pérennité du gouvernement birman.
III/ Quels sont les enjeux réels de l’intégration de la B à ASEAN :
a) Pour la Birmanie :
1°) Au plan économique :
L’intégration de la Birmanie est logique de par l’évolution de son commerce extérieur. Cela
dit le développement des échanges birmans avec ASEAN s’opère avec une dépendance
commerciale. Les exportations de la Birmanie vers ASEAN ont diminué alors que ses
importations en provenance de ASEAN ont augmenté. Cependant, cela permet à la Birmanie
de se désengager des pays occidentaux, leurs premier fournisseur de capitaux. Le poids de ces
derniers s’est réduit.
Bilan : ASEAN leur assure un relais commercial et une source de financement. Mais ces
objectifs économiques paraissent secondaire au regard des objectifs politiques à l’intégration
dans ASEAN.
2°) Au plan intérieur et extérieur :
Cela assoit la légitimité du régime par rapport aux birmans eux-mêmes dans sa zone. Elle
n’est pas au ban des Nations.
Sur le plan extérieur, cela leur permet de jouer à deux niveaux :
- Régionalement, ASEAN donne à la Birmanie un contrepoids vis à vis de la Chine parce que
la Chine met explicitement en place une stratégie d’influence vers la Birmanie. Car cette
dernière lui donnera un accès à l’Océan Indien.
- Sur l’aspect diplomatique mondial : ASEAN sert de support à une normalisation de la
Birmanie vis à vis des pays occidentaux (Banque Mondiale, F.M.I.).
Cependant, l’intégration de la Birmanie à ASEAN à un prix économique et politique. A partir
du moment où les réseaux chinois d’outre mer se développent, une part grandissante des
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activités de la Birmanie échappera à l’État. Dans un deuxième temps, la Birmanie fait partie
de ASEAN mais n’est pas un État leader de ASEAN, seulement un État de troisième statut.
b) Pour ASEAN :
1°) Au plan économique :
L’intérêt est nul. Les échanges avec la Birmanie représentent 0,5% du commerce extérieur de
ASEAN. Les investissements de ASEAN en Birmanie représentent 2% des investissements
étrangers de ASEAN. L’intérêt de ASEAN est plus important à long terme (investissement)
qu’à court terme (échanges commerciaux).
2°) Au plan politique : c’est ordre stratégique
Raison interne : ASEAN espère que l’intégration de la Birmanie apaisera la tension
pluriséculaire régnant entre la Birmanie et la Thaïlande.
Raison externe : L’intégration de la Birmanie est le seul moyen de former une régionalisation
cohérente, en particulier vis à vis de la Chine qui se voit comme la puissance légitimatrice des
pays asiatiques. Tous les États d’Asie du S-E ont payé un tribut aux chinois (sauf les
Philippines). A l’époque impériale, les royaumes ASE ont payé un tribut à la Chine et ont
reconnu sa supériorité diplomatique. Le poids historique de la Chine dans la zone se double de
ses activités grandissantes. La Chine veut un accès militaire à l’Océan Indien via une base
navale birmane. Elle aurait aidé la Birmanie à se moderniser. Elle lui a exporté une aide
technique : base navale dans le Golfe du Bengale. En développant ses relations avec la Chine,
la Birmanie s’est attiré le meilleur levier pour intégrer ASEAN.
CONCLUSION :
Les enjeux de l’entrée de la Birmanie sont inverse pour la Birmanie et ASEAN. Pour la
Birmanie, l’enjeu est d’abord économique, le partenariat des pays de ASEAN est
indispensable. Pour ASEAN, l’enjeu est politique et stratégique d’abord. L’entrée de la
Birmanie dans ASEAN pourrait ainsi suggérer l’hypothèse que sous couvert de la construction
d’un ensemble douanier, l’objectif actuel de ASEAN est bien d’ordre politique. Construire un
pacte politique permettrait de développer des stratégies communes face à la Chine, le Japon,
Inde, implicitement également vis à vis de l’occident.
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