Traitement orthopédique des fractures des métacarpiens et des
phalanges
par Christophe Oberlin
Considérées à tort comme des fractures mineures, les fractures des métacarpiens et
des phalanges, en cas de traitement incorrect, aboutissent immanquablement à une
raideur d'un ou plusieurs doigts, entravant alors gravement la fonction de la main.
Or, le traitement orthopédique, à condition d'être suivi et contrôlé, permet de
traiter aisément la plupart de ces fractures avec de bons résultats.
Rappel physiologique Schéma n° 1
La main permet à la fois la prise large (empaumement), et le ramassage des petits
objets par prise unguéale, grâce à l'extrême mobilité des doigts.
La prévention de l'enraidissement des doigts doit donc être le principal souci de
celui qui traite une fracture des métacarpiens ou des phalanges. Pour cette raison,
l'immobilisation de ces fractures ne doit jamais dépasser vingt et un jours.
Par ailleurs, les fractures sont toujours accompagnées de contusion des parties
molles environnantes, source de fibrose entraînant collage tendineux et
enraidissement articulaire.
La prévention du collage tendineux se fait en immobilisant le minimum d'articulations,
et en encourageant le blessé à mobiliser activement les segments libres. Par
exemple, l'immobilisation d'une fracture de la première phalange doit laisser libre le
poignet et l'articulation interphalangienne distale.
D'autre part, il faut savoir que les ligaments latéraux des articulations des doigts sont
tendus dans certaines positions et détendus dans d'autres. Dans toute contusion,
entraînant des phénomènes de fibrose et de rétraction, Il est capital d'immobiliser
ces articulations en position de tension maximum des ligaments latéraux.
Ainsi:
les articulations métacarpo-phalangiennes doivent toujours être immobilisées en
flexion maximum,
les articulations inter-phalangiennes doivent être immobilisées en extension.
C'est la position dite « intrinsèque+ », car les petits muscles de la main, inter-osseux
et lombricaux, sont des fléchisseurs des articulations métacarpo-phalangiennes et
des extenseurs des inter-phalangiennes. L'immobilisation de la main est réalisée
dans une position reproduisant l'action des muscles intrinsèques (cf. photos 1 et 2).
Enfin, il faut éviter absolument dans les positions d'immobilisation, tout trouble de la
rotation, particulièrement gênant lors de la flexion des doigts (cf. photo 3). Ces
troubles sont facilement évités en immobilisant le doigt fracturé avec le doigt voisin:
soit sur une attelle, et en contrôlant que l'orientation des deux ongles est la
même,
soit à l'aide de sparadrap souple circularisant les phalanges analogues et laissant
les articulations inter-phalangiennes libres, c'est la syndactylisation; la
mobilisation active en flexion extension par le blessé, évitera toute consolidation
en position vicieuse (cf. photos 4 et 5).
Traitement des fractures des métacarpiens Schéma n° 2
Une attelle dorsale ou palmaire est mise en place pour trois semaines. Elle
immobilise le poignet en légère extension, et les articulations métacarpo-
phalangiennes fléchies. Le blessé est encouragé à immobiliser activement les
articulations inter-phalangiennes.
A l'issue de l'immobilisation, une syndactylisation du doigt atteint avec le doigt voisin
pendant quinze jours supplémentaires permet de retrouver toute la mobilité.
Les fractures peu déplacées dun métacarpien ne nécessitent pas d'immobilisation,
mais une simple syndactylisation pour quelques semaines.
Traitement des fractures de la première phalange Schéma n° 3
Une attelle dorsale ou palmaire est mise en place, laissant le poignet et l'articulation
interphalangienne distale fibres. Les articulations métacarpo-phalangiennes sont
fléchies. Le blessé est encouragé à mobiliser activement la troisième phalange. A
l'issue de l'immobilisation, le relais est pris par une syndactylisation de quinze jours.
Il ne faut jamais, au niveau des phalanges, attendre les signes radiologiques de
consolidation pour libérer les doigts. En effet, ceux-ci n'apparaissent que
tardivement (cf. schéma 4), et comme nous l'avons vu, les doigts ne supportent
pas une immobilisation prolongée.
Traitement des fractures de la deuxième phalange Schéma n° 5
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