TS Spé Thème 1 – L’EAU et l’environnement TP 1-5 (TD) p. 4
Document 2 : l'inexorable montée des eaux
[...] Les habitants des îles Tuvalu sont inquiets : ils pensent que leur archipel ne va pas tarder à être englouti.
Pour Anny Cazenave, directrice adjointe du Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales
(Legos) 2, la réalité est plus complexe, mais pas moins préoccupante, pour ces atolls à fleur d'eau. « La
montée du niveau moyen de l'océan autour de cet archipel n'est que de quelques millimètres par an. En
revanche, certains phénomènes comme El Niño peuvent faire varier brusquement le niveau de 20 centimètres.
Je pense qu'à terme, ces îles ne pourront plus être habitées. »
Depuis cinquante ans, le niveau moyen de la mer monte de 1,8 mm par an, mais cette élévation s'est accélérée
pour atteindre 3 mm par an depuis une douzaine d'années. D'après les chercheurs, environ 60 % de cette
élévation est due à la dilatation thermique de l'océan qui, comme l'atmosphère, se réchauffe. Le reste
s'explique par la fonte des glaciers de montagne (0,8 mm par an) et la fonte des glaces du Groenland et, dans
une moindre mesure, de l'Antarctique (0,2 à 0,4 mm par an). « Cette élévation n'est pas homogène à travers
le globe car le réchauffement n'est pas uniforme. Celui-ci est fonction des transports de chaleur effectués
par la circulation océanique », explique Anny Cazenave. Les données qui ont permis d'arriver à ces résultats
sont d'abord les mesures par satellite (dont Jason-1, Envisat et bientôt Jason-2), une vraie révolution pour
l'étude des océans et des climats. [...]
Document 3 : l'eau douce et l'eau salée
[...] « Nous sommes aussi assez inquiets pour les glaces du Groenland, alerte Frédérique Rémy, chercheuse au
Legos. Alors que la couche de glace s'amenuise sur les bords de cette île, elle s'épaissit dans les régions
centrales à cause d'une augmentation des précipitations. Or si la pente augmente, les vitesses d'écoulement
augmentent aussi. Beaucoup de chercheurs pensent que le recul de ces glaces pourrait s'emballer. »
Une déstabilisation du système arctique aurait de fortes conséquences sur la salinité des eaux de surface de
l'Atlantique nord. « Pour l'instant, la fonte des glaces du Groenland ne représente pas un gros apport d'eau
douce par rapport aux fleuves sibériens », nuance Gilles Reverdin, chercheur au Locean. La salinité des eaux
de surface est un paramètre très étudié par les océanographes. Celle-ci dépend des précipitations, des
courants de surface et des échanges avec les couches d'eau profondes. Or, « sur le long terme, une variation
importante de la salinité dans l'Atlantique nord pourrait avoir un impact négatif sur l'ensemble de la
circulation thermohaline, comme le ralentissement du Gulf Stream », poursuit le chercheur. En effet, qui dit
baisse de salinité dit perte de densité. Or, c'est justement un gain de densité qui permet aux eaux du Gulf
Stream de plonger aux hautes latitudes.
Depuis les années soixante-dix, les chercheurs ont mesuré une réduction de la salinité dans l'Atlantique au-
dessus des 45 degrés de latitude nord. Néanmoins, celle-ci semble remonter depuis cinq ou dix ans.
Variabilité naturelle ou premières observations d'un dérèglement climatique ? Dans un système qui fluctue
tout le temps, difficile de trancher. [...]
Document 4 : un océan plus corrosif
Autre phénomène observé par les chercheurs dans l'océan : l'acidification, conséquence directe de l'émission
de CO2 due à la frénétique activité humaine. Si l'influence de ce gaz sur le climat est encore difficile à
estimer, l'acidification de la mer ne laisse guère de place au doute. [...]. En 2005, une équipe internationale a
simulé la baisse de pH de l'océan au cours de ce siècle en fonction des scénarios d'émission de gaz
carbonique. Les résultats sont accablants : d'ici cinquante à cent ans, l'océan sera devenu corrosif pour de
nombreux organismes. L'aragonite, une forme de calcaire, sera soluble dans l'eau de mer, entraînant la
disparition d'animaux comme les ptéropodes, un groupe de mollusques planctoniques dont l'enveloppe est
faite de ce matériau. [...]. Pour la biodiversité, les conséquences sont incalculables. Ainsi, les ptéropodes sont
un élément fondamental de nombreuses chaînes alimentaires dans les hautes latitudes. [...].