SCOP Conférence sur la promotion des SCIC
Paris, le 15 novembre 2005 5
Henri LAURET
Ce colloque s’organisera autour de deux tables rondes. La première sera consacrée à
l’entreprise SCIC, ce multipartenariat permettant de développer des services d’intérêt
collectif, et elle sera l’occasion de recueillir des témoignages très différents, issus du terrain,
qui nous intéressent tous. Après avoir écouté les propos des intervenants, il vous sera possible
de les interroger. Je veillerai donc à ce que le débat s’installe.
Après une courte pause, la seconde table ronde, plus politique, nous permettra d’envisager la
SCIC comme un outil de partenariat public privé pour le développement des territoires.
L’actualité récente renforce encore l’importance de cet enjeu.
Alix MARGADO
Je voudrais évoquer rapidement la SCIC. En effet, décrire ce statut dans ses moindres aspects
pourrait prendre quelques heures et en tout état de cause, je crois que la plupart d’entre vous
le connaît. La mallette qui vous a été remise à votre arrivée contient une fiche qui présente les
neuf points-clés de cette forme particulière de coopérative.
En premier lieu, il convient de rappeler que SCIC signifie Société Coopérative d’Intérêt
Collectif. Chacun de ces mots à son importance. La SCIC est donc une société qui peut être
une SA ou une SARL, régie par l’ensemble des règles applicables à ces formes juridiques
outre celles qui s’appliquent spécifiquement aux coopératives. La loi de 1966 et la loi NRE
offrent donc leur cadre aux SCIC. Il ne faut pas l’oublier, car certains porteurs de projets, dans
leur enthousiasme, présentent des SARL à conseil d’administration. Or à cet égard, les
dérogations sont impossibles et des règles précises s’appliquent aux SCIC comme à
l’ensemble des SA et des SARL. La SCIC est par exemple tenue de déposer ses comptes au
greffe du tribunal, chaque année, et doit faire l’objet d’une inscription au registre du
commerce. Certains porteurs de projets, issus du monde associatif, n’ont pas ces réflexes. Par
ailleurs, contrairement aux associations, mais comme l’ensemble des sociétés, la SCIC doit
être dotée d’un capital social. Or certains porteurs de projet ignorent les détails de cette notion
de capital. Une annonce publique, il y a quelques mois, a fait connaître la possibilité de créer
une société au capital limité à un euro. Les spécialistes savent que cette annonce visait à
marquer la volonté des pouvoirs publics de ne pas brider les projets mais au contraire de
faciliter leur développement. En revanche, pour les non-spécialistes, cette annonce a eu des
effets dramatiques car trompeurs. En effet, dans une logique de société commerciale, il est
nécessaire de comprendre l’importance et le caractère indispensable du capital. En outre, le
contrat qui lie les sociétaires de la SCIC implique notamment la constitution d’un capital.
La SCIC est aussi une coopérative. En d’autres termes, cette forme de société présente des
particularités, qui sont décrites par la loi du 10 septembre 1947. Tout d’abord, au sein d’une
coopérative, chaque personne détient une voix et les réserves sont impartageables. Par
ailleurs, toutes les coopératives sont soumises au principe de la double qualité, qui est
particulièrement intéressant pour les SCIC. Ainsi, par exemple, les membres d’une
coopérative de consommateurs sont à la fois consommateurs et associés, et les membres d’une
SCOP à la fois salariés et associés. La SCIC, pour sa part, est également soumise au principe
du multisociétariat. Elle présente donc plusieurs doubles qualités, ce qui, pour certains, est un
signe d’hétérogénéité. Le multisociétariat constitue donc à la fois une des raisons d’être de la
SCIC et une source potentielle de fragilité.