Série : La Foi. Conférence : 12 - Celui qui rougira de Moi. Que faut-il entendre par rougir ? Ne pas oser manifester son accord sur la divinité de Jésus. Jésus demande à l’homme de s’accorder avec tous les signes qu’Il a fournis sur sa différence d’avec l’homme, mise à portée de notre amour par l’intermédiaire de son humanité traduisant cette différence. Aimer, c’est prendre parti pour la personne divine du Christ dans le domaine de la Vérité en Lui reconnaissant le droit de nous apprendre, par l’intermédiaire de la Foi, ce qui dépasse notre connaissance naturelle : - dans le domaine de la puissance sur la vie, le bien; sur la mort, ce qui dépasse nos moyens scientifiques; - dans le domaine de la destinée, ce qui nous situe dans un programme d’éternité bien audelà de notre destinée intellectuelle ou physique. Rougir du Christ, c’est Le dévaloriser dans Son existence personnelle, dans Sa puissance réservée, dans Son éternité nécessaire. Il y a donc à prendre conscience de ceci : Diminuer cette trilogie, amputer son intégrité, amollir sa consistance, décolorer sa virulence, c’est rougir du Christ. On peut fort bien rougir de quelqu’un en s’efforçant de le louanger, pour mieux éclipser ce que l’on ne veut plus reconnaître et faire disparaître ainsi le motif premier pour lequel il est appréciable. C’est, hélas, le comportement moderne d’une portion importante de l’Eglise, prêtres et laïcs, acharnés à décentrer le rôle essentiel de Jésus en le faisant glisser sur des rôles humains secondaires qui éclipsent la Divinité, détournent de sa puissance, déroutent notre destinée. La liturgie nouvelle passe son temps à rougir de la divinité du Christ (Epître aux Philippins), à rougir de sa différence d’avec les hommes : atténuation de sa transcendance dans des textes qui n’osent plus Lui conserver sa place, en la Lui retirant par la suppression des textes complets. On rougit du Christ en laissant tout le temps et partout une possibilité d’hésitation à Lui reconnaître qu’Il est le souverain Juge, tout en n’osant pas le nier. On rougit de Lui en escamotant la raison essentielle de sa mort : un sacrifice d’expiation pour la réalité de nos péchés et pour rendre gloire à Dieu en Lui rendant la première place sur le créé. Devant Son Père, Jésus n’aura pas à rougir de Pierre ayant renié sa divinité; au contraire : Se souvenant, une fois ressuscité, des émouvantes prises de position officielles de son cher premier Pape pour l’intégrité de sa divinité affirmée sans bavure, Il va précipiter la réconciliation par la triple question : «M’aimes-tu ?», dont la réponse formelle efface le reniement social du Christ, reniement dont Jésus voulait le regret, à cause du rôle social destiné au Pontificat : ne jamais renier ni la divinité, ni le contenu divin de l’enseignement humain de Jésus. Aujourd’hui, c’est infiniment plus grave : le reniement de l’homme ou de la divinité ? L’humanité de l’Eglise se rend-elle compte qu’en essayant d’inventer un nouveau catholicisme socialiste et marxiste - où elle décide du catholicisme en utilisant la base et la démocratie avant et aux dépens de ce qui caractérise le catholicisme issu de la divinité de Jésus, prioritairement reconnue - elle entraîne les croyants dans la danse macabre des liturgies et des formules qui mènent progressivement à rougir définitivement du Christ par l’apparition d’un nouveau protestantisme accordant à l’Eglise le droit de décider de la Foi, c’est-à-dire le droit de la faire disparaître, comme Luther l’a fait disparaître en s’inspirant tout le temps du moi FOI. L’Eglise nouvelle, socialiste, rougit de constater que Jésus a osé penser contre notre préférence du temporel, notre facilité à faire le mal, notre besoin de luxure. L’Eglise rougit de son Chef et les hommes d’Eglise rougissent entre eux d’avoir à situer le Chef au-dessus de l’humain, au-dessus du marxisme, au-dessus de la démocratie. C’est l’éclipse du sacré. Elle essaie de sauver le catholicisme qu’elle n’a pas su fièrement préserver du laïcisme, en fusionnant avec ce qui détruit le catholicisme, utilisant une perpétuelle confusion entre ses devoirs doctrinaux et ses politesses envers les pouvoirs. Elle le détache des attributs réservés à son Fondateur - pour lequel la chair n’est rien et le temps n’est que le véhicule du décisif et de l’éternel - tout en espérant y conserver les fidèles attachés par le sentimentalisme découvert en Jésus, dans la guitare pour Jésus, dans l’émotivité absurde des romantismes sacramentels. L’Eglise a la honte d’avoir perdu la partie par peur de l’affirmation jusqu’à la persécution et jusqu’au martyre. Elle y ajoute la honte des mots glorieux («Qu’il est grand, le Seigneur !») enveloppant un culte où l’attention vacille sur la certitude du sacrifice, sur celle de la Présence réelle, comme elle vacille sur la notion de péché, de pureté, de Vie, de Résurrection ou des anges. Elle préfère le «gars Jésus» à Jésus-Roi, nullement élu par la base... L’Eglise rougit de son Chef : - en Le dépossédant de Sa tiare intellectuelle, signe de son Pontificat éternel : la doctrine; - en Lui enlevant Ses privilèges glorieux : les clous, le vinaigre et les épines; - en socialisant Ses béatitudes dépouillées de leur secret spirituel pour vivre la pauvreté, pour finalement en faire le «gars Jésus», qui fait qu’on se bécote à l’Ite Missa Est, avec la confiance bêtasse qu’aimer Jésus-Christ, c’est aimer une humanité supérieure, avec dispense d’ailleurs d’imiter ce qu’elle a de supérieure, puisque le supérieur ne provient que d’une divinité à laquelle on interdit de parler ! On parle du catholicisme-syndicat et du catholicisme-démocratie. On prépare les croyants à croire que l’autorité vient du peuple, ce que l’Eglise a toujours condamné. «En vérité, en vérité, Je vous le dis...» Malgré vos messes appauvries, démunies de l’essentiel que l’Eglise y trouvait, avec vos communions sans confessions, vos confessions sans aveux, vos catéchismes sans précisions... «à Mon tour, Je rougirai de vous devant Mon Père...» Evêques, prêtres, religieux, supérieurs, religieuses, laïcs, écartez-vous de Moi; Je ne vous reconnais pas là, dans le tam-tam où vous M’appelez... Je ne vous reconnais pas dans une liturgie dont vous Me chassez ! Allez-vous-en là où on ne Me trouve plus jamais... Vous vous êtes servis de Moi pour faire la place au contraire de Moi ! La rencontre - que dis-je... - l’affrontement des deux visages : - visage de Judas et Visage de Jésus, quelle position poignante ! - visage de Festus et visage de Paul, - visage des Césars et visage des Vierges, - visage de Cauchon et visage de Jeanne d’Arc, - visages des fusillés et visages des dictateurs, ... quelle mise au point définitive... la mise au point des visages : le nôtre et le SIEN : - Visage dévoré par la lumière de Dieu, - Visage d’homme construit par Sa Mère pour beaucoup pleurer, - Visage d’intelligence impérieuse et certaine, - Visage de tendresse, de haute fermeté, ... reflétant l’infini comme l’eau des fontaines, nous regardant très droit, en n’importe quel lieu. Visage d’amour auquel on ne dissimule pas... Oser conserver sur son visage le reflet du Sien afin de ne pas mentir à Son Eglise, la Sienne... pas celle qui, presque ouvertement, pactise avec l’intrinsèquement pervers, utilisant Son autorité à dévaloriser le pervers dans l’espoir trop facile d’y retrouver le visage du Christ. C’est l’heure des fiertés spirituelles obligatoires, jusqu’aux semblants de désobéissance qui ne sont qu’une magnifique obéissance à ce qui existe avant l’usage dévié de l’autorité et qui s’appelle la vérité du Visage de Jésus. «Nous n’avons qu’une peur au monde», c’est d’apostasier en obéissant au contraire de Jésus. Beaucoup d’hommes d’Eglise rougissent du Visage de Jésus-Christ pendant que, dans les mines de sel, beaucoup rougissent le sol de leur sang en accord avec le Sang de Jésus. Et pourtant, la prudence élémentaire est d’affirmer la supériorité du Christ Dieu, de la Foi en Dieu, de l’affirmer effrontément. Aux prises avec les impératifs de la Foi, dans l’éducation, les parents ont mondainement rougi; dans la législation des affaires, nous rougissons de la morale catholique; dans les plaisirs, nous rougissons des expressions vertueuses; nous en sommes arrivés au comble de l’inconscience. Nos reculs, nos défauts, nous sont présentés comme un progrès démocratique, comme camouflant la régression de la connaissance exacte du catholicisme dans la vie temporelle et sociale. Rien n’est plus mesuré à la toise du «Je crois en Dieu» tel qu’il est, tel qu’il sera, tel qu’il devrait être : «Mes paroles ne passeront pas...» Il vous sera demandé compte jusqu’au dernier gramme de vos salades catholicosocialistes, jusqu’au dernier iota de vos bavardages catholico-marxistes dans lesquels le catholicisme n’est plus en cause pour sa valeur intrinsèque. En voulez-vous la preuve ? ... Votre jugement de réprobation sur les revues et sur les hommes intrinsèquement exacts avec la pensée de Jésus, avec sa transmission officielle à travers 20 siècles de Foi ... réprobation de pauvres bien-pensants timorés dont Jésus rougira devant Son Père, désolé d’avoir trouvé des échos si tendancieux dans l’application d’un enseignement si fier dans ses paroles si nettes ! L’urgence n’est plus d’établir une balance entre un mouvement qui se veut respectueux et un mouvement qui s’obstine dans la dissimulation du faux qu’il couvre de son autorité vraie... L’urgence est de s’affirmer pour l’affirmation traditionnelle de l’Eglise, que cette affirmation s’exprime par une attitude de combat ou de victime, de prédicateur ou de martyr, dans les deux cas nous rejoignons ceux qui ont toujours sauvé l’Eglise : les Docteurs et les Martyrs. On peut dévier comme apôtre, comme pasteur et comme pastorale, la soumission à la Vérité n’a jamais fait dévier les Docteurs et la libation du sang n’a jamais dévalorisé l’affirmation des Martyrs. C’est servir le Pape que de desservir le faux !