dévotionnelle traditionnelle chez les catholiques
, au-delà de la simple prière mentionnée au
début de la ligne 2.
On peut enfin comprendre que les mortifications constituent aussi une recherche de la
purification : Paulina a en effet une profonde conscience du péché originel (l.7) ; elle en a une
conception tragique (la faute est liée au simple fait de vivre, l.6) ; elle désire en même temps
la pureté... et pense justement l’acquérir par la souffrance
(l.5).
3) La dimension païenne. Il est frappant de remarquer que cependant la conscience religieuse
de Paulina ne se limite pas au catholicisme dans lequel elle évolue culturellement et
familialement. La seconde partie du texte, où Paulina communie avec la nature (l’herbe, l’eau
– l.13, le vent – l.14, les arbres de la cipressaia, le lac – l.17), est marquée par des références
aux religions antiques, païennes. Il est question de la mythologie et de ses créatures (l.14), des
« anciens dieux » (l.15)... Paulina se fond dans cet univers de « légendes » (l.15), s’y intègre
en pensant devenir une de ces créatures divines (une dryade
, l.16). De la même manière que
Paulina cherchait à imiter le Christ, on voit ici qu’elle cherche à s’introduire parmi le monde
des dieux...
Un autre lien symbolique fort avec la première partie est à retrouver dans la référence au
vent : il était présent à la ligne 3, on le retrouve à la ligne 14 : « Elle se croyait aimée par le
vent ». Dans ce contexte, le vent semble être une allusion significative au souffle divin, à la
spiritualité (spiritus en latin désigne le souffle et est à la racine des mots « esprit »,
« spirituel »...). Être aimée par le vent est donc l’équivalent d’être aimée par Dieu, comme
dans la première partie.
II – On découvre également que Paulina a une personnalité riche, complexe et sensuelle.
1) Une psychologie profonde et complexe. La personnalité précoce de Paulina est marquée
par divers traits frappants...
a – Une forte imagination. Paulina est une adolescente dont la « vie intérieure » (l.1) se
caractérise par l’imagination. Les dévotions de la première partie sont d’ailleurs présentées
comme le fruit de celle-ci : « elle imaginait » (l.4). La seconde partie montre une imagination
plus ludique et enfantine, exprimée notamment à travers l’utilisation à deux reprises du verbe
croire (lignes 14 et 16) qui révèle la capacité de Paulina à s’immerger dans l’illusion...
b – Une personnalité contradictoire et secrète. Affectivement, on constate que Paulina passe
par des moments très contradictoires, résumés par la phrase centrale, à la ligne 9. D’un côté
on constate la tendance obscure, la recherche de la souffrance, qui constitue une sorte de
maladie, puisqu’il est question de s’en guérir. D’un autre côté s’impose la gaîté, bien suggérée
par le cadre printanier et le comportement de l’adolescente dans la seconde partie. La
première ligne évoque un « esprit souterrain », ce qui nous fait comprendre que ces tensions
psychologiques, ces contradictions, sont cachées, gardées secrètes.
c – Un caractère bien trempé. La violence (l.1) et l’énergie de Paulina semblent se prolonger
par une force de caractère remarquable, révélée par le fait que le narrateur mentionne aux
ligne 9 et 10. Une jeune adolescente de treize ans, très surveillée, dans le contexte pourtant
très contraignant de la haute société italienne et catholique du XIXe siècle, parvient à imposer
à tous sa propre décision : quitter Milan.
L’imitation du Christ, celle de la Vierge ou celle des saints font partie des dévotions.
Se faire souffrir équivaut à se punir, et donc à payer pour la faute dont on cherche ainsi à se purifier, se
débarrasser.
Divinité des arbres dans la mythologie grecque.