Aide-mémoire SOUS EMBARGO JUSQU'À 11H00 GMT LE 6 JUILLET 2004 Les femmes et le SIDA – Un problème grandissant Au début de l'épidémie, les hommes étaient beaucoup plus nombreux que les femmes parmi les personnes infectées par le VIH. En 1997, les femmes représentaient 41% de toutes les infections à VIH. Aujourd'hui, près de 50% des personnes infectées dans le monde sont des femmes – près de 60% en Afrique subsaharienne. Les femmes sont physiquement plus sensibles à l'infection à VIH que les hommes – la transmission d'un homme à une femme pendant les rapports sexuels est deux fois plus fréquente que la transmission d'une femme à un homme. Les faits En Russie, où quelque 860 000 personnes vivent avec le VIH, les femmes constituent une proportion croissante des nouvelles infections à VIH – d'une infection sur quatre en 2001, à une sur trois un an plus tard. C'est en Afrique subsaharienne que la ‘féminisation’ de l'épidémie est la plus évidente : près de 60% des cas d'infection sont des femmes, et 75% des jeunes infectés sont des filles âgées de 15 à 24 ans. En Asie du Sud et du Sud-Est, les femmes représentent un peu moins de 30% de toutes les infections à VIH, soit une faible augmentation par rapport aux estimations de 2001. Un récent rapport du Yémen indique que 7% des professionnel(le)s du sexe y sont séropositif(ve)s. Dans la région, des études plus détaillées sont nécessaires pour déterminer les réalités du commerce du sexe, notamment lorsqu’il se pratique dans la rue, ainsi que leur contribution éventuelle à la propagation du VIH, parmi les professionnel(le)s du sexe et leurs clients d'abord, puis plus tard aux épouses et enfants de ces clients. Aux Etats-Unis, la moitié environ des 40 000 nouvelles infections annuelles se produisent chez des Africains-Américains, et les femmes représentent une proportion croissante de ces infections. Le SIDA est aussi la principale cause de décès pour les femmes africaines-américaines entre 25 et 34 ans. Un grand nombre de ces femmes n'ont pas de comportement à haut risque, mais contractent le VIH par des rapports sexuels non protégés avec leurs partenaires masculins, dont une proportion importante ont également des rapports sexuels avec des hommes ou s'injectent des drogues. Vulnérabilité en hausse Le mariage et les relations monogames de longue durée ne protègent pas les femmes du VIH. Au Cambodge, des études récentes ont montré que 13% des hommes en zones urbaines et 10% en zones rurales indiquent avoir eu des rapports à la fois avec des professionnel(le)s du sexe et avec leur épouse ou leur petite amie. En Thaïlande, une étude de 1999 a révélé que 75% des femmes infectées par le VIH avaient probablement été infectées par leur conjoint. Dans certaines situations, il semble même que le mariage augmente le risque d'exposition d'une femme au VIH. Dans certains pays africains, les adolescentes mariées de 15 à 19 ans ont des taux d'infection à VIH plus élevés que les femmes célibataires sexuellement actives du même âge. Besoins des filles et des femmes en matière de prévention Même si la vulnérabilité biologique des femmes est plus élevée, ce sont les désavantages juridiques, sociaux et économiques auxquels les femmes et les jeunes filles de la plupart des sociétés sont confrontées qui augmentent considérablement leur vulnérabilité au VIH. C'est pourquoi les approches adaptées au sexe sont essentielles dans la conception des programmes de prévention. La stratégie désignée sous l'appellation d'ABC de la prévention de la transmission sexuelle du VIH, fondée sur l'abstinence, la réduction des risques (par la fidélité ou la diminution du nombre des partenaires sexuels) et l'usage correct et systématique du préservatif, n'a qu'une valeur limitée pour les femmes et les jeunes filles en raison de leur manque de statut social et économique. De nombreuses femmes se voient refuser les connaissances et les outils qui leur permettraient de se protéger du VIH. Des enquêtes dans 38 pays ont révélé des niveaux extrêmement bas de connaissances relatives au VIH parmi les femmes de 15 à 24 ans. Traitement et prise en charge Il se peut que le système immunitaire des femmes réagisse différemment au VIH. En plus des nombreux malaises et maladies dont souffrent les deux sexes, les femmes séropositives ont une incidence plus élevée de cancer du col de l'utérus que les femmes qui ne sont pas infectées. En outre, lorsque les femmes sont sous traitement antirétroviral, elles ont parfois des effets secondaires plus importants. Malgré cela, lorsque femmes et hommes sont soignés de manière équitable, les différences dans les taux de survie entre les unes et les autres disparaissent. Toutefois, dans la plupart des régions du monde, les inégalités de pouvoir entre hommes et femmes font craindre que ces dernières ne se voient refuser un accès équitable et opportun aux options thérapeutiques. Dans de nombreux pays, les attitudes sexospécifiques dominantes font que les femmes et les fillettes sont les dernières sur la liste des priorités en matière de soins de santé. Il est courant que les époux et les anciens décident si les ressources de la famille doivent être consacrées à la santé ou si une femme peut se permettre d'abandonner ses tâches ménagères pour se rendre au centre de santé. Lorsque des membres de la famille des deux sexes sont infectés par le VIH, les besoins des hommes en matière de traitement sont souvent satisfaits en premier. Pour refléter la distribution mondiale du VIH par sexe, qui est proche de 50-50, les femmes devraient composer la moitié au moins des millions de personnes qui pourraient accéder aux antirétroviraux dans les pays en développement au cours des années à venir. Les communautés doivent surmonter les obstacles qui se dressent entre les femmes et le dépistage du VIH, notamment les violences qu'elles pourraient subir si leur test se révèle positif. Economie de la prise en charge Lorsque l'homme d'une famille tombe malade, l'épouse le soigne et assume d'autres tâches de soutien à la famille, mais lorsque les femmes tombent malades, ce sont d'autres femmes, plus âgées ou plus jeunes, qui interviennent pour les soigner et s'occuper des enfants affectés par le SIDA. La valeur donnée au temps, à l'énergie et aux ressources nécessaires pour cuisiner, nettoyer, faire les achats, laver ou s'occuper des jeunes, des malades et des anciens de la famille est appelée 'économie de la prise en charge’ ; elle est considérable et essentielle à la vie économique. Dans les pays en développement, 'le SIDA dans la famille' constitue un fardeau pour les femmes des communautés agricoles. En plus de l'entretien du ménage, de nombreuses femmes des zones rurales jouent un rôle important dans les activités économiques qui permettent de nourrir la famille, et les soins qu'elles apportent aux malades perturbent ce travail. Il est crucial de reconnaître l'économie de la prise en charge et de la soutenir par le biais de ressources suffisantes et de politiques favorables. Il existe des moyens de réduire le fardeau disproportionné que supportent les femmes dans les foyers affectés par le SIDA, un grand nombre d’entre eux sont semblables aux moyens utilisés pour lutter contre des inégalités sexospécifiques plus générales. Parmi les options susceptibles de résoudre les problèmes de l'économie de la prise en charge, on peut noter : les centres coopératifs de soins de jour et de nutrition, qui allègent la charge de travail des femmes ; l'assistance aux orphelins en matière de nutrition et d'éducation ; les soins à domicile pour les personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus, y compris les orphelins ; les projets de partage du travail et de production de revenus ; et des améliorations qui permettent aux foyers ruraux un meilleur accès au travail, à la terre, à des capitaux et à des compétences de gestion. La Coalition mondiale sur les femmes et le SIDA, menée par l'ONUSIDA, s'efforce d'améliorer le quotidien des femmes et des jeunes filles dans les pays en développement en réduisant leur vulnérabilité au VIH. _______________________________ Pour de plus amples informations, veuillez vous adresser à Dominique De Santis, ONUSIDA, Genève, tél. +41 22 791 4509 ou portable (+41 79) 254 6803, ou Abby Spring, ONUSIDA, Genève, tél. +41 22 791 4577 ou portable (+41 79) 308 9861 ou Michel Aublanc, Paris, tél. (+33 1) 69 286 286, ou portable: (+33) 608719795. Vous pouvez aussi consulter le site web de l'ONUSIDA, www.unaids.org, pour obtenir des renseignements supplémentaires.