Sébastiani déploya beaucoup d’habileté dans son ambassade, et décida Sélim III, dont il s'était
fait un ami, à faire alliance avec Napoléon et à déclarer la guerre à la Russie dès le 7
décembre 1806. Il avait eu à lutter, avant d’arriver à ce résultat, contre l’influence de
l’Angleterre, qui prodiguait ses subsides pour maintenir sa prépondérance en Turquie, et
contre la frayeur qu’inspirait aux ministres turcs la pensée d’une guerre avec la Russie.
Le gouvernement anglais, alarmé du traité conclu entre Sélim et Napoléon, donna à son
amiral Duckworth l’ordre de franchir les Dardanelles, et d’aller imposer au Sultan l’abolition
de ce traité. En janvier 1807, la flotte anglaise, forçant le passage des Détroits, vint jeter
l'ancre sur le Bosphore, en face du Sérail dans une attitude imposante, et demanda
impérieusement au Sultan de renoncer à l’alliance de la France, de renvoyer l’ambassadeur
français et de mettre l’escadre turque en dépôt entre les mains de l’Angleterre, jusqu’à ce
qu’un traité de quadruple alliance eût été conclu entre cette puissance, la Russie, la Turquie et
la Prusse.
Cette nouvelle consterna les Turcs, effrayés à l’idée de se voir engagés dans une guerre
maritime qui, en effet, eût été désastreuse pour eux et le Sultan, n’apercevant aucun moyen
d’échapper au danger qui le menaçait, écrivit au général Sébastiani qu’il se voyait, à regret,
forcé d’obtempérer aux ordres de l’amiral anglais, et de le prier de se retirer. Le général
répondit qu’il n’en ferait rien et attendrait avec confiance une décision plus digne du Sultan,
qu'il finit par convaincre de résister. Aussitôt il se mit à préparer des moyens de défense. On
avait ouvert avec l’amiral anglais des négociations qui, portant sur des détails de forme,
traînèrent en longueur et donnèrent le temps d'armer les batteries de la côte. Sous la direction
de l'ambassadeur de France, le peuple travailla avec ardeur et, en moins de cinq jours, 600
bouches à feu, cent chaloupes canonnières, une ligne de vaisseaux rasés et embossés
menacèrent l'escadre anglaise qui se hâta de repasser le détroit, non sans perdre deux corvettes
et 500 hommes (février 1807).
Ce succès diplomatique et militaire fut toutefois de peu de conséquence. En effet, Napoléon Ier
ayant trahi la Turquie dans un article secret du traité de Tilsit, la prépondérance russe et
anglaise finit par l'emporter. Sélim III fut déposé et Sébastiani, après avoir demandé son
rappel, quitta Constantinople le 27 avril 1808 et rentra en France au mois de juin suivant. Il
avait été élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur le 7 avril 1808.
Le jour même de sa nomination comme ambassadeur (2 mai 1806), il avait épousé Antoinette
Jeanne Françoise (dite Fanny) Franquetot de Coigny, fille du duc de Coigny, petite-fille du
second maréchal de Coigny, qui mourut en couches à Constantinople le 8 mai 1807 après
avoir donné naissance à une fille, Françoise Alterice Rosalba (dite Fanny) Sébastiani, née le
14 avril 1807.
Guerre d'Espagne (1808-1811) [modifier]
Le 22 août 1808, Sébastiani fut envoyé en Espagne comme commandant du 4e corps, et
concourut aux opérations de l'armée d'occupation sous les ordres du maréchal Lefebvre, qu'il
remplaça dans son commandement en janvier 1809.
Après forcé le passage de la Guadiana, il battit le duc de l'Infantado à la bataille de Ciudad
Real (27 mars 1809), il s'empara des dépôts d'armes que les Espagnols avaient constitués au
pied de la Sierra Morena et, revenant sur ses pas sur l'ordre du roi Joseph, il prit part à la
bataille indécise de Talavera.