Vous êtes déprimé: quelques conseils pour vous et votre entourage Depuis plusieurs semaines, vous vous sentez tout le temps fatigué, vous voyez tout en noir, vous dormez mat vous n'avez plus d'appétit, vous n'arrivez plus à vous concentrer Votre médecin a diagnostiqué une dépression. Qu'est-ce que la dépression ? Pourquoi moi? Vais-je guérir ? Quel va être le traitement ? Voilà des questions que vous vous posez peut-être et auxquelles ce livret va essayer de répondre. De plus, vous trouverez quelques conseils pour vous et votre entourage qui vous aideront à traverser cette période difficile. PREMIÈRE PARTIE - Qu'est-ce que la dépression? La dépression n `est pas un simple sentiment de tristesse mais une vraie maladie dont le diagnostic repose sur des symptômes connus que votre médecin recherche par l'interrogatoire. Les signes de la dépression La dépression se caracterise par * des troubles de l'humeur Le déprimé souffre d'une tristesse intense et permanente. Ses pensées sont pessimistes. Il se désintéresse de son environnement et de son entourage. Une baisse douloureuse de l'estime de soi peut l'amener à exprimer des sentiments d'indignité et de culpabilite. Enfin, surviennent parfois des idées ayant trait a la mort * une baisse de l'activité psychomotrice L'activité physique et intellectuelle du déprimé est ralentie. Ses gestes sont plus lents, sa démarche pesante, sa voix moins claire, l'association d'idées difficile, la concentration faible * une anxiété L'anxiété est souvent associée à la dépression. Elle se traduit par un sentiment de crainte et d'appréhension; * des signes physiques À la fois nombreux et fréquents, ils sont parfois peu spécifiques de la dépression. Les troubles du sommeil sont constants. Ils s'expriment le plus souvent par une insomnie (réveil précoce, difficulté d'endormissement ou réveil noctume) ou plus rarement par un allongement du temps de sommeil sans effet réparateur. Les troubles digestifs se traduisent généralement par une perte de l'appétit à l'origine d'un amaigrissement. Quelques patients présentent au contraire un besoin de manger. Les troubles sexuels sont fréquents. Ils se manifestent par des troubles du désir, une impuissance chez l'homme et une frigidité chez la femme. Enfin, Le déprimé se plaint souvent de maux très divers: palpitations, vertiges, spasmes, maux de tête, douleurs variées Qui est déprimé? La dépression peut affecter n'importe qui, à n'importe quel moment de sa vie En France, on estime que 10% des hommes et 20% des femmes ont fait, font ou feront un episode dépressif. C'est énorme. L'importance de ces chiffres a conduit l'OMS à considérer la dépression comme une priorité de Sante publique. La dépression touche toutes les catégories socioprofessionnelles. Elle est presente en ville comme en zone rurale, l'absence d'emploi (chômage, femme au foyer ...) étant un facteur favorisant. La dépression concerne tous les âges de la vie. De l'enfant à la personne âgée, chacun peut un jour présenter un épisode dépressif, la tranche d'âge 18-45 ans étant la plus vulnérable. Facteurs de risque Il est rarement possible d'avancer une cause unique a l'état depressif. Cependant, la recherche d'éventuels facteurs déclenchants doit être envisagée avec le patient et son entourage, pour une meilleure approche de la maladie. Les facteurs les plus souvent rencontrés sont La survenue d'événements stressants La perte d'un proche, une separation affective, le chômage, la mise à la retraite ... peuvent favoriser la survenue d'un état dépressif. Cependant, aucun d'eux ne peut expliquer à lui seul le déclenchement d'un état pathologique qui n'est pas à confondre avec la tristesse légitimement ressentie à l'occasion de telle ou telle épreuve * la personnalité Il apparaît clairement que certaines personnes sont plus vulnerables que d'autres. Le manque de confiance en soi, la dépendance vis-a-vis de l'entourage accentuent le risque de faire un épisode depressif; * l'hérédité Il est frequent de retrouver des antécédents depressifs familiaux chez les deprimes * certaines pathologies Le cancer, l'infarctus du myocarde, l'accident vasculaire cérebral ainsi que l'abus d'alcool ou de toxiques augmentent le risque dépressif. DEUXIÈME PARTIE - Comment s'en sortir? Parce que la dépression est une vraie maladie, qui s `accompagne de souffrances intenses contre lesquelles la volonté ne peut rien, elle nécessite une aide médicale. Les mesures thérapeutiques sont essentiellement medicamenteuses et psycbothérapiques. Plus rarement, une prise en charge hospitalière peut s'avérer nécessaire. Aujourd'hui, la dépression se soigne et se guérir. Elle a un début et une fin si l'on accepte un suivi médicaL Consultez votre médecin Seul votre medecin peut reconnaître une dépression et vous proposer un traitement adapté. Si cela vous est possible, rendez-vous chez lui accompagné d'un proche. Son témoignage peut l'aider dans le diagnostic et le choix de la thérapie. La prise en charge de la dépression repose sur un traitement médicamenteux specifique et une aide psychologique. Des consultations regulières permettront au médecin d'adapter le traitement, d'analyser les circonstances de survenue de la depression et de vous aider dans les difficultes personnelles que vous rencontrez. Pour prévenir le risque de rechute, un suivi medical sera assure au moins pendant les 6 mois qui suivent la guérison de la dépression. Suivez scrupuleusement la prescription médicale Le traitement de la dépression relève de médicaments spécifiques les antidépresseurs. Ces derniers permettent une amélioration de l'humeur en agissant sur les neurotransmetteurs, substances présentes naturellement dans le cerveau, qui permettent aux cellules nerveuses de communiquer entre elles tout en les stimulant ou les inhibant. Les antidépresseurs sont nombreux. Le choix de votre médecin repose sur l'analyse des symptômes observés et sur ce qu'il connaît de vous. Quel que soit l'antidépresseur prescrit, il ne sera actif que s'il est pris avec régnlarité. La résistance d'un état dépressif à la prescription médicale est très souvent liée à une mauvaise observance du traitement. L'efficacité des antidépresseurs n'est cependant pas immédiate. Un délai d'au moins 2 semaines est nécessaire pour ressentir une amélioration, celle-ci étant plus marquée aux 3e et 4 semaines de traitement. Après disparition de la symptomatologie, le traitement doit être prolongé pendant plusieurs mois pour obtenir une gnérison complète. Il n'y a aucun risque à prendre un antidépresseur pendant plusieurs mois alors qu'arrêter son traitement précocement, sans avis médical, peut conduire à une rechute. Untraitement par antidepresseurs ne doit être interrompu sous aucun prétexte, même si des problèmes de tolérance apparaissent. Tout médicament efficace a son lot d'effets indesirables les antidépresseurs n'échappent pas à la règle. Ils peuvent occasionner une constipation, des troubles de la libido, une sécheresse de la bouche, des sensations de vertige ou une certaine somnolence, surtout en debut de traitement. Toutefois, si des symptomes gênants persistent, signalez-les à votre medecin. Un traitement antidépresseur doit être compatible avec une vie normale. En outre, un tranquillisant et/ou un somnifère peuvent être associes, par votre medecin, à l'antidépresseur, le plus souvent en début de traitement, pour apaiser l'anxiéte et induire lendormissement. Aucun autre medicament ne sera pris sans en informer prealablement le médecin. La psychothérapie: une aide supplémentaire La psychothérapie permet un accompagnement psychologique du patient déprimé, élément essentiel de la prise en charge de toute dépression. Proposee en complement d'un traitement antidépresseur, elle peut potentialiser son efficacité et répondre à des attentes du patient que la médication ne peut satisfaire (recherche du sens de la dépression, désir de compréhension de ses mécanismes et de ses origines ...). La psychothérapie est également un moyen de prévention des rechutes dépressives, en modifiant de façon durable certains types de comportement ou modes de pensée favorisant la dépression. L'hospitalisation: une solution parfois nécessaire TROISIÈME PARTIE Certains symptômes de la dépression, la nécessité d'examens complémentaires, un contexte existentiel peu favorable (conflit familial, surmenage professionnel ...) ou encore l'échec de divers traitements menes à domicile peuvent conduire le medecin a proposer l'hospitalisation. En effet, l'hospitalisation est le plus sûr moyen de veiller sur le malade, de lui donner les soins appropriés, de contrôler la tolérance et l'efficacité d'un traitement. Si une hospitalisation est proposée et expliquce par votre medecin, faites-lui confiance. Ce choix est dicté par son expérience professionnelle. La convalescence: une étape à respecter Vous vous sentez mieux, la tristesse et le dégoût de vivre vous ont quitté, vous avez retrouvé le sommeil et l'appétit, vous faites à nouveau des projets...: vous êtes sur la voie de a guérison. Attention, vous êtes cependant encore fragile. La convalescence est une étape importante qui vous permettra de reprendre dans quelques semaines une vie active. Pour cette convalescence, un changement de lieu peut être envisagé maison de repos, séjour à la campagne... Le lieu en lui même a peu d'importance. À l'inverse, la présence d'un environnement affectif favorable sera très benéfique. Si vous optez pour une convalescence en dehors de votre domicile, n'oubliez pas d'en informer le medecin conseil de la Securité sociale. Le temps de la convalescence depend des besoins et des possibilires de chacun (contraintes professionnelles, familiales ...). Cependant, il doit être suffisamment long pour permettre une reprise de la vie active dans de bonnes conditions. Quels que soient le lieu et la durée de la convalescence, vous devez imperativement continuer à prendre vos médicaments et à voir regulièrement votre medecin. En effet, pour limiter le risque de rechute, il est indispensable de poursuivre le traitement à la même posologie pendant, au minimum, les 4 à 6 mois qui suivent la guérison. Quelques conseils Pour une bonne évolution de son état, le déprimé a besoin de se sentir entouré par ses proches. La dépression est donc une pathologie éprouvante â la fois pour le déprimé et son entourage. Les quelques conseils qui suivent sont lâ pour vous aider, vous et votre entourage, dans cette épreuve. Pour vous * Soyez indulgent avec vous-même La dépression se traduit par une fatigue physique et un ralentissement intellectuel. Il est donc normal que vous soyez moins actif et moins performant qu'auparavant. Patience, cet etat n est que transitoire si vous vous soignez. * Suivez bien votre traitement Pour la bonne evolurion de la depression, il est indispensable que vous vous conformiez a la prescription medicale. Si vous tolérez mal votre traitement, parlez-en à votre medecin. Toutes modifications de posologie, tout arrêt de traitement ou changement de médicaments doivent être faits en accord avec lui. * Parlez de votre dépression Vous êtes libre d'informer ou non votre entourage. Il apparaît cependant préférable d'en parler avec vos proches (conjoint, famille, amis). Ils peuvent vous aider et comprendront mieux votre comportement actuel. * Reposez-vous Le repos est nécessaire pour sortir de la dépression. Celui-ci sera adapté aux besoins et possibilités de chacun. * Optez pour une reprise en douceur Après des semaines difficiles, vous commencez à vous sentir mieux. Progressivement, reprenez quelques activités (marche quotidienne, courses .), donnez-vous des objectifs à la hauteur de vos possibilités, renouez avec vos proches * Ne prenez pas de décision engageant l'avenir Parce que vous n'êtes pas au mieux de votre forme, le moment n'est pas opportun pour décider d'un déménagement, d'un changement d'emploi, d'une rupture affective ... * Sachez contacter votre médecin Si vous avez des questions, des incertitudes, un besoin de conseils, n hésitez pas à interroger votre médecin. Il est la pour vous aider. * Évitez les boissons alcoolisées L'alcool est un faux ami. Il n'assure qu'un "bien-être" fugace. De plus, les médicaments et l'alcool ne font pas bon menage. Pour votre entourage * En accord avec le déprimé, contactez le médecin Le médecin peut vous aider a mieux comprendre le comportement du déprimé ainsi que l'attitude à adopter. Il est là pour répondre à vos questions, vous délivrer de vos appréhensions. De plus, votre témoignage peut l'aider dans son diagnostic et dans sa prescription. * Montrez-vous compré hensif et confiant La dépression est une maladie. La personne déprimée souffre. Elle ne fait pas exprès d'être lente, de ne pas réagir comme avant. Rappelez-lui que vos sentiments à son égard restent les mêmes, que la dépression se soigne, qu'elle va sortir de cette mauvaise passe. * Soyez présent et attentionné Vous pouvez aider la personne déprimée à retrouver peu à peu le sourire et une activité normale. Pour cela, laissez-vous gnider par votre bon sens et votre affection. * Suggérez sans imposer Demandez-lui ce qui lui ferait plaisir un plat, une promenade ... mais ne decidez pas tout à sa place. Encouragez-la dans ses initiatives mais ne la forcez pas. La personne déprimée doit retrouver progressivement des sensations et des envies personnelles, une confiance en elle-même. * Evitez ces quelques phrases "Tu devrais te changer les idees" "C'est une question de volonté" "Il faut y mettre du tien" "Secoue-toi. Fais un effort" "Tu t'ecoutes trop" "Prends sur toi" "Pourtant, tu as tout pour être heureux" "Ton bilan de santé est normaL Tu n'as rien' Loin d'aider le déprimé, ces formules renforcent son sentiment d'impuissance et la vision négative qu'il a de lui-même. Les bannir de votre vocabulaire, c'est faire preuve de comprehension. * Veillez au bon suivi de la prescription Pour guerir, une dépression doit être soignée. Si besoin, sachez redire au déprime les conseils de son médecin et lui rappeler la prise de son médicament. Beaucoup de dépressions se prolongent par un mauvais suivi du traitement. * N'en faites pas trop Désireux d'aider le déprimé dans sa maladie, vous l'entourez de votre mieux sans ménager votre peine. Pour ne pas craquer à votre tour, prenez le temps de vous distraire et de vous détendre.