THEME GENERAL: INTEGRATION REGIONALE EN AFRIQUE THEME DE L’ETUDE : Rôle de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans le processus d’intégration Régionale: Cas des Pays de la CEMAC et de l'UEMOA. Sous-thème : Les enjeux du commerce et des unions monétaires en Afrique ii LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES ACP : Afrique Caraïbes Pacifique APE : Accord de partenariat économique AsA : Accord sur l’Agriculture BM : Banque mondiale BEAC : Banque des États d’Afrique centrale BM : Banque Mondiale CEEAC : Communauté économique des États de l’Afrique Centrale CEMAC : Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique Centrale FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation FMI : Fonds monétaire international GATT : Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce IFI : Institutions financières internationales OMC : Organisation mondiale du Commerce PIB : Produit intérieur brut PMA : Pays les moins avancés PNB : Produit National Brut TEC : Tarif Extérieur Commun UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest Africain iii LISTE DES FIGURES/GRAPHIQUES TABLEAU 1 : STRUCTURE DE L’OMC ............................................................................................................................. 6 TABLEAU 2 : BILAN DES PROCEDURES DE REGLEMENTS DES CONFLITS. .................................................................... 10 TABLEAU 1 : LE TARIF EXTERIEUR COMMUN DE LA CEMAC ....................................................................................... 24 TABLEAU 2 : NIVEAU DU TEC POUR DES PRODUITS AGRICOLES ................................................................................ 24 TABLEAU 3 : TAUX DE CROISSANCE DU PIB EN TERMES REELS DANS LA CEMAC ....................................................... 26 TABLEAU 4 : CONTRIBUTION DES SECTEURS A LA CROISSANCE DU PIB REEL DANS LA CEMAC .................................. 27 TABLEAU 5 : REPARTITION SECTORIELLE DU PIB DANS LA ZONE CEMAC (EN %) ........................................................ 27 TABLEAU 6 : LES ECHANGES AGRICOLES INTRA-CEMAC, EN 2003, EN MILLIONS DE FCFA .......................................... 29 TABLEAU 7 : ÉCHANGES EXTRA-CEMAC PAR PRINCIPALES BRANCHES D’ACTIVITES (EN % DE LA VALEUR DE CHANGE). .................................................................................................................................................................. 31 TABLEAU IV.2. N° 1 : ORIGINE DES IMPORTATIONS EN 1996 (EN % DE LA VALEUR TOTALE CAF) ................................. E TABLEAU IV. 2. N° 2 : DESTINATION DES EXPORTATIONS EN 1996 (EN % DE LA VALEUR TOTALE) ............................... E TABLEAU IV.2. N° 3 : MIGRATIONS EN AFRICAIN DE L’OUEST ...................................................................................... F TABLEAU IV.2. N° 4 : PIB, POPULATION, TAUX MOYENS DE PROTECTION ET REVENUS FISCAUX POUR 1996 .............. F iv SOMMAIRE AVANT PROPOS.......................................................................................................ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES ................................................................................................................. III LISTE DES FIGURES/GRAPHIQUES .............................................................................................................................. IV SOMMAIRE ................................................................................................................................................................ V INTRODUCTION GÉNÉRALE ......................................................................................................................................... 1 TITRE I : ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC) ...................................................................................... 2 I. 1. HISTORIQUE DE LA CRÉATION DE L’OMC .................................................................................................................. 3 II. 2. RÔLE DE L’OMC........................................................................................................................................................ 4 II. 3. FONCTIONNEMENT DE L’OMC. ............................................................................................................................... 5 II. 4. CRITIQUES ET CONFLITS........................................................................................................................................... 7 TITRE II : INTÉGRATION RÉGIONALE .......................................................................................................................... 12 II. 1. DÉFINITIONS ET OBJECTIFS. ................................................................................................................................... 13 II. 2. ÉLÉMENTS THÉORIQUES SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE ................................................................................... 13 II. 3. ÉTAPES DE L’INTÉGRATION.................................................................................................................................... 14 II. 4. FACTEURS DE L’INTÉGRATION .............................................................................................................................. 16 II. 5. IMPACTS ÉCONOMIQUES DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE.................................................................................... 16 TITRE III : INFLUENCE DES ACCORDS DE L’OMC SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE ...................................................... 18 III. 1. POSITION DE L’OMC FACE À LA RÉGIONALISATION .............................................................................................. 19 III. 2. L’IMPUISSANCE DE L’OMC .................................................................................................................................... 20 III. 3. LA COMPATIBILITÉ DE LA RÉGIONALISATION AVEC LES RÈGLES DE L’OMC .......................................................... 21 TITRE IV : QUELQUES EXEMPLES D’INTÉGRATION RÉGIONALE .................................................................................. 22 IV. 1. CAS DE LA CEMAC (COMMUNAUTE ÉCONOMIQUE DES ÉTATS DE L’AFRIQUE CENTRALE) .................................................... 23 IV. 2. CAS DE L’UEMOA (UNION ÉCONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAIN) ..................................................................... 31 CONCLUSION GÉNÉRALE ........................................................................................................................................... 36 BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................................................... A ANNEXE .......................................................................................................................................................................B ANNEXE I : SITUATION DES PAYS MEMBRES DE L’OMC ...................................................................................................C ANNEXE II : TABLEAUX EXPLICATIF DES CARACTÉRISTIQUES D’INTÉGRATION DE SOUS-RÉGION UEMOC. .................... E v INTRODUCTION GÉNÉRALE Face au contexte de compétition internationale de plus en plus croissante, des États, petits ou grands, sont contraints de rechercher une taille critique à travers diverses initiatives d’intégration économique. Ce phénomène se justifie dans une grande mesure par le souci des États, d’une part, d’échapper à une marginalisation commerciale et, d’autre part, par leur volonté de faire entendre leurs voix dans les négociations internationales et plus particulièrement au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Nous assistons ainsi à la constitution à travers le monde de grands ensembles tels que l’Union Européenne, l’ALENA, le MERCOSUR,… L’Afrique n’est pas en reste de ce mouvement. Le continent est également riche en accords régionaux commerciaux : la CEMAC, la CDEAO et la SADC en sont des exemples. Dans le cadre de notre travail, nous nous sommes posé, d’une part, la question de savoir si l’intégration est un facteur de développement. D’autre part, nous nous sommes demandé si les principes de l’intégration régionale vont dans le sens du libre-échange prôné par l’OMC, quelle est la position de l’OMC face à l’intégration régionale. Pour répondre à ces préoccupations, nous avons organisé notre travail de la manière suivante : la première partie est consacrée à l’Organisation Mondiale du Commerce. Nous traiterons dans cette partie de l’historique de l’institution et des principaux accords qu’elle a élaborés pour régir le commerce international. Ensuite nous nous intéresserons à la notion d’intégration régionale. Il s’agira à ce niveau de présenter, d’une part, la définition, les objectifs et les étapes d’une intégration ainsi que les théories qui sous-tendent le concept. Nous évoquerons, d’autre part, les facteurs de l’intégration régionale, les impacts économiques liés au phénomène et nous analyserons aussi la position de l’OMC par rapport aux processus d’intégration. Enfin, nous présenterons un cas pratique sur les impacts de l’intégration économique en zones UEMOA et CEMAC. 1 TITRE I : ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC) 2 L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC, ou World Trade Organization, WTO, en anglais) est une organisation internationale qui s'occupe des règles régissant le commerce international entre les pays. Au cœur de l'organisation se trouvent les Accords de l'OMC, négociés et signés (à Marrakech) par la majeure partie des puissances commerciales du monde et ratifiés par leurs parlements. Le but est d'aider, par la réduction d'obstacles au libre-échange, les producteurs de marchandises et de services, les exportateurs et les importateurs à mener leurs activités. Bien qu’étant une agence spécialisée indépendante, les organisations suivantes ont le statut d'observateur auprès du Conseil général de l’OMC : Organisation des Nations Unies (ONU) ; Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ; Fonds monétaire international (FMI) ; Banque mondiale ; Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ; Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ; Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le siège de l'OMC est au Centre William Rappard, Genève. Le poste de directeur général de l’organisation a été occupé successivement par : Peter Sutherland de 1993 à 1995 ; Renato Ruggiero de 1995 à 1999 ; Mike Moore de 1999 à 2002 ; Supachai Panitchpakdi du 1er septembre2002 au 31 août 2005 et ; Pascal Lamy, le directeur général actuel, depuis le 1er septembre2005. I. 1. HISTORIQUE DE LA CRÉATION DE L’OMC En 1946, 56 pays ont décidé de créer l’OIC (Organisation internationale du commerce). Et en 1948, au moment de la signature des traités, plusieurs pays dont le congrès américain s’y opposent et l’OIC ne rentrera donc jamais en vigueur. Au cours de la même année, 23 pays créent une autre organisation appelé GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, ou Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, en français). I. 1.1. Les objectifs du GATT. Le GATT a pour objectifs : l’abolition des contingentements (c’est-à-dire la quantité maximale qui peut être importée ou exportée) ; la diminution des droits de douane entre les parties signataires. 3 Jusqu’en 1994, le GATT était le seul instrument régissant le commerce mondial. I. 1.2. La création de l’OMC Le 15 avril 1994, l’ « Uruguay Round » signé à Marrakech, permet une libéralisation des échanges mondiaux, procède à une refonte des règles du Commerce international et aboutit à la création de l’OMC à la place du GATT, le 1er Janvier 1995. La création de l’OMC découle principalement : des négociations qui se sont tenues de 1986 à 1994 dénommées le Cycle d’Uruguay ; des négociations antérieures qui ont eu lieu dans de cadre de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). II. 2. RÔLE DE L’OMC II. 2.1. Ses missions L'OMC s'occupe du commerce : des marchandises (lutte contre le dumping, les subventions, les mesures sanitaires, …) ; des services ; des biens agricoles (ASA) et industriels, et de la propriété intellectuelle (les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC)). Il existe d’autres accords dit « plurilatéraux » dans des domaines plus spécifiques et qui ne concernent qu'un nombre limité de pays. Il s'agit : des aéronefs civils (Boeing, Airbus, Embraer, Bombardier, etc.) et les marchés publics. Les produits laitiers et la viande bovine sont deux domaines politiquement sensibles et qui n'ont pas pu encore être réglés par l'OMC. II. 2.2. Son principal objectif Son principal objectif est de favoriser autant que possible l’harmonie, la liberté, l’équité et la prévisibilité des échanges, pour améliorer le bien-être des populations de la planète. Les missions importantes de l’OMC sont les suivantes : Administrer les accords commerciaux ; Servir de cadre aux négociations commerciales ; Régler les différends commerciaux ; Examiner les politiques commerciales nationales ; Aider les pays en développement dans le domaine de la politique commerciale par le biais de l’assistance technique et des programmes de formation ; Coopérer avec d’autres organisations internationales. II. 2.3. Les avantages de l’OMC 4 Les 10 principaux avantages de l’OMC sont : 1. 2. 3. 4. 5. Le maintien de la paix ; Le traitement des différends de façon constructive ; Son fondement sur des règles et non sur des rapports de force ; La diminution du coût de la vie suite à la libéralisation des échanges ; L’offre de plus de choix aux consommateurs et l’élargissement de la gamme de produits proposés ; 6. L’augmentation des revenus due au commerce ; 7. La stimulation de la croissance économique par le commerce ; 8. L’efficacité du système des échanges et réduction des coûts ; 9. La mise à l’abri des gouvernements des intérêts particuliers des autres Etats ; 10. L’encouragement des pratiques de bonnes gouvernances. II. 3. FONCTIONNEMENT DE L’OMC. L’OMC est dotée d’un « pouvoir judiciaire », l’Organe de règlement des différends (ORD), auprès duquel les pays qui s’estiment lésés peuvent porter plainte. II. 3.1. Ses accords Au sein de l’organisation existent divers accords concernant l’ensemble des domaines liés au commerce : Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), toujours en vigueur mais appelé désormais « GATT 1994 » ; Accord général sur le commerce des services (AGCS, en anglais GATS) ; Accord sur l’agriculture ; Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC, en anglais TRIPS) ; Accord sur les mesures concernant l’investissement et liées au commerce (en anglais TRIMS) ; Accord sur les obstacles techniques liés au commerce (en anglais TBT) ; Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (en anglais SPS). Les accords de l’OMC permettent aux pays membres de gérer un système commercial non discriminatoire qui énonce leurs droits et leurs obligations. Chaque pays obtient une assurance que ses exportations bénéficieront constamment d’un traitement équitable sur les marchés des autres pays et promet à son tour de traiter ainsi les importations arrivant sur son propre marché. 5 II. 3.2. Le but principal de l’OMC L’OMC est avant tout un cadre de négociation, un lieu où les gouvernements membres se rendent pour essayer de résoudre les problèmes commerciaux qui existent entre eux. La première étape consiste à discuter. Ces négociations demandent des moyens importants pour pouvoir être suivies efficacement par les membres de l'organisation (juristes, experts, etc.). L'OMC fonctionne sur un mode démocratique au sens où chaque État représente une voix, quel que soit son poids politique ou économique. II. 3.3. La structure de l’OMC Tableau 1 : Structure de l’OMC NIVEAU 1 NOM SE RÉUNISSENT… Conférence ministérielle Tous les 2 ans 2 Conseil général Plusieurs fois par an, environs 2 fois par an 3 Conseil du commerce : des marchandises des services des aspects des droits de propriété intellectuelle 4 Comités spécialisés Groupes de travail Groupes d’experts 5 Secrétariat OU ? QUI EST PRÉSENT ? LEUR RÔLE Les représentants de tous les pays membres Au siège de l’organisation à Genève Les ambassadeurs Les chefs de délégation (parfois fonctionnaire haut placés) Genève Prennent les décisions de l’OMC Traitent les questions relevant de tout accord commercial multilatéral Examinent les politiques commerciales des membres et règlent les différends Supervisent la mise en œuvre des procédures de règlement des différends Les représentants de tous les pays membres Toute l’année 630 fonctionnaires et à sa tête le directeur général 6 Présentent des rapports au Conseil général Supervisent le fonctionnement des accords de l’OMC S’occupent des différents domaines : Environnement Développement Accords commerciaux régionaux Candidatures à l’OMC … Fournissent un appui technique aux différents conseils et comités ainsi qu’aux conférences ministérielles Analysent le commerce mondial II. 3.4. Sommets tenus par l’OMC En 1996, la première conférence ministérielle se tient à Singapour. Lors de cette première rencontre, il est décidé de créer trois nouveaux groupes de travail. Un sur le commerce et l'investissement, un sur l'interaction du commerce et de la politique de la concurrence et un sur la transparence des marchés publics. Ces sujets sont généralement désignés sous le nom de « questions de Singapour ». En 1998, la 2e conférence ministérielle se tient à Genève. Le commerce électronique est ajouté au programme de travail de l'OMC. En 1999, la troisième conférence ministérielle, à Seattle aux États-Unis, s'est conclue sur un échec, les délégations des cent-trente-cinq pays membres se séparant sans lancer le cycle du « millénaire ». Les pays du Sud forment pour la première fois un bloc de négociation. En 2001, la quatrième conférence ministérielle, à Doha, au Qatar, marque le début du cycle de Doha, du programme de Doha pour le développement et du lancement d'un programme de négociations sur trois ans, comprenant notamment les services. La question de l'accès des pays les plus pauvres aux médicaments s'est trouvée au centre des discussions, ce qui permet leur ralliement au principe de l'ouverture d'un nouveau cycle. En 2003, la cinquième Conférence ministérielle de l'OMC, à Cancún, au Mexique, marque le second échec en quatre ans, principalement à cause de l'opposition entre grandes puissances et G22 sur le dossier agricole. En 2005, la sixième Conférence ministérielle de l'OMC, à Hong-Kong, débouche sur un accord sur la suppression, d'ici à 2013, des subventions aux exportations agricoles. II. 4. CRITIQUES ET CONFLITS II. 3.1. Critiques à l'encontre de l'OMC. Depuis la fin des années 1990, l'OMC a été l'objet de critiques de la part des mouvements alter-mondialistes qui lui reprochent de promouvoir la mondialisation de l'économie et la libéralisation du commerce. Les traités signés sont accusés de plus favoriser les entrepreneurs des pays riches que les salariés ou les pays pauvres. Cette organisation internationale est une de celle qui a le plus mis en place d'accords pour supprimer les droits de douane entre les pays, mais son action économique se limite à la lutte contre le protectionnisme douanier, l'OMC ne pouvant rien en revanche contre le protectionnisme monétaire et les manipulations de change de certains pays. Certains considèrent que l'adhésion à l'OMC peut s'assimiler à une récompense pour "bons comportements" économiques. Le Vietnam a ainsi rejoint l'organisation le 11 janvier 2007 mais la Russie en est toujours absente de nos jours. 7 Beaucoup critiquent aussi la différence de traitement entre sa capacité à faire appliquer les réformes en matière de commerce (notamment suppression des droits de douanes) en comparaison du peu d'intérêt qu'elle manifeste à faire respecter les droits fondamentaux sociaux et éthiques (pas de règle sur les salaires, sur l'environnement, sur les droits syndicaux, etc.). Certains contestent le caractère démocratique de l'OMC en avançant que son mode de fonctionnement favorise les pays riches capables de mener de front des dizaines de dossiers simultanés. Les décisions se prenant en suivant le principe du « Qui ne dit mot consent », les petits pays qui ne disposent que d'un seul représentant pour gérer tous les dossiers seraient donc la plupart du temps consentants malgré eux. L'OMC ferait du commerce une valeur suprême qui serait la source d'un conflit de droits avec des normes internationales en matière de Droits de l'homme, de protection sociale et environnementale, de protection de la santé, de protection sanitaire, bien que les accords du GATT précisent explicitement des exceptions à ces fins. Les altermondialistes se fondent sur ces aspects pour accuser l'OMC de promouvoir le néolibéralisme et une mondialisation discriminatoire. Ils mettent en débat la nécessité de remettre le commerce à ce qu'ils considèrent sa juste place en obligeant l'OMC à mieux coordonner ses décisions à d'autres aspects du droit international via son rattachement à l'ONU. Au contraire, certains économistes, comme Joseph E. Stiglitz, voient dans l'OMC une organisation développant les principes du mercantilisme commercial et dénaturant profondément ceux du libre-échange. L'OMC est critiquée par les libéraux qui lui reprochent d'organiser non pas le libre-échange, mais la régulation des échanges, et d'être ainsi le reflet des points de vue mercantilistes des hommes politiques. II. 3.2. Principaux conflits réglés au sein de l’OMC. L'OMC s'est dotée d'un « pouvoir judiciaire », l'Organe de règlement des différends (ORD), auprès duquel les pays qui s'estiment lésés peuvent porter plainte. Une procédure permet de régler les conflits entre les États membres. Elle est avant tout basée sur la négociation. II. 3.2.1. Procédure de règlement des conflits. En cas de différend entre deux États membres, la partie plaignante peut demander à entamer des consultations avec l'autre partie, dans le but de trouver un règlement à l’amiable au conflit. Cette demande doit être notifiée à l'ORD (Organe de règlement des différends). Les autres États membres, qui témoignent d'un intérêt commercial substantiel à suivre ces consultations, peuvent obtenir l'autorisation d'y participer en qualité de tierce partie (près d' 1/4 des conflits sont réglés par le mécanisme des consultations). En l'absence de solution à l’amiable, la partie plaignante peut demander à l'ORD d'établir un "groupe spécial" (panel). Le groupe spécial est en général constitué de trois personnes, proposées par le secrétariat de l'OMC. Il a pour mission d'examiner, à la lumière des dispositions 8 pertinentes des accords de l'OMC, la question portée devant l'ORD et de faire des constatations propres à aider l'ORD à formuler des recommandations. Les autres États membres qui démontrent l'existence d'un intérêt commercial substantiel peuvent se porter tierce partie et présenter des communications écrites au panel. Le groupe spécial établit lui-même le calendrier de ses travaux et choisit de faire ou non appel à des experts. Il doit rendre, en principe, son rapport dans un délai de six mois à compter de la date de formation du panel. Ce délai peut être prolongé mais ne doit pas dépasser neuf mois. Un accord à l'amiable est encore possible pendant les travaux du groupe spécial. L'ORD peut se réunir pour adopter le rapport du groupe spécial au plus tôt vingt jours (et au plus tard soixante jours) après sa distribution aux États membres dans les trois langues officielles de l'OMC (anglais, français et espagnol), à moins qu'un État membre, partie du différend, ne notifie à l'ORD sa volonté de faire appel ou que l'ORD décide par consensus de ne pas adopter le rapport (décision au « consensus négatif »). L'Organe d'appel doit statuer sur le rapport du groupe spécial dans les soixante jours de la notification de la décision de faire appel, et au plus tard dans les quatre-vingt-dix jours de cette date en cas de difficultés. L'appel est limité aux questions de droit et aux interprétations du droit données par le rapport du panel. L'ORD doit adopter le rapport de l'Organe d'appel dans les trente jours de sa distribution aux États membres. Il assure la surveillance de la mise en œuvre des décisions et recommandations qu'il a exprimées à la lumière des deux rapports susvisés. La partie concernée doit, en principe, se conformer immédiatement à ces décisions et à ces recommandations. Elle pourra néanmoins disposer d'un délai raisonnable fixé par accord à l’amiable entre les parties ou par un arbitrage. Dans ce dernier cas, ce délai ne doit pas normalement dépasser quinze mois à compter de la date d'adoption du rapport du groupe spécial ou de l'Organe d'appel. En cas de désaccord entre les parties sur le point de savoir si la partie concernée s'est bien conformée aux recommandations de l'ORD, la question peut être portée devant un groupe spécial qui dispose alors de 90 jours pour trancher ce différend. Les parties peuvent de commun accord fixer une compensation volontaire qui vise à "racheter" l'allongement du délai dans lequel la partie défaillante doit en principe retirer la mesure illicite. Par ailleurs, dans les vingt jours suivant l'expiration du délai raisonnable visé ci-dessus, la partie plaignante, qui estime que les mesures de conformité mises en œuvre par l'autre partie sont incompatibles avec les recommandations de l'ORD, peut demander à l'ORD de suspendre les concessions et autres droits dont bénéficie l'autre partie dans le cadre des accords de l'OMC. Si l'État membre concerné conteste le niveau de suspension de concession autorisé par l'ORD, il peut demander un arbitrage pour vérifier l'adéquation du niveau de suspension des concessions au niveau d'annulation ou de réduction des avantages. Le tableau 2 ci-dessus présente le bilan des procédures de règlement des différends de l’OMC. 9 Tableau 2 : bilan des procédures de règlements des conflits. PANELS SUR DÉFENDEUR PLAIGNANT PARTIE GAGNANTE Équipement informatique LAN Union européenne Union européenne Union européenne Union européenne Boissons alcoolisées Japon Industrie automobile Indonésie Produits pharmaceutiques Inde Boissons alcoolisées Corée Papiers photographiques Produits agricoles Périodiques Chaussures Essences reformulées Sous-vêtements Chemises Japon Japon Canada Argentine États-Unis États-Unis États-Unis Crevettes États-Unis Semi-conducteurs Exportations d'aéronefs Exportations d'aéronefs Ciment Portland Saumon Noix de coco Cuirs pour automobiles Restrictions quantitatives Mesures de sauvegarde Boissons alcoolisées États-Unis-Articles 301 à 310 de la loi de 1974 sur le commerce extérieur Mesures de sauvegarde à l'importation de chaussures États-Unis Brésil Canada Guatemala Australie Brésil Australie Inde Corée Chili Union européenne, Canada, États-Unis Union européenne, Japon, États-Unis Union européenne, États-Unis Union européenne, États-Unis États-Unis États-Unis États-Unis États-Unis Venezuela, Brésil Costa Rica Inde Malaisie, Inde, Thaïlande et Pakistan Corée Canada Brésil Mexique Canada Philippines États-Unis États-Unis Union européenne Union européenne États-Unis Union européenne États-Unis Argentine Union européenne Union européenne Bananes Hormones Poulet États-Unis, Honduras, Équateur États-Unis, Honduras, Équateur États-Unis, Canada États-Unis, Canada Brésil Brésil États-Unis Union européenne Union européenne, Canada, ÉtatsUnis Union européenne, Japon, ÉtatsUnis Union européenne, États-Unis Union européenne, États-Unis Japon États-Unis États-Unis États-Unis Venezuela, Brésil Costa Rica Inde Malaisie, Inde, Thaïlande, Pakistan Corée Canada Brésil Guatemala Canada Brésil États-Unis États-Unis Union européenne Union européenne II. 3.2.2. Exemple de conflit résolu par l’OMC. La loi américaine sur les foreign sales corporations est une loi qui permet aux entreprises des États-Unis d'utiliser des paradis fiscaux lorsque celles-ci réalisent des ventes à l'étranger pour diminuer leur imposition aux États-Unis. Après une plainte de la part de l'Union européenne, en 1998, auprès de l'OMC, l'ORD a estimé qu'il s'agissait de subventions déguisées à l'exportation et a condamné les États-Unis à annuler cette législation avant le 1er novembre 2000. Ce jugement, 10 confirmé à plusieurs reprises, n'ayant pas été respecté par les États-Unis, l'OMC a autorisé, le 7 mai 2003, l'Union européenne à appliquer des sanctions vis à vis de ceux-ci à hauteur d'un montant de 4 milliards de dollars. Ces sanctions prennent la forme d'une augmentation progressive des taxes sur 1 600 produits agricoles, textiles et industriels, à partir du 1er mars 2004. La surtaxe est au départ de 5 % et progresse automatiquement de 1 % par mois jusqu'à un plafond provisoire de 20 % le 1er mars 2005. 11 TITRE II : INTÉGRATION RÉGIONALE 12 II. 1. DÉFINITIONS ET OBJECTIFS. Jacques Tenier (2003) avait donné une définition au phénomène d’intégration régionale encore appelée intégration économique. D’après lui « l’intégration régionale est un mouvement de rapprochement qui mobilise avec un peu plus ou moins une grande intensité les copartageants de l’espace et du temps que sont l’économie, la politique, la culture et la société ». Dans la même approche de définition, selon une conception institutionnaliste, l’intégration est la mise en place d’un système commun de règles de la part des pouvoirs publics en relation avec les acteurs privés. Ainsi, il est clair que l’intégration régionale résulte de l’accord de plusieurs nations. Elle a comme objectif principal : la facilitation des échanges entre ses pays membres. Les objectifs spécifiques viseront cependant alors l’union respective des différents marchés (marché des biens et services, marché des capitaux) des pays membres de la zone d’intégration. II. 2. ÉLÉMENTS THÉORIQUES SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE Plusieurs théories ont inspiré les économistes ayant travaillé sur l’intégration régionale. Il s’agit des théories du commerce international, les théories de l’économie géographique et les modèles gravitationnels. Parmi ces économistes nous ne retiendrons que quelques uns à savoir : Viner (1950), Meade (1955), Venables (1999), Paul Krugman (2008), Richard Baldwin. Les deux derniers étant ceux dont les travaux sont basés essentiellement sur les théories de l’économie géographique. A ces économistes, nous ajouterons ceux ayant travaillé sur les modèles gravitationnels et symétriques. Viner montre que la mise en place d’une zone de libre échange est susceptible d’augmenter le bien être des pays qui l’intègrent lorsque la demande d’importation est élastique, lorsque le niveau du droit de douane initial est élevé, et lorsque la différence entre les coûts de production du partenaire et du reste du monde sont faibles. Meade a aussi travaillé dans ce même sens. Les modèles que ces deux économistes ont élaborés sont basés sur les avantages comparatifs. En 1999, Venables, en utilisant un modèle Heckscher-Ohlin d’intégration régionale stylisé, montre que le membre d’une union douanière possédant le rapport des facteurs de production le plus éloigné du rapport mondial est celui qui bénéficie le moins du processus d’intégration régionale. Ce résultat est important dans la mesure qu’il permet d’induire que les Etats devant 13 participer à un processus d’intégration commun devront être au même niveau de développement pour qu’il n’y ait pas de perdant. Cependant l’inconvénient des théories précédentes c’est qu’elles stipulent que l’intégration régionale n’est possible qu’avec des pays à économies similaires ce qui n’est pas toujours vérifié. Selon les thèses de l’économie géographique, l’intégration est caractérisée par des effets d’agglomération et de polarisation. Les économistes Richard Baldwin et Philipe Martin (2004) montrent qu’il y’a une grande similitude entre les modèles de croissance endogène et les modèles de la « nouvelle économie géographique » (NEG). En rappel, l’un des objectifs du modèle de croissance endogène vise à analyser comment les activités économiques se développent à travers l’innovation technologique et l’économie géographique analyse le choix de localisation de ces activités dans un espace géographique et la cause de leur concentration. Paul Krugman n’est pas un partisan de l’intégration régionale. En traitant sa thèse « centrepériphérie » il avance l’idée suivante : « on peut considérer, a priori, qu’en réduisant les barrières commerciales et en favorisant la mobilité des facteurs, les intégrations régionales favorisent plutôt le jeu des forces centripètes et les divergences entre les centres et les périphéries ». Il s’appuie sur les travaux des économistes de développement tels que : la théorie de la polarisation de François Perroux, les causalités cumulatives de Myrdal, les effets de liaison de Hirschman ou les liens centre- périphérie de PREBISCH. Richard Baldwin a travaillé à l’intégration européenne. En menant une étude importante sur les effets d’investissements dans un accord d’intégration régionale postule un effet d’investissement positif découlant du marché unique européen. S’agissant des modèles gravitationnels du commerce international, les économistes ayant travaillés dessus sont : Jean Timbergen, Pöyhönen (1963) et Linnemann (1966). D’après ce modèle la plupart des zones d’échanges privilégiées se constituent entre pays voisins et s’appuient sur des proximités géographiques. Les modèles symétriques quant à eux ont été élaborés par Bond et Syropoulos (1996) qui introduisent le facteur d’avantage comparatif, d’une manière magistrale pour analyser le phénomène de régionalisation, selon leur conception chaque pays à une dotation égale en toutes les marchandises, plus une quantité supplémentaire de l’une d’elles. II. 3. ÉTAPES DE L’INTÉGRATION 14 D’après l’économiste hongrois Bela Balassa (1928-1991), l’intégration économique peut se manifester à cinq degrés qui sont : II. 3.1. La zone de libre-échange (ZLE) Elle se caractérise par une diminution ou suppression des barrières douanières à l’intérieur de la région intégrée. Ici, chaque Etat-membre reste entièrement maître de sa politique commerciale. C’est le cas de l’ALENA. Cette étape peut être précédée d’une étape intermédiaire dont on fait rarement mention appelée accords d’association. Cette dernière étant une étape précédant l’établissement de l’union douanière ou de la zone de libre-échange dans un délai raisonnable et présentant entre autres un plan et un programme de passage à la zone de libreéchange et à l’union douanière. En outre, il est partiellement fondé sur le principe de réciprocité. II. 3.2. L’Union Douanière (UD) C’est une zone de libre-échange dont les membres décident d’adopter une politique commerciale unique par rapport au reste du monde en fixant des tarifs douaniers communs. Elle se caractérise par un abandon de souveraineté plus important que la zone de libre-échange. Elle se résume par cette équation : UD = ZLE + Tarif Extérieur Commun (TEC) II. 3.3. Le marché commun (MC) A ce stade en plus de l’union douanière déjà préétablie il y’a libre circulation et commerce des facteurs de production (capital, travail, brevets) ainsi que le libre établissement des ressortissants des pays partenaires. Il se résume par l’équation suivante : MC = UD + libre circulation des travailleurs et des capitaux II. 3.4. Union économique (UE) Elle se caractérise par la définition des objectifs économiques communs et se résume par l’équation suivante : UE = MC + Harmonisation des politiques économiques sectorielles II. 3.4. Intégration économique totale ou union économique totale (UET) Cette étape de l’intégration peut être encore décomposée en deux parties qui sont : L’union économique et monétaire qui consiste à ajouter à l’Union économique une monnaie commune ou unique gérée par un organisme supranational. 15 L’intégration totale ou encore intégration économique totale proprement dite où en plus de l’Union économique et monétaire, les Etats abandonnent une partie de leurs prérogatives politiques pour les transférer à un gouvernement supranational fédéral. C’est la forme extrême et l’ultime aboutissement de l’intégration régionale. Elle se résume par l’équation ci-dessous : UET = UE + Monnaie Commune + Unification des politiques économiques II. 4. FACTEURS DE L’INTÉGRATION Plusieurs facteurs favorisent l’intégration. Il s’agit de : II. 4.1. L’intérêt politique Dans l’objectif de rivaliser avec les grandes nations plusieurs nations petites ou moyennes optent à l’union de leurs forces économiques et politiques. D’autres Etats le font dans l’objectif d’exprimer une communauté culturelle ou historique. II. 4.2. L’intérêt économique Quelques facteurs d’ordre économique pouvant favoriser l’intégration économique sont : la réalisation des économies d’échelle, la différenciation des produits, la concurrence. II. 4.3. Le concept « pays sans frontière » Le concept « pays sans frontière » renforce la dynamique de l’intégration sous-régionale à travers l’instauration d’un cadre de partenariat mettant en synergie les efforts des États, des collectivités locales, des acteurs privés et organismes de coopération afin d’accélérer la mise en œuvre de plans de développement. II. 4.4. La mondialisation La mondialisation peut être vue comme un facteur de l’intégration régionale. En fait en formant des zones d’intégration régionale destinée à s’étendre on favorise le processus de la mondialisation. II. 5. IMPACTS ÉCONOMIQUES DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE Comme tout phénomène économique, l’intégration régionale a des impacts positifs et des impacts négatifs. Les impacts négatifs de l’intégration régionale sont : Le protectionnisme de zone : en supprimant les barrières douanières intérieures à la zone d’intégration et les laissant sur les frontières extérieures à la zone, l’intégration régionale favorise ainsi la libéralisation des échanges à l’intérieur de la zone et en conséquence une fermeture des frontières extérieures. L’OMC condamne par ailleurs cette forme de protectionnisme qui est pour elle un frein à la mondialisation ; 16 Les guerres commerciales : c’est le point de vue de Paul Krugman. Selon lui, l’intégration régionale crée des pôles commerciaux qui déséquilibrent le multilatéralisme nécessaire à un vrai commerce mondial. Vue sous un angle positif, l’intégration régionale favorise : La mondialisation : contrairement à ce qui précède l’intégration régionale peut être vue comme une réponse à la mondialisation, car l’élargissement des zones de libre-échange favorise la création du marché global. La réalisation des économies d’échelle, une meilleure différenciation des produits, une hausse de la concurrence, une croissance de la taille des marchés. Tous ces éléments mis ensemble contribuent à la croissance. Ainsi l’intégration régionale favorise la croissance de ses Etats membres. La mise en cohérence des politiques sectorielles favorisant le développement harmonieux de ses Etats membres. Les préoccupations suivantes seront prises en charge : la régulation du mouvement migratoire, la gestion des questions environnementales, les questions sécuritaires, l’exploitation commune des infrastructures socio-éducatives, aéroportuaires, ferroviaires, routières et sportives situées dans les espaces frontaliers communs. La création de trafic intra-zone et le détournement de trafic extra-zone. C’est dire que l’intégration régionale accroit le volume des échanges entre ses pays membres et diminue le volume des échanges de ces pays respectifs avec les pays hors de la zone. D’après l’économiste Jacob Viner (1892-1970) l’intégration régionale serait plus profitable pour ses pays membres si la création du trafic est supérieure au détournement du trafic. 17 TITRE III : INFLUENCE DES ACCORDS DE L’OMC SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE 18 III. 1. POSITION DE L’OMC FACE À LA RÉGIONALISATION L’OMC a toujours été contre la régionalisation et ceci pour plusieurs raisons. III. 1.1. Les raisons. En dehors des raisons économiques de ce rejet de la régionalisation, l’OMC considère qu’un accord régional est économiquement moins bon qu’un accord mondial car la spécialisation qui en découle ne se base pas sur les avantages comparatifs des pays, mais plutôt sur les tarifs, les structures ou les protections régionales. À contrario, dans le commerce mondial, les pays se spécialisent dans leur domaine de prédilection, et non en fonction des tarifs appliqués à leurs exportations par leurs voisins ou partenaires. De ce fait, les théoriciens du commerce international considèrent qu’un pays se porte d’autant mieux que le système d’échange n’est pas discriminatoire. La clause de la nation la plus favorisée (NPF) est donc à la base du système multilatéral. Or la régionalisation est une dérogation à cette clause. Un accord régional revêt à la fois un effet de création commercial et un effet de détournement commercial. Le second effet peut conduire un pays pourtant plus cher et moins spécialisé qu’un autre à davantage vendre à un troisième pays pour peu que ce dernier applique des tarifs préférentiels aux exportations du premier pays. Parallèlement à cela, un abaissement simultané des barrières tarifaires crée de nouvelles possibilités de marchés : il s’agit de l’effet de création commerciale. L’entier débat théorique sur la régionalisation porte sur les ampleurs respectives de ces deux effets. Personne ne sait véritablement dans quel cas l’effet de détournement l’emporte sur l’effet de création, et viceversa. Toutefois, dans sa philosophie, l’OMC à tendance à considérer que l’effet de création est inférieur, et que les accords régionaux ne sont pas favorables à l’expansion du commerce. Il existe également des explications politiques au rejet par l’OMC des accords régionaux. Ainsi, les rapports de force politiques y pèsent davantage que dans les négociations multilatérales. Enfin, l’OMC abhorre les accords préférentiels régionaux en faveur des pays pauvres - ce qu’est par exemple l’accord de Cotonou, anciennement Convention de Lomé, en faveur des pays d’Afrique. L’objectif ultime des membres de l’OMC consiste bel et bien à obtenir la fin de ces accords dans des délais raisonnables. Il a donc fallu beaucoup de persuasion et de négociation pour que la Conférence de Doha confirme la dérogation explicite accordée dans le cadre de la Convention de Lomé. Pour affirmer son désaccord face à la régionalisation, nous pouvons déceler plusieurs manifestations de l’OMC. 19 III. 1.2. Les manifestations. L’OMC pose des conditions extrêmement strictes à la réalisation de zones de libre-échange. Ainsi, pour être valide, ces accords doivent couvrir une partie très significative - voire majoritairedes échanges entre les pays qui les concluent. Il n’est donc pas permis d’en exclure l’agriculture. Par conséquent, il est impossible de conclure un accord de libre-échange qui soit purement industriel. Cette condition gêne énormément la France - et l’Europe - vis-à-vis du Mercosur. Elle s’est également révélée très gênante avec l’Afrique du Sud. Ainsi, il est temps que nous déterminions à partir de quel moment les inconvénients agricoles d’une initiative l’emportent sur ses avantages commerciaux et politiques. Par ailleurs, l’OMC émet des règles très strictes pour ce qui concerne les unions douanières – ce qu’est l’Union Européenne. Ainsi, au moment de leurs élargissements, des négociations ayant théoriquement pour objectif de vérifier que les accords de création commerciale ne l’emportent pas sur les effets de diversion doivent s’engager. Dans les faits, tout partenaire extérieur qui estime qu’il a été pénalisé par l’extension d'une union douanière est en droit de demander des compensations. Nombre des conflits qui ont impliqué les États-Unis ont vu le jour à l’occasion de tels élargissements. Les Américains ont toujours demandé des compensations. D’ailleurs, avant le dernier élargissement, quelques partenaires extérieurs se sont empressés de conclure des accords améliorant leur accès à des pays qui allaient adhérer à l’Union Européenne. Ces accès étant dorénavant restreints, il est fort probable que les pays signataires de ces accords demandent des comptes au travers de nouvelles négociations. Enfin, les accords préférentiels régionaux conclus avec des pays pauvres nécessitent que des dérogations spécifiques soient accordées, ce qui n’est pas une mince affaire. De fait, s’il n’en tenait qu’à l’OMC, nous n’aurions pas assisté à la prolifération des accords régionaux ou bilatéraux à laquelle nous assistons aujourd’hui. Cependant, l’OMC va-t-elle réussir à empêcher cette régionalisation ? III. 2. L’IMPUISSANCE DE L’OMC L’OMC est une institution complètement paralysée dès lors qu’il s’agit de mener des négociations. Un cycle de négociations multilatérales s’étend désormais sur cinq à sept ans. Or il est bien évident que durant ce laps de temps, le monde évolue. La règle de consensus devient de plus en plus difficile à obtenir pour des décisions extraordinairement complexes. L’OMC est tout de même la seule organisation internationale à vocation opérationnelle qui décide ainsi par consensus. Pascal Lamy, commissaire européen sortant, a plusieurs fois dénoncé le caractère archaïque des procédures de décision de l’OMC. Cette organisation éminemment politique tend d’ailleurs à ressembler à l’ONU en cela que s’y forment des coalitions pas forcément fondées sur des communautés d’intérêts économiques, 20 mais plutôt sur des communautés de projets politiques. En outre, l’expérience des dernières années a démontré qu’il était parfaitement impossible d’introduire, au sein de l’OMC, un thème par exemple l’investissement ou la propriété intellectuelle - qui ne soit pas strictement limité au mandat commercial de l’organisation. Les tarifs industriels et les subventions agricoles ont beau constituer deux sujets d’une grande importance, il n’en demeure pas moins évident que l’intégration économique internationale recouvre d’autres aspects. De fait, les entreprises ont fini par nier toute pertinence à l’OMC. Alors qu’elles pourraient y évoquer leurs problèmes d’accès à des marchés, elles préfèrent se tourner vers leur gouvernement et utiliser la voie diplomatique pour résoudre ces problèmes. Si elle souhaite redevenir ce qu’elle a vocation à être, l’OMC doit changer sa gouvernance et ses méthodes de fonctionnement, et acquérir la force de frappe politique, intellectuelle et économique qu’elle n’a pas à l’heure actuelle. On constate dès lors que l’impuissance de l’OMC peut favoriser le régionalisme. III. 3. LA COMPATIBILITÉ DE LA RÉGIONALISATION AVEC LES RÈGLES DE L’OMC Le traitement de la Nation la Plus Favorisée (NPF) constitue l’un des principes fondamentaux de l’OMC. Il stipule qu’un pays membre, en accordant un avantage commercial à un autre pays membre, doit automatiquement étendre cet avantage à tous les pays membres de l’OMC (article I de l’Accord général sur les tarifs et le commerce). Au principe de la NPF, deux exceptions sont faites : la première autorise le traitement préférentiel basé sur des préoccupations de développement. Cela signifie qu’un pays développé peut accorder une préférence commerciale à un pays en développement dans l’objectif de stimuler la croissance et le développement économique du second pays. L’autre exception concerne les zones de libreéchange. Cette dérogation est accordée lorsqu’un groupe de pays décident de réaliser leur intégration régionale à condition que les tarifs douaniers qui frappent les importations des pays tiers ne soient pas plus élevés que dans la situation précédant l’intégration. Un autre principe essentiel de l’OMC est la non-discrimination entre pays de niveau de développement similaire. Concernant les ZLE, l’article XXIV du GATT définit les modalités selon lesquelles les membres de l’OMC peuvent ne pas respecter la clause de la NPF. La justification qui sous-tend cette dérogation au principe de la NPF est que, sous certaines conditions, des accords de libre-échange bénéficient non seulement à leurs membres, mais également à l’économie mondiale du fait qu’ils rapprochent ces pays de l’économie basée sur la libre circulation des biens et des personnes. Des accords tels que les APE rentreraient dans cette catégorie s’ils possèdent un caractère réciproque, permettant à chaque partie un traitement préférentiel symétrique. 21 TITRE IV : QUELQUES EXEMPLES D’INTÉGRATION RÉGIONALE 22 Les exemples les plus connues à l’échelle mondiale du fait de leur niveau avancé dans le processus d’intégration sont : L’Union Européenne (UE) ; Les Accords du Libre Échange Nord-Américain (ALENA ou NATFA (North-America free Trade agreement)) ; Le Mercosur (Marché Commun Sud-Américain) ; L’ASEAN (Association of South-East Asia Nations). Cependant en Afrique, il n’existe pas encore d’intégration régionale dans sa forme la plus évoluée comme celles précédemment citées mais il existe quelques zones en voie de le devenir. Nous citons à ce titre les régions : CEDEAO, CEEAC, Afrique Australe, … A l’intérieur de ces régions nous avons des sous régions qui présentent eux aussi des formes d’intégration. Nous citons en occurrence les sous-régions suivantes : CEMAC, UEMOA, UMA, CDAA, … Nous traiterons dans notre travail le cas des intégrations Sous-régionales CEMAC et UEMOA. IV. 1. CAS DE LA CEMAC (COMMUNAUTE ÉCONOMIQUE DES ÉTATS DE L’AFRIQUE CENTRALE) IV. 1.1. Présentation sommaire de la CEMAC La Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) est créée en mars 1994 par six États de l’Afrique Centrale (le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, le Guinée Équatoriale et le Tchad) en remplacement de l’Union Douanière et Économique de l’Afrique Centrale (UDEAC) qui les réunissait depuis décembre 1964. La mission essentielle de cette Communauté est de promouvoir un développement harmonieux des États membres dans le cadre de l’institution de deux Unions : une Union Économique et une Union Monétaire. Dans chacun de ces deux domaines, il s’agit pour les États membres, de passer de la situation de coopération qui existait déjà entre eux, dans le cadre de l’UDEAC, à celle d’union, afin de parachever le processus d’intégration économique et monétaire. La CEMAC est constituée de quatre institutions qui lui sont rattachées : l’Union Économique de l’Afrique Centrale ; l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale ; le Parlement Communautaire qui est chargé du contrôle parlementaire, du fonctionnement et des activités de la Communauté ; la Cour de Justice Communautaire qui est chargée du contrôle juridictionnel des activités et de l’exécution budgétaire de l’Union économique. À cet effet, il comprend une Chambre Judiciaire et une Chambre de Compte. IV. 1.2. Le marché commun 23 Plusieurs étapes ont marqué la mise en place du marché commun intra-CEMAC. Depuis 1994, un tarif extérieur commun (TEC) est appliqué pour les produits rentrant dans l’espace CEMAC. Il comprend quatre catégories. Tableau 1 : Le tarif extérieur commun de la CEMAC Type de biens Biens de première nécessité Matières premières et biens d’équipement Biens de consommation intermédiaire Biens de consommation finale Droits de douane (%) 5% 10 % 20 % 30 % Selon plusieurs interlocuteurs rencontrés lors des missions de terrain, les organismes financiers internationaux exercent une pression pour passer de quatre à trois catégories, et baisser le niveau maximal à 20 %. A ce niveau de droit de douane, les Etats Membres peuvent ajouter une redevance statistique fixée entre 0,5 et 1 %, ainsi qu’une Taxe communautaire pour l’intégration, versée à la CEMAC, et une redevance communautaire d’intégration, versée à la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale). Les produits agricoles sont répartis dans les quatre catégories. Le tableau 2 présente les taux de droits de douane du TEC pour les principaux produits importés de l’Union européenne. La Taxe sur le Chiffre d’Affaire (TCA) a été progressivement remplacée par la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Chaque Etat Membre fixe son taux de TVA à l’intérieur d’une fourchette allant de 15 % à 18 %. Seule la Guinée équatoriale n’est pas encore passée de la TCA à la TVA. Tableau 2 : Niveau du TEC pour des produits agricoles Code SH 1001 0207 0402 0703 1101 1103 1107 1507 1601 1602 1701 1901 1902 1905 2002 Produit Blé semence Blé autre que semence Viande de volailles Lait et crème Oignons Farine de blé Gruaux et semoule Malt Huile de soja Saucisses Autres prep. et conserves Sucres Prép. alim. et semoule Pâtes alimentaires Pains, biscuits, gâteaux Tomate en conserve TEC 5% 10 % 20 % 20 % 30 % 30 % 10 % 10 % 30 % 30 % 30 % 30 % 5% 30 % 30 % 30 % 24 2204 2208 2203 Vins Liqueurs et eaux de vie Bières 30 % 30 % 30 % De nombreux problèmes persistent cependant pour l’application du TEC. Des pays décident de déclasser un certain nombre de produits, pratiquent des exonérations discrétionnaires et non réglementaires, ou ajoutent des droits de douane. Ces difficultés, soulignées par le Directeur du Marché Commun de la CEMAC, ont été confirmées lors du recueil des données dans les différents pays. Des illustrations de ce non-respect de la législation communautaire sont présentées dans les parties spécifiques pays. Les droits de douane à l’intérieur de la CEMAC ont été progressivement abaissés pour devenir nuls à partir de 1999. Il y a donc en théorie libre circulation des marchandises entre pays de la CEMAC. Cependant, la République Centrafricaine a été autorisée à remettre en place des droits de douane sur les produits en provenance de la CEMAC. La grande majorité des biens importés par la Centrafrique hors de la CEMAC transitent par le Cameroun. Ces biens sont dédouanés sur le territoire camerounais, et la RCA perd donc des recettes douanières. Outre cette exception « légale » au marché commun, de nombreux obstacles persistent encore, comme la multiplication des visas et vérifications documentaires, et le contrôle des marchandises quasi-systématiques, ce qui obère la qualité et la sécurité des transports sous transit douanier. Pour compléter ce dispositif, la CEMAC dispose de deux autres instruments visant à faciliter les échanges inter-Etats. Il s’agit d’abord du Fonds de développement de la Communauté dont l’objectif est de pallier aux pertes de recettes fiscales des Etats membres grâce à des versements compensatoires à concurrence de 40% des pertes. Il s’agit ensuite de la banque centrale commune dans le cadre de la coopération monétaire. Le privilège exclusif d’émission monétaire des Etats membre est confié à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Ceci constitue un atout pour la CEMAC qui dispose ainsi d’une monnaie commune1 convertible circulant entre les différents Etats. IV. 1.3. Les principaux résultats économiques régionaux Les années post-dévaluation ont été marquées par une meilleure compétitivité des exportations qui ont alimenté la reprise économique dans la plupart des pays membres. Toutefois, on constate que cette croissance n’est pas soutenue car non seulement le taux de croissance sous régional fluctue d’une année à une autre, mais il devient négatif en 1999. Au niveau de la sousrégion par exemple, le PIB a enregistré au cours de l’année 2002 une hausse en termes réels moins importante qu’elle ne l’était l’année précédente, en passant à 4% contre 5,8% en 2001, soit une détérioration de l’ordre de 1,8 point en un an comme le montre le tableau 3 (BEAC, 2003). 1 Le Franc CFA est garanti par le Trésor français, et de parité fixe avec l’euro. 1 FCFA = 0,655956 € 25 Les données en moyenne sous régionale cachent la disparité des situations qui existe entre les différents Etats membres. Une analyse de la croissance du PIB par pays montre par exemple que sur l’ensemble des six pays membres, le Cameroun et la Guinée Equatoriale sont les seuls Etats à présenter des taux de croissance positifs sur la période 1999 - 2002. Pour les autres, ce taux a été négatif au moins une fois sur la période. Au cours de l’année 1999, la forte baisse de l’activité au Gabon, conjuguée à celle du Congo et, dans une moindre mesure, à celle du Tchad a provoqué une croissance négative dans la sous-région. Tableau 3 : Taux de croissance du PIB en termes réels dans la CEMAC Années Pays Cameroun 1998 5,0 1999 4,4 2000 4,2 2001 5,2 2002 4,1 2003 4,3 Centrafrique 5,3 2,7 0,7 -0,4 0,6 -0,4 Congo 3,7 -3,2 8,2 3,2 2,4 1,3 Gabon 3,5 -11,3 -1,9 1,9 -0,1 1,0 17,7 4,6 4,6 23,2 -0,2 -0,3 14,2 -0,3 3,3 65,6 8,1 5,8 20,9 8,5 4,0 10,1 13,1 4,0 Guinée Equatoriale Tchad CEMAC Source : BEAC (2003) Le tableau 3 révèle aussi une situation exceptionnelle en Guinée Equatoriale. Sur l’ensemble de la période considérée, c’est le seul pays dont le PIB n’a connu que des accroissements à deux chiffres. Cette situation unique est essentiellement due à l’apport récent mais très important des recettes pétrolières qui représentent aujourd’hui 88% du PIB alors que la production dans ce pays est encore récente. Cette manne pétrolière semble de nature à créer le « syndrome hollandais » en Guinée Equatoriale car depuis le début de la production pétrolière, le courant d’échange des produits agricoles entre le Cameroun et ce pays s’est inversé au profit du Cameroun. Ce tableau présente l’évolution du PIB aussi bien au niveau régional que par pays mais ne permet pas d’apprécier et de savoir quels sont les moteurs de la croissance dans la CEMAC. Pour ce faire, il a été nécessaire de calculer la contribution des différents secteurs au PIB et d’analyser le comportement de ces contributions dans le temps sur la base de l’évolution des parts sectorielles à l’accroissement de ce PIB. Les tableaux 4 et 5 sont consacrés à la présentation de ces contributions. Les chiffres du tableau 5 montrent que pour l’année 2001, les moteurs de l’accroissement du PIB ont été dans l’ordre : le secondaire, le tertiaire et le primaire avec une contribution respective de 3,4 ; 2,5 et 0,3 points. Si ces contributions au taux de croissance du PIB donnent déjà une idée de l’importance de chacun de ces secteurs dans la formation du PIB régional, cette importance est différenciée quand on ramène l’analyse au niveau national et de chaque Etat 26 membre. En effet, si le secteur des hydrocarbures représente la part la plus importante dans le PIB de certains des pays disposant de ressources pétrolières, c’est le secteur agricole qui est dominant dans le PIB de certains autres comme le montre le tableau 5. Tableau 4 : Contribution des secteurs à la croissance du PIB réel dans la CEMAC Secteur primaire Agriculture, élevage, pêche Sylviculture Secteur secondaire Pétrole Industries manufacturières Bâtiments et travaux publics Autres Secteur tertiaire Services marchands Services non marchands PIB au coût des facteurs PIB aux prix constants (1992) 1998 0,9 1,0 - 0,0 1,3 0,5 0,5 0,2 0,1 2,1 1,6 0,5 4,4 4,6 1999 - 0,1 0,0 - 0,1 -0,7 - 0,9 0,5 - 0,1 -0,2 1,3 0,5 0,8 0,5 -0,3 2000 - 0,2 0,0 - 0,2 0,9 - 0,4 0,6 0,7 0,0 2,6 2,0 0,6 3,3 3,3 2001 0,3 0,5 - 0,2 3,4 1,3 0,8 1,2 0,1 2,5 1,9 0,6 6,1 5,8 2002 0,1 0,4 - 0,3 1,9 0,7 0,6 0,6 0,0 2,2 1,8 0,4 4,2 4,0 2003 0,6 0,5 0,1 1,3 0,6 0,6 0,0 0,1 1,9 1,4 0,5 3,7 4,0 Source : BEAC (2003) Tableau 5 : Répartition sectorielle du PIB dans la zone CEMAC (en %) Pays Cameroun Centrafrique PIB agricole 43,8 54,1 PIB industriel 20,3 19,6 PIB tertiaire 39,9 26,3 Congo 5,4 71,8 22,7 Gabon 3,5 53,2 43,3 Guinée Equatoriale Tchad CEMAC 7,0 37,6 25,2 88,0 13,3 44,3 5,0 49,1 30,5 Source : BEAC (2003) 27 IV. 1.4. Les échanges régionaux IV. 1.4.1. Aspects généraux L’ensemble des pays membres de la zone CEMAC constitue un marché de plus de 30 millions de consommateurs mais les échanges commerciaux entre les Etats membres ne représentent qu’un très faible pourcentage du total de leur commerce. Ensuite, alors que les habitants de la zone UEMOA peuvent se déplacer dans tout leur espace géographique avec leur seule carte d’identité nationale, l’entrée d’un camerounais au Gabon ou en Guinée Equatoriale, et vice-versa, est soumise à l’obtention préalable d’un visa. Cette exigence est une contrainte au commerce, car à tout le moins elle rallonge les délais de transport des marchandises en même temps qu’elle limite les déplacements des commerçants. Sur l’axe routier Bangui-Yaoundé, plusieurs barrières sont érigées. Une autre contrainte forte porte sur les infrastructures. L’absence d’axes routiers adaptés et suffisants continue à gêner la circulation des produits. Sur ce point, la construction du pont sur le Ntem par l’UE est à saluer car il permet de relier plus facilement le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale. L’analyse du commerce entre les Etats membres de la CEMAC est menée ici à partir des données de l’annuaire du commerce inter-Etats qui est élaboré par le Secrétariat Exécutif de la CEMAC en recoupant les données fournies par les Etats membres2. Le graphique ci-contre présente l’évolution, en valeur, des importations et des exportations entre 1994 et 2003. Les parts relatives de marché des pays membres dans le commerce inter-Etats (%) Il ressort de ce graphique que le Cameroun est le principal fournisseur du marché régional : 2 Selon le Département de l’Analyse économique de la CEMAC, qui réalise cet annuaire, les données ne sont pas entièrement fiables car des incohérences sont constatées entre les déclarations des différents Etats-Membres. 28 il est est exportateur net et tous les autres pays sont importateurs nets dans les échanges régionaux. En effet, avec 70% du total des échanges intra-CEMAC, le Cameroun est le principal fournisseur de la région. Cependant, cette part ne représente que moins de 5% de l’ensemble de son commerce (SEDOS, 2002). Le second fournisseur, à savoir le Gabon, n’approvisionne le marché qu’à concurrence de 15%, soit une part cinq fois inférieure à celle du Cameroun. Trois pays ont une part inférieure à 5%3. La différence de position quant à la composante client est moins criante. Si le Gabon consomme 22% des produits échangés, il est suivi du Tchad qui en consomme 20%. IV. 1.4.2. Les échanges agricoles intra-CEMAC L’analyse ci-dessous est réalisée à partir des données de l’annuaire des échanges intraCEMAC, pour l’année 20034. Tableau 6 : les échanges agricoles intra-CEMAC, en 2003, en millions de FCFA Fournisseur Destinataire Cameroun Cameroun Centrafrique Congo Gabon Guinée Tchad 0 12 5 008 36 45 50 Total CEMAC 5 151 Centrafrique 2 970 0 91 1 683 0 18 4 762 Congo 7 510 2 0 91 6 0 7 609 Gabon 13 394 1 0 0 0 0 13 395 Guinée 5 648 0 0 414 0 0 6 061 Tchad 1 900 8 0 4 340 0 0 6 249 6 564 51 67 43 226 Total CEMAC 31 421 24 5 100 Source : Elaboration des auteurs à partir de données CEMAC Le tableau précédent fait ressortir quelques traits caractéristiques des échanges intra-régionaux : Le Cameroun est le plus gros fournisseur des autres pays de la région, il exporte en premier lieu vers le Gabon, mais aussi vers le Congo et la Guinée équatoriale ; ses exportations vers la Centrafrique et le Tchad sont plus modestes ; Les deux autres pays exportateurs internes sont le Gabon (essentiellement vers le Tchad) et le Congo (exclusivement vers le Cameroun) ; Centrafrique, Guinée et Tchad n’exportent rien vers les autres pays de la sous-région ; De ce fait, le Cameroun est très excédentaire dans les échanges intra-régionaux, et tous les autres pays sont déficitaires. IV. 1.4.3. Une région tournée d’abord vers l’extérieur Au cours des dix dernières années, la valeur des flux commerciaux des pays de la CEMAC avec l’extérieur a plus que triplé, s’établissant à FCFA 16 813,7 milliards à fin 2005. Cette 3 Il s’agit du Tchad, de la RCA et de la Guinée Equatoriale qui consomment respectivement 0,3 ; 1 et 4% des produits échangés entre les Etats membres en 2003. 4 Seules les données concernant l’année 2003 étaient disponibles. 29 progression a résulté d’un accroissement moyen des exportations de 16,4 % par an, tandis que le rythme de progression annuel des importations s’est établi en moyenne autour de 11,8 %. La croissance des échanges a été marquée par une amélioration sensible des termes de l’échange (+ 9,4 % par an), ainsi que par une progression du volume des transactions commerciales (+ 7,1 % par an). En définitive, ces évolutions se sont traduites par une consolidation significative de l’excédent commercial de la CEMAC, qui a atteint 31 % du PIB à fin 2005, contre 15,8 % du PIB en 1995. Au cours de la période, le degré d’ouverture des économies de la CEMAC a fortement progressé, passant de 69,4 % en 1995 à 93,1 % en 2005. Entre 1995 et 2005, les échanges avec l’extérieur ont été fortement influencés par le développement de l’activité dans les secteurs pétrolier, minier et agricole, qui ont représenté en moyenne plus de 90 % du total des exportations en valeur, et ont été marqués par : Une forte concentration autour du secteur des industries extractives (pétrole et minerais), dont la part relative est en hausse, compte tenu notamment de la progression des ventes du pétrole de la Guinée Équatoriale et du Tchad. À fin 2005, les exportations pétrolières et minières représentent 85,5 % des exportations globales, contre 63,9 % des exportations en 1995 ; Un recul de la part relative du secteur agricole. En dépit de l’accroissement des exportations agricoles d’environ 3,3 % par an, la part de ce secteur dans la valeur globale des exportations s’est fortement repliée, à 8,4 % à fin 2005 contre 24,5 % en 1995. Cette diminution est notamment liée à la baisse du volume des exportations du secteur forestier ; Un niveau relativement marginal des exportations de produits commerciaux et manufacturés (2,9% du volume total des exportations en 2005). Les importations concernent essentiellement les échanges des entreprises du secteur commercial (24,8 % du total), des industries extractives (32,5 %) et du secteur industriel (12,1 %). Leur évolution a marqué une rupture prononcée entre 2002 et 2003, liée à l’ajustement du niveau des importations de biens d’équipement du secteur pétrolier induit par l’achèvement du pipeline Tchad-Cameroun. 30 Tableau 7 : Échanges extra-CEMAC par principales branches d’activités (en % de la valeur de change). IV. 2. CAS DE L’UEMOA (UNION ÉCONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAIN) Dans ce cas pratique, nous analyserons les conséquences de la mise en place d’une Union économique entre certains pays de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Pour cela les modèles d’équilibre général calculable seront utilisés. Il en existe deux qui sont utilisés en Afrique. Ce sont respectivement les modèles de Lewis et al. (1999) et de Decaluwé et al. (1998, 1999 a et b). Le premier modèle analyse les effets des accords entre l’Union Européenne et l’Afrique du Sud sur l’ensemble des pays de la SADC (Southern African Development Community) tandis que le deuxième modèle concerne l’UEMOA. Cependant basés sur l’hypothèse de spécificité du capital et d’immobilité de la main d’œuvre ces modèles seront situés dans une perspective de court terme. L’intégration par les règles dans l’UEMOA consiste en : l’harmonisation des fiscalités, un droit social régional, un droit des affaires, des lois uniques d’assurance. On note l’importance d’étudier l’impact de l’intégration régionale sur les pays membres de cette zone dès le moment où elle passe à la mise en place des tarifs extérieur communs. L’existence des barrières douanières favorise les investissements dans le secteur manufacturier. Ainsi, leur suppression va conduire, à terme, à une réallocation du capital productif, non seulement par secteurs mais également par pays. De même, les effets sur les 31 rémunérations des facteurs devraient conduire à une mobilité de la main d’œuvre et un accroissement des mouvements migratoires. IV. 2.1. Description des économies des pays membres de l’UEMOA Cette zone est constituée des pays suivants : Le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte-d’Ivoire, le Mali, Le Sénégal, le Togo, la Guinée-Bissau. Comme caractéristiques des pays membres de cette zone, ces pays sont à faible revenu et les échanges sont plus orientés vers l’extérieur de la zone. Ils échangent peu entre eux (voir les tableaux 1 et 2) une grande partie des échanges étant informelle. L’Union Européenne est le principal partenaire commercial. Elles exportent spécialement les produits primaires agricoles (cacao, café, coton, poissons) et miniers (or, pétrole, phosphate) et importe les produits industriels. Les PAS (programmes d’ajustement structurel) ont vu le jour dans cette zone suite à la crise économique vers la fin des années 70. Cette zone connaîtra une forte croissance au milieu des années 1990 avec la dévaluation de 50% de la monnaie qui sera ensuite ralenti par la baisse du cours des matières premières. Au-delà de ces similitudes notons qu’il existe aussi des asymétries entre ces pays. Dans cette zone, la Côte d’ivoire contribue pour 40% à la formation du PIB régional (voir tableau 3) et son PNB par capital s’élève à 690$ tandis que les pays Burkina Faso, le Mali et le Niger (mis ensemble) ne représentent que 27% du PIB régional et leur PNB étant parmi les plus faibles du monde. Le principal exportateur de cette région est la côte d’ivoire et les principaux importateurs intra-zone sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger. IV. 2.2. Migrations au sein de l’UEMOA. S’agissant des flux migratoires, jusque dans les années 70-80 les migrations sont essentiellement masculines et à des fins d’emploi. Ces migrations s’organisaient entre deux sousblocs régionaux qui sont : {Mauritanie, Sénégal, Mali, Ghana, Gambie, Guinée-Bissau}, et {Côte d’Ivoire, Ghana, Burkina Faso}. Groupes au sein desquels les principaux pôles d’attraction sont la Côte d’Ivoire, le Ghana et dans une moindre mesure le Sénégal. Au niveau des échanges, on constate qu’en dehors de la côte d’ivoire, les échanges intra régionaux sont plus protégés que les échanges avec le reste du monde (voir tableau 3). Les statistiques sur les migrations dans cette zone sont peu fournies. Des travaux réalisés par Bocquier et Traoré sur les migrations et l’urbanisation en Afrique de l’Ouest (pays concernés : Burkina-Faso, Côte-d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal) en 2000, il ressort que : plus de 6.4 millions de mouvements 32 migratoires ont été effectués au cours de cette année et dans des milieux différents (capital, villes principales, villes secondaires et milieu rural). On recense environ 2.3 millions de migrations internationales sur les cinq dernières années. Du tableau 4, il ressort que : la Côte d’Ivoire est le principal pôle d’attraction régional puisque les migrants se déplacent pour l’essentiel soit vers le reste de l’Afrique ou du monde soit vers ce pays ; l’essentiel des migrations internationales sont effectuées par des personnes qui ne changent pas de milieu, les personnes vivant en milieu urbain (resp. rural) dans leur pays d’origine allant majoritairement en milieu urbain (resp. rural) dans le pays de destination. IV. 2.3. Impacts de l’intégration régionale Le groupe d’économistes constitué de B. Decaluwé (CREFA, Université Laval, Québec), J-C. Dumont (OCDE, Paris S. Mesplé-Somps, IRD-DIAL, Paris) et V. Robichaud (CREFA, Université Laval, Québec) ont étudié les impacts de l’intégration régionales dans la zone UEMOA. Leurs travaux sont basés sur un modèle d’équilibre générale calculable statique multi-secteurs et multi-pays. Au cours leurs travaux deux scénarios principaux ont été retenus pour rendre compte des effets du TEC à divers horizons : Le scénario de référence (qui correspond à une situation de court-moyen terme) suppose que la mobilité du travail n’est pas possible, et que le capital est spécifique sectoriellement et nationalement. Le TEC est appliqué et la perte de recettes fiscales est compensée par la mise en place d’une taxation uniforme sur les produits industriels et les services dans chaque pays. Le scénario de long terme reprend les hypothèses précédentes mais permet cette fois la mobilité de la main d’œuvre entre secteurs et entre pays ainsi que la mobilité du capital entre les pays pour la branche industrielle. Le capital agricole est quant à lui supposé immobile, ainsi que le capital associé aux services. Un autre scénario a également été développé pour étudier les effets de la transition fiscalodouanière. Le scénario de long terme est repris en supposant que la totalité de la perte fiscale est financée par l’étranger. De leurs analyses, on retient que : la mise en place du TEC (tarif extérieur commun) à des effets contrastés sur les niveaux moyens de protection nominale de chaque pays dominants ; l’existence d’une baisse de la protection sur les importations régionale ; la libéralisation commerciale entraine tout d’abord un accroissement du volume des importations totales pour l’ensemble des pays ; la mise en place du TEC entraine substitution des importations régionales au dépend des importations du reste du monde pour l’ensemble des pays exceptés la Côte d’Ivoire et le Sénégal ; les taux de change réels se déprécient suite au rétablissement des équilibres externes ; 33 il en résulte une augmentation des exportations entrainant une baisse des salaires suite à la nécessité d’appliquer les prix bas aux produits domestiques ; la Côte d’Ivoire et le Sénégal détiennent des soldes commerciaux positifs vis-à-vis de la région et voient leur bien être augmenter contrairement au Burkina ; la conclusion émise par ces économistes rejoint celle émise en 1999 par Venables : lorsque des petits pays constituent ensemble une Union Économique, les pays dont les dotations sont les plus proches de celles du reste du monde pourront mieux en profiter que les pays dont les dotations sont les plus éloignées. Cela découle du fait que le détournement du trafic extra zone est moins important ; la mise en place du TEC a un effet sur la spécialisation sectorielle des échanges de telle sorte que les exportations industrielles augmentent plus relativement aux exportations agricoles pour la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Togo, à l’inverse du Bénin, Mali, Niger et Sénégal pour lesquels ce sont les exportations agricoles qui croissent le plus. Le Mali voit ses exportations industrielles diminuer ; Comme impacts à long terme : le renforcement de l’impact de la libéralisation commerciale sur les performances respectives des pays soit renforcé par rapport au scénario de référence dans lequel la mobilité des facteurs de production est prohibée. Ces derniers se déplacent vers les pays au sein desquels ils sont le mieux valorisés. les productions des secteurs qui bénéficient de l’apport factoriel voient donc leur production augmenter. à l’inverse, on constate une baisse des valeurs ajoutées industrielles pour le Sénégal, le Togo et le Burkina Faso ; leurs PIB totaux baissent même en volume. les mouvements de facteurs de production entraînent une spécialisation accrue de la Côte d'Ivoire dans les échanges industriels avec ses partenaires de la zone. C’est ainsi que son rôle de pôle régional est consolidé, et que son bien-être varie le plus favorablement. le Mali, pour lequel la libéralisation commerciale n’a pas réellement lieu, bénéficie d’un apport de capitaux vers des secteurs d’import-substitution relativement protégés. Cependant, les travailleurs continuent à migrer vers l’étranger. Finalement, le bien-être augmente ainsi que le PIB en volume. Le scénario est identique pour le Bénin, qui, rappelons-le, bénéficie d’un très faible désarmement douanier. à l’inverse le Togo, le Sénégal et le Burkina Faso ne gagneraient pas, à long terme, à l’intégration régionale. Le Sénégal et le Togo verraient baisser leur revenu, du fait de la fuite de leurs capitaux industriels. le Burkina Faso apparaît comme le principal perdant, les capitaux et la main d’œuvre se déplaçant vers la Côte d'Ivoire ou vers le reste du monde. les exportations industrielles du Burkina cessent de croître, tandis que celles en biens agricoles augmentent plus par rapport au scénario de moyen terme. 34 La mise en place du TEC et la libéralisation des échanges entre pays de la zone a un impact conséquent ou non sur ces flux migratoires. C’est ainsi qu’il en résulte une variation positive du solde migratoire net ivoirien de 1,7%. À contrario, les rares flux positifs de migration vers les autres pays de l’Union diminuent. Il en est de même des flux d’émigration vers le reste de l’Afrique qui diminueraient de –0,9%. Les flux d’émigration vers le reste du monde augmenteraient quant à eux de 0,9% du seul fait des migrants sénégalais urbains ; ces derniers ne pouvant plus travailler dans les branches industrielles dont les capitaux ont fui. Cependant, il est intéressant d’examiner comment le choix du mode de financement des pertes de recettes fiscales dues aux mesures d’harmonisation douanières peut influencer les effets de l’intégration douanière. Dans tout ce travail, il a été supposé que les gouvernements compenseraient la baisse des recettes douanières par une taxation uniforme des secteurs industriels et des services. Quels seraient les effets de l’Union économique dans le cas où l’augmentation des déficits publics serait financée par l’épargne étrangère, les gouvernements ne mettant pas en place de mesures compensatoires ? En ce qui concerne la structure sectorielle des échanges, les exportations industrielles, dans le cas d’un financement par endettement externe, augmentent plus relativement que les exportations agricoles, pour certains pays. C’est ainsi que la Côte d'Ivoire accroît sa spécialisation industrielle par rapport au Mali qui se spécialise plus dans les exportations de produits agricoles. A l’inverse, le Burkina Faso pourrait, dans le cas d’un financement externe, finalement accroître relativement plus ses exportations industrielles par rapport aux exportations agricoles. On voit donc à quel point le mode de transition fiscalo-douanière peut influencer la dynamique de spécialisation de chaque pays ainsi que la mobilité des facteurs de production Tant le problème du « creusement » du fossé entre la Côte d'Ivoire et ses partenaires régionaux et ses effets en termes de migration et de localisation du capital industriel dans la région, que le traitement du problème de la transition fiscalo-douanière doivent inciter la communauté internationale à envisager les politiques d’aide dans une stratégie régionale et non pas nationale comme cela l’est malheureusement encore. 35 CONCLUSION GÉNÉRALE Au terme de cet exposé, il était question pour nous au cours de ce travail de faire ressortir le rôle de l’OMC dans la régionalisation ou bien sa contribution dans le processus d’intégration régionale. Pour y parvenir nous avons dans un premier temps présenté l’Organisation Mondiale du Commerce ; ses objectifs ; ses principaux accords ; son importance. Il ressort de cette partie que l’OMC joue un rôle très important dans le règle ment des conflits d’ordre internationaux et principalement ceux ayant rapport direct au commerce. Après présentation du phénomène d’intégration régionale dans la deuxième partie de ce travail, on retient que l’intégration régionale apparait comme une réponse au développement des pays membre de la région qui la pratique. Car ces derniers se mettent ensemble dans un seul but mettre en commun leurs différents marchés, leurs politiques économiques afin de pouvoir mieux faire face aux grandes puissances du monde. C’est ainsi que naitrons des barrières protectionnistes régionales. D’où l’opposition totale de l’OMC face au phénomène de la régionalisation qui apparaît comme un frein à la mondialisation. C’est ainsi que la troisième partie de notre travail traitait de l’impact des accords de l’OMC sur l’intégration régionale. De cette partie on retient que, certes l’OMC a été totalement contre l’intégration régionale, mais par ailleurs son impuissance à résoudre les problèmes que connaissent certains pays emmènera ces derniers à se mettre ensemble pour y parvenir. C’est ainsi que l’impuissance de l’OMC apparaît comme un facteur du régionalisme. La dernière partie de notre travail traite du cas pratique de la CEMAC et de l’UEMOA. Il ressort de cette dernière partie qu’en Afrique, plus spécialement en Afrique francophone l’intégration régionale n’est pas encore effective. On pourrait même dire que ces États ne sont pas prêts à se mettre ensemble car on note une très grande disparité dans la contribution de chaque pays dans les différentes activités régionales. Cette remarque identiquement observée dans les sous régions CEMAC et UEMOA nous emmène à nous poser certaines questions : l’intégration régionale ne nécessite-t-elle une formation préparatoire ou supplémentaire pour les États qui veulent la pratiquer ? N’y a-t-il pas des États qui n’y trouveront jamais leur compte ? 36 BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES : Bernard MAMAT, « Notes de cours », ISE 2, ISSEA 2009/2010. Dwight H. Perkins, Steven Radelet et David L. Lindauer : « Économie du développement », 3e édition, Traduit de la 6e édition américaine par Bruno Baron-Renault, 2006, De Boeck, 2008. ISBN 978-2-915236-91-0. Marcel Opoumba : « Notes de cours », ISE 1 option Maths, ISSEA 2008/2009. Michel Rainelli : « l'organisation mondiale du commerce », par coll. Repères, La Découverte, juillet 2007. ISBN 978-2-7071-5276-3. Dictionnaire et Encyclopédie Microsoft Encarta 2008. [DVD] © 1993-2007 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. SITES INTERNETS : Encyclopédie libre Wikipédia : http://www. wikipédia.org/ http://www.cra-normandie.fr/omc/omcprinc.pdf http://www.cra-normandie.fr/omc/omcprinc.pdf http://www.infotheque.info/ressource/9629.html http://www.wto.org/French/res_f/focus_f/focus25_f.pdf http://www.endadiapol.org/IMG/pdf/pays_frontiere_concept.pdf http://www.beac.int/communiques/ccecemac250608.pdf http://www.gate.cnrs.fr/unecaomc08/Communications%20PDF/Texte%20Abdelouahab%20OUCIEF.pdf http://syspro2.enda.sn/activites/ape9/docs/Impacts-ACR_APE_Dakar.pdf A ANNEXE B ANNEXE I : SITUATION DES PAYS MEMBRES DE L’OMC MEMBRES ET OBSERVATEURS DE L’OMC L’OMC regroupe 153 pays membres et des observateurs. Les observateurs peuvent être des États en cours d'adhésion ou des organisations internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Les pays suivants sont membres de l'OMC (entre parenthèses la date d'entrée dans l'OMC) : Afrique du Sud (1er janvier 1995), Albanie (8 septembre 2000), Allemagne (1er janvier 1995), Angola (23 novembre 1996), Antigua-et-Barbuda (1er janvier 1995), Arabie saoudite (11 décembre 2005), Argentine (1er janvier 1995), Arménie (5 février 2003), Australie (1er janvier 1995), Autriche (1er janvier 1995), Bahreïn (1er janvier 1995), Bangladesh (1er janvier 1995), Barbade (1er janvier 1995), Belgique (1er janvier 1995), Belize (1er janvier 1995), Bénin (22 février 1996), Bolivie (12 septembre 1995), Botswana (31 mai 1995), Brésil (1er janvier 1995), Brunei (1er janvier 1995), Bulgarie (1er décembre 1996), Burkina Faso (3 juin 1995), Burundi (23 juillet 1995), Cambodge (13 octobre 2004), Cameroun (13 décembre 1995), Canada (1er janvier 1995), Cap-Vert (23 juillet 2008), Chili (1er janvier 1995), Chine (11 décembre 2001), Chypre (30 juillet 1995), Colombie (30 avril 1995), Communauté européenne (1er janvier 1995), République du Congo (27 mars 1997), Corée du Sud (1er janvier 1995), Costa Rica (1er janvier 1995), Côte d'Ivoire (1er janvier 1995), Croatie (30 novembre 2000), Cuba (20 avril 1995), Danemark (1er janvier 1995), Djibouti (31 mai 1995), Dominique (1er janvier 1995), Égypte (30 juin 1995), Émirats arabes unis (10 avril 1996), Équateur (21 janvier 1996), Espagne (1er janvier 1995), Estonie (13 novembre 1999), États-Unis (1er janvier 1995), Fidji (14 janvier 1996), Finlande (1er janvier 1995), France (1er janvier 1995), Gabon (1er janvier 1995), Gambie (23 octobre 1996), Géorgie (14 juin 2000), Ghana (1er janvier 1995), Grèce (1er janvier 1995), Grenade (22 février 1996), Guatemala (21 juillet 1995), Guinée (25 octobre 1995), Guinée-Bissau (31 mai 1995), Guyana (1er janvier 1995), Haïti (30 janvier 1996), Honduras (1er janvier 1995), Hong Kong (1er janvier 1995), Hongrie (1er janvier 1995), Maurice (1er janvier 1995), Salomon (26 juillet 1996), Inde (1er janvier 1995), Indonésie (1er janvier 1995), Irlande (1er janvier 1995), Islande (1er janvier 1995), Israël (21 avril 1995), Italie (1er janvier 1995), Jamaïque (9 mars 1995), Japon (1er janvier 1995), Jordanie (11 avril 2000), Kenya (1er janvier 1995), Kirghizistan (20 décembre 1998), Koweït (1er janvier 1995), Lettonie (10 février 1999), Lesotho (31 mai 1995), Liechtenstein (1er septembre 1995), Lituanie (31 mai 2001), Luxembourg (1er janvier 1995), Macao (1er janvier 1995), Macédoine (4 avril 2003), Madagascar (17 novembre 1995), Malaisie (1er janvier 1995), Malawi (31 mai 1995), Maldives (31 mai 1995), Mali (31 mai 1995), Malte (1er janvier 1995), Maroc (1er janvier 1995), Mauritanie (31 mai 1995), Mexique (1er janvier 1995), Moldavie (26 juillet 2001), Mongolie (29 janvier 1997), Mozambique (26 août 1995), Myanmar (1er janvier 1995), Namibie (1er janvier 1995), Népal (23 avril 2004), Nicaragua (3 septembre 1995), Niger (13 décembre 1996), Nigeria (1er janvier 1995), Norvège (1er janvier 1995), Nouvelle-Zélande (1er janvier 1995), Oman (9 novembre 2000), Ouganda (1er janvier 1995), Pakistan (1er janvier 1995), Panamá (6 septembre 1997), Papouasie-Nouvelle-Guinée (9 juin 1996), Paraguay (1er janvier 1995), Pays-Bas (1er janvier 1995), Pérou (1er janvier 1995), Philippines (1er janvier 1995), Pologne (1er juillet 1995), Portugal (1er janvier 1995), Qatar (13 janvier 1996), Roumanie (1er janvier 1995), Royaume-Uni (1er janvier 1995), Rwanda (22 mai 1996), République centrafricaine (31 mai 1995), République dominicaine (9 mars 1995), République démocratique du Congo (1er janvier 1997), République tchèque (1er janvier 1995), Saint-Christophe-et-Niévès (21 février 1996), Sainte-Lucie (1er janvier 1995), Saint-Vincent-et-les Grenadines (1er janvier 1995), Salvador (7 mai 1995), Sénégal (1er janvier 1995), Sierra Leone (23 juillet 1995), Singapour (1er janvier 1995), Slovaquie (1er janvier 1995), Slovénie (30 juillet 1995), Sri Lanka (1er janvier 1995), Suède (1er janvier 1995), Suisse (1er juillet 1995), Suriname (1er janvier 1995), Swaziland (1er janvier 1995), Tanzanie (1er janvier 1995), Taïwan (1er janvier 2002), Tchad (19 octobre 1996), Thaïlande (1er janvier 1995), Togo (31 mai 1995), Tonga (27 juillet 2007), Trinité-et-Tobago (1er mars 1995), Tunisie (29 mars 1995), Turquie (26 mars 1995), Ukraine (5 février 2008), Uruguay (1er janvier 1995), Venezuela (1er janvier 1995), Viêt Nam (11 janvier 2007), Zambie (1er janvier 1995), Zimbabwe (5 mars 1995) Les pays suivants sont candidats et possèdent le statut d'observateur : C Afghanistan (21 novembre 2004) Algérie (3 juin 1987) Andorre (4 juillet 1997) Azerbaïdjan (30 juin 1997) Bahamas (10 mai 2001) Biélorussie (23 septembre 1993) Bhoutan (17 septembre 1999) Bosnie-Herzégovine (17 mai 1999) Comores (22 février 2007) Éthiopie (13 janvier 2003) Le Guinée équatoriale (19 février 2007) Irak (30 septembre 2004) Iran (19 juillet 1996) Kazakhstan (29 janvier 1996) Laos (16 juillet 1997) Liban (30 janvier 1999) Liberia (13 juin 2007) Libye (10 juin 2004) Monténégro (10 décembre 2004) Ouzbékistan (8 décembre 1994) Russie (juin 1993) Samoa (15 avril 1998) Sao Tomé-et-Principe (14 janvier 2005) Serbie (10 décembre 2004) Seychelles (31 mai 1995) Soudan (11 octobre 1994) Tadjikistan (29 mai 2001) Vanuatu (7 juillet 1995) Yémen (14 avril 2000) Saint-Siège est observateur sans être candidat. Les pays suivants ne sont ni candidats, ni observateurs : Corée du Nord Érythrée Kiribati Marshall Micronésie Monaco Nauru Palaos Saint-Marin Somalie Turkménistan Tuvalu CARTE DES PAYS MEMBRE DE L’OMC D ANNEXE II : TABLEAUX EXPLICATIF DES CARACTÉRISTIQUES D’INTÉGRATION DE SOUS-RÉGION UEMOC. Les tableaux suivants sont les tableaux de la partie IV.2. Tableau IV.2. N° 1 : Origine des importations en 1996 (en % de la valeur totale caf) Tableau IV.2. N° 2 : Destination des exportations en 1996 (en % de la valeur totale) E Tableau IV.2. N° 3 : Migrations en Africain de l’ouest Le tableau suivant rend compte des soldes migratoires annuels moyens observés entre les pays sur la période 1988-1992 (source enquête REUMOA - Bocquier & Traore 2000, sauf pour Benin –Recensement 1992, et Togo –estimations). La migration ne tient pas compte de la nationalité du migrant mais seulement de son pays de départ et de destination. Par exemple le flux de 514 entre la Côte d’Ivoire et le Burkina inclut tout aussi bien des mouvements d’ivoiriens vers le Burkina Faso que des retours de burkinabé. Certains flux (estimés à moins de 500 personnes par an) ont été annulés. Tableau IV.2. N° 4 : PIB, population, taux moyens de protection et revenus fiscaux pour 1996 F