carte des pays membre de l`omc

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THEME GENERAL: INTEGRATION REGIONALE EN
AFRIQUE
THEME DE L’ETUDE : Rôle de l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) dans le processus d’intégration Régionale:
Cas des Pays de la CEMAC et de l'UEMOA.
Sous-thème : Les enjeux du commerce et des unions
monétaires en Afrique
ii
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
ACP
:
Afrique Caraïbes Pacifique
APE
:
Accord de partenariat économique
AsA
:
Accord sur l’Agriculture
BM
:
Banque mondiale
BEAC
:
Banque des États d’Afrique centrale
BM
:
Banque Mondiale
CEEAC
:
Communauté économique des États de l’Afrique Centrale
CEMAC
:
Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique Centrale
FAO
:
Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation
FMI
:
Fonds monétaire international
GATT
:
Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce
IFI
:
Institutions financières internationales
OMC
:
Organisation mondiale du Commerce
PIB
:
Produit intérieur brut
PMA
:
Pays les moins avancés
PNB
:
Produit National Brut
TEC
:
Tarif Extérieur Commun
UEMOA
:
Union Économique et Monétaire Ouest Africain
iii
LISTE DES FIGURES/GRAPHIQUES
TABLEAU 1 : STRUCTURE DE L’OMC ............................................................................................................................. 6
TABLEAU 2 : BILAN DES PROCEDURES DE REGLEMENTS DES CONFLITS. .................................................................... 10
TABLEAU 1 : LE TARIF EXTERIEUR COMMUN DE LA CEMAC ....................................................................................... 24
TABLEAU 2 : NIVEAU DU TEC POUR DES PRODUITS AGRICOLES ................................................................................ 24
TABLEAU 3 : TAUX DE CROISSANCE DU PIB EN TERMES REELS DANS LA CEMAC ....................................................... 26
TABLEAU 4 : CONTRIBUTION DES SECTEURS A LA CROISSANCE DU PIB REEL DANS LA CEMAC .................................. 27
TABLEAU 5 : REPARTITION SECTORIELLE DU PIB DANS LA ZONE CEMAC (EN %) ........................................................ 27
TABLEAU 6 : LES ECHANGES AGRICOLES INTRA-CEMAC, EN 2003, EN MILLIONS DE FCFA .......................................... 29
TABLEAU 7 : ÉCHANGES EXTRA-CEMAC PAR PRINCIPALES BRANCHES D’ACTIVITES (EN % DE LA VALEUR DE
CHANGE). .................................................................................................................................................................. 31
TABLEAU IV.2. N° 1 : ORIGINE DES IMPORTATIONS EN 1996 (EN % DE LA VALEUR TOTALE CAF) ................................. E
TABLEAU IV. 2. N° 2 : DESTINATION DES EXPORTATIONS EN 1996 (EN % DE LA VALEUR TOTALE) ............................... E
TABLEAU IV.2. N° 3 : MIGRATIONS EN AFRICAIN DE L’OUEST ...................................................................................... F
TABLEAU IV.2. N° 4 : PIB, POPULATION, TAUX MOYENS DE PROTECTION ET REVENUS FISCAUX POUR 1996 .............. F
iv
SOMMAIRE
AVANT PROPOS.......................................................................................................ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES ................................................................................................................. III
LISTE DES FIGURES/GRAPHIQUES .............................................................................................................................. IV
SOMMAIRE ................................................................................................................................................................ V
INTRODUCTION GÉNÉRALE ......................................................................................................................................... 1
TITRE I : ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC) ...................................................................................... 2
I. 1. HISTORIQUE DE LA CRÉATION DE L’OMC .................................................................................................................. 3
II. 2. RÔLE DE L’OMC........................................................................................................................................................ 4
II. 3. FONCTIONNEMENT DE L’OMC. ............................................................................................................................... 5
II. 4. CRITIQUES ET CONFLITS........................................................................................................................................... 7
TITRE II : INTÉGRATION RÉGIONALE .......................................................................................................................... 12
II. 1. DÉFINITIONS ET OBJECTIFS. ................................................................................................................................... 13
II. 2. ÉLÉMENTS THÉORIQUES SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE ................................................................................... 13
II. 3. ÉTAPES DE L’INTÉGRATION.................................................................................................................................... 14
II. 4. FACTEURS DE L’INTÉGRATION .............................................................................................................................. 16
II. 5. IMPACTS ÉCONOMIQUES DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE.................................................................................... 16
TITRE III : INFLUENCE DES ACCORDS DE L’OMC SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE ...................................................... 18
III. 1. POSITION DE L’OMC FACE À LA RÉGIONALISATION .............................................................................................. 19
III. 2. L’IMPUISSANCE DE L’OMC .................................................................................................................................... 20
III. 3. LA COMPATIBILITÉ DE LA RÉGIONALISATION AVEC LES RÈGLES DE L’OMC .......................................................... 21
TITRE IV : QUELQUES EXEMPLES D’INTÉGRATION RÉGIONALE .................................................................................. 22
IV. 1. CAS DE LA CEMAC (COMMUNAUTE ÉCONOMIQUE DES ÉTATS DE L’AFRIQUE CENTRALE) .................................................... 23
IV. 2. CAS DE L’UEMOA (UNION ÉCONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAIN) ..................................................................... 31
CONCLUSION GÉNÉRALE ........................................................................................................................................... 36
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................................................... A
ANNEXE .......................................................................................................................................................................B
ANNEXE I : SITUATION DES PAYS MEMBRES DE L’OMC ...................................................................................................C
ANNEXE II : TABLEAUX EXPLICATIF DES CARACTÉRISTIQUES D’INTÉGRATION DE SOUS-RÉGION UEMOC. .................... E
v
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Face au contexte de compétition internationale de plus en plus croissante, des États, petits
ou grands, sont contraints de rechercher une taille critique à travers diverses initiatives
d’intégration économique. Ce phénomène se justifie dans une grande mesure par le souci des
États, d’une part, d’échapper à une marginalisation commerciale et, d’autre part, par leur volonté
de faire entendre leurs voix dans les négociations internationales et plus particulièrement au
niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Nous assistons ainsi à la constitution à travers le monde de grands ensembles tels que
l’Union Européenne, l’ALENA, le MERCOSUR,… L’Afrique n’est pas en reste de ce mouvement. Le
continent est également riche en accords régionaux commerciaux : la CEMAC, la CDEAO et la SADC
en sont des exemples. Dans le cadre de notre travail, nous nous sommes posé, d’une part, la
question de savoir si l’intégration est un facteur de développement. D’autre part, nous nous
sommes demandé si les principes de l’intégration régionale vont dans le sens du libre-échange
prôné par l’OMC, quelle est la position de l’OMC face à l’intégration régionale.
Pour répondre à ces préoccupations, nous avons organisé notre travail de la manière
suivante : la première partie est consacrée à l’Organisation Mondiale du Commerce. Nous
traiterons dans cette partie de l’historique de l’institution et des principaux accords qu’elle a
élaborés pour régir le commerce international. Ensuite nous nous intéresserons à la notion
d’intégration régionale. Il s’agira à ce niveau de présenter, d’une part, la définition, les objectifs et
les étapes d’une intégration ainsi que les théories qui sous-tendent le concept. Nous évoquerons,
d’autre part, les facteurs de l’intégration régionale, les impacts économiques liés au phénomène
et nous analyserons aussi la position de l’OMC par rapport aux processus d’intégration. Enfin, nous
présenterons un cas pratique sur les impacts de l’intégration économique en zones UEMOA et
CEMAC.
1
TITRE I :
ORGANISATION MONDIALE DU
COMMERCE (OMC)
2
L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC, ou World Trade Organization, WTO, en
anglais) est une organisation internationale qui s'occupe des règles régissant le commerce
international entre les pays. Au cœur de l'organisation se trouvent les Accords de l'OMC, négociés
et signés (à Marrakech) par la majeure partie des puissances commerciales du monde et ratifiés
par leurs parlements. Le but est d'aider, par la réduction d'obstacles au libre-échange, les
producteurs de marchandises et de services, les exportateurs et les importateurs à mener leurs
activités.
Bien qu’étant une agence spécialisée indépendante, les organisations suivantes ont le
statut d'observateur auprès du Conseil général de l’OMC :
Organisation des Nations Unies (ONU) ;
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ;
Fonds monétaire international (FMI) ;
Banque mondiale ;
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ;
Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ;
Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le siège de l'OMC est au Centre William Rappard, Genève. Le poste de directeur général de
l’organisation a été occupé successivement par :
Peter Sutherland de 1993 à 1995 ;
Renato Ruggiero de 1995 à 1999 ;
Mike Moore de 1999 à 2002 ;
Supachai Panitchpakdi du 1er septembre2002 au 31 août 2005 et ;
Pascal Lamy, le directeur général actuel, depuis le 1er septembre2005.
I. 1. HISTORIQUE DE LA CRÉATION DE L’OMC
En 1946, 56 pays ont décidé de créer l’OIC (Organisation internationale du commerce). Et
en 1948, au moment de la signature des traités, plusieurs pays dont le congrès américain s’y
opposent et l’OIC ne rentrera donc jamais en vigueur. Au cours de la même année, 23 pays créent
une autre organisation appelé GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, ou Accord général
sur les tarifs douaniers et le commerce, en français).
I. 1.1. Les objectifs du GATT.
Le GATT a pour objectifs :
l’abolition des contingentements (c’est-à-dire la quantité maximale qui peut être importée
ou exportée) ;
la diminution des droits de douane entre les parties signataires.
3
Jusqu’en 1994, le GATT était le seul instrument régissant le commerce mondial.
I. 1.2. La création de l’OMC
Le 15 avril 1994, l’ « Uruguay Round » signé à Marrakech, permet une libéralisation des
échanges mondiaux, procède à une refonte des règles du Commerce international et aboutit à la
création de l’OMC à la place du GATT, le 1er Janvier 1995.
La création de l’OMC découle principalement :
des négociations qui se sont tenues de 1986 à 1994 dénommées le Cycle d’Uruguay ;
des négociations antérieures qui ont eu lieu dans de cadre de l’Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce (GATT).
II. 2. RÔLE DE L’OMC
II. 2.1. Ses missions
L'OMC s'occupe du commerce :
des marchandises (lutte contre le dumping, les subventions, les mesures sanitaires, …) ;
des services ;
des biens agricoles (ASA) et industriels, et
de la propriété intellectuelle (les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce (ADPIC)).
Il existe d’autres accords dit « plurilatéraux » dans des domaines plus spécifiques et qui ne
concernent qu'un nombre limité de pays. Il s'agit : des aéronefs civils (Boeing, Airbus, Embraer,
Bombardier, etc.) et les marchés publics.
Les produits laitiers et la viande bovine sont deux domaines politiquement sensibles et qui
n'ont pas pu encore être réglés par l'OMC.
II. 2.2. Son principal objectif
Son principal objectif est de favoriser autant que possible l’harmonie, la liberté, l’équité et
la prévisibilité des échanges, pour améliorer le bien-être des populations de la planète.
Les missions importantes de l’OMC sont les suivantes :
Administrer les accords commerciaux ;
Servir de cadre aux négociations commerciales ;
Régler les différends commerciaux ;
Examiner les politiques commerciales nationales ;
Aider les pays en développement dans le domaine de la politique commerciale par le biais
de l’assistance technique et des programmes de formation ;
Coopérer avec d’autres organisations internationales.
II. 2.3. Les avantages de l’OMC
4
Les 10 principaux avantages de l’OMC sont :
1.
2.
3.
4.
5.
Le maintien de la paix ;
Le traitement des différends de façon constructive ;
Son fondement sur des règles et non sur des rapports de force ;
La diminution du coût de la vie suite à la libéralisation des échanges ;
L’offre de plus de choix aux consommateurs et l’élargissement de la gamme de produits
proposés ;
6. L’augmentation des revenus due au commerce ;
7. La stimulation de la croissance économique par le commerce ;
8. L’efficacité du système des échanges et réduction des coûts ;
9. La mise à l’abri des gouvernements des intérêts particuliers des autres Etats ;
10. L’encouragement des pratiques de bonnes gouvernances.
II. 3. FONCTIONNEMENT DE L’OMC.
L’OMC est dotée d’un « pouvoir judiciaire », l’Organe de règlement des différends (ORD),
auprès duquel les pays qui s’estiment lésés peuvent porter plainte.
II. 3.1. Ses accords
Au sein de l’organisation existent divers accords concernant l’ensemble des domaines liés
au commerce :
Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), toujours en vigueur mais
appelé désormais « GATT 1994 » ;
Accord général sur le commerce des services (AGCS, en anglais GATS) ;
Accord sur l’agriculture ;
Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC, en
anglais TRIPS) ;
Accord sur les mesures concernant l’investissement et liées au commerce (en anglais
TRIMS) ;
Accord sur les obstacles techniques liés au commerce (en anglais TBT) ;
Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (en anglais SPS).
Les accords de l’OMC permettent aux pays membres de gérer un système commercial non
discriminatoire qui énonce leurs droits et leurs obligations. Chaque pays obtient une assurance
que ses exportations bénéficieront constamment d’un traitement équitable sur les marchés des
autres pays et promet à son tour de traiter ainsi les importations arrivant sur son propre marché.
5
II. 3.2. Le but principal de l’OMC
L’OMC est avant tout un cadre de négociation, un lieu où les gouvernements membres se rendent pour essayer de résoudre les problèmes
commerciaux qui existent entre eux. La première étape consiste à discuter. Ces négociations demandent des moyens importants pour pouvoir être suivies
efficacement par les membres de l'organisation (juristes, experts, etc.). L'OMC fonctionne sur un mode démocratique au sens où chaque État représente
une voix, quel que soit son poids politique ou économique.
II. 3.3. La structure de l’OMC
Tableau 1 : Structure de l’OMC
NIVEAU
1
NOM
SE RÉUNISSENT…
Conférence ministérielle
Tous les 2 ans
2
Conseil général
Plusieurs fois par an,
environs 2 fois par an
3
Conseil du commerce :
 des marchandises
 des services
 des aspects des droits de
propriété intellectuelle
4
Comités spécialisés
Groupes de travail
Groupes d’experts
5
Secrétariat
OU ?
QUI EST PRÉSENT ?
LEUR RÔLE
Les représentants de tous les
pays membres
Au siège de
l’organisation à
Genève
Les ambassadeurs
Les chefs de délégation
(parfois fonctionnaire haut
placés)
Genève
Prennent les décisions de l’OMC
Traitent les questions relevant de tout accord
commercial multilatéral

Examinent les politiques commerciales des membres
et règlent les différends
Supervisent la mise en œuvre des procédures de
règlement des différends



Les représentants de tous les
pays membres
Toute l’année


630 fonctionnaires et à sa tête
le directeur général
6
Présentent des rapports au Conseil général
Supervisent le fonctionnement des accords de
l’OMC
S’occupent des différents domaines :
 Environnement
 Développement
 Accords commerciaux régionaux
 Candidatures à l’OMC …
 Fournissent un appui technique aux différents
conseils et comités ainsi qu’aux conférences
ministérielles
 Analysent le commerce mondial
II. 3.4. Sommets tenus par l’OMC
En 1996, la première conférence ministérielle se tient à Singapour. Lors de cette première
rencontre, il est décidé de créer trois nouveaux groupes de travail. Un sur le commerce et
l'investissement, un sur l'interaction du commerce et de la politique de la concurrence et un sur la
transparence des marchés publics. Ces sujets sont généralement désignés sous le nom de
« questions de Singapour ».
En 1998, la 2e conférence ministérielle se tient à Genève. Le commerce électronique est
ajouté au programme de travail de l'OMC.
En 1999, la troisième conférence ministérielle, à Seattle aux États-Unis, s'est conclue sur un
échec, les délégations des cent-trente-cinq pays membres se séparant sans lancer le cycle du
« millénaire ». Les pays du Sud forment pour la première fois un bloc de négociation.
En 2001, la quatrième conférence ministérielle, à Doha, au Qatar, marque le début du cycle
de Doha, du programme de Doha pour le développement et du lancement d'un programme de
négociations sur trois ans, comprenant notamment les services. La question de l'accès des pays les
plus pauvres aux médicaments s'est trouvée au centre des discussions, ce qui permet leur
ralliement au principe de l'ouverture d'un nouveau cycle.
En 2003, la cinquième Conférence ministérielle de l'OMC, à Cancún, au Mexique, marque le
second échec en quatre ans, principalement à cause de l'opposition entre grandes puissances et
G22 sur le dossier agricole.
En 2005, la sixième Conférence ministérielle de l'OMC, à Hong-Kong, débouche sur un
accord sur la suppression, d'ici à 2013, des subventions aux exportations agricoles.
II. 4. CRITIQUES ET CONFLITS
II. 3.1. Critiques à l'encontre de l'OMC.
Depuis la fin des années 1990, l'OMC a été l'objet de critiques de la part des mouvements
alter-mondialistes qui lui reprochent de promouvoir la mondialisation de l'économie et la
libéralisation du commerce. Les traités signés sont accusés de plus favoriser les entrepreneurs des
pays riches que les salariés ou les pays pauvres.
Cette organisation internationale est une de celle qui a le plus mis en place d'accords pour
supprimer les droits de douane entre les pays, mais son action économique se limite à la lutte
contre le protectionnisme douanier, l'OMC ne pouvant rien en revanche contre le protectionnisme
monétaire et les manipulations de change de certains pays.
Certains considèrent que l'adhésion à l'OMC peut s'assimiler à une récompense pour "bons
comportements" économiques. Le Vietnam a ainsi rejoint l'organisation le 11 janvier 2007 mais la
Russie en est toujours absente de nos jours.
7
Beaucoup critiquent aussi la différence de traitement entre sa capacité à faire appliquer les
réformes en matière de commerce (notamment suppression des droits de douanes) en
comparaison du peu d'intérêt qu'elle manifeste à faire respecter les droits fondamentaux sociaux
et éthiques (pas de règle sur les salaires, sur l'environnement, sur les droits syndicaux, etc.).
Certains contestent le caractère démocratique de l'OMC en avançant que son mode de
fonctionnement favorise les pays riches capables de mener de front des dizaines de dossiers
simultanés. Les décisions se prenant en suivant le principe du « Qui ne dit mot consent », les petits
pays qui ne disposent que d'un seul représentant pour gérer tous les dossiers seraient donc la
plupart du temps consentants malgré eux.
L'OMC ferait du commerce une valeur suprême qui serait la source d'un conflit de droits
avec des normes internationales en matière de Droits de l'homme, de protection sociale et
environnementale, de protection de la santé, de protection sanitaire, bien que les accords du
GATT précisent explicitement des exceptions à ces fins.
Les altermondialistes se fondent sur ces aspects pour accuser l'OMC de promouvoir le
néolibéralisme et une mondialisation discriminatoire. Ils mettent en débat la nécessité de
remettre le commerce à ce qu'ils considèrent sa juste place en obligeant l'OMC à mieux
coordonner ses décisions à d'autres aspects du droit international via son rattachement à l'ONU.
Au contraire, certains économistes, comme Joseph E. Stiglitz, voient dans l'OMC une
organisation développant les principes du mercantilisme commercial et dénaturant profondément
ceux du libre-échange.
L'OMC est critiquée par les libéraux qui lui reprochent d'organiser non pas le libre-échange,
mais la régulation des échanges, et d'être ainsi le reflet des points de vue mercantilistes des
hommes politiques.
II. 3.2. Principaux conflits réglés au sein de l’OMC.
L'OMC s'est dotée d'un « pouvoir judiciaire », l'Organe de règlement des différends (ORD),
auprès duquel les pays qui s'estiment lésés peuvent porter plainte. Une procédure permet de
régler les conflits entre les États membres. Elle est avant tout basée sur la négociation.
II. 3.2.1. Procédure de règlement des conflits.
En cas de différend entre deux États membres, la partie plaignante peut demander à
entamer des consultations avec l'autre partie, dans le but de trouver un règlement à l’amiable au
conflit. Cette demande doit être notifiée à l'ORD (Organe de règlement des différends). Les autres
États membres, qui témoignent d'un intérêt commercial substantiel à suivre ces consultations,
peuvent obtenir l'autorisation d'y participer en qualité de tierce partie (près d' 1/4 des conflits
sont réglés par le mécanisme des consultations).
En l'absence de solution à l’amiable, la partie plaignante peut demander à l'ORD d'établir
un "groupe spécial" (panel). Le groupe spécial est en général constitué de trois personnes,
proposées par le secrétariat de l'OMC. Il a pour mission d'examiner, à la lumière des dispositions
8
pertinentes des accords de l'OMC, la question portée devant l'ORD et de faire des constatations
propres à aider l'ORD à formuler des recommandations. Les autres États membres qui démontrent
l'existence d'un intérêt commercial substantiel peuvent se porter tierce partie et présenter des
communications écrites au panel. Le groupe spécial établit lui-même le calendrier de ses travaux
et choisit de faire ou non appel à des experts. Il doit rendre, en principe, son rapport dans un délai
de six mois à compter de la date de formation du panel. Ce délai peut être prolongé mais ne doit
pas dépasser neuf mois. Un accord à l'amiable est encore possible pendant les travaux du groupe
spécial.
L'ORD peut se réunir pour adopter le rapport du groupe spécial au plus tôt vingt jours (et
au plus tard soixante jours) après sa distribution aux États membres dans les trois langues
officielles de l'OMC (anglais, français et espagnol), à moins qu'un État membre, partie du
différend, ne notifie à l'ORD sa volonté de faire appel ou que l'ORD décide par consensus de ne
pas adopter le rapport (décision au « consensus négatif »).
L'Organe d'appel doit statuer sur le rapport du groupe spécial dans les soixante jours de la
notification de la décision de faire appel, et au plus tard dans les quatre-vingt-dix jours de cette
date en cas de difficultés. L'appel est limité aux questions de droit et aux interprétations du droit
données par le rapport du panel.
L'ORD doit adopter le rapport de l'Organe d'appel dans les trente jours de sa distribution
aux États membres. Il assure la surveillance de la mise en œuvre des décisions et
recommandations qu'il a exprimées à la lumière des deux rapports susvisés. La partie concernée
doit, en principe, se conformer immédiatement à ces décisions et à ces recommandations. Elle
pourra néanmoins disposer d'un délai raisonnable fixé par accord à l’amiable entre les parties ou
par un arbitrage. Dans ce dernier cas, ce délai ne doit pas normalement dépasser quinze mois à
compter de la date d'adoption du rapport du groupe spécial ou de l'Organe d'appel.
En cas de désaccord entre les parties sur le point de savoir si la partie concernée s'est bien
conformée aux recommandations de l'ORD, la question peut être portée devant un groupe spécial
qui dispose alors de 90 jours pour trancher ce différend. Les parties peuvent de commun accord
fixer une compensation volontaire qui vise à "racheter" l'allongement du délai dans lequel la
partie défaillante doit en principe retirer la mesure illicite.
Par ailleurs, dans les vingt jours suivant l'expiration du délai raisonnable visé ci-dessus, la
partie plaignante, qui estime que les mesures de conformité mises en œuvre par l'autre partie
sont incompatibles avec les recommandations de l'ORD, peut demander à l'ORD de suspendre les
concessions et autres droits dont bénéficie l'autre partie dans le cadre des accords de l'OMC. Si
l'État membre concerné conteste le niveau de suspension de concession autorisé par l'ORD, il peut
demander un arbitrage pour vérifier l'adéquation du niveau de suspension des concessions au
niveau d'annulation ou de réduction des avantages.
Le tableau 2 ci-dessus présente le bilan des procédures de règlement des différends de
l’OMC.
9
Tableau 2 : bilan des procédures de règlements des conflits.
PANELS SUR
DÉFENDEUR
PLAIGNANT
PARTIE GAGNANTE
Équipement informatique
LAN
Union
européenne
Union
européenne
Union
européenne
Union
européenne
Boissons alcoolisées
Japon
Industrie automobile
Indonésie
Produits pharmaceutiques
Inde
Boissons alcoolisées
Corée
Papiers photographiques
Produits agricoles
Périodiques
Chaussures
Essences reformulées
Sous-vêtements
Chemises
Japon
Japon
Canada
Argentine
États-Unis
États-Unis
États-Unis
Crevettes
États-Unis
Semi-conducteurs
Exportations d'aéronefs
Exportations d'aéronefs
Ciment Portland
Saumon
Noix de coco
Cuirs pour automobiles
Restrictions quantitatives
Mesures de sauvegarde
Boissons alcoolisées
États-Unis-Articles 301 à
310 de la loi de 1974 sur le
commerce extérieur
Mesures de sauvegarde à
l'importation de
chaussures
États-Unis
Brésil
Canada
Guatemala
Australie
Brésil
Australie
Inde
Corée
Chili
Union européenne,
Canada, États-Unis
Union européenne,
Japon, États-Unis
Union européenne,
États-Unis
Union européenne,
États-Unis
États-Unis
États-Unis
États-Unis
États-Unis
Venezuela, Brésil
Costa Rica
Inde
Malaisie, Inde, Thaïlande
et Pakistan
Corée
Canada
Brésil
Mexique
Canada
Philippines
États-Unis
États-Unis
Union européenne
Union européenne
États-Unis
Union européenne
États-Unis
Argentine
Union européenne
Union européenne
Bananes
Hormones
Poulet
États-Unis, Honduras,
Équateur
États-Unis, Honduras, Équateur
États-Unis, Canada
États-Unis, Canada
Brésil
Brésil
États-Unis
Union européenne
Union européenne, Canada, ÉtatsUnis
Union européenne, Japon, ÉtatsUnis
Union européenne, États-Unis
Union européenne, États-Unis
Japon
États-Unis
États-Unis
États-Unis
Venezuela, Brésil
Costa Rica
Inde
Malaisie, Inde, Thaïlande, Pakistan
Corée
Canada
Brésil
Guatemala
Canada
Brésil
États-Unis
États-Unis
Union européenne
Union européenne
II. 3.2.2. Exemple de conflit résolu par l’OMC.
La loi américaine sur les foreign sales corporations est une loi qui permet aux entreprises
des États-Unis d'utiliser des paradis fiscaux lorsque celles-ci réalisent des ventes à l'étranger pour
diminuer leur imposition aux États-Unis. Après une plainte de la part de l'Union européenne, en
1998, auprès de l'OMC, l'ORD a estimé qu'il s'agissait de subventions déguisées à l'exportation et a
condamné les États-Unis à annuler cette législation avant le 1er novembre 2000. Ce jugement,
10
confirmé à plusieurs reprises, n'ayant pas été respecté par les États-Unis, l'OMC a autorisé, le
7 mai 2003, l'Union européenne à appliquer des sanctions vis à vis de ceux-ci à hauteur d'un
montant de 4 milliards de dollars. Ces sanctions prennent la forme d'une augmentation
progressive des taxes sur 1 600 produits agricoles, textiles et industriels, à partir du 1er mars 2004.
La surtaxe est au départ de 5 % et progresse automatiquement de 1 % par mois jusqu'à un plafond
provisoire de 20 % le 1er mars 2005.
11
TITRE II :
INTÉGRATION RÉGIONALE
12
II. 1. DÉFINITIONS ET OBJECTIFS.
Jacques Tenier (2003) avait donné une définition au phénomène d’intégration régionale
encore appelée intégration économique. D’après lui « l’intégration régionale est un mouvement
de rapprochement qui mobilise avec un peu plus ou moins une grande intensité les copartageants
de l’espace et du temps que sont l’économie, la politique, la culture et la société ». Dans la même
approche de définition, selon une conception institutionnaliste, l’intégration est la mise en place
d’un système commun de règles de la part des pouvoirs publics en relation avec les acteurs privés.
Ainsi, il est clair que l’intégration régionale résulte de l’accord de plusieurs nations. Elle a
comme objectif principal : la facilitation des échanges entre ses pays membres. Les objectifs
spécifiques viseront cependant alors l’union respective des différents marchés (marché des biens
et services, marché des capitaux) des pays membres de la zone d’intégration.
II. 2. ÉLÉMENTS THÉORIQUES SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE
Plusieurs théories ont inspiré les économistes ayant travaillé sur l’intégration régionale. Il
s’agit des théories du commerce international, les théories de l’économie géographique et les
modèles gravitationnels. Parmi ces économistes nous ne retiendrons que quelques uns à savoir :
Viner (1950), Meade (1955), Venables (1999), Paul Krugman (2008), Richard Baldwin. Les deux
derniers étant ceux dont les travaux sont basés essentiellement sur les théories de l’économie
géographique. A ces économistes, nous ajouterons ceux ayant travaillé sur les modèles
gravitationnels et symétriques.
Viner montre que la mise en place d’une zone de libre échange est susceptible
d’augmenter le bien être des pays qui l’intègrent lorsque la demande d’importation est élastique,
lorsque le niveau du droit de douane initial est élevé, et lorsque la différence entre les coûts de
production du partenaire et du reste du monde sont faibles. Meade a aussi travaillé dans ce même
sens. Les modèles que ces deux économistes ont élaborés sont basés sur les avantages
comparatifs.
En 1999, Venables, en utilisant un modèle Heckscher-Ohlin d’intégration régionale stylisé,
montre que le membre d’une union douanière possédant le rapport des facteurs de production le
plus éloigné du rapport mondial est celui qui bénéficie le moins du processus d’intégration
régionale. Ce résultat est important dans la mesure qu’il permet d’induire que les Etats devant
13
participer à un processus d’intégration commun devront être au même niveau de développement
pour qu’il n’y ait pas de perdant.
Cependant l’inconvénient des théories précédentes c’est qu’elles stipulent que
l’intégration régionale n’est possible qu’avec des pays à économies similaires ce qui n’est pas
toujours vérifié.
Selon les thèses de l’économie géographique, l’intégration est caractérisée par des effets
d’agglomération et de polarisation. Les économistes Richard Baldwin et Philipe Martin (2004)
montrent qu’il y’a une grande similitude entre les modèles de croissance endogène et les modèles
de la « nouvelle économie géographique » (NEG). En rappel, l’un des objectifs du modèle de
croissance endogène vise à analyser comment les activités économiques se développent à travers
l’innovation technologique et l’économie géographique analyse le choix de localisation de ces
activités dans un espace géographique et la cause de leur concentration.
Paul Krugman n’est pas un partisan de l’intégration régionale. En traitant sa thèse « centrepériphérie » il avance l’idée suivante : « on peut considérer, a priori, qu’en réduisant les barrières
commerciales et en favorisant la mobilité des facteurs, les intégrations régionales favorisent plutôt
le jeu des forces centripètes et les divergences entre les centres et les périphéries ». Il s’appuie sur
les travaux des économistes de développement tels que : la théorie de la polarisation de François
Perroux, les causalités cumulatives de Myrdal, les effets de liaison de Hirschman ou les liens
centre- périphérie de PREBISCH.
Richard Baldwin a travaillé à l’intégration européenne. En menant une étude importante
sur les effets d’investissements dans un accord d’intégration régionale postule un effet
d’investissement positif découlant du marché unique européen.
S’agissant des modèles gravitationnels du commerce international, les économistes ayant
travaillés dessus sont : Jean Timbergen, Pöyhönen (1963) et Linnemann (1966). D’après ce
modèle la plupart des zones d’échanges privilégiées se constituent entre pays voisins et s’appuient
sur des proximités géographiques.
Les modèles symétriques quant à eux ont été élaborés par Bond et Syropoulos (1996) qui
introduisent le facteur d’avantage comparatif, d’une manière magistrale pour analyser le
phénomène de régionalisation, selon leur conception chaque pays à une dotation égale en toutes
les marchandises, plus une quantité supplémentaire de l’une d’elles.
II. 3. ÉTAPES DE L’INTÉGRATION
14
D’après l’économiste hongrois Bela Balassa (1928-1991), l’intégration économique peut se
manifester à cinq degrés qui sont :
II. 3.1. La zone de libre-échange (ZLE)
Elle se caractérise par une diminution ou suppression des barrières douanières à l’intérieur
de la région intégrée. Ici, chaque Etat-membre reste entièrement maître de sa politique
commerciale. C’est le cas de l’ALENA. Cette étape peut être précédée d’une étape intermédiaire
dont on fait rarement mention appelée accords d’association. Cette dernière étant une étape
précédant l’établissement de l’union douanière ou de la zone de libre-échange dans un délai
raisonnable et présentant entre autres un plan et un programme de passage à la zone de libreéchange et à l’union douanière. En outre, il est partiellement fondé sur le principe de réciprocité.
II. 3.2. L’Union Douanière (UD)
C’est une zone de libre-échange dont les membres décident d’adopter une politique
commerciale unique par rapport au reste du monde en fixant des tarifs douaniers communs. Elle
se caractérise par un abandon de souveraineté plus important que la zone de libre-échange.
Elle se résume par cette équation :
UD = ZLE + Tarif Extérieur Commun (TEC)
II. 3.3. Le marché commun (MC)
A ce stade en plus de l’union douanière déjà préétablie il y’a libre circulation et commerce
des facteurs de production (capital, travail, brevets) ainsi que le libre établissement des
ressortissants des pays partenaires.
Il se résume par l’équation suivante :
MC = UD + libre circulation des travailleurs et des capitaux
II. 3.4. Union économique (UE)
Elle se caractérise par la définition des objectifs économiques communs et se résume par
l’équation suivante :
UE = MC + Harmonisation des politiques économiques sectorielles
II. 3.4. Intégration économique totale ou union économique totale (UET)
Cette étape de l’intégration peut être encore décomposée en deux parties qui sont :
L’union économique et monétaire qui consiste à ajouter à l’Union économique une
monnaie commune ou unique gérée par un organisme supranational.
15
L’intégration totale ou encore intégration économique totale proprement dite où en plus
de l’Union économique et monétaire, les Etats abandonnent une partie de leurs prérogatives
politiques pour les transférer à un gouvernement supranational fédéral. C’est la forme extrême
et l’ultime aboutissement de l’intégration régionale. Elle se résume par l’équation ci-dessous :
UET = UE + Monnaie Commune + Unification des politiques économiques
II. 4. FACTEURS DE L’INTÉGRATION
Plusieurs facteurs favorisent l’intégration. Il s’agit de :
II. 4.1. L’intérêt politique
Dans l’objectif de rivaliser avec les grandes nations plusieurs nations petites ou moyennes
optent à l’union de leurs forces économiques et politiques. D’autres Etats le font dans l’objectif
d’exprimer une communauté culturelle ou historique.
II. 4.2. L’intérêt économique
Quelques facteurs d’ordre économique pouvant favoriser l’intégration économique sont :
la réalisation des économies d’échelle, la différenciation des produits, la concurrence.
II. 4.3. Le concept « pays sans frontière »
Le concept « pays sans frontière » renforce la dynamique de l’intégration sous-régionale à
travers l’instauration d’un cadre de partenariat mettant en synergie les efforts des États, des
collectivités locales, des acteurs privés et organismes de coopération afin d’accélérer la mise en
œuvre de plans de développement.
II. 4.4. La mondialisation
La mondialisation peut être vue comme un facteur de l’intégration régionale. En fait en
formant des zones d’intégration régionale destinée à s’étendre on favorise le processus de la
mondialisation.
II. 5. IMPACTS ÉCONOMIQUES DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE
Comme tout phénomène économique, l’intégration régionale a des impacts positifs et des
impacts négatifs.
Les impacts négatifs de l’intégration régionale sont :
Le protectionnisme de zone : en supprimant les barrières douanières intérieures à la zone
d’intégration et les laissant sur les frontières extérieures à la zone, l’intégration régionale
favorise ainsi la libéralisation des échanges à l’intérieur de la zone et en conséquence une
fermeture des frontières extérieures. L’OMC condamne par ailleurs cette forme de
protectionnisme qui est pour elle un frein à la mondialisation ;
16
Les guerres commerciales : c’est le point de vue de Paul Krugman. Selon lui, l’intégration
régionale crée des pôles commerciaux qui déséquilibrent le multilatéralisme nécessaire à
un vrai commerce mondial.
Vue sous un angle positif, l’intégration régionale favorise :
La mondialisation : contrairement à ce qui précède l’intégration régionale peut être vue
comme une réponse à la mondialisation, car l’élargissement des zones de libre-échange
favorise la création du marché global.
La réalisation des économies d’échelle, une meilleure différenciation des produits, une
hausse de la concurrence, une croissance de la taille des marchés. Tous ces éléments mis
ensemble contribuent à la croissance. Ainsi l’intégration régionale favorise la croissance de
ses Etats membres.
La mise en cohérence des politiques sectorielles favorisant le développement harmonieux
de ses Etats membres. Les préoccupations suivantes seront prises en charge : la régulation
du mouvement migratoire, la gestion des questions environnementales, les questions
sécuritaires, l’exploitation commune des infrastructures socio-éducatives, aéroportuaires,
ferroviaires, routières et sportives situées dans les espaces frontaliers communs.
La création de trafic intra-zone et le détournement de trafic extra-zone. C’est dire que
l’intégration régionale accroit le volume des échanges entre ses pays membres et diminue
le volume des échanges de ces pays respectifs avec les pays hors de la zone. D’après
l’économiste Jacob Viner (1892-1970) l’intégration régionale serait plus profitable pour ses
pays membres si la création du trafic est supérieure au détournement du trafic.
17
TITRE III :
INFLUENCE DES ACCORDS DE L’OMC SUR
L’INTÉGRATION RÉGIONALE
18
III. 1. POSITION DE L’OMC FACE À LA RÉGIONALISATION
L’OMC a toujours été contre la régionalisation et ceci pour plusieurs raisons.
III. 1.1. Les raisons.
En dehors des raisons économiques de ce rejet de la régionalisation, l’OMC considère
qu’un accord régional est économiquement moins bon qu’un accord mondial car la spécialisation
qui en découle ne se base pas sur les avantages comparatifs des pays, mais plutôt sur les tarifs, les
structures ou les protections régionales. À contrario, dans le commerce mondial, les pays se
spécialisent dans leur domaine de prédilection, et non en fonction des tarifs appliqués à leurs
exportations par leurs voisins ou partenaires. De ce fait, les théoriciens du commerce international
considèrent qu’un pays se porte d’autant mieux que le système d’échange n’est pas
discriminatoire. La clause de la nation la plus favorisée (NPF) est donc à la base du système
multilatéral. Or la régionalisation est une dérogation à cette clause. Un accord régional revêt à la
fois un effet de création commercial et un effet de détournement commercial. Le second effet
peut conduire un pays pourtant plus cher et moins spécialisé qu’un autre à davantage vendre à un
troisième pays pour peu que ce dernier applique des tarifs préférentiels aux exportations du
premier pays. Parallèlement à cela, un abaissement simultané des barrières tarifaires crée de
nouvelles possibilités de marchés : il s’agit de l’effet de création commerciale. L’entier débat
théorique sur la régionalisation porte sur les ampleurs respectives de ces deux effets. Personne ne
sait véritablement dans quel cas l’effet de détournement l’emporte sur l’effet de création, et viceversa. Toutefois, dans sa philosophie, l’OMC à tendance à considérer que l’effet de création est
inférieur, et que les accords régionaux ne sont pas favorables à l’expansion du commerce.
Il existe également des explications politiques au rejet par l’OMC des accords régionaux.
Ainsi, les rapports de force politiques y pèsent davantage que dans les négociations multilatérales.
Enfin, l’OMC abhorre les accords préférentiels régionaux en faveur des pays pauvres - ce qu’est
par exemple l’accord de Cotonou, anciennement Convention de Lomé, en faveur des pays
d’Afrique. L’objectif ultime des membres de l’OMC consiste bel et bien à obtenir la fin de ces
accords dans des délais raisonnables. Il a donc fallu beaucoup de persuasion et de négociation
pour que la Conférence de Doha confirme la dérogation explicite accordée dans le cadre de la
Convention de Lomé.
Pour affirmer son désaccord face à la régionalisation, nous pouvons déceler plusieurs
manifestations de l’OMC.
19
III. 1.2. Les manifestations.
L’OMC pose des conditions extrêmement strictes à la réalisation de zones de libre-échange.
Ainsi, pour être valide, ces accords doivent couvrir une partie très significative - voire majoritairedes échanges entre les pays qui les concluent. Il n’est donc pas permis d’en exclure l’agriculture.
Par conséquent, il est impossible de conclure un accord de libre-échange qui soit purement
industriel. Cette condition gêne énormément la France - et l’Europe - vis-à-vis du Mercosur. Elle
s’est également révélée très gênante avec l’Afrique du Sud. Ainsi, il est temps que nous
déterminions à partir de quel moment les inconvénients agricoles d’une initiative l’emportent sur
ses avantages commerciaux et politiques.
Par ailleurs, l’OMC émet des règles très strictes pour ce qui concerne les unions douanières
– ce qu’est l’Union Européenne. Ainsi, au moment de leurs élargissements, des négociations ayant
théoriquement pour objectif de vérifier que les accords de création commerciale ne l’emportent
pas sur les effets de diversion doivent s’engager. Dans les faits, tout partenaire extérieur qui
estime qu’il a été pénalisé par l’extension d'une union douanière est en droit de demander des
compensations. Nombre des conflits qui ont impliqué les États-Unis ont vu le jour à l’occasion de
tels élargissements. Les Américains ont toujours demandé des compensations. D’ailleurs, avant le
dernier élargissement, quelques partenaires extérieurs se sont empressés de conclure des accords
améliorant leur accès à des pays qui allaient adhérer à l’Union Européenne. Ces accès étant
dorénavant restreints, il est fort probable que les pays signataires de ces accords demandent des
comptes au travers de nouvelles négociations.
Enfin, les accords préférentiels régionaux conclus avec des pays pauvres nécessitent que
des dérogations spécifiques soient accordées, ce qui n’est pas une mince affaire. De fait, s’il n’en
tenait qu’à l’OMC, nous n’aurions pas assisté à la prolifération des accords régionaux ou bilatéraux
à laquelle nous assistons aujourd’hui.
Cependant, l’OMC va-t-elle réussir à empêcher cette régionalisation ?
III. 2. L’IMPUISSANCE DE L’OMC
L’OMC est une institution complètement paralysée dès lors qu’il s’agit de mener des
négociations. Un cycle de négociations multilatérales s’étend désormais sur cinq à sept ans. Or il
est bien évident que durant ce laps de temps, le monde évolue. La règle de consensus devient de
plus en plus difficile à obtenir pour des décisions extraordinairement complexes. L’OMC est tout
de même la seule organisation internationale à vocation opérationnelle qui décide ainsi par
consensus. Pascal Lamy, commissaire européen sortant, a plusieurs fois dénoncé le caractère
archaïque des procédures de décision de l’OMC.
Cette organisation éminemment politique tend d’ailleurs à ressembler à l’ONU en cela que
s’y forment des coalitions pas forcément fondées sur des communautés d’intérêts économiques,
20
mais plutôt sur des communautés de projets politiques. En outre, l’expérience des dernières
années a démontré qu’il était parfaitement impossible d’introduire, au sein de l’OMC, un thème par exemple l’investissement ou la propriété intellectuelle - qui ne soit pas strictement limité au
mandat commercial de l’organisation. Les tarifs industriels et les subventions agricoles ont beau
constituer deux sujets d’une grande importance, il n’en demeure pas moins évident que
l’intégration économique internationale recouvre d’autres aspects. De fait, les entreprises ont fini
par nier toute pertinence à l’OMC. Alors qu’elles pourraient y évoquer leurs problèmes d’accès à
des marchés, elles préfèrent se tourner vers leur gouvernement et utiliser la voie diplomatique
pour résoudre ces problèmes.
Si elle souhaite redevenir ce qu’elle a vocation à être, l’OMC doit changer sa gouvernance
et ses méthodes de fonctionnement, et acquérir la force de frappe politique, intellectuelle et
économique qu’elle n’a pas à l’heure actuelle.
On constate dès lors que l’impuissance de l’OMC peut favoriser le régionalisme.
III. 3. LA COMPATIBILITÉ DE LA RÉGIONALISATION AVEC LES RÈGLES DE L’OMC
Le traitement de la Nation la Plus Favorisée (NPF) constitue l’un des principes fondamentaux de
l’OMC. Il stipule qu’un pays membre, en accordant un avantage commercial à un autre pays membre, doit
automatiquement étendre cet avantage à tous les pays membres de l’OMC (article I de l’Accord général sur
les tarifs et le commerce). Au principe de la NPF, deux exceptions sont faites : la première autorise le
traitement préférentiel basé sur des préoccupations de développement. Cela signifie qu’un pays développé
peut accorder une préférence commerciale à un pays en développement dans l’objectif de stimuler la
croissance et le développement économique du second pays. L’autre exception concerne les zones de libreéchange. Cette dérogation est accordée lorsqu’un groupe de pays décident de réaliser leur intégration
régionale à condition que les tarifs douaniers qui frappent les importations des pays tiers ne soient pas plus
élevés que dans la situation précédant l’intégration.
Un autre principe essentiel de l’OMC est la non-discrimination entre pays de niveau de
développement similaire. Concernant les ZLE, l’article XXIV du GATT définit les modalités selon lesquelles
les membres de l’OMC peuvent ne pas respecter la clause de la NPF. La justification qui sous-tend cette
dérogation au principe de la NPF est que, sous certaines conditions, des accords de libre-échange
bénéficient non seulement à leurs membres, mais également à l’économie mondiale du fait qu’ils
rapprochent ces pays de l’économie basée sur la libre circulation des biens et des personnes. Des accords
tels que les APE rentreraient dans cette catégorie s’ils possèdent un caractère réciproque, permettant à
chaque partie un traitement préférentiel symétrique.
21
TITRE IV :
QUELQUES EXEMPLES D’INTÉGRATION
RÉGIONALE
22
Les exemples les plus connues à l’échelle mondiale du fait de leur niveau avancé dans le
processus d’intégration sont :
L’Union Européenne (UE) ;
Les Accords du Libre Échange Nord-Américain (ALENA ou NATFA (North-America free Trade
agreement)) ;
Le Mercosur (Marché Commun Sud-Américain) ;
L’ASEAN (Association of South-East Asia Nations).
Cependant en Afrique, il n’existe pas encore d’intégration régionale dans sa forme la plus
évoluée comme celles précédemment citées mais il existe quelques zones en voie de le devenir.
Nous citons à ce titre les régions : CEDEAO, CEEAC, Afrique Australe, … A l’intérieur de ces régions
nous avons des sous régions qui présentent eux aussi des formes d’intégration. Nous citons en
occurrence les sous-régions suivantes : CEMAC, UEMOA, UMA, CDAA, …
Nous traiterons dans notre travail le cas des intégrations Sous-régionales CEMAC et
UEMOA.
IV. 1. CAS DE LA CEMAC (COMMUNAUTE ÉCONOMIQUE DES ÉTATS DE L’AFRIQUE CENTRALE)
IV. 1.1. Présentation sommaire de la CEMAC
La Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) est créée en
mars 1994 par six États de l’Afrique Centrale (le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, le
Guinée Équatoriale et le Tchad) en remplacement de l’Union Douanière et Économique de
l’Afrique Centrale (UDEAC) qui les réunissait depuis décembre 1964. La mission essentielle de
cette Communauté est de promouvoir un développement harmonieux des États membres dans le
cadre de l’institution de deux Unions : une Union Économique et une Union Monétaire. Dans
chacun de ces deux domaines, il s’agit pour les États membres, de passer de la situation de
coopération qui existait déjà entre eux, dans le cadre de l’UDEAC, à celle d’union, afin de
parachever le processus d’intégration économique et monétaire. La CEMAC est constituée de
quatre institutions qui lui sont rattachées :
l’Union Économique de l’Afrique Centrale ;
l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale ;
le Parlement Communautaire qui est chargé du contrôle parlementaire, du
fonctionnement et des activités de la Communauté ;
la Cour de Justice Communautaire qui est chargée du contrôle juridictionnel des
activités et de l’exécution budgétaire de l’Union économique. À cet effet, il comprend
une Chambre Judiciaire et une Chambre de Compte.
IV. 1.2. Le marché commun
23
Plusieurs étapes ont marqué la mise en place du marché commun intra-CEMAC. Depuis
1994, un tarif extérieur commun (TEC) est appliqué pour les produits rentrant dans l’espace
CEMAC. Il comprend quatre catégories.
Tableau 1 : Le tarif extérieur commun de la CEMAC
Type de biens
Biens de première nécessité
Matières premières et biens d’équipement
Biens de consommation intermédiaire
Biens de consommation finale
Droits de douane (%)
5%
10 %
20 %
30 %
Selon plusieurs interlocuteurs rencontrés lors des missions de terrain, les organismes financiers internationaux exercent une pression pour passer de quatre à trois catégories, et baisser le
niveau maximal à 20 %.
A ce niveau de droit de douane, les Etats Membres peuvent ajouter une redevance
statistique fixée entre 0,5 et 1 %, ainsi qu’une Taxe communautaire pour l’intégration, versée à la
CEMAC, et une redevance communautaire d’intégration, versée à la CEEAC (Communauté
économique des Etats de l’Afrique Centrale).
Les produits agricoles sont répartis dans les quatre catégories. Le tableau 2 présente les
taux de droits de douane du TEC pour les principaux produits importés de l’Union européenne.
La Taxe sur le Chiffre d’Affaire (TCA) a été progressivement remplacée par la Taxe sur la
valeur ajoutée (TVA). Chaque Etat Membre fixe son taux de TVA à l’intérieur d’une fourchette
allant de 15 % à 18 %. Seule la Guinée équatoriale n’est pas encore passée de la TCA à la TVA.
Tableau 2 : Niveau du TEC pour des produits agricoles
Code SH
1001
0207
0402
0703
1101
1103
1107
1507
1601
1602
1701
1901
1902
1905
2002
Produit
Blé semence
Blé autre que semence
Viande de volailles
Lait et crème
Oignons
Farine de blé
Gruaux et semoule
Malt
Huile de soja
Saucisses
Autres prep. et conserves
Sucres
Prép. alim. et semoule
Pâtes alimentaires
Pains, biscuits, gâteaux
Tomate en conserve
TEC
5%
10 %
20 %
20 %
30 %
30 %
10 %
10 %
30 %
30 %
30 %
30 %
5%
30 %
30 %
30 %
24
2204
2208
2203
Vins
Liqueurs et eaux de vie
Bières
30 %
30 %
30 %
De nombreux problèmes persistent cependant pour l’application du TEC. Des pays décident
de déclasser un certain nombre de produits, pratiquent des exonérations discrétionnaires et non
réglementaires, ou ajoutent des droits de douane. Ces difficultés, soulignées par le Directeur du
Marché Commun de la CEMAC, ont été confirmées lors du recueil des données dans les différents
pays. Des illustrations de ce non-respect de la législation communautaire sont présentées dans les
parties spécifiques pays.
Les droits de douane à l’intérieur de la CEMAC ont été progressivement abaissés pour
devenir nuls à partir de 1999. Il y a donc en théorie libre circulation des marchandises entre pays
de la CEMAC. Cependant, la République Centrafricaine a été autorisée à remettre en place des
droits de douane sur les produits en provenance de la CEMAC. La grande majorité des biens
importés par la Centrafrique hors de la CEMAC transitent par le Cameroun. Ces biens sont
dédouanés sur le territoire camerounais, et la RCA perd donc des recettes douanières.
Outre cette exception « légale » au marché commun, de nombreux obstacles persistent
encore, comme la multiplication des visas et vérifications documentaires, et le contrôle des
marchandises quasi-systématiques, ce qui obère la qualité et la sécurité des transports sous transit
douanier.
Pour compléter ce dispositif, la CEMAC dispose de deux autres instruments visant à faciliter
les échanges inter-Etats. Il s’agit d’abord du Fonds de développement de la Communauté dont
l’objectif est de pallier aux pertes de recettes fiscales des Etats membres grâce à des versements
compensatoires à concurrence de 40% des pertes. Il s’agit ensuite de la banque centrale commune
dans le cadre de la coopération monétaire. Le privilège exclusif d’émission monétaire des Etats
membre est confié à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Ceci constitue un atout
pour la CEMAC qui dispose ainsi d’une monnaie commune1 convertible circulant entre les
différents Etats.
IV. 1.3. Les principaux résultats économiques régionaux
Les années post-dévaluation ont été marquées par une meilleure compétitivité des
exportations qui ont alimenté la reprise économique dans la plupart des pays membres. Toutefois,
on constate que cette croissance n’est pas soutenue car non seulement le taux de croissance sous
régional fluctue d’une année à une autre, mais il devient négatif en 1999. Au niveau de la sousrégion par exemple, le PIB a enregistré au cours de l’année 2002 une hausse en termes réels moins
importante qu’elle ne l’était l’année précédente, en passant à 4% contre 5,8% en 2001, soit une
détérioration de l’ordre de 1,8 point en un an comme le montre le tableau 3 (BEAC, 2003).
1
Le Franc CFA est garanti par le Trésor français, et de parité fixe avec l’euro. 1 FCFA = 0,655956 €
25
Les données en moyenne sous régionale cachent la disparité des situations qui existe entre
les différents Etats membres. Une analyse de la croissance du PIB par pays montre par exemple
que sur l’ensemble des six pays membres, le Cameroun et la Guinée Equatoriale sont les seuls
Etats à présenter des taux de croissance positifs sur la période 1999 - 2002. Pour les autres, ce
taux a été négatif au moins une fois sur la période. Au cours de l’année 1999, la forte baisse de
l’activité au Gabon, conjuguée à celle du Congo et, dans une moindre mesure, à celle du Tchad a
provoqué une croissance négative dans la sous-région.
Tableau 3 : Taux de croissance du PIB en termes réels dans la CEMAC
Années Pays
Cameroun
1998
5,0
1999
4,4
2000
4,2
2001
5,2
2002
4,1
2003
4,3
Centrafrique
5,3
2,7
0,7
-0,4
0,6
-0,4
Congo
3,7
-3,2
8,2
3,2
2,4
1,3
Gabon
3,5
-11,3
-1,9
1,9
-0,1
1,0
17,7
4,6
4,6
23,2
-0,2
-0,3
14,2
-0,3
3,3
65,6
8,1
5,8
20,9
8,5
4,0
10,1
13,1
4,0
Guinée Equatoriale
Tchad
CEMAC
Source : BEAC (2003)
Le tableau 3 révèle aussi une situation exceptionnelle en Guinée Equatoriale. Sur
l’ensemble de la période considérée, c’est le seul pays dont le PIB n’a connu que des
accroissements à deux chiffres. Cette situation unique est essentiellement due à l’apport récent
mais très important des recettes pétrolières qui représentent aujourd’hui 88% du PIB alors que la
production dans ce pays est encore récente. Cette manne pétrolière semble de nature à créer le «
syndrome hollandais » en Guinée Equatoriale car depuis le début de la production pétrolière, le
courant d’échange des produits agricoles entre le Cameroun et ce pays s’est inversé au profit du
Cameroun.
Ce tableau présente l’évolution du PIB aussi bien au niveau régional que par pays mais ne
permet pas d’apprécier et de savoir quels sont les moteurs de la croissance dans la CEMAC. Pour
ce faire, il a été nécessaire de calculer la contribution des différents secteurs au PIB et d’analyser
le comportement de ces contributions dans le temps sur la base de l’évolution des parts
sectorielles à l’accroissement de ce PIB. Les tableaux 4 et 5 sont consacrés à la présentation de ces
contributions.
Les chiffres du tableau 5 montrent que pour l’année 2001, les moteurs de l’accroissement
du PIB ont été dans l’ordre : le secondaire, le tertiaire et le primaire avec une contribution respective de 3,4 ; 2,5 et 0,3 points. Si ces contributions au taux de croissance du PIB donnent déjà une
idée de l’importance de chacun de ces secteurs dans la formation du PIB régional, cette
importance est différenciée quand on ramène l’analyse au niveau national et de chaque Etat
26
membre. En effet, si le secteur des hydrocarbures représente la part la plus importante dans le PIB
de certains des pays disposant de ressources pétrolières, c’est le secteur agricole qui est dominant
dans le PIB de certains autres comme le montre le tableau 5.
Tableau 4 : Contribution des secteurs à la croissance du PIB réel dans la CEMAC
Secteur primaire
Agriculture, élevage, pêche
Sylviculture
Secteur secondaire
Pétrole
Industries manufacturières
Bâtiments et travaux publics
Autres
Secteur tertiaire
Services marchands
Services non marchands
PIB au coût des facteurs
PIB aux prix constants (1992)
1998
0,9
1,0
- 0,0
1,3
0,5
0,5
0,2
0,1
2,1
1,6
0,5
4,4
4,6
1999
- 0,1
0,0
- 0,1
-0,7
- 0,9
0,5
- 0,1
-0,2
1,3
0,5
0,8
0,5
-0,3
2000
- 0,2
0,0
- 0,2
0,9
- 0,4
0,6
0,7
0,0
2,6
2,0
0,6
3,3
3,3
2001
0,3
0,5
- 0,2
3,4
1,3
0,8
1,2
0,1
2,5
1,9
0,6
6,1
5,8
2002
0,1
0,4
- 0,3
1,9
0,7
0,6
0,6
0,0
2,2
1,8
0,4
4,2
4,0
2003
0,6
0,5
0,1
1,3
0,6
0,6
0,0
0,1
1,9
1,4
0,5
3,7
4,0
Source : BEAC (2003)
Tableau 5 : Répartition sectorielle du PIB dans la zone CEMAC (en %)
Pays
Cameroun
Centrafrique
PIB agricole
43,8
54,1
PIB industriel
20,3
19,6
PIB tertiaire
39,9
26,3
Congo
5,4
71,8
22,7
Gabon
3,5
53,2
43,3
Guinée Equatoriale
Tchad
CEMAC
7,0
37,6
25,2
88,0
13,3
44,3
5,0
49,1
30,5
Source : BEAC (2003)
27
IV. 1.4. Les échanges régionaux
IV. 1.4.1. Aspects généraux
L’ensemble des pays membres de la zone CEMAC constitue un marché de plus de 30
millions de consommateurs mais les échanges commerciaux entre les Etats membres ne
représentent qu’un très faible pourcentage du total de leur commerce.
Ensuite, alors que les habitants de la zone UEMOA peuvent se déplacer dans tout leur
espace géographique avec leur seule carte d’identité nationale, l’entrée d’un camerounais au
Gabon ou en Guinée Equatoriale, et vice-versa, est soumise à l’obtention préalable d’un visa. Cette
exigence est une contrainte au commerce, car à tout le moins elle rallonge les délais de transport
des marchandises en même temps qu’elle limite les déplacements des commerçants. Sur l’axe
routier Bangui-Yaoundé, plusieurs barrières sont érigées.
Une autre contrainte forte porte sur les infrastructures. L’absence d’axes routiers adaptés
et suffisants continue à gêner la circulation des produits. Sur ce point, la construction du pont sur
le Ntem par l’UE est à saluer car il permet de relier plus facilement le Cameroun, le Gabon et la
Guinée Equatoriale.
L’analyse du commerce entre les Etats membres de la CEMAC est menée ici à partir des
données de l’annuaire du commerce inter-Etats qui est élaboré par le Secrétariat Exécutif de la
CEMAC en recoupant les données fournies par les Etats membres2.
Le graphique ci-contre présente l’évolution, en valeur, des importations et des
exportations entre 1994 et 2003.
Les parts relatives de marché des pays membres dans le commerce inter-Etats (%)
Il ressort de ce graphique que le Cameroun est le principal fournisseur du marché régional :
2
Selon le Département de l’Analyse économique de la CEMAC, qui réalise cet annuaire, les données ne sont pas entièrement fiables car des
incohérences sont constatées entre les déclarations des différents Etats-Membres.
28
il est est exportateur net et tous les autres pays sont importateurs nets dans les échanges
régionaux. En effet, avec 70% du total des échanges intra-CEMAC, le Cameroun est le principal
fournisseur de la région. Cependant, cette part ne représente que moins de 5% de l’ensemble de
son commerce (SEDOS, 2002). Le second fournisseur, à savoir le Gabon, n’approvisionne le marché
qu’à concurrence de 15%, soit une part cinq fois inférieure à celle du Cameroun. Trois pays ont
une part inférieure à 5%3. La différence de position quant à la composante client est moins criante.
Si le Gabon consomme 22% des produits échangés, il est suivi du Tchad qui en consomme 20%.
IV. 1.4.2. Les échanges agricoles intra-CEMAC
L’analyse ci-dessous est réalisée à partir des données de l’annuaire des échanges intraCEMAC, pour l’année 20034.
Tableau 6 : les échanges agricoles intra-CEMAC, en 2003, en millions de FCFA
Fournisseur
Destinataire
Cameroun
Cameroun
Centrafrique
Congo
Gabon
Guinée
Tchad
0
12
5 008
36
45
50
Total
CEMAC
5 151
Centrafrique
2 970
0
91
1 683
0
18
4 762
Congo
7 510
2
0
91
6
0
7 609
Gabon
13 394
1
0
0
0
0
13 395
Guinée
5 648
0
0
414
0
0
6 061
Tchad
1 900
8
0
4 340
0
0
6 249
6 564
51
67
43 226
Total CEMAC
31 421
24
5 100
Source : Elaboration des auteurs à partir de données CEMAC
Le tableau précédent fait ressortir quelques traits caractéristiques des échanges intra-régionaux :
Le Cameroun est le plus gros fournisseur des autres pays de la région, il exporte en
premier lieu vers le Gabon, mais aussi vers le Congo et la Guinée équatoriale ; ses
exportations vers la Centrafrique et le Tchad sont plus modestes ;
Les deux autres pays exportateurs internes sont le Gabon (essentiellement vers le
Tchad) et le Congo (exclusivement vers le Cameroun) ;
Centrafrique, Guinée et Tchad n’exportent rien vers les autres pays de la sous-région ;
De ce fait, le Cameroun est très excédentaire dans les échanges intra-régionaux, et tous les
autres pays sont déficitaires.
IV. 1.4.3. Une région tournée d’abord vers l’extérieur
Au cours des dix dernières années, la valeur des flux commerciaux des pays de la CEMAC
avec l’extérieur a plus que triplé, s’établissant à FCFA 16 813,7 milliards à fin 2005. Cette
3
Il s’agit du Tchad, de la RCA et de la Guinée Equatoriale qui consomment respectivement 0,3 ; 1 et 4% des produits échangés entre les Etats
membres en 2003.
4
Seules les données concernant l’année 2003 étaient disponibles.
29
progression a résulté d’un accroissement moyen des exportations de 16,4 % par an, tandis que le
rythme de progression annuel des importations s’est établi en moyenne autour de 11,8 %. La
croissance des échanges a été marquée par une amélioration sensible des termes de l’échange (+
9,4 % par an), ainsi que par une progression du volume des transactions commerciales (+ 7,1 % par
an). En définitive, ces évolutions se sont traduites par une consolidation significative de l’excédent
commercial de la CEMAC, qui a atteint 31 % du PIB à fin 2005, contre 15,8 % du PIB en 1995. Au
cours de la période, le degré d’ouverture des économies de la CEMAC a fortement progressé,
passant de 69,4 % en 1995 à 93,1 % en 2005.
Entre 1995 et 2005, les échanges avec l’extérieur ont été fortement influencés par le
développement de l’activité dans les secteurs pétrolier, minier et agricole, qui ont représenté en
moyenne plus de 90 % du total des exportations en valeur, et ont été marqués par :
Une forte concentration autour du secteur des industries extractives (pétrole et minerais),
dont la part relative est en hausse, compte tenu notamment de la progression des ventes
du pétrole de la Guinée Équatoriale et du Tchad. À fin 2005, les exportations pétrolières et
minières représentent 85,5 % des exportations globales, contre 63,9 % des exportations en
1995 ;
Un recul de la part relative du secteur agricole. En dépit de l’accroissement des
exportations agricoles d’environ 3,3 % par an, la part de ce secteur dans la valeur globale
des exportations s’est fortement repliée, à 8,4 % à fin 2005 contre 24,5 % en 1995. Cette
diminution est notamment liée à la baisse du volume des exportations du secteur
forestier ;
Un niveau relativement marginal des exportations de produits commerciaux et
manufacturés (2,9% du volume total des exportations en 2005).
Les importations concernent essentiellement les échanges des entreprises du secteur
commercial (24,8 % du total), des industries extractives (32,5 %) et du secteur industriel (12,1 %).
Leur évolution a marqué une rupture prononcée entre 2002 et 2003, liée à l’ajustement du niveau
des importations de biens d’équipement du secteur pétrolier induit par l’achèvement du pipeline
Tchad-Cameroun.
30
Tableau 7 : Échanges extra-CEMAC par principales branches d’activités (en % de la valeur de change).
IV. 2. CAS DE L’UEMOA (UNION ÉCONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAIN)
Dans ce cas pratique, nous analyserons les conséquences de la mise en place d’une Union
économique entre certains pays de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Pour cela les modèles
d’équilibre général calculable seront utilisés. Il en existe deux qui sont utilisés en Afrique. Ce sont
respectivement les modèles de Lewis et al. (1999) et de Decaluwé et al. (1998, 1999 a et b). Le
premier modèle analyse les effets des accords entre l’Union Européenne et l’Afrique du Sud sur
l’ensemble des pays de la SADC (Southern African Development Community) tandis que le
deuxième modèle concerne l’UEMOA. Cependant basés sur l’hypothèse de spécificité du capital
et d’immobilité de la main d’œuvre ces modèles seront situés dans une perspective de court
terme.
L’intégration par les règles dans l’UEMOA consiste en : l’harmonisation des fiscalités, un
droit social régional, un droit des affaires, des lois uniques d’assurance. On note l’importance
d’étudier l’impact de l’intégration régionale sur les pays membres de cette zone dès le moment où
elle passe à la mise en place des tarifs extérieur communs.
L’existence des barrières douanières favorise les investissements dans le secteur
manufacturier. Ainsi, leur suppression va conduire, à terme, à une réallocation du capital
productif, non seulement par secteurs mais également par pays. De même, les effets sur les
31
rémunérations des facteurs devraient conduire à une mobilité de la main d’œuvre et un
accroissement des mouvements migratoires.
IV. 2.1. Description des économies des pays membres de l’UEMOA
Cette zone est constituée des pays suivants : Le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte-d’Ivoire, le
Mali, Le Sénégal, le Togo, la Guinée-Bissau. Comme caractéristiques des pays membres de cette
zone, ces pays sont à faible revenu et les échanges sont plus orientés vers l’extérieur de la zone. Ils
échangent peu entre eux (voir les tableaux 1 et 2) une grande partie des échanges étant
informelle. L’Union Européenne est le principal partenaire commercial. Elles exportent
spécialement les produits primaires agricoles (cacao, café, coton, poissons) et miniers (or, pétrole,
phosphate) et importe les produits industriels. Les PAS (programmes d’ajustement structurel) ont
vu le jour dans cette zone suite à la crise économique vers la fin des années 70. Cette zone
connaîtra une forte croissance au milieu des années 1990 avec la dévaluation de 50% de la
monnaie qui sera ensuite ralenti par la baisse du cours des matières premières. Au-delà de ces
similitudes notons qu’il existe aussi des asymétries entre ces pays. Dans cette zone, la Côte
d’ivoire contribue pour 40% à la formation du PIB régional (voir tableau 3) et son PNB par capital
s’élève à 690$ tandis que les pays Burkina Faso, le Mali et le Niger (mis ensemble) ne représentent
que 27% du PIB régional et leur PNB étant parmi les plus faibles du monde. Le principal
exportateur de cette région est la côte d’ivoire et les principaux importateurs intra-zone sont le
Burkina Faso, le Mali et le Niger.
IV. 2.2. Migrations au sein de l’UEMOA.
S’agissant des flux migratoires, jusque dans les années 70-80 les migrations sont
essentiellement masculines et à des fins d’emploi. Ces migrations s’organisaient entre deux sousblocs régionaux qui sont : {Mauritanie, Sénégal, Mali, Ghana, Gambie, Guinée-Bissau}, et {Côte
d’Ivoire, Ghana, Burkina Faso}. Groupes au sein desquels les principaux pôles d’attraction sont la
Côte d’Ivoire, le Ghana et dans une moindre mesure le Sénégal. Au niveau des échanges, on
constate qu’en dehors de la côte d’ivoire, les échanges intra régionaux sont plus protégés que les
échanges avec le reste du monde (voir tableau 3). Les statistiques sur les migrations dans cette
zone sont peu fournies. Des travaux réalisés par Bocquier et Traoré sur les migrations et
l’urbanisation en Afrique de l’Ouest (pays concernés : Burkina-Faso, Côte-d’Ivoire, Guinée, Mali,
Mauritanie, Niger, Sénégal) en 2000, il ressort que : plus de 6.4 millions de mouvements
32
migratoires ont été effectués au cours de cette année et dans des milieux différents (capital, villes
principales, villes secondaires et milieu rural). On recense environ 2.3 millions de migrations
internationales sur les cinq dernières années.
Du tableau 4, il ressort que :
la Côte d’Ivoire est le principal pôle d’attraction régional puisque les migrants se déplacent
pour l’essentiel soit vers le reste de l’Afrique ou du monde soit vers ce pays ;
l’essentiel des migrations internationales sont effectuées par des personnes qui ne
changent pas de milieu, les personnes vivant en milieu urbain (resp. rural) dans leur pays
d’origine allant majoritairement en milieu urbain (resp. rural) dans le pays de destination.
IV. 2.3. Impacts de l’intégration régionale
Le groupe d’économistes constitué de B. Decaluwé (CREFA, Université Laval, Québec), J-C.
Dumont (OCDE, Paris S. Mesplé-Somps, IRD-DIAL, Paris) et V. Robichaud (CREFA, Université Laval,
Québec) ont étudié les impacts de l’intégration régionales dans la zone UEMOA. Leurs travaux
sont basés sur un modèle d’équilibre générale calculable statique multi-secteurs et multi-pays. Au
cours leurs travaux deux scénarios principaux ont été retenus pour rendre compte des effets du
TEC à divers horizons :
Le scénario de référence (qui correspond à une situation de court-moyen terme) suppose
que la mobilité du travail n’est pas possible, et que le capital est spécifique sectoriellement
et nationalement. Le TEC est appliqué et la perte de recettes fiscales est compensée par la
mise en place d’une taxation uniforme sur les produits industriels et les services dans
chaque pays.
Le scénario de long terme reprend les hypothèses précédentes mais permet cette fois la
mobilité de la main d’œuvre entre secteurs et entre pays ainsi que la mobilité du capital
entre les pays pour la branche industrielle. Le capital agricole est quant à lui supposé
immobile, ainsi que le capital associé aux services. Un autre scénario a également été
développé pour étudier les effets de la transition fiscalodouanière. Le scénario de long
terme est repris en supposant que la totalité de la perte fiscale est financée par l’étranger.
De leurs analyses, on retient que :
la mise en place du TEC (tarif extérieur commun) à des effets contrastés sur les niveaux
moyens de protection nominale de chaque pays dominants ;
l’existence d’une baisse de la protection sur les importations régionale ;
la libéralisation commerciale entraine tout d’abord un accroissement du volume des
importations totales pour l’ensemble des pays ;
la mise en place du TEC entraine substitution des importations régionales au dépend des
importations du reste du monde pour l’ensemble des pays exceptés la Côte d’Ivoire et le
Sénégal ;
les taux de change réels se déprécient suite au rétablissement des équilibres externes ;
33
il en résulte une augmentation des exportations entrainant une baisse des salaires suite à
la nécessité d’appliquer les prix bas aux produits domestiques ;
la Côte d’Ivoire et le Sénégal détiennent des soldes commerciaux positifs vis-à-vis de la
région et voient leur bien être augmenter contrairement au Burkina ;
la conclusion émise par ces économistes rejoint celle émise en 1999 par Venables : lorsque
des petits pays constituent ensemble une Union Économique, les pays dont les dotations
sont les plus proches de celles du reste du monde pourront mieux en profiter que les pays
dont les dotations sont les plus éloignées. Cela découle du fait que le détournement du
trafic extra zone est moins important ;
la mise en place du TEC a un effet sur la spécialisation sectorielle des échanges de telle
sorte que les exportations industrielles augmentent plus relativement aux exportations
agricoles pour la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Togo, à l’inverse du Bénin, Mali, Niger
et Sénégal pour lesquels ce sont les exportations agricoles qui croissent le plus. Le Mali voit
ses exportations industrielles diminuer ;
Comme impacts à long terme :
le renforcement de l’impact de la libéralisation commerciale sur les performances
respectives des pays soit renforcé par rapport au scénario de référence dans lequel la
mobilité des facteurs de production est prohibée. Ces derniers se déplacent vers les pays
au sein desquels ils sont le mieux valorisés.
les productions des secteurs qui bénéficient de l’apport factoriel voient donc leur
production augmenter.
à l’inverse, on constate une baisse des valeurs ajoutées industrielles pour le Sénégal, le
Togo et le Burkina Faso ; leurs PIB totaux baissent même en volume.
les mouvements de facteurs de production entraînent une spécialisation accrue de la Côte
d'Ivoire dans les échanges industriels avec ses partenaires de la zone. C’est ainsi que son
rôle de pôle régional est consolidé, et que son bien-être varie le plus favorablement.
le Mali, pour lequel la libéralisation commerciale n’a pas réellement lieu, bénéficie d’un
apport de capitaux vers des secteurs d’import-substitution relativement protégés.
Cependant, les travailleurs continuent à migrer vers l’étranger. Finalement, le bien-être
augmente ainsi que le PIB en volume. Le scénario est identique pour le Bénin, qui,
rappelons-le, bénéficie d’un très faible désarmement douanier.
à l’inverse le Togo, le Sénégal et le Burkina Faso ne gagneraient pas, à long terme, à
l’intégration régionale. Le Sénégal et le Togo verraient baisser leur revenu, du fait de la
fuite de leurs capitaux industriels.
le Burkina Faso apparaît comme le principal perdant, les capitaux et la main d’œuvre se
déplaçant vers la Côte d'Ivoire ou vers le reste du monde.
les exportations industrielles du Burkina cessent de croître, tandis que celles en biens
agricoles augmentent plus par rapport au scénario de moyen terme.
34
La mise en place du TEC et la libéralisation des échanges entre pays de la zone a un impact
conséquent ou non sur ces flux migratoires. C’est ainsi qu’il en résulte une variation positive du
solde migratoire net ivoirien de 1,7%. À contrario, les rares flux positifs de migration vers les
autres pays de l’Union diminuent. Il en est de même des flux d’émigration vers le reste de l’Afrique
qui diminueraient de –0,9%. Les flux d’émigration vers le reste du monde augmenteraient quant à
eux de 0,9% du seul fait des migrants sénégalais urbains ; ces derniers ne pouvant plus travailler
dans les branches industrielles dont les capitaux ont fui.
Cependant, il est intéressant d’examiner comment le choix du mode de financement des
pertes de recettes fiscales dues aux mesures d’harmonisation douanières peut influencer les effets
de l’intégration douanière. Dans tout ce travail, il a été supposé que les gouvernements
compenseraient la baisse des recettes douanières par une taxation uniforme des secteurs
industriels et des services. Quels seraient les effets de l’Union économique dans le cas où
l’augmentation des déficits publics serait financée par l’épargne étrangère, les gouvernements ne
mettant pas en place de mesures compensatoires ?
En ce qui concerne la structure sectorielle des échanges, les exportations industrielles,
dans le cas d’un financement par endettement externe, augmentent plus relativement que les
exportations agricoles, pour certains pays. C’est ainsi que la Côte d'Ivoire accroît sa spécialisation
industrielle par rapport au Mali qui se spécialise plus dans les exportations de produits agricoles. A
l’inverse, le Burkina Faso pourrait, dans le cas d’un financement externe, finalement accroître
relativement plus ses exportations industrielles par rapport aux exportations agricoles. On voit
donc à quel point le mode de transition fiscalo-douanière peut influencer la dynamique de
spécialisation de chaque pays ainsi que la mobilité des facteurs de production
Tant le problème du « creusement » du fossé entre la Côte d'Ivoire et ses partenaires
régionaux et ses effets en termes de migration et de localisation du capital industriel dans la
région, que le traitement du problème de la transition fiscalo-douanière doivent inciter la
communauté internationale à envisager les politiques d’aide dans une stratégie régionale et non
pas nationale comme cela l’est malheureusement encore.
35
CONCLUSION GÉNÉRALE
Au terme de cet exposé, il était question pour nous au cours de ce travail de faire ressortir
le rôle de l’OMC dans la régionalisation ou bien sa contribution dans le processus d’intégration
régionale.
Pour y parvenir nous avons dans un premier temps présenté l’Organisation Mondiale du
Commerce ; ses objectifs ; ses principaux accords ; son importance. Il ressort de cette partie que
l’OMC joue un rôle très important dans le règle ment des conflits d’ordre internationaux et
principalement ceux ayant rapport direct au commerce. Après présentation du phénomène
d’intégration régionale dans la deuxième partie de ce travail, on retient que l’intégration
régionale apparait comme une réponse au développement des pays membre de la région qui la
pratique. Car ces derniers se mettent ensemble dans un seul but mettre en commun leurs
différents marchés, leurs politiques économiques afin de pouvoir mieux faire face aux grandes
puissances du monde. C’est ainsi que naitrons des barrières protectionnistes régionales. D’où
l’opposition totale de l’OMC face au phénomène de la régionalisation qui apparaît comme un frein
à la mondialisation. C’est ainsi que la troisième partie de notre travail traitait de l’impact des
accords de l’OMC sur l’intégration régionale. De cette partie on retient que, certes l’OMC a été
totalement contre l’intégration régionale, mais par ailleurs son impuissance à résoudre les
problèmes que connaissent certains pays emmènera ces derniers à se mettre ensemble pour y
parvenir. C’est ainsi que l’impuissance de l’OMC apparaît comme un facteur du régionalisme. La
dernière partie de notre travail traite du cas pratique de la CEMAC et de l’UEMOA. Il ressort de
cette dernière partie qu’en Afrique, plus spécialement en Afrique francophone l’intégration
régionale n’est pas encore effective. On pourrait même dire que ces États ne sont pas prêts à se
mettre ensemble car on note une très grande disparité dans la contribution de chaque pays dans
les différentes activités régionales.
Cette remarque identiquement observée dans les sous régions CEMAC et UEMOA nous
emmène à nous poser certaines questions : l’intégration régionale ne nécessite-t-elle une
formation préparatoire ou supplémentaire pour les États qui veulent la pratiquer ? N’y a-t-il pas
des États qui n’y trouveront jamais leur compte ?
36
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES :
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Dwight H. Perkins, Steven Radelet et David L. Lindauer : « Économie du développement », 3e
édition, Traduit de la 6e édition américaine par Bruno Baron-Renault, 2006, De Boeck,
2008. ISBN 978-2-915236-91-0.
Marcel Opoumba : « Notes de cours », ISE 1 option Maths, ISSEA 2008/2009.
Michel Rainelli : « l'organisation mondiale du commerce », par coll. Repères, La Découverte, juillet
2007. ISBN 978-2-7071-5276-3.
Dictionnaire et Encyclopédie Microsoft Encarta 2008.
[DVD] © 1993-2007 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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http://www.beac.int/communiques/ccecemac250608.pdf
http://www.gate.cnrs.fr/unecaomc08/Communications%20PDF/Texte%20Abdelouahab%20OUCIEF.pdf
http://syspro2.enda.sn/activites/ape9/docs/Impacts-ACR_APE_Dakar.pdf
A
ANNEXE
B
ANNEXE I : SITUATION DES PAYS MEMBRES DE L’OMC
MEMBRES ET OBSERVATEURS DE L’OMC
L’OMC regroupe 153 pays membres et des observateurs. Les observateurs peuvent être des États
en cours d'adhésion ou des organisations internationales comme le FMI et la Banque mondiale.
Les pays suivants sont membres de l'OMC (entre parenthèses la date d'entrée dans l'OMC) :
Afrique du Sud (1er janvier 1995),
Albanie (8 septembre 2000),
Allemagne (1er janvier 1995),
Angola (23 novembre 1996),
Antigua-et-Barbuda (1er janvier 1995),
Arabie saoudite (11 décembre 2005),
Argentine (1er janvier 1995),
Arménie (5 février 2003),
Australie (1er janvier 1995),
Autriche (1er janvier 1995),
Bahreïn (1er janvier 1995),
Bangladesh (1er janvier 1995),
Barbade (1er janvier 1995),
Belgique (1er janvier 1995),
Belize (1er janvier 1995),
Bénin (22 février 1996),
Bolivie (12 septembre 1995),
Botswana (31 mai 1995),
Brésil (1er janvier 1995),
Brunei (1er janvier 1995),
Bulgarie (1er décembre 1996),
Burkina Faso (3 juin 1995),
Burundi (23 juillet 1995),
Cambodge (13 octobre 2004),
Cameroun (13 décembre 1995),
Canada (1er janvier 1995),
Cap-Vert (23 juillet 2008),
Chili (1er janvier 1995),
Chine (11 décembre 2001),
Chypre (30 juillet 1995),
Colombie (30 avril 1995),
Communauté européenne (1er janvier 1995),
République du Congo (27 mars 1997),
Corée du Sud (1er janvier 1995),
Costa Rica (1er janvier 1995),
Côte d'Ivoire (1er janvier 1995),
Croatie (30 novembre 2000),
Cuba (20 avril 1995),
Danemark (1er janvier 1995),
Djibouti (31 mai 1995),
Dominique (1er janvier 1995),
Égypte (30 juin 1995),
Émirats arabes unis (10 avril 1996),
Équateur (21 janvier 1996),
Espagne (1er janvier 1995),
Estonie (13 novembre 1999),
États-Unis (1er janvier 1995),
Fidji (14 janvier 1996),
Finlande (1er janvier 1995),
France (1er janvier 1995),
Gabon (1er janvier 1995),
Gambie (23 octobre 1996),
Géorgie (14 juin 2000),
Ghana (1er janvier 1995),
Grèce (1er janvier 1995),
Grenade (22 février 1996),
Guatemala (21 juillet 1995),
Guinée (25 octobre 1995),
Guinée-Bissau (31 mai 1995),
Guyana (1er janvier 1995),
Haïti (30 janvier 1996),
Honduras (1er janvier 1995),
Hong Kong (1er janvier 1995),
Hongrie (1er janvier 1995),
Maurice (1er janvier 1995),
Salomon (26 juillet 1996),
Inde (1er janvier 1995),
Indonésie (1er janvier 1995),
Irlande (1er janvier 1995),
Islande (1er janvier 1995),
Israël (21 avril 1995),
Italie (1er janvier 1995),
Jamaïque (9 mars 1995),
Japon (1er janvier 1995),
Jordanie (11 avril 2000),
Kenya (1er janvier 1995),
Kirghizistan (20 décembre 1998),
Koweït (1er janvier 1995),
Lettonie (10 février 1999),
Lesotho (31 mai 1995),
Liechtenstein (1er septembre 1995),
Lituanie (31 mai 2001),
Luxembourg (1er janvier 1995),
Macao (1er janvier 1995),
Macédoine (4 avril 2003),
Madagascar (17 novembre 1995),
Malaisie (1er janvier 1995),
Malawi (31 mai 1995),
Maldives (31 mai 1995),
Mali (31 mai 1995),
Malte (1er janvier 1995),
Maroc (1er janvier 1995),
Mauritanie (31 mai 1995),
Mexique (1er janvier 1995),
Moldavie (26 juillet 2001),
Mongolie (29 janvier 1997),
Mozambique (26 août 1995),
Myanmar (1er janvier 1995),
Namibie (1er janvier 1995),
Népal (23 avril 2004),
Nicaragua (3 septembre 1995),
Niger (13 décembre 1996),
Nigeria (1er janvier 1995),
Norvège (1er janvier 1995),
Nouvelle-Zélande (1er janvier 1995),
Oman (9 novembre 2000),
Ouganda (1er janvier 1995),
Pakistan (1er janvier 1995),
Panamá (6 septembre 1997),
Papouasie-Nouvelle-Guinée (9 juin 1996),
Paraguay (1er janvier 1995),
Pays-Bas (1er janvier 1995),
Pérou (1er janvier 1995),
Philippines (1er janvier 1995),
Pologne (1er juillet 1995),
Portugal (1er janvier 1995),
Qatar (13 janvier 1996),
Roumanie (1er janvier 1995),
Royaume-Uni (1er janvier 1995),
Rwanda (22 mai 1996),
République centrafricaine (31 mai 1995),
République dominicaine (9 mars 1995),
République démocratique du Congo (1er janvier 1997),
République tchèque (1er janvier 1995),
Saint-Christophe-et-Niévès (21 février 1996),
Sainte-Lucie (1er janvier 1995),
Saint-Vincent-et-les Grenadines (1er janvier 1995),
Salvador (7 mai 1995),
Sénégal (1er janvier 1995),
Sierra Leone (23 juillet 1995),
Singapour (1er janvier 1995),
Slovaquie (1er janvier 1995),
Slovénie (30 juillet 1995),
Sri Lanka (1er janvier 1995),
Suède (1er janvier 1995),
Suisse (1er juillet 1995),
Suriname (1er janvier 1995),
Swaziland (1er janvier 1995),
Tanzanie (1er janvier 1995),
Taïwan (1er janvier 2002),
Tchad (19 octobre 1996),
Thaïlande (1er janvier 1995),
Togo (31 mai 1995),
Tonga (27 juillet 2007),
Trinité-et-Tobago (1er mars 1995),
Tunisie (29 mars 1995),
Turquie (26 mars 1995),
Ukraine (5 février 2008),
Uruguay (1er janvier 1995),
Venezuela (1er janvier 1995),
Viêt Nam (11 janvier 2007),
Zambie (1er janvier 1995),
Zimbabwe (5 mars 1995)
Les pays suivants sont candidats et possèdent le statut d'observateur :
C
Afghanistan (21 novembre 2004)
Algérie (3 juin 1987)
Andorre (4 juillet 1997)
Azerbaïdjan (30 juin 1997)
Bahamas (10 mai 2001)
Biélorussie (23 septembre 1993)
Bhoutan (17 septembre 1999)
Bosnie-Herzégovine (17 mai 1999)
Comores (22 février 2007)
Éthiopie (13 janvier 2003)
Le
Guinée équatoriale (19 février 2007)
Irak (30 septembre 2004)
Iran (19 juillet 1996)
Kazakhstan (29 janvier 1996)
Laos (16 juillet 1997)
Liban (30 janvier 1999)
Liberia (13 juin 2007)
Libye (10 juin 2004)
Monténégro (10 décembre 2004)
Ouzbékistan (8 décembre 1994)
Russie (juin 1993)
Samoa (15 avril 1998)
Sao Tomé-et-Principe (14 janvier 2005)
Serbie (10 décembre 2004)
Seychelles (31 mai 1995)
Soudan (11 octobre 1994)
Tadjikistan (29 mai 2001)
Vanuatu (7 juillet 1995)
Yémen (14 avril 2000)
Saint-Siège est observateur sans être candidat.
Les pays suivants ne sont ni candidats, ni observateurs :
Corée du Nord
Érythrée
Kiribati
Marshall
Micronésie
Monaco
Nauru
Palaos
Saint-Marin
Somalie
Turkménistan
Tuvalu
CARTE DES PAYS MEMBRE DE L’OMC
D
ANNEXE II : TABLEAUX EXPLICATIF DES CARACTÉRISTIQUES D’INTÉGRATION DE
SOUS-RÉGION UEMOC.
Les tableaux suivants sont les tableaux de la partie IV.2.
Tableau IV.2. N° 1 : Origine des importations en 1996 (en % de la valeur totale caf)
Tableau IV.2. N° 2 : Destination des exportations en 1996 (en % de la valeur totale)
E
Tableau IV.2. N° 3 : Migrations en Africain de l’ouest
Le tableau suivant rend compte des soldes migratoires annuels moyens observés entre les pays sur la
période 1988-1992 (source enquête REUMOA - Bocquier & Traore 2000, sauf pour Benin –Recensement
1992, et Togo –estimations). La migration ne tient pas compte de la nationalité du migrant mais seulement
de son pays de départ et de destination. Par exemple le flux de 514 entre la Côte d’Ivoire et le Burkina
inclut tout aussi bien des mouvements d’ivoiriens vers le Burkina Faso que des retours de burkinabé.
Certains flux (estimés à moins de 500 personnes par an) ont été annulés.
Tableau IV.2. N° 4 : PIB, population, taux moyens de protection et revenus fiscaux pour 1996
F
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