Le principal canal de transmission de la crise des subprimes à l'économie réelle est la contraction de l’offre de crédit
appelé « credit crunch ». Les banques ont en effet acheté massivement des subprimes. Mais avec l’effondrement du
marché immobilier américain et les défauts de paiement des ménages emprunteurs, ces titres perdent toute valeur au
point de les appeler des « actifs toxiques ». Sur le marché interbancaire, c’est la paralysie : les banques éprouvent les
plus grandes difficultés à trouver des liquidités car elles proposent en échange des titres jugés douteux ou pourris (junk
bounds). De même, leur santé financière étant altérée, elle ne peuvent pas faire appel à de nouveaux fonds propres :
personne n’a envie de devenir actionnaire d’une banque qui peut potentiellement faire faillite. Elles sont donc moins
en mesure d'octroyer des prêts aux entreprises et aux ménages. Le taux d'intérêt des prêts est relevé, car l'ensemble des
banques exige des primes de risque plus élevées en raison de la crise de confiance qui s'est installée. L'assèchement du
crédit réduit la consommation et l'investissement des ménages et des entreprises. Les petites et moyennes entreprises
notamment sont très dépendantes du crédit pour leur création et pour leur croissance (pour financer leurs
investissements suivants). Les entreprises sont également mises en difficulté par des problèmes de trésorerie car elles
ont de plus en plus de difficultés à emprunter de l'argent à court terme. Sans la possibilité de recourir à des emprunts,
une grande partie des ménages ne parvient pas à acheter un logement ou une voiture.
Nicolas Couderc, Olivia Montel-Dumont, Des subprimes a la récession, comprendre la crise, La Documentation française, 2009.
1. Représentez par un schéma l'enchaînement de la crise.
2. On parle de risque « systémique » ou d'« effet-domino » à propos crises financières. Montrez en quoi le reste de
l'économie (consommation, investissement, croissance, emploi, ...) est frappé à son tour par la crise financière.
3. Les ménages directement détenteurs de fonds placés dans des subprimes peuvent-il subir les conséquences de la
crise financière ? Quelle sera leur réaction en termes de propension à consommer ?
Avec le décloisonnement des marchés, une crise localisée peut se diffuser à l’ensemble des marchés financiers à
l’échelle planétaire. On parle de risque systémique lorsque la dégradation brutale de la stabilité financière risque de
compromettre la capacité du système financier à remplir sa fonction fondamentale, c’est-à-dire permettre le
financement de l’économie réelle.
Avec la crise des subprimes de 2008, le cours des titres subprimes s’est effondré avec, à sa suite, celui des actions
d’entreprise : il y a eu donc aussi une crise boursière.
B - Il fallait sauver le soldat bancaire : « too big to fail » !
La banque américaine Lehman Brothers fait faillite en 2008. Comme on ne pouvait laisser le système s'effondrer au
risque de provoquer une dépression générale, les États et les Banques centrales ont massivement soutenu les banques
en difficulté.
L’Etat français par exemple a fait voté aux députés en octobre 2008 un plan de sauvetage des banques françaises : 40
milliards d’euros ont été versés aux différentes banques pour les recapitaliser (leur donner de nouveaux fonds propres)
et 320 milliards leur ont été prêtés dans le même but. L’ensemble des banques les avait remboursé en 2011. Par
comparaison, les deux plans de prêt à l’Etat grec représentaient 240 milliards.
Pour sécuriser le système bancaire, la Banque Centrale a adopté le rôle de prêteur en dernier ressort. Si une banque est
illiquide, elle peut toujours s’approvisionner en monnaie Banque Centrale auprès d’elle. Cela veut dire que la Banque
Centrale a consenti à prendre en pension les actifs toxiques des banques.
Enfin, les Etats ont adopté des plans de relance de l’économie en accordant des baisses d’impôts temporaires et des
primes à la consommation. Tout cela a fortement creusé les déficits publics. Cela explique une partie de la crise de la
dette d’aujourd’hui.
L’aléa moral. les opérateurs financiers peuvent prendre des risques non anticipés, parce qu’ils savent qu’il existe un
prêteur en dernier ressort (Etat ou banque centrale) qui pourra les couvrir. L’assurance d’un sauvetage financier
conduit à prendre davantage de risques.
Un établissement "too big to fail" est un établissement " trop gros pour faire faillite ". Son poids financier rend
impossible le fait que les autorités monétaires puissent le laisser tomber, en raison de l’effet majeur qu’une faillite
entraînerait. Notamment, un phénomène de panique bancaire (une ruée vers les guichets). En l’absence d’intervention,
l’économie risque la crise systémique