CADRE STRATEGIQUE DE
LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
JANVIER 2001
Résumé
1. Dans le cadre de l'initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE) à
laquelle le pays a été déclaré éligible en Mars 1999, le Gouvernement mauritanien a lancé le
processus de préparation d'une stratégie de lutte contre la pauvreté, qui a associé, à côté de
l'administration, les collectivités locales, les représentants des organisations
socioprofessionnelles (patronats, syndicats), les organisations de la société civile (ONG), des
universitaires et de nombreuses autres personnes ressources.
2. Au total, 12 groupes de travail ont contribué au Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
(CSLP). De même, un comité de concertation regroupant des représentants du Gouvernement
et de la société civile, et un comité des donateurs représentant l'ensemble des partenaires au
développement ont été étroitement associés à l'ensemble du processus. En outre, le projet de
CSLP a été discuté avec l'ensemble de l'équipe pays de la Banque Mondiale et du FMI.
3. Tout en étant le document du Gouvernement, qui en a assuré de bout en bout la maîtrise
d'œuvre, le CSLP s'est largement enrichi de cet ensemble de consultations.
4. Le CSLP s'ouvre d'abord sur une analyse de la situation de la pauvreté avant de présenter la
stratégie de lutte contre la pauvreté à long terme et à l'horizon 2004. Les parties 3, 4, 5 et 6
sont consacrées aux différents axes de la stratégie et du plan d'actions qui sera mis en œuvre
sur la période. La partie 7 est consacrée au suivi et aux modalités de mise à jour du document.
Analyse de la situation de la pauvreté
5. La dernière enquête sur les conditions de vie des ménages (1996) a montré que l’étendue de
la pauvreté mesurée par le pourcentage des individus vivant au-dessous du seuil de pauvreté,
concernait en 1996 plus de la moitié de la population (50,5%). L’incidence de la pauvreté a
toutefois reculé par rapport au début de la décennie (56,6% en 1990).
6. Le recul de la pauvreté est encore plus marqué pour les indicateurs d’écart : l’extrême
pauvreté a connu une diminution de plus de 12 points sur la période 1990–1996, tandis que la
profondeur et la sévérité de la pauvreté ont enregistré une diminution de 10 et 9 points,
passant respectivement de 28,3% à 18,3% et de 18,1% en 1990 à 9,1%.
7. La pauvreté monétaire est, d’abord, un phénomène rural (76,4%). Elle est en grande partie
due à la zone rurale aride qui regroupe plus de 57% des pauvres. Les régions les plus
touchées sont la zone de l’Aftout (zone aride, à cheval entre les wilayas de l’Assaba, du
Brakna et du Gorgol), certaines zones des deux Hodhs et du Guidimakha, qui affichent des
taux de prévalence de la pauvreté voisins de 80%, voire supérieurs.
8. Les données relatives à la pauvreté des conditions de vie, quant à elles, témoignent d’une
amélioration globale des indicateurs sociaux. Ainsi, le taux brut de scolarisation au niveau de
l’enseignement fondamental est passé de 46% en 1989-1990 à près de 86% en 1999-2000. Le
taux d’accessibilité des structures sanitaires dans un rayon de 10 km est passé de 30% en
1990 à 80% en 1998, tandis que le taux de mortalité infantile a reculé de 124%o en 1990 à
105%o en 1998. De même, l’accès à l’eau potable, a connu, lui aussi, d’importants progrès,
tant en milieu rural qu’en milieu urbain. Cependant, les niveaux et la qualité de ces
indicateurs restent en deçà des normes souhaitables et ils s’accompagnent de disparités encore
très marquées dans le pays.