1 Chapitre 4 QUESTIONS À COURT DÉVELOPPEMENT 1. Comment la cellule bactérienne peut-elle accomplir toutes les fonctions nécessaires à la vie et avoir un métabolisme très élevé, bien qu’elle soit plus petite et de structure plus souple que la cellule eucaryote ? Les cellules procaryotes telles que les bactéries ont une paroi cellulaire rigide qui leur permet de maintenir un taux très élevé de molécules à l’intérieur du cytoplasme. Les bactéries contiennent peu d’organites ; toutefois, ce sont des organites essentiels qui leur permettent de produire de l’énergie et d’effectuer la synthèse des protéines ; ex. : les enzymes respiratoires accolées sur la face interne de la membrane cytoplasmique, les nombreux ribosomes et le chromosome. La petite taille des bactéries n’est pas un handicap ; toutes les molécules sont très concentrées, les organites sont facilement accessibles et libres dans le cytoplasme ; ce dernier n’est donc pas encombré par des organites membranaires qui prennent beaucoup de place. Tous ces facteurs favorisent un métabolisme très élevé. 2. Certaines structures bactériennes, essentielles à la viabilité de la cellule, constituent d’excellentes cibles pour une thérapie par antibiotiques. Quelles sont ces structures, et pourquoi leur destruction entraîne-t-elle la mort de la bactérie ? La paroi cellulaire constitue une bonne cible parce qu’elle entraîne une fragilité de la bactérie à la lyse osmotique ; la bactérie éclate et se vide de son contenu. 1 2 La membrane cytoplasmique est aussi une bonne cible parce que, du fait de sa perte, les échanges de molécules entre la bactérie et son milieu sont altérés et que les processus de production d'énergie sont perturbés. Les ribosomes sont une bonne cible parce que, du fait de leur perte, la synthèse des protéines est inhibée. Le chromosome est une bonne cible parce que, du fait de sa perte, le matériel génétique est altéré. Le cytoplasme est une bonne cible parce que, du fait de sa perte, les réactions chimiques ne peuvent plus s’y produire. 3. Expliquez comment la coloration de Gram permet de distinguer entre les deux types de parois cellulaires, à Gram positif et à Gram négatif. Le violet de cristal, qui est le colorant primaire, confère une couleur violette aux deux types de paroi cellulaire parce qu'il pénètre jusqu'au cytoplasme des cellules à Gram positif et à Gram négatif. Quand l'iode (le mordant) est ajouté, il forme avec le colorant de gros cristaux (complexe iode-violet). Chez les bactéries qui deviendront à Gram positif, les gros cristaux ne peuvent pas traverser l’épaisse couche de peptidoglycane. Le mélange d’isopropanol-acétone ou d’éthanol à 95 % qu'on ajoute par la suite déshydrate cette couche épaisse, ce qui rend la paroi des bactéries encore plus imperméable aux cristaux du complexe iode-violet ; ces bactéries conservent alors la coloration violette initiale, d'où leur nom de bactéries à Gram positif. Par contre, chez les bactéries à Gram négatif, l'alcool dissout la membrane lipidique externe et laisse même de petits trous dans la mince couche de peptidoglycane, par lesquels les cristaux du complexe iode-violet diffusent et sortent de la bactérie ; la paroi perd alors la couleur violette, d'où le nom de bactéries à Gram négatif. Comme les bactéries à Gram négatif sont incolores après le lavage à l'alcool, on ajoute de la safranine (contre-coloration), ce qui les fait apparaître en rose ou en rouge. 2 3 4. Expliquez pourquoi la perte de la capsule ou celle des fimbriæ entraîne chez les bactéries une perte de virulence. La virulence d’une bactérie est associée à des structures qui lui permettent d’amorcer une infection, telles que la capsule et les fimbriæ. La perte de la capsule rend la bactérie vulnérable à la phagocytose et l'empêche d'adhérer aux cellules humaines ; cela peut l'empêcher d'amorcer une infection, d’où la perte de la virulence ; la perte des fimbriæ empêche également l'adhérence des bactéries aux cellules humaines, ce qui réduit la possibilité d'amorcer une infection. 5. Clostridium botulinum est une bactérie anaérobie stricte, c’est-à-dire qu’elle est tuée par l’oxygène moléculaire (O2) présent dans l’air. Comment cette bactérie survit-elle sur les plantes cueillies pour la consommation humaine ? Pourquoi les conserves faites à la maison sont-elles la source la plus fréquente de botulisme ? (Indice : voir le chapitre 22.) Les plantes vivent dans un environnement où il y a de l’oxygène, condition sans laquelle C. botulinum ne peut survivre. C. botulinum peut se protéger contre de mauvaises conditions environnementales en se transformant en endospore, qui constitue une forme de conservation, une forme de protection contre la chaleur et une forme de dormance. C’est ainsi que l’endospore persiste sur les plantes et peut se retrouver dans des aliments. Si des conserves faites à la maison ne sont pas stérilisées de façon adéquate, les spores ne sont pas détruites. Dans la boîte de conserve scellée, les conditions environnementales deviennent anaérobies et favorisent la germination de la spore. La bactérie peut alors produire une exotoxine, soit un poison qui est libéré dans l’aliment mis en conserve. Lorsque cet aliment est consommé, il y a intoxication. 3 4 6. Expliquez l’avantage que donne à une bactérie la présence d’un plasmide dans son cytoplasme. Dans certaines conditions, les plasmides peuvent porter des gènes pour certaines activités telles que la résistance aux antibiotiques, la tolérance aux métaux toxiques ainsi que la production de toxines et d'enzymes. Ces activités confèrent un avantage certain aux bactéries qui portent un plasmide ; en effet, ce dernier est responsable de l’accroissement de la virulence de la bactérie. 7. Le nom donné aux agents pathogènes est complexe. Par exemple, E. coli O157:H7 est une bactérie responsable d’épidémies de diarrhée. Que signifient les combinaisons de lettres et de nombres (O157 et H7) dans ce sérotype ? Les sérotypes représentent des variations au sein d'une même espèce de bactéries. Par exemple, il y a au moins 50 antigènes H associés aux protéines flagellaires nommées antigènes H, et il y a plusieurs antigènes O associés à la partie glucidique nommée polysaccharide O de l'élément lipopolysaccharide (LPS) situé dans la membrane externe des bactéries à Gram négatif. Ainsi, l'agent pathogène E. coli O157:H7, qui contamine l'eau et la nourriture, est distingué des autres sérotypes grâce à certains tests de laboratoire permettant de révéler les antigènes H et O qui lui sont spécifiques, soit le H7 et le O157. APPLICATIONS CLINIQUES N. B. Certaines de ces questions nécessitent que vous cherchiez des réponses dans les différents chapitres du livre. 1. Une enfant souffrant d’une infection à Neisseria, bactérie à Gram négatif à diffusion hématogène, a été traitée à la gentamicine. Après le traitement, on a tenté sans succès 4 5 d’obtenir une culture de Neisseria à partir de son sang, ce qui indique que les bactéries avaient été détruites par l’antibiotique. Néanmoins, les symptômes de fièvre et de malaises de l’enfant ont persisté et se sont même aggravés avec un état de choc. Expliquez pourquoi le traitement aux antibiotiques a causé une exacerbation des symptômes. (Indice : voir le chapitre 15.) Neisseria est une bactérie à Gram négatif dont la membrane externe possède le lipide A (ou endotoxine). La mort des bactéries soumises à l’antibiotique a provoqué la libération de l’endotoxine, qui exerce son action toxique quand elle se trouve dans la circulation sanguine. L’endotoxine circulante exacerbe les symptômes de la fièvre et peut causer l'état de choc. 2. Une infirmière en poste au Centre de prévention des infections est chargée d’enseignement auprès du personnel. Quelles explications donnera-t-elle pour faire comprendre le grand danger que représentent les endospores dans le milieu hospitalier, particulièrement les endospores de Clostridium perfringens, l’agent causal de la gangrène, dans un service où sont hospitalisés des patients atteints de diabète ? (Indice : voir le chapitre 14.) Les endospores représentent un danger parce qu’elles sont déshydratées, donc volatiles ; elles résistent à divers agents physiques (y compris la chaleur, le gel, la dessiccation et les rayonnements) et sont donc résistantes à de nombreux procédés de stérilisation ; elles résistent à divers agents chimiques (désinfectants et antiseptiques) et sont donc résistantes à la désinfection. Les endospores sont donc facilement véhiculées par l’air. L’air d’un milieu hospitalier possède certainement des endospores de Clostridium perfringens. Cette endospore sortira de sa dormance -- germera -- si elle se retrouve dans des conditions anaérobies. Le diabète est une maladie chronique qui prédispose le sujet atteint à la maladie infectieuse. Lorsque le patient n’est pas en état d’homéostasie, des plaies 5 6 se forment facilement sur la peau des extrémités. Ces plaies mal irriguées s’aggravent en présence de tissu nécrosé, qui offre des conditions de croissance anaérobies. Les endospores de Clostridium perfringens trouvent dans ces plaies des conditions favorables à leur développement, et peuvent donc causer la gangrène gazeuse. 3. Dans un grand hôpital, cinq patients en hémodialyse se sont mis à souffrir de fièvre et de frissons au cours d’une période de trois jours. Chez trois de ces patients, on a isolé Pseudomonas æruginosa et Klebsiella pneumoniæ. On a aussi isolé P. æruginosa, K. pneumoniæ et Enterobacter agglomerans dans les appareils de dialyse. La coloration de Gram indique que ces bactéries ont toutes trois des parois à Gram négatif. Pourquoi ces trois bactéries causent-elles des symptômes semblables ? (Indice : voir le chapitre 15.) Comme ces 3 bactéries sont des espèces à Gram négatif, leur parois possèdent l’endotoxine (ou lipide A) qui est responsable de l’apparition des mêmes symptômes, soit la fièvre et les frissons. 4. Une infirmière remarque que plusieurs enfants hospitalisés dans une chambre commune ont contracté une pneumonie causée par une bactérie. Elle fait une demande de dépistage de l’agent pathogène dans l’environnement. On trouve des bactéries dans l’humidificateur de la chambre. Comment une bactérie peut-elle se trouver dans les voies respiratoires humaines et sur les filtres d’un humidificateur ? Comment la contamination a-t-elle pu se produire ? (Indice : voir le chapitre 15.) Le polysaccharide extracellulaire (PSE) confère à la bactérie la capacité de se fixer à diverses surfaces dans son environnement naturel afin d'assurer sa survie. De cette façon, les bactéries peuvent croître sur diverses surfaces telles que les 6 7 dents humaines, les muqueuses, les implants chirurgicaux, les conduites d'eau et les filtres, et même sur d'autres bactéries. La bactérie en cause a donc pu se trouver tant sur les filtres de l'humidificateur que sur les cellules de la muqueuse respiratoire. La contamination se fait ensuite par l'air. 5. Une jeune maman demande à une infirmière de lui expliquer pourquoi, dans un livre sur l’alimentation des bébés, une diététicienne québécoise recommande aux mamans de ne pas donner de miel à manger à leur bébé avant l’âge de 1 an. Quelle serait l’explication donnée par l’infirmière ? Des spores de Clostridium botulinum peuvent se trouver dans du miel. Ces spores ne germent pas dans le miel et il n’y a pas production de toxine. Toutefois, lorsque le miel est ingéré, les spores sont susceptibles de germer et de croître dans l’intestin, où elles peuvent avoir une action toxique. Chez l’enfant âgé de plus de 1 an, le système immunitaire est habituellement capable de se défendre contre cette action toxique. Avant l’âge de 1 an par contre, le système immunitaire n’est pas assez développé, d’où la mise en garde. 7