La façade Atlantique de l’Amérique du Nord Façade maritime : Il s’agit d’un espace littoral qui agit comme une interface entre un arrière pays continental (l’hinterland) et un avant-pays océanique, auxquels il est relié par un réseau de communication dense et varié. Il s’agit donc d’une zone de contacts, d’un espace d’échanges et de production (diversifiée). Ainsi il est l’objet d’un processus d’urbanisation et de littoralisation (concentration démographique, portuaire et urbaine) que la mondialisation peut accentuer. Les façades sont en quelque sorte des « rues urbaines qui s’étirent sur des fronts d’eau ». La FANA est l’une des trois façades maritimes majeures à l’échelle mondiale (Pacifique, NE de l’Europe). La façade pacifique a une croissance plus rapide mais la FANA reste la façade dominante. La FANA s’étire sur plus de 8000 kilomètres entre le golfe du Saint-Laurent au N et la péninsule du Yucatan au S. Elle est d’une épaisseur inégale (les rapports entre le littoral et l’hinterland sont plus ou moins importants) : Elle peut se réduire à un simple liseré littoral : certaines parties du Golfe du Mexique, SE étasunien, N du SaintLaurent Elle peut s’étendre sur plusieurs milliers de kilomètres en intégrant la région des Grands lacs reliée à l’océan par le Saint-Laurent 1 Les 2 façades sont concurrentes mais également interdépendantes : les échanges entre elles sont nombreux par le biais du canal de 1 Panama et des « ponts transcontinentaux » ferroviaires (Voir II) Cette façade est centrale dans les relations de plus en plus étroites et transfrontalières qu’entretiennent les 3 Etats dans le cadre de l’ALENA. Toutefois elle reste dominée par les EU, ce point mettant en relief la diversité de cet espace (en terme de développement, de poids économique, et démographique). Cela pose la question de l’existence de plusieurs façades. Une façade océanique, c'est un système géographique qui inclut de part et d'autre du littoral les espaces limitrophes: - l'avant pays océanique, soit le grand large océanique et les flux qui l'accompagnent. - les régions littorales elles mêmes dont les activités sont plus ou moins liées à l'océan. - l'arrière pays océanique et les flux qui relient les ports, les canaux océaniques. I- La façade Atlantique d’Amérique du N : un espace entre unité et diversité Cette partie permettra de poser la question l’existence de cette façade et par conséquent de mettre en valeur l’idée que la FANA est une façade-mosaïque. 1) Les conditions naturelles a- La variété du littoral Le littoral de la FANA peut être globalement divisé en 2 parties dont la césure se situerait au niveau du Cap Hatteras (carte p.119): Au nord, le littoral est constitué majoritairement de côtes rocheuses à falaises avec des grands estuaires en eau profonde offrant de remarquables sites portuaires bien abrités. La baie de Chesapeake accueille le plus grand port naturel du monde (Hampton Roads) Au sud, le littoral est majoritairement constitué de côtes basses, plates, sableuses avec cordon dunaires, marécages1 et lagunes2. Les sites portuaires naturels sont rares et ravagés régulièrement par les hurricanes. Sur ce littoral il est à noter également la présence de deux fleuves dont le bassin permet de créer un véritable lien avec l’hinterland (c’est d’ailleurs dans ces endroits là que l’épaisseur de la FANA est la plus importante. Il s’agit : du Saint Laurent = jonction avec la région des Grands Lacs du Mississippi = jonction avec la région des Grandes Plaines Le Rio Grande (qui marque la frontière americano-mexicaine) quant à lui est plutôt une coupure entre un pays développés et un PED, il n’est pas une porte d’entrée (une « gateway ») entre le littoral et l’intérieur. 1 2 Les Everglades en Floride La lagune est une étendue d'eau généralement peu profonde séparée de la mer par un cordon littoral 2 b- L’éventail climatique de la façade La superficie de la FANA fait qu’elle se découpe sur trois les zones climatiques : 1 Climat polaire (1) Nord de la péninsule du Labrador Climat continental semi-humide (2) Nord Est canadien et étasunien 2 3 Zone tempérée Climat subtropical de type chinois (3) Vieux Sud et Floride étés chauds et humides ainsi que des hivers frais Climat subtropical à tendance semi-désertique (4) Sud Texas 4 Zone froide 5 Zone chaude Climat tropical humide (5) Littoral mexicain La rupture climatique entre la partie continentale et la partie tropicale est située au niveau de la Virginie : c’est l’endroit où le Gulf Stream diverge de la côte de l’océan et est remplacé par le courant froid du Labrador. Cette dégradation climatique selon la latitude a été exploitée par les sociétés en termes de peuplement (voir I-3 sur la répartition de la population) et d’économie (agriculture, tourisme). Ainsi la mise en valeur de la FANA est d’une grande variété. Toutefois le risque climatique est non négligeable (températures pouvant chuter très bas au N, cyclone au S). c- Le relief de l’hinterland : un facteur favorable au développement de la façade Voir carte sur le relief p.119 Dans l’hinterland deux massifs montagneux ont pu jouer un rôle de barrière favorisant : la Sierra Madre orientale (Mexique) et les Appalaches. Au nord les Appalaches n’ont pas favorisé la progression vers l’intérieur d’autant plus que les plaines littorales étaient facilement pénétrables grâce aux estuaires du Saint Laurent et de l’Hudson. Dans le cas de la Sierra Madre c’est la montagne (en particulier les hauts plateaux intérieurs) qui servit de refuge aux hommes, les plaines étant plus malsaines donc moins attractives. En fait seule la façade étasunienne du golfe du Mexique est naturellement ouverte sur l’immense espace intérieur des plaines du Mississippi et des Grandes plaines (plus à l’Ouest) 3 d- Une grande diversité de ressources naturelles Ressources de la faune marine Grâce à des courants marins chaud et froid, les eaux de la FANA permettent une activité de pêche variée : au large de Terre neuve, on effectue de la pêche de homard et de morue. Au large du golfe du Mexique on pêche du thon, de la crevette, de la langouste. Ressources du sous-sol Les ressources pétrolières sont importantes le long de la FANA : gisements du Texas et de la Louisiane ; gisements off-shore du golfe de Campeche et de la région de Tampico. D’autres ressources naturelles sont présentes dans la région : charbon des Appalaches, exploitation forestière dans le N, hydroélectricité, nombreux gisements de métaux canadiens (25 mines dans la région de la FANA, en incluant les Grands Lacs, or, uranium, fer, nickel, zinc…) Ressources touristiques Les conditions naturelles sont favorables au développement du tourisme : dans le sud de la FANA il y a un ensoleillement important offrant des températures de type tropicales, des mers chaudes + présence de plages immenses. En outre, le littoral mexicain offre de nombreux sites archéologiques des civilisations précolombiennes (Mayas et Aztèques) : péninsule du Yucatan (Chichen Itza, Palenque), région de Tampico. 2) La porte d’entrée des Européens : une mise en valeur historique Les Européens ont abordé le continent américain à partir des premiers voyages d’exploration par le sud et par le nord. Ces deux voies déterminèrent le partage du continent entre les puissances maritimes européennes de l’époque (Espagne, France, Angleterre, PaysBas). Carte p.121 a- Les rivages du Sud occupés par les Espagnols Les Espagnols3 colonisèrent la région du Golfe du Mexique de la Floride à l’Amérique centrale. L’occupation du littoral, par la création de comptoirs maritimes (Vera Cruz, Tampa, Mobile), leur permit de conquérir l’intérieur qui était bien moins insalubre et plein de richesses minières. 3 Cortès conquiert l’empire aztèque entre 1517 et 1521 4 Le but de cette conquête littorale ne fût pas de l’exploiter mais d’empêcher les autres d’y être et d’assurer le passage dans l’ensemble du Golfe du Mexique. La colonisation fût la plus importante au sud de Tampico et en Floride4. Ainsi après la décolonisation (1824) le Mexique va perpétuer cette occupation du territoire en tournant le dos au littoral : ce n’est que le développement de l’exploitation des hydrocarbures à partir des 1970’s qui dynamisera la région. b- Au Nord, la colonisation française et surtout anglaise La colonisation française5 s’est faite par une porte d’entrée majeure, le Saint Laurent. Il leur permit d’accéder aux grands lacs, puis de redescendre la vallée du En 1713 Mississippi (à la recherche de fourrures). Les Français constituent un gigantesque empire colonial composé de 2 colonies appelées Louisiane et Nouvelle France (sa configuration montre bien le rôle de lien joué par la vallée du Mississippi en direction du N = créer un lien au sein de cette façade mosaïque 6). En 1763, les Français sont éliminés du canada mais une forte communauté française se maintient avec un fort repli identitaire. La colonisation britannique s’empara de ce qui resté, l’Est des Etats-Unis. De nombreux colons anglais s’y installent au 17ème deux modèles sociaux différents: - au Sud du Cap Hatteras se développe une société de planteurs esclavagistes : une société aristocratique (grande propriété) et une économie de traite (indigo, tabac, coton). - au Nord des puritains fuyant les persécutions développent une société urbaine et commerçante : de Boston à Washington, une région qui se développe grâce à l’exploitation de l’océan = apparition de grandes fortunes d’armateurs permettant plus tard l’industrialisation. c- L’immigration européenne du 19ème siècle Avec la révolution des transports et les navires à vapeurs la façade du NE des EU présente à la fois l’avantage d’être la plus proche de l’Europe et libre de glaces toute l’année. 4 Entre les deux le climat est trop aride et les Français occupent la vallée du Mississippi Cabot et Cartier (découvre le Saint Laurent en 1534) 6 Voir II sur la question des échanges 5 5 Ainsi l’arrivée massive d’une main d’œuvre peu coûteuse7 a contribué à l’accumulation du capital nécessaire à la RI qui donne alors à cette région un avantage décisif : Développement de l’industrie, des constructions navales, mécaniques et textiles Affirmation d’une série de villes puissantes qui constituent la base arrière de la Conquête de l’Ouest L’aménagement en 1825 du canal Erié8 assure la suprématie de NY car aucune autre ville ne dispose d’une telle liaison avec l’hinterland. 3) Un peuplement et un niveau de richesse hétérogène a- L’inégale répartition de la population Voir carte p.119 La FANA occupe une place démographique essentielle à l’échelle du continent : sur les 425 millions d’habitants des trois Etats, 215 millions vivent dans cet espace. Leur répartition nous apprend beaucoup sur la répartition des espaces de puissance (qui sont en général les espaces ayant le plus fort tropisme) : 50% de la population de la FANA est concentrée dans la Megalopolis et la Main Street America (région des Grands Lacs + Saint Laurent) 35% sont établis entre la Virginie et le Texas : les densités sont plus faibles, les pôles dynamiques sont plus dispersés. 25% de la population nationale. Le reste de la population est située sur les rivages du Mexique. Ils comptent 20 millions de personnes avec des régions de faible densité (les Etats du Sud du rivage mexicain9) reflétant la situation d’un espace longtemps négligé et secondaire par rapport à l’intérieur du pays (l’aire urbaine de Mexico à elle seule représente 20 millions d’habitants). Le littoral mexicain ne représente que 19% de la population nationale. b- Des niveaux de richesses hétérogènes Forte différenciation des espaces de richesse : 7 Entre 1851 et 1921, plus de 3.5 millions d'Irlandais sont arrivés en Amérique du Nord, la majorité étaient issus des classes agricoles les plus pauvres 8 Le canal Érié est un canal situé dans l'État de New York, qui relie l'Hudson au lac Érié, établissant une voie fluviale entre l'océan Atlantique et les Grands Lacs. 9 L’Etat du Campeche comptait en 2005 754000 habitants (30 ème rang sur 31) 6 un NE d’une richesse homogène correspondant à la région des Grands Lacs, à la Megalopolis et à la Main Street America. Toutefois quelques espaces avec un niveau inférieur sur le littoral Sud du Saint Laurent (Etat du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse) De la Virginie au Texas, 2 pôles se distinguent (Texas + Floride) dans le Vieux Sud (Louisiane, Mississippi, Alabama) le niveau de richesse est inférieur à la moyenne de la façade étasunienne. Une façade mexicaine au niveau de richesse faible comparé aux moyennes étasuniennes et canadiennes IDH (2009) Canada = 0,967 Etats-Unis = 0,956 Mexique = 0,854 c- Des mouvements migratoires inégalitaires Les flux humains à l’intérieur de l’espace de la FANA sont révélateurs de la diversité de peuplement et de richesse : Flux Sud (Mexique) vers le Nord (EU): pauvres en quête de travail et d’une vie meilleure (parfois clandestins) ; réfugiés politiques (Cuba, Haïti) Flux N vers le sud : tourisme en Floride ou vers le littoral mexicain (Cancun) ; régions attractives de la Sun Belt Cette immigration peut être source de métissage ou d’interaction culturelle permettant de dépasser les découpages nationaux. Ainsi pour reprendre le découpage de Joël Garreau, le sud des EU et le N du Mexique forment la « Mexamerique ». Il constitue un espace original qui rend compte des réalités d’un espace transfrontalier : côté américain la pratique de l’espagnol ne cesse d’augmenter, côté mexicain l’American way of life attire de plus en plus. La FANA n’est donc pas un ensemble unitaire, il s’agit bien d’un espace-mosaïque. Pour autant, elle forme bel et bien un ensemble à part. Ceci est dû en particulier à l’intensité des échanges. II- La façade Atlantique d’Amérique du N : un espace d’échanges L’espace de la FANA est hétérogène mais cela génère de nombreux flux complémentaires. C’est un espace puissant également s’imposant comme une interface 7 mondiale. L’intégration (les relations) est également de plus en plus importante entre les 3 Etats de la façade. Il s’agit donc d’un espace qui se situe au cœur de la dynamique de mondialisation et au sein d’une dynamique de continentalisation (plus d’échanges entre les Etats d’Amérique). 1) Un espace de libre-échange a- L’Accord de Libre-Echange Nord Américain (ALENA ou NAFTA) L'Accord de libre échange Nord-américain (ALENA), signé entre le Canada, les ÉtatsUnis et le Mexique, est entré en vigueur le 1er janvier 1994. Cet accord est destiné à favoriser les échanges commerciaux et les investissements entre les partenaires. Il comprend un vaste programme d'élimination des droits de douane et de réduction des barrières non-tarifaires. L'ALENA s'accompagne de dispositions relatives à l'investissement, aux services, à la propriété intellectuelle, à la concurrence et au règlement des différents. Il s'agit d'un accord de libre échange, sans intégration politique. L'ALENA est aujourd'hui la plus grande zone de libre-échange du monde (21 311 000 km²) Les principales dispositions de l’ALENA - Élimination des droits de douane : Les droits de douane sur les exportations vers les États-membres seront éliminés progressivement sur une période de 10 ans. Le Mexique a accordé l'accès immédiat en franchise à de nombreux produits d'exportation canadiens et importants, tandis que 60% des produits mexicains sont déjà totalement exonérés de droits. - Traitement national : Le Canada, les États-Unis et le Mexique traitent les produits, les services et les investisseurs des deux autres parties de la même façon que les leurs. - Accès garanti au marché : Grâce à l'ALENA, les produits canadiens, américains ou mexicains ont un accès assuré aux marchés de leurs partenaires de la zone. Les résultats de l’ALENA : une collaboration plus étroite Dès l'entrée en vigueur de l'accord en 1994, les échanges commerciaux entre les trois partenaires se sont mis à croître de façon très importante. La croissance annuelle moyenne pour les trois premières années de l'Accord se chiffrait à 13,8%. Cette croissance des échanges commerciaux est due en grande partie à l'élimination des droits de douanes dans la zone de l'ALENA. Les droits de douane entre les États-Unis et le Canada ont totalement 8 disparu depuis le 1er janvier 1998, tandis qu'à l'égard du Mexique les droits de douane ont totalement disparu au 1er Janvier 2003. En ce qui concerne les investissements l'ALENA a fait du Canada, mais surtout du Mexique des pays plus attrayant pour les investisseurs étrangers et en particuliers américains. Les États-Unis demeurent le principal investisseur étranger au Canada. Leurs investissements directs ont augmenté de 11% (pour un total de 113 milliards de dollars CAN) en 1995, et ils représentent 67% des investissements directs étrangers au Canada. Mais les États-Unis sont aussi restés la première destination des investissements directs canadiens tandis que les investissements canadiens et américains au Mexique ont cru de façon considérable, malgré la crise mexicaine de l'été 1994. Exportations du Canada vers les Etats-Unis (en 2006) = 75% des exportations canadiennes En augmentation de 109% entre 1993-2000 (contre 29% pour le reste du monde) Exportations du Mexique vers les Etats-Unis (en 2006) = 79% des exportations du Mexique En augmentation de 238% entre 1993-2000 Les exportations américaines de biens vers des partenaires de l'ALENA ont plus que doublé entre 1993 et 2000 (+ de 100%), une croissance nettement supérieure au taux de croissance de 52% des exportations vers le reste du monde au cours de la même période. Si l’ALENA a été mis en œuvre en réponse au processus d’intégration de l’Europe occidentale elle n’est pas un projet aussi abouti. L’Alena n’est pas un espace unique, il n’y a pas de tarif douanier commun. c- Le projet de ZLEA : l’échec de la continentalisation En 2003, 34 pays américains (sauf Cuba) signèrent un accord sur la ZLEA qui devait entrer en vigueur en 2005, le but étant de créer le plus grand marché commun du monde. Le projet semble aujourd’hui au point mort10. Il est vivement critiqué, essentiellement en Amérique du Sud, par des associations, des syndicats et des partis politiques car il aurait selon eux des conséquences sociales très négatives. Ce projet est notamment critiqué par l'important MERCOSUR qui regroupe le Brésil, l'Uruguay, l'Argentine, le Paraguay et depuis 2006 le Venezuela. Les États-Unis ont également essuyé de nouveaux revers avec l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales en Bolivie, la formation de l'ALBA (Alternative bolivarienne pour les Amériques) et l'élection de la socialiste Michelle Bachelet au Chili qui risquent de s'ajouter aux pays contre la ZLEA. Ces pays voient la ZLEA comme un moyen économique 10 Le site Internet de la ZLEA n’a pas été mis à jour depuis 2006… 9 d’accentuer la domination américaine. En outre le Brésil qui s’affirme comme une puissance régionale ne souhaite pas passer sous la coupe étasunienne. 2) Le réseau de transport : une interface continentale et mondiale a- Un réseau diversifié mais à l’ouverture inégale La densité axes des et des infrastructures de transports est forte sur la FANA, faisant de cet espace un lieu majeur de la mondialisation, une interface l’Amérique entre et le monde. Il s’agit d’un réseau marqué par l’internationalisation. Même les axes de l’hinterland (voir plus bas) s’inscrivent dans ce phénomène. L’importance des ports est fondamentale (carte p.123): on parle d’un phénomène de Range (succession de plusieurs plates-formes portuaires le long d’un littoral). Il existe également en Europe (Mer du N-Northern Range) mais il est plus puissant sur cette façade car il y a de nombreux ports en grappe. Ils sont relativement spécialisés : Côte Atlantique : trafic divers et conteneurs (arrivant surtout de Rotterdam) Golfe du Mexique : hydrocarbures et céréales Grands lacs (reliés par St Lawrence Seaway) : céréales, fer, charbon La façade est largement dominée par les ports étasuniens plus nombreux et plus puissants : sur les 10 plus grands ports de la FANA, 8 sont aux EU11 (les 5 premiers sont également aux EU). Les deux plus grands ports de la façade sont celui de New York/New Jersey (dispose de 240 km de front d’eau = littoral disponible pour des installations) et de la Nouvelle Orléans. 11 Les 2 autres sont Montréal et Veracruz 10 La façade dispose également d’un réseau d’aéroports puissant. Elle possède 13 des 18 premiers aéroports étasuniens (8 sont classés dans les 30 premiers mondiaux en 2008 pour le nombre de passagers et pour les marchandises). Plusieurs jouent un rôle de hub : Chicago, Atlanta (90 millions de passagers), Memphis, NY. Le 1er aéroport canadien (Toronto) est classé dans les 40 aéroports mondiaux. Le Mexique ne dispose pas d’aéroports d’importance internationale sur son littoral oriental. Ajoutons à cela la densité du réseau routier qui est plus importante sur la FA que dans le reste des EU et du Canada. Ainsi cet espace possède un indice de connexité élevé. Aux Etats Unis, le système des Interstate highway relie toutes les villes les plus importantes du pays. Concernant le Mexique, seule la ville de Veracruz est reliée à un réseau routier d’importance. ville b- Les dynamiques du réseau de transport L’intégration progressive de cet espace au sein de l’Alena a permis de multiplier les flux de la façade et cela dans le cadre accélérateur de la mondialisation des économies. Ainsi sur l’ensemble de l’espace étudié on observe une augmentation des échanges. Toutefois, il faut différencier certaines tendances. L’étude du réseau portuaire est révélatrice car il est le moyen de transports le plus utilisé (75% des marchandises). Ainsi il est symbolique des différents degrés d’ouverture et du niveau d’intégration : Canada Etats-Unis Mexique Ports de la façade pacifique Ports de la façade atlantique En EVP12 En EVP 1990 2008 Variation 383244 8185000 90826 2674000 22600000 1098638 597% 176% 1109% Canada Etats-Unis Mexique 1990 2008 Variation 1120576 7300000 233578 2047000 20200000 1237453 82% 176% 430% Plus forte progression de la façade Pacifique (en liaison avec le développement de la façade orientale asiatique13) 12 L'équivalent vingt pieds ou EVP est une unité de mesure de conteneur qui regroupe à la fois les conteneurs de 20 pieds et de 40 pieds. Dans le but de simplifier le calcul de la masse des conteneurs sur un terminal ou sur un navire, on utilise l'EVP comme unité. Ainsi, 1 conteneur de 40 pieds et 1 conteneur de 20 pieds équivalent à 3 EVP 13 Voir cours « L’Asie orientale, un espace en expansion » 11 Des investissements importants ont été réalisés par les ports atlantiques étasuniens pour concurrencer les ports pacifiques Savannah (Géorgie) profite à plein des extensions de 2006 et 2007 du Garden City Terminal. Au Nord-Est du pays, Philadelphie et NY-NJ ont aussi des plans de développements basés sur un possible nouveau terminal de plus de 3 millions d’evp pour le premier, et sur le dragage, l’extension des terminaux de Staten Island et l’amélioration de la desserte ferroviaire pour le second. Rapport de l’ISEMAR, juin 2008 Forte progression des ports mexicains mais large domination des ports étasuniens c- Un réseau relié à un hinterland profond Ce qui fait la puissance et l’importance de cette façade c’est sa capacité à être une interface majeure entre le monde et l’hinterland nord américain. Les villes sont nombreuses sur le littoral mais la mise en relation ne s’arrête pas là. Ainsi les ports de la FANA sont inclus dans une stratégie de contrôle d’un immense hinterland. Le Landbridge (pont ferroviaire) permet la liaison étroite entre la façade pacifique et la façade atlantique. Il est utilisé en particulier pour les transports transcontinentaux des conteneurs entre NY et Long Beach ou Seattle. Ainsi la façade dispose d’une véritable intermodalité des transports. Le port de Montréal participe à ce phénomène également. Les liaisons entre l’intérieur et le littoral se font également dans un sens N-S grâce à la vallée du Mississippi. Elle forme une véritable autoroute fluviale intérieure14 permettant d’associer le Golfe du Mexique et la région des Grands Lacs. 14 700 millions de tonnes contre 300 millions pour le Rhin 12 Ainsi en 1992, John Pisani a pu parler de la mise en œuvre « d’une avenue des Amériques ». Jusque là le Mississippi était perçu comme une gêne dans les transports américains (ils se sont développés dans un axe E-O). Avec le développement des échanges entre les pays signataires de l’Alena, cet espace devient un véritable pont entre ces trois Etats. La stratégie d’implantation employée par les deux principales compagnies ferroviaires canadiennes (Canadien Pacific et Canadien National semble confirmer l’attraction de ce nouvel axe de transport. Il existe également une voie maritime intérieure, l’Intracoastal Waterway qui s’étend sans interruption entre la frontière mexicaine et la Louisiane, effectuant la liaison entre les multiples lagunes qui composent ce littoral. Si il ne s’agit pas d’un lien direct avec l’hinterland sa connexion avec « l’avenue des Amériques » en fait un atout de plus dans la circulation au sein de la FANA. La construction du Saint Laurent Seaway en 195915 a permis la mise en place d’une liaison permanente entre l’Atlantique et les Grands Lacs. La Voie maritime représente une force économique considérable. Elle soutient, directement et indirectement, 75000 emplois au Canada et 150000 aux États-Unis. Le commerce, à l’intérieur du réseau, produit annuellement plus de 4,3 milliards de dollars de revenu personnel, 3,4 milliards de revenus commerciaux liés aux transports. Cet axe est appelé également le corridor Québec-Windsor. Constructions de nombreux canaux et d’écluses : Canal de plus de 300 km permettant de relier le lac Ontario et le Saint Laurent 15 13 3) Des espaces transfrontaliers a- L’espace americano-canadien: Main Street (p. 126-127) Cet espace est marqué par l’homogénéité facilitant les rapports entre les deux pays. C’est presque naturellement qu’est apparu un espace transfrontalier : Région transfrontalière d’un point de vue physique (les Grands Lacs16) Principale porte d’entrée de la colonisation britannique et française = une interface avec l’Europe La façade orientale du Canada et des Etats-Unis sont les lieux où se trouvent les plus fortes densités, les systèmes urbains les plus complexes, les principaux leviers de la puissance17 Pas de coupure socioculturelle entre les deux Etats : culture anglo-saxonne dominante, même niveau de développement et type de vie. Ainsi de nombreuses villes sont construites face à face (Détroit et Windsor, Toronto et Buffalo) augmentant les échanges. Des relations nombreuses existent grâce aux bateaux qui traversent les lacs (les lakers = navires de plus de 75 m). L’ouverture du Saint Laurent Seaway a dynamisé l’activité portuaire de la région et permis une collaboration transfrontalière élargie (la gestion de cette voie maritime est faite par une administration américano-canadienne). Ainsi cette frontière est une interface symbolique des rapports entre deux espaces développés. b- L’espace americano-mexicain: La Frontera Cette interface révèle quant à elle la dissymétrie entre un espace développé et un PED : il s’agit d’un espace de contact entre le « first world » et le « third world ». De cette hétérogénéité est née une profonde interpénétration au niveau de la frontière : Des relations économiques importantes : Le Mexique est aujourd’hui le 1er fournisseur des EU (pétrole non raffiné, minerais, textile, électronique), les maquiladoras18 (depuis 1965) Des flux humains et culturels majeurs : clandestins d’Amérique latine, touristes américains. Forte communauté hispanique aux Etats-Unis (45 millions). L'espagnol est la deuxième langue la plus parlée aux États-Unis. Certains linguistes ont d'ailleurs constaté la naissance d'un dialecte, mélange d'anglais et d'espagnol, le spanglish. Un autre exemple de cette influence est la gastronomie hispanique. La gastronomie hispanique et latino se développe depuis 16 Lacsautour Ontario, Huron, Michigan, Supérieur quelques années deErié, produits phares, comme les tortillas. Ce sont principalement les bières mexicaines (XX ("dos equis"), 17 Pourouplus de détails voirlaleplus III célèbre étant la Corona), la tequila et la salsa (la sauce) dont la consommation est Negra Modelo, Pacifico Clara, 18 Ils représentent 27% de laKetchup. MO industrielle et la 2e source d’exportation après le pétrole désormais supérieure au traditionnel 14 Développement des villes-jumelles : Nuevo Laredo-Laredo ; Matamoros- Brownsville (Brownsville & Matamoros International Bridge) La façade mexicaine est de plus en plus intégrée grâce à l’industrie pétrolière (voir documents p. 130-131) III- L’organisation de l’espace de la façade Atlantique d’Amérique du N La FANA est le reflet de la mondialisation : c’est un espace où les échanges sont de plus en plus intenses mais également un espace où les inégalités sont fortes. Ainsi on retrouve dans cet espace un pôle de la Triade, un pays du Nord et une puissance émergeante. Si les espaces transfrontaliers permettent d’analyser au-delà des frontières nationales, les 3 espaces de la FANA participent à la puissance de leurs Etats respectifs. 1) Un espace dominant : la façade américaine La FANA est le cœur des EU car son poids démographique et économique en font l’espace majoritaire du pays le plus puissant du monde (170 millions d’habitants = + de 50% de la population américaine). a- Le poids des villes Il est fondamental dans l’intégration de la façade étasunienne à l’économie mondiale surtout lorsque l’on connaît l’importance de l’Archipel Métropolitain Mondial. La concentration de la population dans la Megalopolis doc.7 p.125 (de Boston à Washington = « Boswash » ou à Richmond = « Bosrich ») est considérable : 45 millions d'habitants, soit 15 % de la population américaine sur 2 % de l’espace. C’est un espace urbanisé polynucléaire et discontinu étiré sur plus de 900 km de long où s’interpénètrent des villes de différents gabarits, des banlieues qui s’étalent et où s’érigent de nouveaux centres, des campagnes rongées et marquées par la périurbanisation. Il y a une très forte concentration 15 de mégapoles : New York (25 millions d’habitants), Baltimore-Washington (7), Philadelphie (5,9), Boston (5,4). C’est une population multiethnique et pluriculturelle : 8 millions de noirs, 3,5 millions de latinos, 1,5 millions d’Asiatiques. C’est aussi la première région d’immigration du pays, hier comme aujourd’hui. A cette région, il faut rajouter celle des Grands lacs. Chi-Pits est ainsi le surnom donné à la concentration urbaine du Sud-Est des Grands lacs qui va de Chicago à Pittsburgh. Toute la gamme des activités économiques y est représentée (sièges des FMN, activités industrielles : 20% PIB américain). Le Nord-Est est non seulement la première concentration urbaine des Etats-Unis mais aussi la plus importante et la plus ancienne région industrielle ainsi que le centre politique et financier le plus puissant de la planète. Aux mégapoles déjà cités, s’ajoute une grande quantité de métropoles secondaires aux fonctions variées : des bases navales (New London et New Haven en Nouvelle Angleterre), des pôles industriels (Morrisville, Sparrows Point ou Hampton Roads pour le pétrole), des ports de pêche (New Bedford, n°1 aux Etats-Unis), des stations balnéaires (Newport, Atlantic City ou Cape Cod). La Mégalopolis représente aux États-Unis : 90 % des transactions boursières (New York), 66% des éditeurs, 50% des passages transatlantiques, 50 % des 20 premières agglomérations des Etats-Unis, 33 % des dépôts bancaires, 33% des sièges sociaux, 33% du commerce extérieur, 25% du PNB américain, 20% des activités de recherche-développement, 20 % des emplois industriels, 15% de la population pour 1,8% du territoire. Dans la région des Grands Lacs c’est Chicago qui s’impose comme une ville d’importance mondiale. Elle est certainement la ville américaine qui est le hub le plus important de part son intermodalité : elle possède un des plus grands aéroports du monde (O’Hare), elle est le premier nœud ferroviaire du monde et son port maritime devient de plus en plus important grâce au développement de l’axe Golfe du Mexique – Saint Laurent. Chicago est également la capitale de l’agro-business : elle est proche des grandes régions agricoles du Middle West et elle est le siège de deux bourses du commerce fixant le prix des céréales. Image de sa puissance = Sears Tower (plus haut building entre 1973 et 1996) Le centre de la Metrolina est Atlanta (plus de 2,5 millions d'habitants contre 1 million il y a 30 ans), qui a profité de sa position géographique quand le centre de gravité démographique du pays est descendu vers le sud pour devenir un pôle de redistribution, de centre financier et de services. Hub des compagnies Delta Airlines et Eastern, l'aéroport est le 16 3° des Etats-Unis après Chicago et New York. La ville est devenue le siège de Coca-Cola, CNN et a réussi à attirer des délocalisations internes de l'automobile (Ford). Miami en Floride constitue la porte des Amériques. Après s’être développée grâce à l’industrie touristique, elle s’affirme comme une interface avec le continent latino-américain. Elle est un hub majeur entre ces deux espaces et elle est une ville où la culture cubaine est majeure (« la 2ème plus grande ville cubaine du monde après La Havane »). Elle est un carrefour financier important (argent des retraités, trafic de drogue). Le dynamisme de Houston est à l’image du Texas et du Golfe du Mexique. Il est basé sur une tradition agricole intégrée à l’industrie (coton), l’exploitation pétrolière, un grand port (Galveston) et l’installation récente d’industries de hautes technologies (NASA, Hewlett Packard). Il est à noter également un problème de pauvreté récurrent symbole du sud des EU et de la proximité du Sud. b- La diversité régionale (voir tableau) c- Une domination asymétrique Cette façade américaine est donc puissante et sa primatie est indéniable. On retrouve ce constat concernant l’Alena Un accord asymétrique Les relations économiques et commerciales entre les trois partenaires étaient déjà étroites avant la signature de l'ALENA. Les États-Unis étaient déjà le premier exportateur au Mexique et au Canada. Ils n'avaient a priori pas grand chose à gagner d'un point de vue économique de la conclusion de cet accord de libre-échange. Pas grand chose à gagner avec le Mexique en particulier, qui avait déjà largement ouvert son marché aux produits américains. En effet, son adhésion au GATT en 1986 et son admission dans le cercle très fermé de l'OCDE, ont marqué les débuts de la marche du Mexique dans la voie du libéralisme économique. L'ALENA est un accord fortement asymétrique, le PNB des États-Unis est 30 fois supérieur à celui du Mexique et sa richesse accumulée est de 250 à 300 fois supérieure à celle du Mexique. Quelles sont donc les motivations des différents partenaires ? 17 Les motivations du Mexique sont plus aisément compréhensibles. Grâce à ce partenariat privilégié avec le géant américain, à l'ouverture de son marché (60% des produits mexicains sont exonérés de droits de douane), le Mexique essaie de passer d'une structure de production de type Sud (matières premières ou produits peu élaborés, agriculture et biens à faible intensité capitalistique et nécessitant une main d'œuvre peu qualifiée), d'une politique d'industrialisation par substitution aux importations, à un schéma de production de type Nord en se fondant sur le développement du commerce de biens manufacturés. Le Mexique compte sur ses avantages comparatifs dans plusieurs secteurs industriels pour pénétrer le marché Nord-américain (secteur automobile et électrodomestique). Le Mexique compte sur les capitaux américains et canadiens pour moderniser un appareil productif vieillissant (dans la production de pétrole notamment). Les investissements américains représentent à l'heure actuel près de 70% des investissements étrangers directs au Mexique. Pour le Canada, déjà lié aux États-Unis par un accord de libre-échange (CUSTA, 1989), l'ALENA est l'occasion de créer une zone de coprospérité Nord-américaine, en même temps qu'un moyen d'atteindre l'ensemble du marché latino-américain. Concernant les EU, l’Alena permettrait une gestion plus stricte des flux migratoires venant du Mexique et de réglementer la pollution venant des usines du N du Mexique. L'ALENA, de la doctrine Monroe au libre-échange intégral John Saxe-Fernandez dit de l'ALENA qu'il est la « doctrine Monroe pour le XXIème siècle » et qu'il constitue une nouvelle étape dans la tradition expansionniste des États-Unis. Il faut replacer la naissance de l'ALENA dans son contexte. Au milieu des années 1980, les États-Unis se heurtent aux réticences européennes et japonaises en matière de libreéchange. Les négociations sur le GATT (Uruguay Round) traînent en longueur. Pour la première fois, les États-Unis se trouvent contraints d'envisager le libre-échange sous l'angle d'accords bilatéraux et non plus mondiaux. En Constituant l'ALENA, les trois partenaires ont en réalité constitué quelque chose de plus qu'une simple zone de libre échange. On voit se profiler un « acteur Nord-américain », ayant son identité propre sur la scène internationale, particulièrement à l'occasion des négociations commerciales. Henry Kissinger prétend que face à la résistance européenne et japonaise à se soumettre à l'hégémonie américaine « le nouvel ordre pourrait bien commencer sa réalisation en Amérique latine ». Plus que jamais, les États-Unis se replient sur leur « empire » et de nouvelles considérations politico-militaires s'entremêlent à ses accords économiques. Ainsi côté américain, semble se vérifier la théorie de Jean-Christophe Rufin selon laquelle le Nord 18 cherche à se préserver des « nouveaux barbares » en constituant un État-tampon (le Mexique) qui jouxte le limes de l'empire. Des résultats économiques qui traduisent cette asymétrie Le Mexique et le Canada réalise 75% de leurs échanges commerciaux avec les EU alors que l’Alena ne représente que 32% pour les EU (36% pour Asie et 20% pour UE). La dépendance économique est forte pour le Canada et le Mexique. 2) Un espace intégré : la façade canadienne La FA du Canada (et son arrière-pays) est dominée par l’estuaire du Saint-Laurent. Elle bénéficie comme pour la façade des EU d’une occupation et d’un développement précoces et de conditions naturelles favorables au développement des activités maritimes et portuaires. Les 2/3 de la production hydroélectrique du Canada sont produits au Québec, qui dispose aussi, avec l’Ontario, d’importantes richesses en bois et minerais divers. Ces deux provinces sont également les principales bases de la production industrielle et agricole du pays. La vallée du Saint-Laurent est l’artère vitale du Canada atlantique = 60% de la population canadienne (19 millions de personnes) pour 2% du territoire. Toronto et Montréal domine le réseau urbain. Toronto dépasse les 5 millions et s’impose comme une ville de type étasunienne (elle est d’ailleurs jumelée avec Chicago, 7ème bourse du monde). Montréal dépasse les 3 millions d’habitants, elle est une ville dynamique (1er port canadien) et qui revendique sa culture francophone (+ de 50% de la population). Présence également dans la région de la capitale du Canada, Ottawa. Grâce au développement de l’axe du Saint Laurent Seaway, les échanges sont de plus en plus intenses avec la région des Grands Lacs 3) Un espace dynamique mais dépendant : la façade mexicaine La façade atlantique du Mexique profite d’avantages indéniables, l’Etat mexicain ayant entamé dès les années 1960 une « marche à la mer » qui s’est traduite par des aménagements diversifiés. Au plan agricole, l’espace est spécialisé avec des plantations de café, agrumes, sisal19, et de canne à sucre qui alimentent une puissante filière agroalimentaire. Le pétrole et l’industrie pétrochimique ont également dynamisé la façade et ses villes depuis 1973. 19 Agave utilisée pour faire du tissu ou du cordage 19 Les pôles urbains régionaux (Tampico, Veracruz, Coatzacoalcos) sont des villes moyennes de 500 à 600000 habitants par rapport aux métropoles millionnaires de l’intérieur (Mexico). Les ports atlantiques du Mexique sont aujourd’hui bien équipés, comme Veracruz, doté de nouveaux terminaux pétroliers, ou Tampico pour l’exportation de minerais. Le Golfe de Campeche regroupe deux ports spécialisés dans l’exportation du pétrole (Coatzacoalcos et Cayo Arcos). Ciudad del Carmen (littoral S du Yucatan) est le 1er port de pêche du Brésil. Le tourisme est devenu depuis une vingtaine d’années un moteur du développement de la façade mexicaine. Le Yucatan est la région qui dispose de plus d’avantages (ensoleillement important, plages étendues, patrimoine archéologique). Le plus grand complexe touristique est Cancun qui accueillent de nombreux touristes américains. Donc dynamisme mais dépendance (investissements américains sur la Frontera, beaucoup de commerce avec les EU, ce n’est pas l’espace majeur du pays ce qui est différent du Canada et des Etats-Unis). Conclusion : la FANA est donc un espace de puissance mondial mais très diversifié. Dans le cadre de l’Alena il forme un ensemble uni pas uniforme. Il est révélateur également de ce qu’est une interface au niveau international mais également au niveau local (espace transfrontalier). Carte de synthèse p.141 20