Monnaie et financement de l’économie 1ère partie : les fonctions et les formes de la monnaie Préambule => Définition de la monnaie : ensemble des moyens de paiement dont disposent les agents économiques pour régler leurs transactions. I – Les fonctions de la monnaie : A. Les rôles de la monnaie : On attribue trois fonctions à la monnaie : Une fonction d’échange : toutes les transactions deviennent possible. Avant dans les civilisations qualifiées de primitives, les échanges se réalisaient sous forme de TROC. )Une fonction de mesure de valeur : (unité de compte) c’est une référence , un étalon de valeur unique, qui permet de comparer facilement les valeurs de tous les biens entre eux. Une fonction de réserve : La monnaie peut être conservée (épargne) et permet de différer une dépense ; cependant, sa valeur doit rester la même pour remplir correctement cette fonctionµ. (absence d’inflation). Keynes dit « qu’il s’agit d’un lien entre le présent et l’avenir ». B. Les motifs de demande de monnaie : Keynes (1883-1946) distingue trois motifs de préférence pour la liquidité : Le motif de transaction : le besoin de monnaie résulte de la nécessité de régler les échanges courants ; Le motif de précaution : le besoin de monnaie résulte d’un désir de sécurité face aux incertitudes de l’avenir ; Le motif de spéculation : le besoin résulte de la possibilité de tirer profit de l’évolution du taux d’intérêt. II – Les formes de la monnaie : La monnaie se présente aujourd’hui sous trois formes principales : Monnaie divisionnaire : pièces monnaie métallique (métaux précieux). Monnaie fiduciaire : instrument de paiement en qui tous les agents économiques ont confiance (pièces et billets dont la valeur faciale est très supérieure à la valeur intrinsèque). Monnaie scripturale : instrument de paiement se présentant sous la forme d’écriture sur les comptes bancaires ou postaux. La monnaie scripturales circule grâce aux chèques, aux virements bancaires, aux cartes de crédit. L’histoire de la monnaie depuis quelques siècles montre un processus constant de dématérialisation puisque les billets ont d’abord acquis la prépondérance face aux monnaies métalliques. Puis les chèques ont succédé (dans le seconde moitié du XXème siècle) aux billets comme principal instrument de règlement des échanges. Enfin une monnaie électronique tend à supplanter aujourd’hui l’usage des chèques. Notons cependant que pour les autorités monétaires la conception est plus large puisqu’elle englobe les avoirs qui , sans permettre de régler un achat immédiatement, peuvent très facilement se transformer en moyens de paiement (livret de caisse d’épargne par exemple). 2ème partie : La création monétaire I - Les mécanismes de la création monétaire : La création monétaire est le processus de création de nouveaux moyens de paiement mis à la disposition des agents économiques. La création monétaire par les banques : les crédits font les dépôts Lorsque les ressources des agents non financiers sont insuffisantes pour assurer leur besoin des financement (besoin d’exploitation ou investissements pour les entreprises, achats de biens de consommation ou de logements pour les ménages), les banques peuvent intervenir de trois manières : # par avance en compte (découvert) # par escompte d’effets de commerce # par octroi d’un prêt Pour ces trois opérations, la banque n’utilise pas de la monnaie préexistante qui serait déposée, elle se contente d’inscrire le montant de l’avance, de l’escompte ou du crédit sur le compte du client et d’autoriser le client à engager des dépenses dans la limite de ce montant. Le crédit accordé se transforme automatiquement en dépôt, d’abord dans la banque du client (puisque le montant est versé sur le compte du client), puis dans d’autres banques au fur et à mesure de l’utilisation des fonds prêtés (qui peuvent d’ailleurs rester dans la même banque si le fournisseur a son compte dans celle-ci). Besoin de financement d’un agent économique => crédits => dépôts => création monétaire Le remboursement des sommes conduira à de la destruction monétaire puisque la masse monétaire n’inclut pas la monnaie détenue par les banques. La création de monnaie par le trésor : Le trésor est l’agent financier de l’Etat. # le trésor gère l’ensemble des recettes et des paiements de l’Etat : pour assurer ses besoins de financement, le trésor émet des bons qui lui sont achetés par les banques. Il en découle une création monétaire de la part du système bancaire pour le compte du trésor. # le trésor se comporte comme une institution financière et gérer des moyens de paiement : il reçoit des dépôts (réseau des CCP), émet de la monnaie divisionnaire et accorde des prêts. Dans ces cas, de la monnaie est donc directement créée par le trésor suivant les mêmes mécanismes que la création bancaire. La création monétaire par la banque de France et la BCE # l’émission de billets : depuis 1999, c’est la BCE qui a le monopole de la création de billets. # la création de monnaie centrale : la monnaie centrale correspond aux avoirs en compte détenus par les institutions financières auprès de la banque de France. Elle est créée à l’occasion de refinancement, en contrepartie des titres (créances privées) remis par les banques qui éprouvent des besoins de liquidités. La monnaie centrale n’est jamais détenue par des agents non financiers (entreprises, ménages), elle n’est donc pas de la monnaie en soi. Toutefois, elle est indispensable à la création monétaire des banques. # la création monétaire par achat de devises : les devises acquises par une entreprise exportatrice française sont, dans un premier temps, déposées en banque. Dans un second temps, la banque de France est amenée à racheter ces devises à la banque et procède ainsi à la création de monnaie nationale. II - Les limites de la création monétaire par les banques : Les contraintes liées à la demande : les besoins de crédits ne sont pas illimités - revenus - taux d’I - Taux d’endettement - Niveau d’équipement fort Demande de consommation et d’investissement Demande de crédit Les contraintes liées à l’offre : Il s’agit de limites liées aux secteur bancaire lui-même. Elles proviennent soit de règles de gestion propres à la banque, soit de l’existence de circuits monétaires concurrents ou à la réglementation. # Les règles de gestion des prêts : Les banques sont amenées à restreindre elles-mêmes le volume de crédit offert en prenant en compte les risques de non remboursement des emprunteurs. # Les limites imposées par les fuites : Quand une banque octroie un crédit , celui-ci ne se convertit pas forcément en dépôt dans la dite banque. Il se peut que ce dépôt se fasse sur un CCP, une autre banque, ou convertit en billet. Pour régler cette somme la banque créatrice doit s’acquitter en monnaie centrale, d’où la nécessité pour las banques de conserver un minimum d’avoirs en compte à la banque de France pour faire face à ces « fuites ». # Les réserves obligatoires : Il s’agit d’un niveau d’avoir non rémunérés qu’elle doivent avoir à la BdF proportionnellement aux dépôts dont elle dispose. Le multiplicateur de crédit : La banque centrale oblige les banques à détenir des liquidités en monnaie centrale pour octroyer des crédits. Les crédits accordés doivent respecter un coefficient multiplicateur reliant la monnaie centrale à la création monétaire. NB : En France c’est le mécanisme inverse dans les faits, c’est à dire que les banques octroient des crédits et se refinancent ensuite auprès de la banque centrale. III - La masse monétaire et ses contreparties : Masse monétaire : quantité de monnaie en circulation dans une économie ou une zone monétaire. Agrégats monétaires : regroupements conventionnels des actifs monétaires selon leur degré de liquidité. Depuis le 1er janvier 1991, les actifs monétaires sont regroupés au sein de quatre agrégats monétaires, M1, M2, M3, M4, qui s’emboîtent comme des poupées russes. M1 Moyens de paiement M2 M1+ Placements à vue M3 M2 + actifs en devises étrangères + placements à terme non négociables + titres du marché émis par les étbts bancaires + OPCVM M4 M3 + titres du marché monétaire émis par les agents non financiers Monnaie divisionnaire, 30% billets, dépôts à vue en euros Livrets A et B, livrets 30%+23%=53% bancaires, CEL…. Comptes à termes , bons 53%+46%=99% du trésor, certificats de dépôts…sicav court terme Billets de trésorerie, bons du trésor négociables 99%+1%=100% Ce qu’il faut retenir c’est que les autorités monétaires contrôlent M3 pour contrôler la MM. 3ème partie : Le financement de l’économie Financer l’économie consiste à fournir à tous les agents économiques les ressources financières dont ils ont besoin, dans le cadre de la politique économique et monétaire des pouvoirs publics. Les ménages et les institutions financières disposent de la capacité de financement pour les entreprise set l’Etat qui ont de gros besoins de financement. Cette mise en relation entre capacités et besoins peut se faire : Par une économie d’endettement ; les principaux financement se font ici par des crédits bancaires plus ou moins orientés par les pouvoirs publics qui tentent d’agir sur les taux d’intérêts. Par une économie de marchés financiers (financement désintermedié) où les écahnges de capitaux se font directement sur le marchés financiers décloisonnés, où l’Etat intervient pour permettre aux taux d’être conformes à la politique économique suivie. I – Circuit de financement La finance directe met en relation un créancier détenteur d’une épargne et un débiteur désireux d’obtenir des moyens de financement pour son activité. En l’absence d’intermédiaire, on parle de financement désintermédié. Le financement direct se réalise sur les marchés des capitaux. Le financement indirect suppose l’existence d’un intermédiaire entre le créancier et le débiteur : on parle de financement intermédié. Les banques opèrent ce financement en collectant les dépôts et en accordant des crédits. Le taux d’intermédiation est passé de 60ù à la fin des années 80 à moins de 10% au milieu des années 90. II – Rôle, structure et fonctionnement des marché monétaire et financiers A. Le rôle et la structure du marché monétaire (marché de court terme) Le marché monétaire est un marché des capitaux à court et moyen terme qui met en relation des agents financiers et non financiers détenteurs de liquidités et des agents financiers et non financiers ayant besoins de liquidités. Le marché monétaire est subdivisé entre le marché interbancaire et le marché des titres de créances négociables # Le marché interbancaire est dominé par les opérations de prêts traitées entre les seuls établissements de crédit. (on y échange de la monnaie centrale) # Le marché des titres de créances négociables est un marché des titres à court terme ouvert aux agents financiers et non financiers. (créé en 1985). B. Le marché financier (marché de long terme) (ne devrait-on pas dire « marchés financeurs ») L’évolution historique : l’économie est passée d’une économie d’endettement à une économie de marché financier, c’est à dire une économie essentiellement financée par l’autofinancement et par le recours au marché financier. Les outils sont les actions et les obligations. Les intervenants sur les marchés financiers # Les ménages, les entreprises, les banques qui gèrent ainsi leur portefeuille ; # les organismes spécialisés dans la gestion collective des portefeuilles : SICAV, FCP, OPCVM (organismes de placements collectifs en valeurs mobilières) ; # les investisseurs institutionnels (les « ZINZINS ») comme les compagnies d’assurances, caisses de retraite… # les fonds de pension notamment anglo-saxons . La mutation du système financier # L’instauration d’un marché unifié des capitaux : depuis 1984 ce marché unique est accessible à tous les agents économiques. # Le développement de la titrisation : les banques accordent dans un premier temps un crédit. Elles émettent alors un titre représentatif de ce crédit et le placent sur le marché auprès des investisseurs comme procédure de refinancement. # La réintermédiation après 90 : Plusieurs effets pervers de cette financiarisation sont apparus à la fin des années 80 : - Désordres financiers : OPA sauvages, krachs boursiers de 87 et 89, délits d’initiés… - Sous investissement : les entreprises privilégiant les placements financiers plus rémunérateurs. (nb : voir livre page 92 « les nouveaux marchés financiers)