
16/04/17 Charles Becker, L’état de la codification sanitaire au Sénégal : vers un Code de la santé ? 5
Nous avons aussi conservé des textes, parfois anciens, qui ne semblent pas avoir été
expressément abolis, mais paraissent implicitement être abandonnés.
Nous souhaitions aussi, initialement, rassembler les principaux textes réglementaires autres que
les principaux (lois, décrets, arrêtés), tels que les décisions, les instructions ou les circulaires qui
n’ont été pas été publiées au Journal Officiel, mais qui représentent en principe des textes de
référence. Malheureusement la collecte de ces textes semble extrêmement ardue, et nous n’avons pas
pu obtenir un grand nombre de ces textes dont nous connaissons par ailleurs l’existence, mais qui ne
sont pas facilement accessibles, même dans les services, les programmes ou les institutions qu’ils
régissent et où on devrait en principe pouvoir les trouver.
Il est certain que des lacunes seront constatées dans ce corpus : nous souhaitons donc
évidemment les contributions et les commentaires de tous les lecteurs pour la poursuite du travail qui
devrait aboutir à la proposition d’une première version d’un Code de la santé au Sénégal.
2. Analyse des éléments du Code actuel
Une analyse de corpus mérite d’être réalisée par l’ensemble des acteurs concernés par la santé, et
en particulier exige d’être étudié par la représentation parlementaire. On peut d’ores et déjà souligner
que des strates successives, dont certaines fort anciennes, constituent le Code actuellement applicable
au Sénégal. Certaines parties sont très développées, alors que d’autres ne comportent qu’un seul
texte, parfois assez ancien. Nous avons aussi remarqué que des rubriques initialement prévues sont
restées vides, en particulier celles concernant les problèmes nouveaux de santé (Greffes, Génétique,
Tests, Essais vaccinaux, Essais thérapeutiques, Protection des personnes qui se prêtent à des
recherches biomédicales), les personnels auxiliaires de santé et les personnels paramédicaux : pour
les sages-femmes et les infirmiers les seuls textes disponibles datent d’avant l’Indépendance, alors
qu’il n’y a pas de textes pour la plupart des autres personnels. Il n’y a pas encore de texte sur les
tradipraticiens et les phytothérapeutes.
Dès à présent ce corpus entend contribuer à faire connaître les textes réglementant les pratiques
sanitaires au Sénégal et spécifiant les droits et devoirs des professionnels de santé et des usagers du
système sanitaire. Il devrait favoriser surtout des mises à jour, voire l’élaboration de textes
appropriés, apportant des réponses aux problèmes de santé nouveaux et aux problèmes spécifiques
dans le contexte sanitaire du Sénégal.
Ce corpus sert par ailleurs de base pour un ambitieux projet de recherche pluridisciplinaire du
Réseau “Droit, Santé, Ethique” qui montrera l’importance capitale de débats sur les questions
juridiques et éthiques dans l’affirmation du droit à la santé. Ce projet de recherche comporte un volet
historique importe, mais interroge aussi les pratiques médicales actuelles, étudie les questions
nouvelles liées aux développements de la recherche et à la protection des personnes dans des
contextes de pauvreté et dans des environnements insuffisamment régulés, propose une réflexion sur
les endémies et les crises sanitaires, traite des problèmes soulevés par la réalisation de recherches
biomédicales (comme les essais thérapeutiques ou vaccinaux), évoque les questions de la
confidentialité et confidentialité, de l’annonce dans des contextes d’absence relative de perspectives
thérapeutiques (dans le cas du sida, mais aussi du cancer).
Par rapport aux codifications et aux règles de déontologie actuelles — qui sont parfois
insuffisantes et trop générales —, une demande nouvelle a d’ailleurs émergé, tant chez les
professionnels de la santé que chez les usagers : celle d’approfondir les débats autour des droits et
des devoirs et de traiter des véritables questions éthiques qui sont distinctes des règles de déontologie
et concernent toutes les pratiques sociales autour de la santé.
Le corpus réuni peut ainsi apporter des éléments fondamentaux à la réflexion pluridisciplinaire
qu’il veut susciter, en vue de l’élaboration d’un Code de la santé publique adapté aux exigences
implicites de la “démocratie sanitaire” affirmées par la nouvelle Constitution sénégalaise.