GEOPOLITIQUE D’après le cours de M. Kulemann du 1er semestre 2007/08 Conseils de lecture Hérodote : revue de géographie et de géopolitique (http://www.herodote.org/) « La Foire aux illuminés : ésoterisme, théorie du complot, extrémisme », Pierre-André Taguieff Sites internet http://www.atlas-historique.net/ TABLE DES MATIERES Introduction .............................................................................................................................. 2 I. Discussion autour d’un concept ..................................................................................... 2 A. A quoi sert-elle ? ........................................................................................................ 2 B. Qu’est-ce que la géopolitique ..................................................................................... 2 II. Le monde au début du 3ème millénaire ........................................................................... 3 A. Un nouvel ordre international possible (1991) ........................................................... 3 1. L’Asie du Sud-Est .................................................................................................. 3 2. Au Moyen et Proche-Orient ................................................................................... 4 3. En Amérique Latine ............................................................................................... 4 4. En Afrique .............................................................................................................. 5 B. Des tensions cependant observables .......................................................................... 5 1. En Europe ............................................................................................................... 5 2. En Afrique .............................................................................................................. 7 3. Proche et Moyen-Orient ......................................................................................... 8 -1- Introduction I. Discussion autour d’un concept A. A quoi sert-elle ? D’après Yves Lacoste, « la géographie, ça sert à faire la guerre » => ce n’est pas une science objective, finalité d’ordre politique. Elle a des présupposés et des conséquences politiques. La géopolitique ça sert peut-être d’abord à prendre des décisions stratégiques (du point de vue économique et pas seulement militaire). Coface (lien) : organisme privé qui assure les entreprises aux risques d’exportation à l’international (ou lors de l’organisation de salons à l’étranger). Cet organisme étudie le risque pays, les risques géopolitiques => il fait de la géopolitique pour des raisons commerciales. Les entreprises qui tentent d’exporter vers l’étranger se posent certaines questions : Le marché est-il porteur ? Le marché est-il accessible et sûr ? Pour chaque question, on recherche un certain nombre de critères : Nature de critères Exemples de critères Données macroéconomiques Le marché est-il porteur ? Données relatives au marché du produit Données techniques Existence de droits de douanes, infrastructures Données géopolitiques Nature du régime, est-ce un état de droit ? Existence d’un conflit dans la zone ? risques sociopolitiques notés (par la Coface par exemple) de 7 (faible) à 1 (élevés). Le marché est-il accessible et sûr ? On fait ensuite une grille de comparaison entre les différents pays de destination envisagés. On donne une note globale => choix du pays vers lequel on va exporter. B. Qu’est-ce que la géopolitique Ce que n’est pas la géopolitique : Géographie : vient du grec Gê (la terre, vastes territoires) = géomorphologie : description de vastes territoires Géographie politique = géographie humaine : localisation des populations, taux de chômage, exode rural, … Géostratégie : du grec Gê + stratos + ageîn (armée) = art de diriger des armées sur un vaste territoire. Concerne les interventions militaires. Géoéconomie : employé par un Américain, E. Luttwak, qui a construit ce concept dans les années 70 en pensant que les frontières allaient disparaître et qu’il n’y aurait plus que des rapports économiques. Géohistoire : concept forgé par F. Braudel, historien. Etude de rivalités sur de longues périodes de peuples et d’états pour la domination de vastes territoires. Par exemple l’opposition entre trois grands peuples : les Perses, les Arabes, et les populations turco-mongoles depuis le XIIe siècle environ. Première définition du concept de géopolitique : « étude des rivalités contemporaines des peuples et des états sur des vastes territoires ». -2- La géopolitique est une discipline se donnant pour tâche d’étudier : La façon dont s’exerce le contrôle d’un territoire (par la force, l’adhésion, etc…) = quelle est la nature du régime ? Les rivalités entre les différents territoires, donc les pouvoirs qui s’y exercent. Le concept de géopolitique est dû au général Karl Haushofer qui a réuni en 1918 des géographes pour fonder les Cahiers pour la géopolitique. Le but était de réfléchir aux rapports entre un peuple et une autorité politique. Ils arrivent à la conclusion qu’un même peuple doit être soumis à une même autorité politique. Dans les années 2030, les Nazis se sont emparés des travaux de ce groupe pour dire qu’une peuple doit être « naturellement » réuni dans un état avec un chef (« ein Reich, ein Volk, ein Führer »). Dès lors le terme prend une connotation négative, il est associé au nazisme. Il réapparait dans les années 70 : les media l’utilisent pour essayer de faire comprendre la guerre du Vietnam, puis la guerre du Vietnam contre le Cambodge. La géopolitique est-elle une science ? Celui qui étudie la géopolitique le fait du point de vue de ses propres convictions. Cela dépend aussi du point de vue duquel est faite l’étude, d’où on le voit. Cela dépend de la logique sur laquelle se fonde la réflexion. => Les réflexions géopolitiques sont : des représentations idéologiques mais indispensables pour comprendre un certain nombre de phénomènes politiques (par exemple la raison de l’intervention occidentale en Afghanistan). II. Le monde au début du 3ème millénaire Après la fin de la Guerre Froide, tout laissait espérer qu’on allait vers un monde apaisé. Mais ce fut un échec. 1991-2001 : échec du "nouvel ordre international" Cette idée a été formulée par George Bush (senior) en 1991 car : 1991 = fin de l’URSS = fin de la Guerre Froide Guerre du Golfe = victoire du droit international sur un "Etat voyou". L’Irak avait envahi un autre état, le Koweït (été 1990). Les USA s’opposent à cette invasion et décident de conduire une vaste coalition pour chasser l’Irak du Koweït. Un auteur néoconservateur américain, Francis Fukuyama, a expliqué dans les années 90 qu’on allait vers "la fin de l’Histoire", qu’il n’y a plus d’antagonismes fondamentaux (entre les capitalistes et les prolétaires pour Marx), qu’on allait vers un monde où règne l’économie de marché. Cependant, s’il existait des raisons de croire en une grande pacification du monde, il existait également de nombreuses tensions. A. Un nouvel ordre international possible (1991) Au cours de cette décennie, toutes les régions du monde semblent se stabiliser. 1. L’Asie du Sud-Est Situation géographique Ensemble des pays au sud de la Chine et à l’est de l’Inde (sauf Océanie), que l’on peut regrouper en deux ensembles géographiques : L’A.S.E. insulaire : Indonésie, Malaisie, Philippines, Timor Oriental, Brunei, Singapour La Péninsule indochinoise : Laos, Cambodge, Thaïlande, Vietnam, Myanmar (ex-Birmanie) Situation politique Après plus de 40 ans de guerre (depuis la 2nde Guerre Mondiale), stabilisation politique de la péninsule indochinoise. 1940-45 : occupation japonaise 1945 : débarquement de Leclerc, envoyé par De Gaulle pour combattre les Japonais, mais ils n’étaient plus là => la présence de nombreux militaires français est mal perçue, la situation se transforme en guerre d’indépendance et en un affrontement Est-Ouest (les Vietnamiens cherchent des appuis à l’Est). 1954 : retrait de la France et début de l’intervention US jusqu’en 1973 (officiellement pour soutenir le Vietnam mais aussi dans d’autres pays, notamment le Cambodge). Le Nord Vietnam est soutenu par les Soviétiques, le Sud Vietnam est soutenu par les USA. Guérilla pro-communiste dans toute la péninsule. -3- 1975 : Victoire du Nord Vietnam contre le Sud Vietnam. Entrée des Khmers Rouges (guérilla procommuniste) à Phnom-Penh (la capitale). Les Khmers Rouges sont soutenus par la Chine. 1978 : intervention du Vietnam (communistes soutenus par l’URSS) au Cambodge => guerre classique et civile 1991 : fin de la Guerre Froide. Retrait des troupes vietnamiennes du Cambodge et accords de cessez-lefeu sous l’autorité de l’O.N.U.. Administration par l’O.N.U.. Le 23 octobre 1991, organisation d’élections => ancien souverain, Norodom Sihanouk, élu. Voir film "La Déchirure". 2. Au Moyen et Proche-Orient Situation géographique Au sens strict (bien qu’il n’y ait pas de règle établie) : Proche-Orient : Turquie, Liban, Israël et Palestine Moyen-Orient : Iran, Afghanistan, Pakistan Pays classé dans l’un ou l’autre suivant le point de vue et les époques : Syrie, Irak, Jordanie et péninsule arabique (Arabie Saoudite, Yémen, Koweït, Emirats Arabes Unis, Qatar, Oman) +/- Egypte. Situation politique La victoire contre Sadam Hussein (1991) a été obtenue par une coalition rassemblant des pays occidentaux mais aussi arabes (Saoudiens, Egyptiens, Marocains, Syriens) sur mandat de l’O.N.U.. Cette crise du Golfe et la victoire sur Sadam Hussein entraîne deux conséquences : D’une part s’agissant du Liban. Guerre civile depuis 1975 entre d’un côté les palestiniens (et partis de gauche) et de l’autre des Phalanges chrétiennes (et partis de droite). Ensuite, interventions étrangères : Israël (allié aux milices chrétiennes) et la Syrie (appuyant les musulmans sunnites). En 1991, pour des raisons politiques, les occidentaux acceptent la main-mise de la Syrie sur le Liban, ce qui permet de mettre fin à la guerre civile (Pax syriana). But final de la Syrie : annexer le Liban. D’autre part, s’agissant des "Territoires occupés", qu’Israël contrôle mais qui devraient revenir aux Palestiniens pour créer un état. La Guerre du Golfe entraîne un changement de donne pour l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP, Yasser Arafat la dirige de 1969 à 2004) : obligée de faire des concessions du fait de la défaite de Sadam Hussein. Reconnaît l’existence d’Israël. => processus de paix. Conférence de Madrid en octobre 1991 => accords de reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP le 13 septembre 1993 (Accords d’Oslo signés à Washington en présence de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, de Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l'OLP et de Bill Clinton). Mise en place de l’Autorité palestinienne (mai 94) et prévision du retrait des Israéliens de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie (territoires occupés). 3. En Amérique Latine Apaisement au Nicaragua, au Salvador et à Haïti. Situation politique : fin de la Guerre Froide => les USA ne se sentent plus obligés de soutenir des dictatures ou juntes militaires, ou la guérilla à Cuba, pour contre le communisme et l’URSS. 1. Nicaragua Pouvoir pro-communiste (Sandinistes) dirigé par Daniel Ortega (président actuel), soutenu par l’URSS. Guérillas financée par les USA (les contras). Ce financement est à l’origine d’un scandale aux USA : sous Reagan des armes ont été vendues à l’Iran de façon illégale (embargo) et grâce aux bénéfices la guérilla anticommuniste du Nicaragua a été financée. Le calme revient dans les années 80 : URSS en recul, USA ne cherchent pas non plus à s’opposer au gouvernement pro-communiste. Des élections libres ont lieu, victoire de Violeta Chamorro. 2. Salvador Situation de guerre civile également. Dictature militaire au pouvoir, guérilla pro-communiste. Avec la fin de la Guerre Froide, des accords de cessez-le-feu sont conclu, élections libres, disparition de la dictature militaire au début des années 90. 3. Haïti Un des pays les plus pauvres du monde. Depuis très longtemps il était dirigé par Jean-Claude Duvalier, dictateur féroce. Il a été chassé du pouvoir mais celui-ci a été récupéré par une junte militaire. A la fin de la Guerre Froide les USA font pression sur la junte, élections libres organisées avec la victoire du père Aristide (représentait un espoir important de synthèse entre des aspirations sociales et l’Eglise : théologie de la libération, dont le principal adversaire est le cardinal Joseph Ratzinger). -4- 4. En Afrique Apaisement au Sahara occidental, au Tchad et en Afrique du Sud-Ouest. 1. Sahara occidental (lien wikipédia) Problème toujours actuel. Au sud du Maroc, un peuple appelé les Sahraouis réclame l’indépendance. Guerre larvée entre le gouvernement marocain et les Sahraouis, et conflit entre le Maroc et l’Algérie à propos du tracé de leur frontière commune (problème de frontières depuis l’indépendance par rapport à l’Espagne). Les Sahraouis acceptent de discuter. Cessez-le-feu entre le gouvernement et les Sahraouis sous l’égide de l’O.N.U.. La situation semble s’être pacifiée depuis. Le problème existe toujours mais on n’en entend plus parler. 2. Tchad Contestation de longue date entre l’état tchadien et la Lybie sur une zone très étroite le long de la frontière = la bande d’Aouzou (lien wikipédia). Accord entre l’Italie et la France en 1935 => les Français cèdent une bande de territoire aux Italiens mais depuis on s’est aperçu qu’il y avait des ressources d’uranium dans cette zone => importance que prend cette zone pour le colonel Kadhafi. Conflits dans les années 80. Accord de cessez-le-feu à la fin des années 80, les Libyens se sont retirés mais revendiquent toujours cette partie du territoire. 3. Afrique du Sud-Ouest Problème totalement réglé. Concerne trois pays : l’Angola, la Namibie et l’Afrique du Sud. Jusqu’à la fin des années 80, apartheid en Afrique du Sud (discrimination contre les Noirs et les Indiens, contre laquelle s’est notamment élevé Gandhi). Situation politique à la fin des années 80 : Angola : colonie portugaise. Les portugais ont ouvert une route maritime le long de l’Afrique, mais pour différentes raisons ils ont eu peu de colonies, dont l’Angola jusqu’en 1975. La fin des colonies portugaises en Afrique entraîne un processus politique qui aboutit à la fin de la dictature au Portugal (Salazar au pouvoir, puis en 1974, coup d’Etat militaire de très jeunes officiers, les Capitaines d’Avril, qui renversent le régime dictatorial et rétablissent la démocratie = Révolution des Œillets). Mais l’indépendance de l’Angola entraîne des mouvements d’opposition, des guérillas, entre des forces plus ou moins proches des occidentaux d’une part, et de l’URSS d’autre part. Un pouvoir procommuniste s’installe. L’URSS finance des troupes cubaines qui sont envoyées en Angola pour aider le gouvernement procommuniste à se maintenir au pouvoir. Namibie : longtemps une colonie, allemande à l’origine. A la fin de la 1ère Guerre Mondiale, les colonies de l’Allemagne sont attribuées sous forme de protectorat au camp des vainqueurs. La Société des Nations confie cette région à l’Afrique du Sud (dominion de la Grande-Bretagne). Dans les années 60, l’Afrique du Sud ne veut pas que la Namibie devienne indépendante tant que les Cubains sont en Angola. L’Afrique du Sud est un dominion de la Couronne britannique jusqu’en 1961. En 1961 le pays obtient l’indépendance totale car peu à peu le régime dérive et devient de plus en plus dur (apartheid, dictature sous une forme de démocratie apparente). Mais la situation est bloquée : les occidentaux sont obligés de soutenir l’Afrique du Sud (pour des raisons géographiques : clé du passage du Cap, et à cause de la présence des Cubains en Angola). La situation est bloquée jusqu’à la fin des années 80. A la fin des années 80, du fait de la fin de la Guerre Froide, l’URSS n’a plus la volonté politique ni les moyens de soutenir une opposition aux USA (les Cubains, qui de toute façon n’ont pas les moyens de se maintenir). Négociation à quatre qui aboutit à un cessez-le-feu en Angola, à l’indépendance de la Namibie (les Cubains se retirent de l’Angola, les Sud-Africains se retirent de la Namibie). En l’espace de quatre ans la situation est débloquée. Cela a un effet domino : les occidentaux ne se sentent plus obligés de soutenir le régime de Pretoria, et de même les blancs vont entamer un processus de démocratisation du pays, en libérant le plus vieux prisonnier politique du monde, leader de l’A.N.C. (African National Congress), Nelson Mandela. => La fin de la Guerre Froide provoque mécaniquement un phénomène d’apaisement. Dernière étape en 1999 : Mbeki est élu et remplace Mandela (second de Mandela à l’A.N.C.). Il est très médiatisé grâce à la façon exemplaire dont s’est passé le processus démocratique, et en raison du poids économique de l’Afrique du Sud. Le pays est une grande puissance du continent africain. Historiquement l’Egypte avait cette place, mais elle n’est plus en mesure de jouer le rôle d’arbitre qu’elle aurait souhaité. L’Afrique du Sud est un possible futur membre permanent au Conseil de Sécurité de l’O.N.U.. B. Des tensions cependant observables Malgré l’idée d’un nouvel ordre international, des tensions étaient visibles. 1. En Europe La fin de la Guerre Froide, ou plus précisément la fin de l’URSS ouvre une boîte de Pandore dans les PECO (Pays de l’Europe Centrale et Orientale), dans les ex-républiques soviétiques devenues indépendantes et dont -5- l’indépendance a créé un certain nombre de problèmes, puis enfin dans les républiques qui faisaient partie de la fédération russe. L’URSS était un vaste ensemble d’états indépendants qui avaient décidé de se fédérer ensemble, mais il existait déjà une fédération russe avec des républiques indépendantes. 1. Dans la zone des PECO Séparation en douceur de la République Tchèque. Tensions, situation de guerre permanente dans les Balkans durant toutes les années 90. Situation géographique des Balkans Ils sont limités par trois mers, mais il n’y a pas de limité géographique au nord. Ils sont divisés en 5 états : Roumanie, Bulgarie, Grèce, une partie de la Turquie, Albanie et (ex) Yougoslavie (l’état qui posait le plus de problèmes). Situation politique Après la 1ère Guerre Mondiale, la Yougoslavie était en son cœur un royaume, le royaume de Serbie, peuplé de Slaves qui pratiquent pour la majorité une religieuse chrétienne orthodoxe. Puis on a agrégé à ce royaume des régions issues du démantèlement de l’empire austro-hongrois (suite à sa défaite pendant la 1 ère Guerre Mondiale) et de l’empire ottoman. Tito, chef de la résistance procommuniste, s’empare du pouvoir mais la Yougoslavie ne devient pas pour autant un satellite de la Russie (divergences). Problème : la Yougoslavie était une région du monde qui correspond à la ligne de séparation historique entre : L’empire romain d’occident et d’orient Le monde chrétien catholique et orthodoxe Cela explique que dans cette région on trouve des chrétiens catholiques et des chrétiens orthodoxes. Les Serbes sont majoritairement orthodoxes, les Croates majoritairement catholiques. Remarque : dans les conflits religieux, il y a toujours des raisons politiques en plus. La religion permet de symboliser les camps en présence. Expansion des Turques (empire Ottoman) au XVe siècle vers les Balkans. Certains Serbes s’enfuirent et restèrent orthodoxes, d’autres restèrent et devinrent musulmans. 1991-95 : l’URSS a disparu. La Yougoslavie est un état fédéral composé de 6 républiques : la Serbie, la Croatie, la Bosnie Herzégovine, la Macédoine, le Monténégro et la Slovénie. Les populations serbes vivent essentiellement en Serbie mais pas seulement. (carte) En Juin 1991, certaines républiques proclament leur indépendance. Cela n’ennuie pas le gouvernement central serbe, mais il veut récupérer les territoires sur lesquels vivent une majorité de Serbes : la Croatie et la Bosnie Herzégovine. Le gouvernement soutient des mouvements paramilitaires en Croatie et en Bosnie Herzégovine = 1ère guerre de Yougoslavie. Des conflits éclatent sur un vieux fond d’antagonisme : pendant la 2nde Guerre Mondiale, les Nazis se sont appuyés sur les Croates pour lutter contre les Serbes. Ils ont créé un gouvernement fantoche croate qui a commis des horreurs => vieux ressentiment des Serbes à l’égard des Croates. La guerre dure jusqu’en 1995 (4 ans). Ce n’est qu’en 1995 que les Américains imposent la paix par la force en menaçant d’intervenir massivement contre les Serbes => accords de Dayton (1995) : respect des frontières précédentes et partage de la Bosnie en deux entités (fédération croato-musulmane et fédération des Serbes de Bosnie) Puis des conflits éclatent au sud de l’ancienne Yougoslavie à propos d’un minuscule territoire : le Kosovo. Forte population albanaise à l’époque. Au départ le Kosovo était le cœur historique de la Serbie, puis il y a eu une sorte de migration vers le nord. Aujourd’hui il reste le cœur de la Serbie pour les Serbes. Les Albanais souhaitaient leur propre autonomie. Ils ont soutenu un mouvement de guérilla pro-maoïste, l’UCK. L’armée intervient. En 1999, après une multiplication des affrontements entre guérilla albanaise et armée serbe, les occidentaux (Américains), sans mandat de l’O.N.U., interviennent par l’intermédiaire de l’OTAN contre les Serbes. La Russie s’oppose et soutient les Serbes. Les Serbes cèdent et l’OTAN s’installe durablement au Kosovo pour reconstruire la région. A l’heure actuelle, présence de 17.000 militaires dans la région (pour 2 millions d’habitants). Remarque : en Irak ils sont nettement moins nombreux. Bilan : Paix obtenue par une intervention massive de la communauté internationale, qui permet aussi d’assurer la sécurité après la guerre. Mais des tensions existent toujours à l’heure actuelle. Il est toujours question du fait que le Kosovo devienne indépendant. Les occidentaux s’orientent vers une indépendance du Kosovo, même s’il n’existe aucune résolution de l’O.N.U. pour donner un cadre juridique à cette indépendance. -6- L’enseignement qu’en tirent les Américains, notamment Ronald Rumfeld (Secrétaire d’Etat à la Défense) : « Ce ne sont pas les alliés qui font la mission, c’est la mission qui fait les alliés » (il ne faut pas faire de concessions contrairement à ce qui s’est passé jusqu’à l’intervention américaine en 1995). Ils en tirent les conséquences pour la guerre en Irak. 2. Les ex-républiques soviétiques devenues indépendantes Cas problématique du Caucase (Ukraine non traitée) Situation géographique Au sens strict, c’est une chaîne de montagnes orientée est-ouest et qui marque le passage de la mer Noire à la mer Caspienne. Par extension, on désigne par Caucase toute la région au nord et au sud de la chaîne de montagnes. Cette chaîne de montagnes constituait une zone tampon entre le monde slave et le monde turc (musulman), avec la volonté des Russes d’accéder à la mer Noire pour avoir ensuite accès aux mers chaudes. Région conquise par la Russie au XVIIIe-XIXe siècle. Situation politique du Caucase Le Caucase comprend trois nouveau pays depuis la fin de l’URSS : la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et neuf républiques et/ou régions autonomes de la fédération russe. Deux caractéristiques : Région aride, sauvage et difficile, avec des populations musulmanes importantes et divisées entre rites sunnites et chiites. Région riche en hydrocarbures (gaz naturel et pétrole), et zone de passage vers la mer Noire. La fin de l’URSS a entraîné la création de trois nouveaux états, mais surtout une volonté d’indépendance d’un certain nombre de républiques russes du Caucase, notamment la Tchétchénie. Les peuples s’arment, conflits violents, l’armée russe rétablit l’autorité (1994-96). Mais la guerre reprend en 1999. Ce conflit a en fait deux raisons principales : Pour la domination du Caucase, de ses ressources et des lieux de transport de ces ressources Volonté américaine d’endiguer la Russie, de lutter contre « l’impérialisme russe » - D’un côté les USA cherchent à détacher les trois pays de l’influence russe, ce qui a bien marché dans le cas de la Géorgie (révolution des roses). - De l’autre, la Russie a essayé de destabiliser ces nouveaux états en favorisant les mouvements indépendantistes dans ces états (exemple : Ossètes en Géorgie). Le président russe n’exclue pas de saisir une opportunité d’intervention dans le Caucase. 2. En Afrique La fin de la Guerre Froide a provoqué une espèce de trou d’air : Il n’était plus possible de justifier comme auparavant les interventions occidentales, sauf pour des raisons humanitaires. Puisqu’il y a plus de troupes communistes, de Cubains, etc… l’Afrique n’est plus intéressante comme lieu d’affrontement. Par contre, commence à poindre une rivalité d’influence entre les anciennes puissances coloniales et dans un premier temps les USA, remplacés aujourd’hui pour l’essentiel par la Chine. Au cours des années 90 apparaît une grande puissance régionale, l’Afrique du Sud, à l’origine de la création de l’Union Africaine (ex-OUA) et principal médiateur dans la plupart des conflits africains. Mais malgré l’influence de l’Union Africaine, une multitude de petits conflits vont éclater pratiquement de manière simultanée, notamment le génocide au Rwanda (des Tutsis). La région des grands lacs (cf. « Le Cauchemar de Darwin ») : Situation géographique Quatre grands états : Ouganda, Kenya, Tanzanie et Congo-Kinshasa. Deux plus petits : Rwanda et Burundi. Situation politique En 1994, le président rwandais est assassiné. Des mots d’ordre sont lancés de la part des dirigeants rwandais qui appellent notamment à la radio au meurtre de tous les Tutsis. Intervention de la France qui crée une zone de protection dans le cadre d’une opération (turquoise) pour protéger les Tutsis. Mais les Tutsis se sont organisés pour se retourner contre les dirigeants hutus => l’intervention de la France revient à protéger les dirigeants hutus. Le film « Les Mines du Roi Salomon » montre la vision que les Européens ont des Tutsis. Ils sont les « bons noirs » (aristocratie). Les colonies s’étaient appuyées sur l’aristocratie pour contrôler les pays colonisés. -7- 3. Proche et Moyen-Orient 1. Le conflit israélo-palestinien 2. La question irakienne -8-