
Eugénisme 2 15/04/17
Alfred Binet et les tests de dépistage.
Qu’est-ce que l’intelligence ? Il n’existe aucune définition de l’intelligence qui reste
indéfinissable. Le QI, quotient intellectuel, est un score obtenu par un individu à des
tests standardisés.
Pour A.Binet : « l’intelligence est ce que mesure mes tests ».
Alfred Binet (1857-1911) dirigeait le laboratoire de psychologie à la Sorbonne à
Paris. Il souhaitait étudier la mesure de l’intelligence (à l’époque, l’état d’esprit veut
que l’on mesure tout ce qui peut l’être, ou à peu près).
Revenons à l’origine de ses travaux : aux XVIIIème et XIXème siècles, le classement
social était évident : les Blancs étaient supérieurs aux Indiens, eux-mêmes
supérieurs aux Noirs. Ce mode de pensée était bien répandu et en fait largement
admis même parmi les politiques les plus avancés tel Lincoln.
Ce racisme partait de 2 conceptions différentes de l’évolution de l’homme : la
conception monogéniste, décrivait une origine unique pour l’homme (Adam et Eve),
l’humanité ayant dérivé par la suite avec une dégradation plus ou moins importante
de certaines populations expliquant les races actuelles.
L’autre conception est la conception polygéniste défendue par Agassiz et Morton,
décrivant des espèces distinctes dés le début. Cette conception était attaquée par la
religion défendant la conception monogéniste.
Pour démontrer scientifiquement la différence entre races, plus ou moins définies, il
fallait trouver un critère de différenciation : les travaux de Morton (Etats-unis) furent
réalisés dans ce sens : il montrait les différences à partir de la mesure de la taille de
l’encéphale (en remplissant les crânes de squelettes avec des graines). Les
résultats de Morton montrent une fraude évidente, quelques retouches ont permis de
faire coller ses résultats avec son hypothèse qu’il pensait exacte de toute façon. Il
démontra ainsi l’inaptitude de l’Indien à la civilisation, avec les conséquences que
l’on connaît pour l’époque (1839).
Paul Broca en France reprit ses travaux après 1861. Son travail fut plus méticuleux,
mais il était aussi convaincu du résultat dés le départ. Il montra ainsi la supériorité
des hommes par rapport aux femmes.
Cesare Lombroso montra qu’il existait des criminels nés, ne serait –ce que par la
forme de leur crâne.
Alfred Binet reprit ces travaux et il eut au moins l’honnêteté de dire que ses travaux
étaient soumis à des erreurs et biais possibles. Cette autocritique était rare à
l’époque et mérite d’être relevée.
En 1904, A.Binet applique des méthodes psychologiques et il invente une démarche
pour dépister les enfants nécessitant une éducation spécialisée. Il édite plusieurs
versions de ses tests. La version de 1908 donne naissance à la notion d’âge mental.
En Allemagne, W.Stern propose que l’âge mental soit divisé par l’âge chronologique
(donc réel) pour obtenir un rapport plus descriptif : c’est le quotient intellectuel (QI).
En résumé, le QI n’est qu’un guide empirique, grossier, conçu dans un but pratique
et limité. Binet se méfiait déjà des utilisations sociales perverties qu’il pourrait induire.
Pour Binet, le QI correspond à la mesure de l’étude des comportements des enfants
en difficulté : il est rangé du côté des antihéréditaristes.
Les héréditaristes , de leur côté, veulent utiliser le QI pour effectuer un triage pour
l’éducation et la professionnalisation.