M. Fontana oct 07 1 A - Rôle infirmier en service de médecine infectieuse Généralités L’accueil est essentiel parce que le patient arrive souvent très fatigué, fiévreux, anxieux avec des douleurs… Ces symptômes peuvent être évocateurs d’une pathologie grave : VIH ; tuberculose…. L’infirmière fait partie des premières personnes que le patient rencontre, il est donc important que celui-ci se sente en confiance. L’intégration d’informations nécessaire à la compréhension de sa maladie, à son évolution, à la prise du traitement, à l’hygiène de vie est essentielle. La surveillance et la prise en charge du patient ont pour objectif : - de suivre l’évolution de la symptomatologie pour déterminer les actions infirmières à mettre en œuvre, - de dépister et de signaler d’éventuels signes d’aggravation ou de gravité. Modes de transmission L’infirmier devra connaître les modes de transmission des maladies infectieuses afin de pouvoir mettre en place les précautions adaptées à la situation (pour lui pour l’équipe mais aussi pour la famille et les visiteurs) ; Ex : port de gants, de blouse de protection, lavage des mains, visites autorisées avec des blouses de protection ou interdites… Bien entendu ces mesures doivent être respectées mais il ne s’agit pas non plus de tomber dans l’excès… La connaissance des risques potentiels et les conduites à tenir en matière de gestion du linge et des déchets sortant de la chambre du malade permettra de limiter la contamination. M. Fontana oct 07 2 1/ gestion du linge - prévention des infections Le respect des circuits du linge est un principe simple. En effet la circulation du linge propre et celle du linge sale doivent être distinctes et indispensables pour une bonne gestion de la prévention du risque infectieux. Le circuit du linge propre, dans la mesure du possible, ne doit pas croiser celui du linge sale. La gestion de ce circuit débute par le contrôle du stockage dans le service de la lingerie et se poursuit par le respect des procédures de transport et de stockage dans les services respectifs.. La contamination du linge est très rapide lors de son utilisation par le patient ; elle est essentiellement due à la flore microbienne de celuici, mais aussi favorisée par les pratiques de soins. Ainsi le linge peut se contaminer au contact intime du patient par les différentes flores (cutanée, digestive, respiratoire) et par la présence de liquides biologiques (sang, urines, exsudats, transsudats). De plus des facteurs intrinsèques favorisent la multiplication des micro-organismes : - la température corporelle du malade - l’humidité liée à la transpiration du patient - le contexte environnemental de la chambre Deux modes de transmissions des germes à partir du linge contaminé sont à considérer : la transmission manu portée liée à la manipulation du linge colonisé par les micro-organismes d’un patient ou/et lors de soins effectués par les soignants ; la transmission aéroportée liée aux squames cutanées du malade. La contamination du linge sale peut avoir pour conséquence la transmission de germes ou la colonisation lors de la manipulation du linge souillé + la contamination de l’environnement. M. Fontana oct 07 La transmission de micro-organismes pathogènes se fait auprès : - du personnel soignant lors de la manipulation du linge souillé au moment de la réfection du lit ou de la toilette du patient qui peut être contaminé lors d’une faute d’hygiène pendant la manipulation de draps sales dans une chambre à deux lits, draps posés par terre… Le port de gants lors de la toilette intime ou s’il y a des problèmes dermatologiques et le lavage des mains entre chaque soin doit être systématique - Le linge sale doit être pré trié immédiatement au chevet du malade dans des sacs de couleurs différentes. 2/ gestion des déchets et prévention des infections Tout producteur de déchets est responsable de leur élimination et doit s’assurer de leur élimination dans les conditions réglementaires. Les déchets à éliminer par la filière des déchets à risque infectieux sont : - matériel piquant, coupant, tranchant qu’il ait été en contact ou non avec 1 produit biologique, - tubes de prélèvements, - liquides de drainage, pansements, compresses, seringues, tubulures de perfusion … Le délai entre la production du déchet et son élimination doit être court, inférieur à 48 h si possible. L’élimination des déchets se fait soit dans des containers pour déchets piquants, coupants tranchants soit dans des sacs de couleurs différentes, jaune pour les déchets à risques infectieux, noir pour les déchets ménagers (restes alimentaires, papiers,..) Les conditionnements doivent être résistants, étanches, de capacité suffisante, équipés d’un système de fermeture. 3 M. Fontana oct 07 4 Un mauvais tri peut avoir des conséquences graves : - - - accidentelles avec risque de blessure et de contamination pour le personnel de l’établissement de santé ou le prestataire extérieur si le matériel souillé est mal conditionné sanitaire si des déchets à risque infectieux sont éliminés par erreur dans la filière des ordures ménagères économique si des déchets non ménagers sont éliminés dans la filière des déchets ménagers dont l’élimination est plus coûteuse. Surveillance clinique L’observation infirmière est particulièrement importante en service infectieux, certains signes, fréquents, sont à rechercher systématiquement. L’infirmier doit toujours : - noter leur apparition dans le dossier de soins( date, heure, signes associés…) - prévenir le médecin rapidement - mettre en place les soins de son rôle propre - appliquer les prescriptions médicales et les surveillances nécessaires(protocole du service par ex…) 1° la fièvre La t° normale est 37°C le matin, le soir elle est supérieure de 0,3 à 0,4 à celle du matin. La mesure de la t° se fait après un repos allongé de 30 mn, à distance des repas. C’est un signe majeur, elle est révélatrice de la persistance de la maladie infectieuse, est parfois responsable d’une déshydratation chez la personne âgée et chez le nourrisson, peut être en plateau ou oscillante, seule ou accompagnée d’autres signes (frissons, sueurs, douleurs.) CAT IDE - surveillance de la température au moins 4 fois par jour (selon prescription médicale)+ signaler toute élévation - établir une courbe de température - organiser les changes (draps, alèse, coussin, pyjamas, chemise de nuit….) régulièrement - mettre une vessie de glace ( sur prescription ) M. Fontana oct 07 - 5 découvrir le patient(laisser un drap), aérer sa chambre réaliser des hémocultures (sur prescription) donner des antipyrétiques, des antibiotiques (sur prescription) vérifier la fréquence cardiaque(pulsations), la TA, la fréquence respiratoire, le niveau de conscience vérifier la présence ou de l’extension d’une éruption cutanée inciter le patient à boire(sauf contre indication) établir un bilan des entrées et des sorties hydriques (selon prescription) De plus en complément des informations doivent être régulièrement relevées : - noter la dates et l’heure de chaque échantillon prélevé pour les mises en culture ( hémocultures par ex ) noter la qualité et la quantité des éliminations (diarrhées, volume et qualité de l’urine, vomissements...) 2°Information faite au patient S’assurer de la bonne compréhension par le patient de sa maladie et du déroulement des examens complémentaires à venir, de leur utilité. Les informations sont aussi destinées à détendre le patient, lui expliquer sa maladie en termes simples et clairs (si besoin) peut lui permettre d’accepter sa maladie. Lui expliquer le rôle des procédures d’isolement et leur caractère transitoire. Le faire participer à la prise en charge de sa maladie en lui expliquant l’intérêt de signaler les frissons, sensation de chaleur, soif, prurit, éruption, difficultés respiratoires. 3°Prise en charge de la famille L’importance des visites pour un malade est telle, qu’il est nécessaire de prendre en charge ses proches en les encourageant à effectuer des visites régulières ; en les soutenant dans leurs difficultés émotionnelles, leur expliquant le rôle des procédures d’isolement et leur caractère transitoire. M. Fontana oct 07 6 Organisation des soins La planification des soins au sein du service se fera en fonction de la gravité clinique du ou des malades infectés (distribution des médicaments réfection de pansements, isolement septique ou protecteur). Les soins s’effectueront d’abord auprès des patients non infectés puis vers ceux qui sont infectés, pour prévenir les infections transmises par contact inter humain direct ou indirect ou par les sécrétions aéroportées . 1° L’entretien de la chambre L’entretien quotidien des chambres se fait selon un ordre chronologique. Il commence par les chambres les moins infectées vers les plus infectées. Et s’il y a des isolements l’entretien commencera par les chambres en isolement protecteur et se terminera par celles en isolement septique. La chambre du patient sortant d’un service de maladie infectieuse est nettoyée, désinfectée afin d’éliminer la flore contaminante transitoire pour éviter tout risque d’infection. Selon la pathologie du patient sortant, il peut être nécessaire de procéder à une double désinfection. L’infirmière veille au bon respect des protocoles de nettoyage. Les risques infectieux des personnels soignants Le personnel soignant est également exposé au risque infectieux. Le mode de transmission reste le même que pour les patients hospitalisés : sanguin, respiratoire, digestif ou cutané. C’est la raison pour laquelle devant ce risque professionnel, les ministères du travail et de la santé reconnaissent plusieurs maladies professionnelles liées à des agents infectieux. ► Exemples : Les AES La prévention M. Fontana oct 07 7 AES La prévention des risques infectieux générés par un AES est basée sur : - obligation vaccinale contre l’hépatite B depuis janvier 1991 pour les personnels soignants - diffusion des précautions universelles en milieu de soins destinées à éviter les blessures et piqûre avec des instruments souillés par le sang Mais aussi porter des gants toutes les fois où il y a contact avec le sang, porter une blouse, un masque et des lunettes en cas de risque de projection - décontaminer immédiatement les instruments utilisés et les surfaces souillées par du sang ou liquide biologique avec de l’eau de Javel ou un autre désinfectant adapté. Rôle de l’infirmier dans la prévention Il s’agit dans la prise en charge de patients infectés : repérer et voir les éléments susceptibles d’augmenter les risques infectieux. Le rôle de l’infirmier portera sur la recherche les différents facteurs de risques : - Ceux liés au patient atteinte de l’intégrité de la peau atteinte des défenses immunitaires (diminution du nombre des leucocytes par ex ) existence d’une maladie chronique (diabète, insuffisance hépatique cardiaque) malnutrition etc.… - Ceux liés aux dispositifs intra vasculaires respecter les protocoles de pose de cathéters courts avec pst occlusif stérile( le changer en cas de souillure) surveiller plusieurs fois par jour du point d’insertion du cathéter à la recherche de signes inflammatoires(point de ponction rouge, douloureux, suppurant, tracé rougeâtre suivant la veine cathétérisée, gonflement de la veine correspondant à la diffusion du produit perfusé) M. Fontana oct 07 changer les points d’insertion des cathéters(toutes les 72 h ou plutôt en cas de suspicion de veinite) respecter les règles d’asepsie lors de la préparation des solutés de perfusion changer la tubulure touts les 48h à 72h ( cf. protocole du service) mettre de nouveaux obturateurs stériles sur les robinets après leur manipulation pour les cathéters centraux s’assurer de la propreté du site d’insertion, du pst occlusif (le changement du pst est fait toutes les 48h ou cf. protocole ), que le fil de fixation à la peau ne se soit pas sectionné vérifier qu’aucune inflammation, infection, diffusion locale n’apparaissent refaire le pst avec du matériel stérile Δ Diagnostics infirmiers et maladies infectieuses La douleur liée aux symptômes qui accompagnement les pathologies et les gestes techniques à visée diagnostique ou thérapeutique La perte de l’espoir liée à l’annonce de la maladie L’isolement social lié aux isolements septique et protecteur Le déficit de volume liquidien, diarrhées, vomissements sueurs La fatigue liée à la maladie et/ou aux traitements L’incapacité de s’adapter à un changement dans l’état de santé due à la chronicité de la maladie Anxiété liée à l’annonce de la maladie infectieuse Dynamique familiale perturbée lie à l’isolement Peur liée à la maladie Sentiment de solitude liée à la contagion Etc… Conclusion La lutte contre les maladies infectieuses et la prévention de leurs transmissions sont une préoccupation majeure pour l’ensemble de la population. Des mesures sont prises régulièrement dans le cadre de la Santé Publique et de toutes les instances : OMS, les ministères dans la prise en charge des patients souffrant de maladies infectieuses. 8 M. Fontana oct 07 9 B/ Rôle infirmier auprès des patients atteints de VIH Généralités Que l’on prenne en charge le patient dans un service ou au domicile (dans le cadre d’une HAD par exemple, voici quelques notions qui me semblent essentielles : - - - Les conditions d’accueil sont déterminantes, réserver attention, délicatesse, respect, observation, écoute, prendre soin, relation d’aide et de confiance Connaître la pathologie, les modes de transmission du virus, les principales maladies associées, les complications, la gravité des ‘tableaux’, les examens utiles au diagnostic biologique, les principes de traitements, leur action, leur surveillance, les facteurs de résistance Savoir expliquer l’ensemble des connaissances précitées (rôle éducatif++) Assurer l’application des traitements Accompagner le patient dans la gestion des traitements, le respect des horaires, les interactions alimentaires Précautions universelles Travailler en équipe, passer le relais si besoin S’organiser, gérer les priorités Fiche de suivi noter les transmissions sur un cahier de liaison, les rendez-vous… Vérifier si les bilans de contrôle sont effectués Soins à adapter en fonction de l’état du patient, de l’évolution de sa pathologie 1/ aspect physique, physiologique - - les soins corporels, d’hygiène (toilette, nursing, gestion du linge, prévention risque infectieux) , les soins de bouche (favorisent alimentation, communication) la mobilisation : favoriser l’exercice ou les changements de position l’état cutané, prévention d’escarre, l’hydratation, les repas : veiller à son hygiène de vie, une alimentation adaptée installation confortable et adaptée (lit médicalisé, fauteuil..) surveillance : poids, pouls, tension, température (surveillance fièvre ++), douleur, état cutané, nausées,vomissements, transit, urine, insomnie, angoisse, et prévention des complications M. Fontana oct 07 10 → la fièvre collaboration médicale pour mise en place de la thérapeutique adaptée, surveillance des traitements, reprendre la température, utiliser gant frais sur le front, pack de glace sur plis inguinaux, voire autour des perfusions → la douleur soulager la douleur en participant à l’évaluation de la douleur, commencer par diminuer les tensions psychologiques liées à cette douleur, instaurer une relation de confiance, écoute → expliquer les mécanismes de la douleur et les traitements qui seront proposés → les nausées, les vomissements, le hoquet, le transit, les urines symptômes dus à différentes causes : médicaments, troubles métaboliques, l’alimentation, l’hydratation commencer par apaiser, puis appliquer les traitements prescrits, expliquer → L’insomnie, les angoisses, les peurs rassurer, soutenir, assurer une présence, orienter vers le médecin, la psychologue, travailler en équipe pluridisciplinaire 2/ aspect psychologique et social - - - - établir une relation de confiance, favoriser la communication repérer les états d’angoisse, les peurs : adresser vers un psychologue pour proposition d’un suivi si besoin prendre soin, favoriser les liens avec les autres intervenants (kinésithérapeute, diététicienne, esthéticienne, coiffeur…) se préoccuper de sa prise en charge sociale, ses revenus ; faciliter les démarches : l’orienter vers une assistante sociale, une association si nécessaire, l’encourager à rencontrer d’autres personnes, proposer des centres d’intérêt (activités de créativité, lecture, cinéma..) accompagner son entourage, sa famille M. Fontana oct 07 3/ Conclusion Prise en charge difficile et exigeante car elle s’accompagne d’une charge émotionnelle due à la gravité de la maladie et à l’attachement affectif des patients envers des patients souvent jeunes ; la charge de soins augmente avec l’aggravation de la maladie. Rester centré sur le patient : s’adapter à son rythme, sa culture, ses mécanismes de compréhension. 11