conquêtes » sont « disproportionnées au naturel des Français » et « on ne tire jamais de
grandes richesses de lieux situés au-delà de quarante degrés ».
Des expéditions sont organisées en direction du Canada dont les plus importantes sont
celles de Samuel de Champlain. Un établissement est fondé en Acadie et le comptoir de
Québec est rétabli. Les missionnaires, récollets puis jésuites, poussent Champlain à
s'immiscer dans les querelles entre Indiens, car ils considèrent comme relevant de leur
seule autorité les paroisses des « convertis ». Toutefois, en 1627, on ne compte que
soixante-cinq Français à Québec et une centaine d'autres dans le reste du pays. Les
« colons » ne pratiquent guère que le commerce, et en particulier le trafic des fourrures.
Les tentatives faites par Henri IV en vue de créer des compagnies de navigation qui
auraient le monopole du commerce avec les Indes occidentales ou les Indes orientales
n'ont guère de succès. Les capitaux manquent ou se dérobent et les armateurs préfèrent
garder leur liberté d'action.
Richelieu et la politique coloniale
Avec Richelieu, on peut (avec une certaine prudence) parler, pour la première fois, d'une
politique coloniale systématique. Le point de départ néanmoins ne concerne que la
marine. Richelieu a fait créer pour lui en 1626 la charge de « grand-maître, chef et
surintendant général de la navigation et du commerce de France ». Le programme qu'il
développe devant l'Assemblée des notables en 1627 n'est pas colonial en apparence. Il
s'agit avant tout du commerce « de mer » auquel les nobles peuvent désormais se livrer
sans déroger (en contrepartie, des armateurs et des marchands au long cours pourront
accéder à la noblesse). Pour favoriser ces activités, Richelieu cherche à développer la
marine de guerre et à créer des compagnies de commerce. Celles-ci disposent de la
propriété du sol « en toute justice et seigneurie », du monopole du trafic avec la
métropole, de l'exemption de certains droits d'entrée ou de sortie et de primes royales
sous la forme de subventions ou de livraisons de bâtiments. En contrepartie, les
compagnies sont soumises à certaines obligations : prendre à leur charge les frais
d'administration, de justice et de sécurité, assurer le fonctionnement de l'institution des
« engagés » (véritables esclaves « à temps » recrutés dans la métropole pour le
peuplement de la colonie), entretenir des religieux pour l'évangélisation des indigènes et
transporter annuellement un certain nombre de colons. Les préoccupations commerciales
n'excluent pas d'autres soucis. La France se procure de l'or à la faveur d'exportations vers
l'Angleterre, l'Espagne et la Scandinavie. En revanche, Richelieu accorde un grand intérêt
à la conversion. Raisons religieuses sans aucun doute, mais aussi politiques : le roi de
France ne peut laisser à l'Espagne le monopole de la puissance catholique.
Quels sont les résultats ? Au Canada, la Compagnie des Cent-Associés est affaiblie non
seulement par les conflits avec les Anglais, mais aussi par le zèle excessif des
missionnaires (l'exclusion des protestants avait été décidée par le cardinal) et par les
rivalités qui opposaient le gouverneur et le vicaire apostolique. Montréal est fondée en
1642. L'Acadie occupée par les Anglais n'est restituée qu'en 1667. L'intérêt des Antilles
réside d'abord dans la production du tabac, puis plus tard dans celle du coton, de l'indigo