Quelques petits conseils pour tous, débutants comme anciens, afin de gérer vos entrainements et votre saison de courses. Julien LA STRUCTURE ANNUELLE DE L’ENTRAINEMENT EN TRIATHLON Les compétitions de course de fond comme le triathlon demandent une longue période de préparation. Ce temps de travail permet à l’organisme d’effectuer les adaptations nécessaires afin que la capacité de performance se développe jusqu’à la période de compétition. Plus le temps de préparation est long, plus les adaptations deviennent stables. De même, l’acquisition puis la stabilisation des habiletés motrices inhérentes à la pratique du triathlon ne peuvent s’effectuer que sur du travail à long terme. En période de compétition, l’athlète ne peut maintenir son état de forme optimale que quelques jours. Cette courte période de forme optimale est difficile à atteindre et à gérer. Elle découle de l’ensemble du travail réalisé par l’athlète en amont. Elle est soigneusement programmée pendant la période de préparation terminale liée à l’objectif défini. Généralement, la préparation annuelle est divisée en 4 phases distinctes. La période préparatoire ou foncière : Elle dure de 4 à 5 mois et s’étale de novembre à mars – avril. Son but est de construire, développer et consolider les fondements nécessaires à la réalisation des objectifs visés. C’est une période décisive pour tous les triathlètes et notamment pour ceux qui préparent des longues distances qui se doivent d’avoir un foncier à toute épreuve. Elle permet ainsi d’obtenir une élévation du niveau général d’aptitude physique de l’athlète. Durant cette période, le volume d’entraînement augmente progressivement pour atteindre son maximum en fin de cycle. L’intensité y est modérée. Il s’agit de faire du fond. L’athlète profite de cette période pour progresser sur le plan technique et effectuer un travail de renforcement musculaire et de préparation physique généralisée (PPG). En natation, l’accent sera surtout mis sur le travail technique avant le développement foncier. Le but recherché sera de pouvoir nager à l’économie tout en restant le plus efficace possible. Pour cela, on recherchera l’amplitude et la souplesse de nage ainsi que la prise d’appuis aquatiques efficaces. Un travail de battements, de renforcement musculaire et de vitesse sera aussi entrepris. On consacrera une grande partie du travail foncier au vélo. Près de la moitié du volume horaire d’entraînement devra se passer sur la selle. Les thèmes de travail préconisés seront la technique, la musculation et bien sûr l’endurance. En course à pied, les sollicitations seront également à dominante foncière avec des footings d’intensité modérée. Là aussi, un travail technique, de vitesse et de renforcement musculaire viendra compléter les footings. La période pré-compétitive : Elle dure de 6 à 8 semaines et occupe les mois d’avril et de mai. C’est une période de transition entre le travail hivernal et les premières courses. Son but est d’amener l’athlète à être capable de supporter des intensités proches à celles de la compétition. Le volume d’entraînement décroît tandis que l’intensité augmente. On peut la séparer en 2 phases consécutives : Le travail de développement de la VMA : Après avoir travaillé votre endurance, il faudra désormais pouvoir revenir sur des séances plus courtes et plus intensives afin de ne pas se brider et de retrouver une bonne vitesse de base. Les allures seront proches de la VMA (vitesse maximale aérobie) sur des durées assez courtes. La durée des séries (temps de récupération compris) ira de 15’ à 25’. En natation, le travail technique sera toujours de mise mais dans des proportions moins importantes, de même que le travail de renforcement musculaire et de foncier. Les séries seront plus courtes et plus intenses (de 6 x 50 m R=30’’ à 5 x 200 m R=2’, selon le niveau). Pour le vélo, il faudra commencer à faire monter les pulsations cardiaques. La sortie longue du dimanche matin sera conservée en augmentant progressivement l’allure et en alternant le travail foncier avec de courtes périodes intensives (travail en côtes, accélération,..). Une deuxième sortie dans la semaine est fortement conseillée avec un travail de PMA, puissance maximale aérobie (la vitesse en vélo dépendant de nombreux facteurs extérieurs, on préfère parler de puissance, qui est une donnée plus fiable. Pour la mesurer, il convient d’utiliser un cardio-fréquencemètre ou un capteur de puissance). Le travail consistera en des séries de 30’’ d’effort – 30’’ de récupération jusqu’à 2’/2’. Cet exercice peut aussi être effectué en côtes : montée à 100 % et récupération dans la descente, le tout à enchaîner. En course à pied, là aussi, l’idéal consiste à effectuer au moins 2 séances dans la semaine. Une séance plutôt longue, en nature, avec un travail d’intervalles longs (de 1’/1’ à 3’/3’) de type fartlek court ou de bosses, et une séance plus courte, réalisée sur piste, avec des sollicitations plus courtes (séries de 200 à 600 m R=30’’ à 2’). Le travail de soutien : Après avoir élevé vos capacités maximales, il vous faut désormais pouvoir utiliser un pourcentage maximal de ces aptitudes en course. Autrement dit, il vous faut faire tourner le moteur avec le régime le plus haut possible, sans trop vous fatiguer. Mieux vaut avoir un petit moteur qu’on peut exploiter à 90 % qu’un gros qui ne tourne qu’à 70 % de ses capacités. Sur des longues distances notamment, la performance est ainsi moins corrélée aux capacités maximales. La vitesse spécifique de compétition est capitale. Cette période dite de soutien constitue une répétition de l’allure visée. En natation, le travail technique et foncier est toujours de mise. Les séries iront de 4 x 200 m R=1’ à 4 x 600 R=2’. En vélo, une sortie longue avec des séries de 3 x 10’ à 2 x 30’ à 95 ou 90% de la VMA alternera avec une sortie plus courte qui comportera des séries avec des intervalles allant de 4’ à 10’ à 95 ou 90 % de la VMA. Pour la course à pied, on fera là aussi 2 séances. Une séance plutôt longue de footing avec des variations d’allure de type fartlek long, et une séance de piste avec des séries plus courtes et rapides du type 4 x 1000 m R=2’ à 3 x 2000 m R=3’, voire 2 x 5000 m pour ceux qui préparent du long. L’allure sera comprise entre 95 et 85 % de la VMA suivant les distances. La période de compétition : Elle dure environ 5 mois (de mai à septembre). La longueur et l’intensité de cette période nécessitent de la scinder en 3 phases distinctes. Il n’est en effet pas possible de maintenir un état de forme optimale sur une durée aussi longue. La première phase de compétition : Elle s’étale sur environ 2 mois, de mi-mai à début juillet. Les premières compétitions constituent des épreuves de rodage et sont suivies des courses-objectifs de cette phase. L’entraînement devient très spécifique, proche des conditions de compétition. La récupération est primordiale, tant entre les entraînements qu’après les courses. La phase inter-compétitive : Elle dure de 3 à 4 semaines, en général de mi-juillet à mi-août. Elle correspond à un repos relatif entre les 2 phases de compétition. Cette période permet de se régénérer et d’évacuer le stress de la compétition. C’est le moment idéal pour partir en vacances et pratiquer d’autres sports toutefois, on essaiera de conserver au moins une séance de natation par semaine, qui pourra pour l’occasion être effectuée en milieu naturel. Une bonne récupération et un court travail foncier entrecoupé de quelques séances de qualité permettent d’aborder la deuxième partie de la saison dans les meilleures conditions possibles. La deuxième phase de compétition : Elle va de mi-août à septembre et est plus courte que la première car on arrive à la fin de saison et la fatigue commence à se faire sentir. Elle s’organise comme la première phase de compétition. Dans le cas des triathlètes qui choisissent de terminer la saison sur un longue distance, il est conseillé de conserver un maximum de fraîcheur et de ne pas trop s’éparpiller sur d’autres courses. La période de régénération : Post-compétitive, elle dure de 6 à 8 semaines suivant la fatigue, physique et mentale. Elle occupe ainsi les mois d’octobre et de novembre. Elle permet de se régénérer complètement et de restaurer les capacités physiologiques et psychologiques de l’organisme. Les sollicitations importantes sont exclues de l’entraînement. La pratique d’autres sports comme le VTT, la marche, le canoë, les sports collectifs… permet de conserver une activité physique sans se lasser. Cette période de régénération est primordiale et permet d’aborder la saison suivante dans les meilleures conditions possibles. De plus, il apparaît souhaitable de réaliser un bilan de fin de saison. Ce bilan permet d’analyser les succès et les échecs des athlètes. Il s’agit d’en tirer les conséquences au niveau de l’entraînement pour la préparation de l’année suivante.