Exigences écologiques des passereaux paludicoles

Exigences écologiques des passereaux paludicoles et gestion des roselières méditerranéennes.
Les roselières possèdent une forte valeur patrimoniale en Europe suite à la spécificité de leur avifaune.
Dans le sud de la France, la plupart des roselières sont gérées par l'homme, et la gestion se fait
essentiellement par le contrôle des niveaux d’eau pour servir les intérêts socio-économiques (i.e.,
exploitation du roseau, chasse de la sauvagine). Les impacts potentiels de ces modes de gestion sur
l’avifaune sont peu connus. Ces roselières représentent également le principal habitat de nidification
de cinq espèces de passereaux paludicoles, soit la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus
melanopogon), la Rousserolle effarvatte (A. scirpaceus), la Rousserolle turdoïde (A. arundinaceus), la
Mésange à moustaches (Panurus biarmicus), et le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus). Nous
manquons d’informations concernant les exigences écologiques de ces espèces pour proposer des
mesures de conservation pertinentes, en particulier pour la Rousserolle
turdoïde et la Lusciniole à moustaches, qui sont considérées comme des
espèces vulnérables en France et en Europe, respectivement. Les
facteurs influençant l’abondance et la diversité des passereaux ont été
évalués au travers d’une analyse comparative des niveaux d’eau, de la
structure végétale et de la distribution des Arthropodes (ressources
alimentaires) dans 12 sites comprenant plus de 10 ha de marais
densément couvert de roseaux (Phragmites australis). La quantité
d’oiseaux échantillonnés au filet avec des protocoles de captures
standardisés fut positivement corrélée avec la disponibilité des
ressources alimentaires (abondance des Arthropodes capturés au filet
fauchoir ajustée selon leur fréquence dans les régurgitats des oiseaux).
La disponibilité des ressources fut pour sa part négativement corrélée à
la durée de l’assec entre juin et décembre. À l'aide d'analyses
canoniques des correspondances et de régressions multiples, il fut
possible d’expliquer les différences inter-sites dans l’abondance de la
plupart des espèces de passereaux en utilisant quelques paramètres de
végétation (diamètre du roseau pour la Rousserolle turdoïde, hauteur du
roseau pour la Rousserolle effarvatte, densité des tiges sèches pour la
Mésange à moustaches, densité des panicules et richesse floristique
pour la Lusciniole à moustaches). En se basant sur une étude de classification des roselières
Méditerranéennes regroupant 36 sites dans la même région du sud de
la France, ces paramètres de végétation sont ultérieurement associés à
des modes de gestion spécifiques, surtout concernant les niveaux d’eau
et de salinité. Les impacts potentiels des activités socio-économiques,
au travers de leur gestion de l’eau sont discutés, de même que les
moyens potentiels de minimiser ces impacts.
Pour en savoir plus :
Article Biol. Cons. 107 (2002) 315-325
Article ZH Infos 39(1) : 15-16 (2003)