TES 2010-2011 Chap18 Europe éco Modèle social européen 1
Chapitre 18 : De l’Europe Economique au Modèle Social Européen
Introduction :
1/ L’intégration économique :
11- Le marché unique :
111- La construction du marché unique :
Document 1
« L’institution fondatrice de la construction européenne est le marché, qui a pour vocation de limiter le
pouvoirs des Etats membres afin de garantir la paix tout en assurant la prospérité à leurs peuples. Mais
le traité de Rome distingue deux projets d’unification : l’abolition des barrières douanières et
l’établissement d’un tarif commun d’une part, et d’autre part l’objectif beaucoup plus ambitieux de
réaliser à l’échelle européenne les « quatre libertés » de circulation des biens, des personnes, des
services et des capitaux. Alors que l’union douanière est une réalité dès 1970, il faut attendre le milieu
des années 1980 pour qu’émerge une véritable stratégie de constitution du marché intérieur.
C’est par l’Acte unique européen, signé en février 1986, que les Douze fixent comme échéance pour la
réalisation du marché intérieur le 31 décembre 1992. /…/ Un des instruments les plus novateurs
utilisés au cours de cette période pour contourner l’obstacle de l’harmonisation des réglementations
nationales est la « reconnaissance mutuelle » /…/ qui veut qu’un produit légalement fabriqué dans un
Etat membre, même si les prescriptions techniques de l’Etat d’origine diffèrent de celles imposées à
ses propres produits par l’Etat de destination. »
E. Laurent, « La construction européenne », in : P. Combemale (sous la direction de) Les grandes
questions économiques et sociales, La Découverte, 2009, p 317-318.
Document 2 le cercle vertueux de la taille du marché
Définissez le marché unique.
Augmentation de la taille du marché
Economies d’échelle
Baisse des prix
Gains de compétitivité
Hausse des investissements
Croissance du PIB
Hausse du pouvoir
d’achat et de la
consommation
Amélioration du
solde extérieur
TES 2010-2011 Chap18 Europe éco Modèle social européen 2
Pourquoi peut-on parler d’une construction du marché unique ? Quelles sont les
différentes étapes pour construire le marché ?
Quelles sont les avantages attendus ? Quels sont les acteurs économiques qui sont
avantagés ?
112- Le marché unique est-il achevé ?
Document 3
« Quel bilan tirer aujourd’hui du marché unique ? Une part très importante de l’agenda de
libéralisation des marchés prévus par l’Acte unique a été adoptée et les différents élargissements ont
donné au marché unique encore plus de poids économique. Pour autant, une asymétrie s’est fait jour et
s’est même renforcée au cours des deux dernières décennies entre marchés très intégrés et marchés très
peu intégrés. /…/
Ainsi le marché du capital est à l’évidence le plus abouti des marchés européens. La libéralisation
complète des mouvements de capitaux, la suppression du contrôle des changes et le lancement de la
monnaie unique sur les marchés financiers (1999) puis dans l’ensemble de l’économie (2002) ont
encore accéléré la fluididu capital à l’échelle européenne. Pour autant, les politiques fiscales, sont
restées gouvernées par la règle de l’unanimité./…/
Le marché des biens est lui aussi fortement intégré : les échanges extérieurs des Etats membres de
l’UE sont en moyenne aux deux tiers des échanges intra-UE. /…/
Le marché des services européens, qui constituent 70 % du PIB de l’Union européenne mais
représentent moins de 20 % des changes, est en revanche loin d’être une réalité./…/
Enfin, si la libre circulation des personnes dans l’Union a été grandement facilitée par l’accord de
Schengen (1985) qui supprime les contrôles à la plupart des frontières intérieures, il est encore
impossible de parler d’un marché du travail européen. En effet, à peine 2 % de la main-d’œuvre est
mobile à l’échelle de l’Union et cette proportion est stable depuis trois décennies. »
E. Laurent, « La construction européenne », in : P. Combemale (sous la direction de) Les grandes
questions économiques et sociales, La Découverte, 2009, p 318 et 320.
Le marché unique est-il achevé ? Que signifie le passage souligné ?
Quels sont les éléments les plus aboutis ? les moins aboutis ?
12- La question de la concurrence :
121- Les vertus attendues de la concurrence :
Document 4
« Une entreprise n’est vraiment compétitive au niveau global que si elle est soumise à la
concurrence sur son propre marché. /…/ La politique de la concurrence n’est pas conçue
comme un dogme, mais bien comme un instrument de politique économique, laquelle, vise en
premier lieu, à soutenir la croissance et à accroître la compétitivité de l’Union européenne./…/
La concurrence est une source essentielle de [la compétitivité des entreprises]. C’est elle qui
crée les conditions indispensables pour que les entreprises soient amenées à innover et à
s’adapter à la demande de leurs clients afin de leur offrir les meilleurs produits et services,
aux meilleurs prix possibles./…/
On oublie trop souvent que les premiers bénéficiaires du jeu de la concurrence dans les divers
secteurs de notre économie sont non seulement les consommateurs mais aussi les entreprises
européennes elles-mêmes, notamment les PME. Leur compétitivité dépend précisément de
leur capacité à s’approvisionner en biens et services à des prix compétitifs. »
Joaquin Almunia (vice-président de la Commission Européenne, charde la politique de la
concurrence), «La concurrence ne nuit pas à la compétitivité. Le protectionnisme européen est
un danger », Le Monde, 26 janvier 2011, p 20.
Quels sont les acteurs économiques qui bénéficient de la concurrence ?
Quels sont les vertus de la concurrence ? Pourquoi peut-on qualifier la concurrence
d’aiguillon ?
Expliquez le passage souligné.
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122- La régulation de la concurrence :
Document 5 « Objectifs et outils du droit de la concurrence »
« La législation américaine, qui a connu de nombreuses modifications au cours du XXè siècle,
a profondément influencé l’élaboration du droit communautaire de la concurrence (traité de
Rome de 1957) /…/.
L’objectif principal de cette branche du droit consiste à favoriser et à protéger la concurrence
afin de stimuler l’efficience économique des marchés et d’améliorer le bien-être des
consommateurs. Pour y parvenir, deux types d’intervention peuvent être mis en œuvre par la
puissance publique : le contrôle des structures, d’une part, et le contrôle des comportements,
d’autre part. Le premier type d’intervention se situe en amont et consiste à assurer le contrôle
préalable des opérations de concentration. Il s’agit de vérifier que la fusion entre des
entreprises opérant sur un même marché ne porte pas atteinte à la concurrence, notamment par
la création ou le renforcement d’une position dominante. La surveillance des comportements
se situe quant à elle en aval et vise à identifier et à sanctionner les pratiques
anticoncurrentielles, qui prennent essentiellement deux formes : les ententes illicites, d’une
part, qui signent tous les accords entre entreprises et toutes les pratiques concertées (telles
les ententes sur les prix) ayant pour objet de fausser le jeu de la concurrence sur un marché ;
l’abus de position dominante, d’autre part, qui désigne le fait que la détention par une
entreprise d’une position de puissance économique lui permet de faire obstacle à des
concurrents potentiels. »
A. Bozio A., J. Grenet (sous la direction de), Economie des politiques publiques, repères, La
Découverte, 2010, p 54-55.
Document 6
« Dans le cadre de sa lutte contre les cartels, la Commission européenne a infligé le 13 avril une
amende de 315 millions d'euros aux géants de la lessive Procter & Gamble et Unilever. Entre 2002 et
2005, les lessiviers s'étaient entendus sur les prix de leurs produits dans huit pays, dont la Belgique, la
France et l'Allemagne. Leur stratégie commune : ne pas baisser leurs tarifs lorsque la taille et le
contenu des paquets de lessive diminue de telle sorte que les consommateurs paient en fait un prix de
plus en plus élevé. Derrière ces deux groupes se cachent la plupart des marques connues comme
Bonux, Ariel, Skip, Omo, Le Chat et Mir. Le groupe allemand Henkel, qui faisait aussi partie de
l'entente, a bénéficié d'une immunité pour avoir révélé les faits. »
Juliette Raynal, Alternatives Economiques, n° 302, mai, 2011.
L’expression « concurrence libre et non faussée » signifie-t-il un « laisser faire » intégral ?
Quelles sont les dangers menaçant la concurrence ?
Comment agit la Commission européenne ?
2/ La question du modèle social européen :
Document 7 Définition Europe sociale
« Le terme d’« Europe sociale » a plusieurs sens. Il peut désigner l’ensemble des interventions
actuelles des instances européennes, dans le domaine de la protection sociale et de la législation du
travail, en complément (ou parfois en substitut) aux interventions des institutions nationales.
Ces interventions sont étroitement encadrées par les textes communautaires, qui affirment que chaque
pays est responsable de sa protection sociale. En même temps, la logique de la construction
européenne, l’interdépendance croissante des économies, l’interpénétration des questions
économiques, sociales et monétaires, font que les instances européennes tendent à accroître le champ
de cette Europe sociale et essaient de piloter « la modernisation » des systèmes nationaux de
protection sociale. »
Catherine Mathieu et Henri Sterdyniak, « Le modèle social européen et l’Europe sociale », Revue de
l'OFCE, 2008/1 n° 104, p 80.
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21- L’Europe sociale :
211- Le développement de l’Europe sociale :
Document 8 le développement de l’Europe sociale
« Ce développement de la dimension sociale vise d’abord à instaurer une réglementation de base afin
de limiter les distorsions de concurrence par un abaissement ou une trop grande différence des
législations nationales. De fait, entre la fin des années 1980 et le début des années 2000, un dispositif
législatif dans le domaine du droit du travail a été élaboré dont la consistance n’est pas aussi maigre
qu’on le dit : près de 200 directives dans le champ social couvrant des droits collectifs (licenciements
collectifs, information et consultation des travailleurs, insolvabilité de l’employeur, transfert
d’entreprises).
/…/Plusieurs directives protègent les droits individuels des salariés : contrat de travail, protection des
jeunes au travail, travail à temps partiel, aménagement du temps de travail. Enfin une abondante
législation existe dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail. »
Brigitte Favarel, « Europe sociale », in Yves Bertoncini et alii (sous la direction de), Dictionnaire
critique de l’Union européenne, Armand Collin, 2008, p 171.
Document 9 La mise en oeuvre
« À l’heure actuelle, l’Europe intervient de trois façons dans le domaine social : la gislation
(ou hard law) ; les interventions financières ; les processus de coordination (ou soft law).
Le hard law constitue l’ensemble des décisions communautaires qui ont force de loi./…/
La plupart des interventions communautaires en matière sociale restent soumises à un vote à
l’unanimité (Sécurité sociale, protection sociale des travailleurs, protection des travailleurs en
cas de résiliation du contrat de travail, représentation et défense collective des intérêts des
travailleurs et des employeurs, conditions d’emploi des ressortissants des pays tiers se
trouvant en séjour régulier sur le territoire de la Communauté). Elles sont fortement encadrées
par les traités européens, notamment par les principes de subsidiarité et de proportionnalité*
(art. 5). Certains éléments, comme les rémunérations, le droit d’association, le droit de grève
et le droit de lock-out, sont explicitement exclus du champ communautaire : il n’y pas la
possibilité, par exemple, de fixer un salaire minimum européen.
Au total, l’intervention de l’Europe en matière sociale concerne surtout la politique de
l’emploi, plutôt que la protection sociale. L’Europe essaie de promouvoir le dialogue social et
d’établir des droits communs à tous les travailleurs européens (santé, sécurité, non-
discrimination). Par contre, elle n’a aucun pouvoir en matière d’organisation de la protection
sociale (retraite, assurance maladie ou chômage, famille).
Elle se heurte à une difficulté grandissante : le refus des pays libéraux et des nouveaux
membres de se laisser imposer une législation contraignante. Ainsi la directive sur le temps de
travail a été vidée de son contenu par l’existence d’une clause d’opt-out : le travailleur peut
renoncer à la limitation de sa durée de travail à 48 heures./…/
Les interventions financières en matière sociale sont extrêmement limitées. Le Fonds Social
Européen cofinance des projets nationaux de politiques actives du marché du travail, mais
dispose de très peu de ressources (0,1 % du PIB européen). Les interventions financières en
matière sociale sont limitées par l’absence de solidarité européenne, par le refus de donner à
l’Europe des ressources propres, ainsi que par la difficulté d’organiser des transferts entre
pays de niveaux de revenus et d’institutions différents./…/
Catherine Mathieu et Henri Sterdyniak, « Le modèle social européen et l’Europe sociale »,
Revue de l'OFCE, 2008/1 n° 104, p 84, 85.
Une obligation de proportionnalité commande de ne pas excéder ce qui est nécessaire à la
réalisation des objectifs (ex : éviter des législations trop détaillées).
L’Union européenne est-elle absente du domaine social ?
Que signifie le passage souligné ?
Comment l’Europe intervient-elle dans le domaine social ?
Où est-elle le plus présente ?
TES 2010-2011 Chap18 Europe éco Modèle social européen 5
Vrai ou faux : il existe un salaire minimum dans tous les pays de l’Union européenne.
Faut-il craindre un « dumping social » ? Illustrez votre réponse par des exemples.
212- L’Europe sociale en débat :
Document 10
« Pour les libéraux, l’Europe (et la mondialisation) sont une chance pour sortir d’un modèle
social-démocrate vermoulu qui ne correspond plus aux besoins du capitalisme. Les
concurrences fiscale et sociale, impulsées par la mondialisation, permises par le Marché
unique, vont imposer aux pays européens (particulièrement d’Europe continentale) de
démanteler progressivement leur système de protection des salariés (droit du travail, salaire
minimum) et de libéraliser leur système de protection sociale (passage aux fonds de pension, à
l’assurance maladie privée). Sinon, les entreprises refuseront progressivement de s’installer
dans ces pays, les salariés qualifiés d’y travailler, d’y être taxés et de payer des cotisations
sociales. Le vieillissement de la population, et donc la hausse des penses de retraites et de
santé, ne serait pas finançable dans une économie mondialisée puisque la hausse des
cotisations ferait fuir les jeunes actifs dynamiques. De ce point de vue, toute harmonisation
serait nuisible, en retardant les ajustements nécessaires. Il faut passer à un modèle libéral en
libéralisant le marché du travail, en concentrant la protection sociale sur les plus pauvres et en
renvoyant les autres au marché. Il faut accepter le gonflement des inégalités pour se caler sur
les normes mondiales.
Mais les libéraux oublient que cette évolution n’est pas souhaitée par les populations
concernées. L’Europe connaîtrait une longue période de troubles sociaux, d’insécurité sociale,
de conflits intergénérationnels peu propices à la consommation, à la confiance, à la
croissance./…/
Pour les partisans de l’Europe sociale, l’Europe doit converger progressivement vers un
modèle social unifié, comprenant une protection sociale de haut niveau. La mise en place d’un
gouvernement économique et social européen permettra l’harmonisation par le haut de la
fiscalité et de la protection sociale. Des minima salariaux et sociaux (revenu minimum, taux
de remplacement des prestations chômage et vieillesse, prestations familiales) dépendraient
du niveau de développement atteint par chaque pays et augmenteraient au fur et à mesure que
celui-ci rejoindra les pays de tête. Les salariés auraient des moyens d’intervention accrus sur
la gestion des entreprises. L’Europe sociale permettra de coordonner les hausses de salaire,
donc d’avoir des effets favorables en termes de demande, en minimisant les effets
défavorables en termes de compétitivité. L’Europe pourra promouvoir son modèle social à
l’échelle mondiale./…/
L’unification, même progressive, de systèmes fortement disparates apparaît problématique,
tant sur le plan technique que sur le plan politique et social. Elle suppose une homogénéité de
l’Europe beaucoup plus forte qu’elle ne l’est réellement. Elle suppose une délicate remise en
cause des pratiques nationales : par exemple, certains pays n’ont pas de salaire minimum
national (mais des salaires minimum de branche) ou de revenu minimum (l’aide sociale étant
décentralisée). Elle suppose qu’un pouvoir central de Bruxelles sera capable, politiquement,
socialement et techniquement, de piloter un mécanisme complexe et contradictoire. Faut-il
donner des pouvoirs à l’Europe en matière de protection sociale et accepter le principe de la
majorité qualifiée en matière fiscale ou sociale, sachant qu’elle peut aboutir à une
harmonisation par le haut ou par le bas. La social-démocratie, keynésienne et redistributive,
n’est plus majoritaire en Europe. Ceci pose la question de la démocratie en Europe : un pays
peut-il se voir imposer (ou refuser) une réforme sociale qu’il refuse ? Comment organiser un
dialogue social efficace en Europe, pour réformer et unifier la protection sociale, entre de
nombreux partenaires organisés au niveau national ? Si le modèle le plus efficace est celui
les partenaires sociaux s’accordent pour piloter finement tant la protection sociale que le droit
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