Séance 3 : Haïti, un Etat en marge de la mondialisation

Documents d’accroche :
Laissez les partir : l’émigration est la meilleure solution pour les Haïtiens par Michael A. Clemens
(chercheur au Center for Global Development et enseignant en sciences politiques à l’université de
Georgetown), publié par Foreign policy, le 27 janvier 2010.
Avant le tremblement de terre, beaucoup d’Haïtiens et leurs familles tiraient déjà profit du
travail à l’étranger. Nous étions alors nombreux à suggérer de favoriser une plus grande immigration
des Haïtiens aux États-Unis pour aider au redressement de l’économie de leur pays.
Il peut sembler curieux que le meilleur remède aux maux d’Haïti se trouve hors de ses
frontières, mais c’est aux migrations et aux envois d’argent depuis l’étranger que l’on peut imputer
presque toute la réduction de la pauvreté de l’île des dernières décennies. Ceux-ci ont fait bien
davantage pour Haïti que n’importe quelle politique de réduction de la misère pendant la même
période.
Tout d’abord, les Haïtiens ont déjà émigré en masse. Le dernier recensement faisait état
d’environ 535.000 Haïtiens résidant sur le sol américain, sur 1 million au total vivant à l’étranger.
La grande majorité des Haïtiens qui ont échappé à la pauvreté l’ont fait en émigrant. Fixez un
seuil de pauvreté raisonnable pour Haïti, et vous verrez que la plupart des Haïtiens au-dessus de ce
seuil ne vivent plus au pays. Dans une étude que j’ai menée avec Lant Pritchett, de Harvard, nous
avons fixé un seuil de pauvreté minimal à 10$ par jour (mesuré en fonction des prix américains).
C’est l’indigence totale [un tiers exactement des 30$ par jour que les États-Unis considèrent comme
le seuil de « pauvreté »]. Or, sur dix Haïtiens au-dessus de ce seuil, huit vivent aux États-Unis.
Ce phénomène illustre l’effet de l’émigration sur la pauvreté.
Seuls 1% des habitants d’Haïti vivent avec plus de 10$ par jour, et rien n’indique que la
majorité des émigrants haïtiens ne soit issue de la frange la plus aisée de la population, ce qui revient
à dire que très peu de ceux qui ont émigré gagneraient autant s’ils avaient été obligés de rester chez
eux. Un homme haïtien peu qualifié gagne aux États-Unis au moins six fois ce qu’il gagnerait à Haïti.
Et il ne s’agit que de ceux qui vivent aux États-Unis. Intégrez au calcul les 100.000 Haïtiens environ
qui vivent au Canada et en Europe de l’Ouest, dont presque tous gagnent plus de 10$ par jour, et le
résultat est encore plus encore plus flagrant : la grande majorité des Haïtiens qui ont échappé à la
pauvreté l’ont fait en quittant Haïti, et non grâce à quelque chose qui serait arrivé dans leur pays.
Et les Haïtiens qui n’ont pas émigré ? Un petit nombre d’entre eux se sont extirpés de la
misère, mais beaucoup s’en sont sortis grâce aux versements reçus depuis l’étranger. Eux aussi
doivent être comptabilisés dans les effets de la migration sur la pauvreté. Dilip Ratha, éminent expert
des envois d’argent depuis l’étranger, estime que si toutes les données étaient prises en compte, il se
dégagerait que les Haïtiens de l’étranger envoient chaque année entre 1,5 milliard et 1,8 milliard de
dollars chez eux, voire davantage. Ce chiffre est bien supérieur à toute l’aide qu’Haïti reçoit de la
communauté internationale. La moyenne de la fourchette proposée par Ratha laisse à penser que
ces envois constituent plus d’un quart du PIB d’Haïti. C’est une estimation basse, car les envois ont
un effet multiplicateur sur le PIB.
Source : http://www.migrantsoutremer.org/
Population totale à Haïti en 2009 : 10 032 619.
PNB d’Haïti en 2010 :11.18 milliards de dollars.
1- Evaluez à partir du document, l’importance des migrations internationales.
2- Vers quels types d’espace les migrants Haïtiens se dirigent-ils ?
3- Quels sont, selon l’auteur, les avantages des migrations internationales pour les populations
haïtiennes ?
Séance 3 : Haïti, un Etat en marge de la mondialisation ?
Une émigration importante (10% de la population totale) qui se dirige vers des pays développés et
des aires de puissance mondiale. (Intégration ??)
Pour les migrants, le départ est un moyen pour échapper à l’extrême pauvreté. Pour les populations
qui restent en Haïti, elles profitent des transferts financiers très importants (environ 25% du PIB du
pays). (Croissance ?? développement ??).
Tableau comparatif de 3 Etats du continent américain
Haïti
Mexique
Etats-Unis
Capitale
Port au Prince
Mexico
Washington
Superficie
27750 km2
1 958 200 km2
9 629 090 km2
Population
10 032 700
107 420 400
306 830 000
PNB en 2008 en
milliards de dollars
(rang mondial)
141e/231
14e/231
2e/231
PNB par habitant en
PPA en 2008
1020 $
14340 $
46790 $
Indicateur de
développement
humain (IDH)
0.5
0.85
0.95
Source : http://atlas.challenges.fr
1-Quelle conclusion pouvez-vous tirer de la comparaison de ces données sur la place qu’occupe Haïti
sur le continent nord-américain ?
Problématique :
A l’échelle du continent américain, quelles sont les raisons qui expliquent la situation d’Haïti ?
Document 1 : Déchets solides utilisés pour construire une route en Haïti
Source : http://fr.academic.ru/pictures
Document 2 : Haïti : l’Etat aussi est à rebâtir (par Jean marie Théodat).
La croissance démographique très élevée (5% par an dans la capitale) ne fait qu’aggraver les
difficultés. Alors qu’elle pourrait être un facteur de vitalité économique dans un contexte de solidité
institutionnelle, elle nourrit pour l’heure les bidonvilles. Vingt-quatre ans après la chute des Duvalier1, le pays
est encore le plus pauvre de l’hémisphère occidental : plus de 80% de la population vit avec 2 dollars par jour et
75% des actifs sont au chômage. L’agriculture, qui assurait l’essentiel des exportations jusque dans les années
1970 (café vétiver…), décline inexorablement tandis que les rares usines encore en état de fonctionner ont
fermé leurs portes et que les ateliers de confection toujours actifs dans les zones franches du nord de la
capitale offrent des salaires de misère et n’ont pas d’effet d‘entrainement sur le reste de l’économie.
A l’impuissance, face à ces enjeux, d’un Etat de plus en plus affaibli correspond la montée en force du
rôle de la communauté internationale. Certes, la Minustah 2 est essentiellement chargée du maintien de la
sécurité, laissant en théorie à l’Etat haïtien les coudées franches pour administrer le pays. Mais il en va
autrement dans la pratique. Depuis le séisme, la situation s’est aggravée, avec l’intervention d’une nébuleuse s
d’ONG qui se substituent à l’action publique. Les ONG ne sont en rien responsables de l’effondrement de l’Etat,
mais leur empressement à exécuter les tâches qui lui reviennent (logistique, scolarisation) ne font que le
fragiliser et le délégitimer davantage.
1-Duvalier : famille qui a instauré un régime dictatorial en Haïti de 1957 à 1986.
2-Minustah : mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti.
Source : Alternatives économiques Hors-Série n°8, décembre 2010
Document 3 : La détresse et la lutte: six mois après ! (par Patrick Martin).
Six mois après qu’un tremblement de terre ait détruit une grande partie d’Haïti et fait plus de 300.000 morts, il
n’y a eu guère de changement pour les survivants. Malgré les promesses faites par les Nations Unies et les
grandes puissances, en particulier les Etats-Unis, très peu d’aide est parvenue à Haïti. Des milliards promis, lors
de diverses conférences accompagnées d’un énorme battage médiatique, seuls 2 % ont été effectivement
versés.
L’ampleur des gâts causés par la pire catastrophe naturelle du XXIème s. dépasse l’imagination. Le nombre
de morts est supérieur à 300.000 et, selon certaines estimations, s’élèverait à près de 500.000 […].
Pratiquement toutes les morts ont été provoquées par l’effondrement des maisons et d’autres immeubles dans
les centres- villes d’Haïti, en particulier les taudis surpeuplés de Port-au-Prince, la capitale. Selon une enquête,
quelque 188.000 maisons ont été touchées, parmi lesquelles 105.000 complètement détruites, ainsi que 1.300
écoles, 50 hôpitaux, le palais présidentiel, le parlement et le port de Port-au-Prince.
Environ 25 millions de mètres cubes de gravats, constitués en majeure partie de béton et de barres d’acier,
restent le principal obstacle physique à la fois à la reconstruction et à la vie quotidienne. Moins de 5% ont été
dégagés depuis le séisme et les débris continuent de bloquer les rues et les routes et envahissent une grande
partie de la surface au sol des bidonvilles qui entouraient naguère Port-au-Prince.
Quatre rapports publiés au cours du mois dernier parlent de l’accroissement de la crise en Haïti. Un rapport de
l’ONU, publié le 19 juin, indique que 1,5 million de personnes vivent dans plus de 1200 camps de toile,
principalement autour de Port-au-Prince. Ce rapport souligne qu’avec le début de la saison des ouragans le 1er
juin, ceux qui vivent dans des abris précaires sont particulièrement en danger, surtout ceux qui sont installés
dans des régions côtières à basse altitude ou le long de ravins qui risquent de se transformer en torrents
déchaînés en cas d’orage […].
Un bilan publié par l’association humanitaire «Médecins Sans Frontières », daté de juillet 2010, indique que le
séisme a détruit 60% des centres de soins, parmi lesquels le seul centre de médecine d’urgence pour le
traitement des traumatismes, et que 10% du personnel a, soit péri dans le séisme, soit quitté le pays après cela.
Le rapport constate une amélioration importante de la distribution d’urgence des soins, des vivres et d’eau,
résultant de la vague sincère d’empathie internationale à l’issue du tremblement de terre, mais une
aggravation des problèmes d’installations sanitaires et de logement. Il n’y a qu’une décharge pour la capitale
de plus de 3 millions d’habitants et «elle déborde presque».
Source : http://www.haiti-liberte.com/view%20and%20read%20our%20archived%20articles%20economie.asp?ID=2
1- A quels problèmes l’Etat haïtien est-il confronté ?
Pauvreté, faiblesse des infrastructures, système éducatif et sanitaire défaillant, économie en
perdition, faiblesse de l’Etat….
2- Montrez qu’Haïti est dépendant de la communauté internationale.
Haïti dépend de l’aide internationale pour assurer la sécurité, des fonds internationaux pour
la reconstruction (après le séisme de 2010) et de l’intervention des ONG qui prennent en charge les
missions que l’Etat peine à mettre en œuvre.
SYNTHESE
Définir un PMA et une périphérie marginalisée :
- Pauvreté importante
- Conditions sanitaires désastreuses
- Système éducatif défaillant
- Instabilité politique
- Faiblesse économique
- Forte vulnérabilité face aux risques
- Dépendance vis-à-vis de la communauté internationale
- Pas d’intégration au système monde (pas de document « frappant » pour Haïti !!)
DOCUMENT COMPLEMENTAIRE
CARTE DES PAYS LES MOINS AVANCES A L’ECHELLE DU MONDE
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