Territoire national - Site de la promo DESS CI 2002

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DESS Commerce International – 2001/2002
Mme Sultan – Stratégies Internationales
L’AVENIR DU CONCEPT DE
TERRITOIRE NATIONAL
Salem BENHAMMADA
Paulo FERNANDES
Véranyne LY
Sandrine RASOLOMALA
Romain ZERBINI
PLAN
Introduction
p. 2
I – L’éclatement du concept de territoire national
p. 4
A – La vision de Reich et de Michalet à propose de l’Etat-Nation
B – De l’international au mondial
II – Mutation des territoires et rôle de l’Etat
p. 11
A – De l’Etat-Nation aux Etats Régions
B – L’Etat-Nation a-t-il un rôle à jouer dans l’espace économique mondial ?
Conclusion
p. 16
Bibliographie
p. 17
Définitions
p. 18
1
INTRODUCTION
L’Etat-Nation, forme historique édifiée au cours des 19 et 20ème siècles, correspondait à la
sédimentation de trois notions ; l’Etat souverain, la nation (communauté de langue et de
culture) et le territoire (soumis à l’autorité de l’Etat).
L’importance grandissante de la sphère économique conduit à une fin des repères
traditionnels concernant les Etats. En effet, la mondialisation conduit à un univers de plus en
plus imprévisible car les frontières sont de plus en plus poreuses du fait des échanges opérés
lors des opérations de commerce international.
En quelque sorte, on assiste à une perte de souveraineté ou, une désindustrialisation de l’Etat
au profit de décideurs internationaux.
Pourtant, il est vrai que l’Etat ou plutôt l’Etat-Nation a selon diverses périodes, connu des
dénominations distinctes, on parlait alors d’Etat gendarme suite et de façon plus
contemporaine, d’Etat Providence, distinction attribuée pour son interventionnisme sur les
différents marchés.
Désormais, on s’accorde à employer le terme d’Etat Nation tellement ces deux notions sont
imbriquées et semblent être indissociables du fait des implications qu’il génère.
(communautés d’individus encadrés le plus souvent par des institutions)
Il parait difficile à l’heure actuelle d’associer ou de définir un Etat Nation quand les langues,
les religions, les cultures, les intérêts perturbent cette conception par leur caractère fortement
diversifié.
Les territoires nationaux sont victimes des « 3M », marché, mondialisation, multilatéralisme
et de plus en plus, on passe de l’Etat-Nation à l’Etat-Région par la constitution de blocs
distincts tels l’Union Européenne ou l’ALENA…On dit désormais qu’à l’Etat-Nation se
substitue l’Etat-Region , n’obéissant qu’à la géographie invisible du marché et aux tracés
économiques.
2
A travers l’étude de différentes approches, R. Reich, K. Ohmae, C-A Michalet, nous allons
voir quelle définition et quel avenir accorde t-on au concept de territoire national pour ensuite
nous pencher sur l’avènement d’une nouvelle forme d’Etats, les Etats-Regions ou, la
constitution de blocs régionaux.
De plus, on s’accordera à expliquer que lesdits Etats-Nations n’ont pas pour autant dit leurs
derniers mots.
3
I – L’éclatement du concept de territoire national
A – La vision de Reich et de Michalet à propose de l’Etat-Nation
 Robert Reich
Robert Reich, dans son livre l’économie mondialisée, nous démontre que le succès des
grandes firmes américaines est identifié à celui de l’économie nationale (500 firmes
représentent la moitié de la production du pays et des millions d’emplois). D’où un
compromis entre l’Etat, les grandes firmes et les salariés. C’est pourquoi, le gouvernement
n’intervient pas dans les décisions des firmes. Le domaine d’intervention de l’Etat est limité à
la politique conjoncturelle, à la formation des travailleurs et à la défense nationale. Pour
Reich, l’Etat n’intervient plus au sein même des firmes, qui mènent désormais leur propre
politique, on peut dire que sur le plan du développement économique, ce sont les grandes
firmes américaines qui prennent les décisions.
Pour Reich, le rôle de l’Etat est aussi difficile à définir que pour la nationalité des entreprises.
Avec la mondialisation de l’économie, il y a une mutation du rôle de l’Etat.
 Charles-Albert Michalet
Pour Michalet, il existe également un concept de fin d’Etat-Nation, en effet, comme nous
avons pu le constater durant les précédents exposés, la mondialisation reposait sur
l’homogénéisation produite par les politiques économiques et l’existence des disparités entre
les Etat-Nations. L’Etat-Nation est une forme institutionnalisée du pouvoir suprême qui
s’exerce dans les limites d’un territoire où vit un peuple qui parle la même langue et qui est
gouverné par un Etat.
4
Dans la séduction des nations, Michalet parle d’une logique de l’économie inter-nationale qui
a pour but d’expliquer les échanges de biens et de services entre les Etat-Nations. Les
territoires nationaux sont prédominants dans le système des échanges, en effet, depuis la
théorie de Ricardo, jusqu’aux théories d’Hecksher, Ohlin et Samuelson, Michalet démontre
l’importance des avantages de la spécialisation inter-nationale. D’après ces différentes
théories du commerce international, on remarque bien que les facteurs de production, les
capitaux et les hommes ne restent pas dans les espaces territoriaux délimités par les frontières
des Etats. C’est pourquoi, on peut observer que le rôle de l’Etat-Nation est en mutation.
L’Etat va prendre des mesures afin d’augmenter l’attractivité du territoire pour accueillir des
investissements étrangers, mais également
pour développer l’économie nationale.
Géographiquement, on peut dire que l’Etat-Nation disparaît alors que son rôle économique est
prépondérant dans la compétitivité au niveau mondial. L’Etat doit alors promouvoir son
territoire, mais il doit aussi aider à l’internationalisation des entreprises.
Pour Michalet, il y a une remise en question du concept de Keynes selon lequel l’Etat est un
acteur essentiel et qui doit intervenir pour pallier les défaillances de l’économie de marché. En
reprenant sa définition de la mondialisation, au fur et à mesure des 3 étapes
(internationalisation, multinationalisation et globalisation), l’Etat-Nation « se globalise »,
l’espace économique dépasse l’espace délimité par les frontières. Avec la mondialisation, « il
faut protéger les avantages compétitifs de l’économie nationale sur la scène de l’économie
mondiale ». Les frontières se sont élargies au niveau mondial. On assiste donc à de nouvelles
configurations territoriales. D'autre part, au niveau de la dimension multi-nationale, la
multiplication des zones franches industrielles d'exportation a favorisé l'extra-territorialité et
la renonciation des Etats à exercer leur souveraineté sur certaines zones de leur territoire. En
outre, l'importance croissante de la part des flux intra-firmes dans les échanges internationaux
(plus de 40% du total) du fait de la délocalisation de la production, modifie la nature du
commerce international. Il est de plus en plus hors marché il est de plus en plus constitué par
des flux intra-branches de produits intermédiaires. Au final, il apparaît clairement que les
Etat-Nations ne sont plus au coeur de la division internationale du travail. Les FMN prennent
la place de l'Etat dans la Division Internationale du Travail (DIT).
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L’émergence de nouvelles configurations territoriales
Avec la mondialisation, une nouvelle relation entre firmes et territoires nationaux a été mise
en place. Dans cette nouvelle configuration territoriale, la référence à l’espace national n’est
plus aussi important qu’auparavant. Pour Michalet, celle-ci va regrouper des Etats selon une
intégration économique régionale qui est interdépendante du processus de globalisation.
L’Etat-Nation n’a plus son rôle traditionnel. Le rôle des gouvernements et de leurs
administrations se transforme. Avec la mondialisation, le rôle de l’Etat n’est plus aussi
important qu’après la deuxième guerre mondiale, où il était gestionnaire de l’économie mixte,
aujourd’hui, il a pour objectif de promouvoir son territoire national afin d’attirer les
investissements étrangers et augmenter la compétitivité. L’Etat-Nation n’est plus acteur
économique souverain sur un espace géographique inviolable, avec la globalisation, les outils
de la gestion des entreprises est influencée par la mondialisation.
B – De l’international au mondial
La mondialisation n'est pas comme on le dit trop souvent aujourd'hui un phénomène
principalement économique. A la base de la mondialisation, il y a une révolution technique
extrêmement importante, qui est l'abolition de la distance par les progrès de la
communication. Cela a eu un effet extrêmement important sur le plan politique puisque la
distance a cessé de devenir cette ressource de gouvernement qu'elle a été pendant des siècles.
L'autorité de l'Etat-Nation reposait en partie sur la distance, car elle donnait un sens au
territoire national - la juste mesure de la communication possible à l'intérieur d'une
communauté humaine - et une fonction médiatrice à l'Etat, dès que les individus cherchaient à
communiquer entre eux. Or, étant donné l'extraordinaire prolifération de relations
transnationales qui s'opèrent entre les individus par-delà les frontières et en contournant le
contrôle de l'Etat, cela n'a plus de sens aujourd'hui. D'où le redéploiement des fonctions de
l'Etat-Nation dans la mesure où ce dernier a pour nouvelle perspective politique de gouverner
dans un système où la communication lui échappe et où il doit assurer la régulation de cette
explosion de relations transnationales. Beaucoup de faits laissent à penser qu'une part
importante de ce qui fondait la dynamique nationale est aujourd'hui contrariée par des
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évolutions lourdes de l'histoire humaine. L’histoire a certes connu des structures élargies très
au-delà des terroirs ou même des états territoriaux. Il y eut des économies mondes, puis un
impérialisme mondial à la fin du 19ème siècle. Mais c’est seulement après 1945 que
l’expansion du système de marché prit l’aspect d’un impératif universel. L’international existe
depuis plusieurs siècles ; le mondial n’est que de notre temps. Actuellement, les sociétés sont
interdépendantes et se déterritorialisent en partie, avec la poussée des réseaux matériels et
immatériels et l’émergence de l’information instantanée en réseaux., La planète fonctionne
comme un tout structuré. L’inter-nations devient à proprement parlé un monde, les problèmes
sont dit globaux et la primauté va au droit international. Le monde en temps réel, c’est
d’abord celui de la bourse, des circuits financiers et des grandes multinationales de
l’information. La mondialisation est d’abord celle des firmes multinationales et du capital
financier. La figure de l’universel qui pourrait émerger est alors celle du marché généralisé.
Le contact concret avec la terre nourricière s’estompe, le droit international relativise les
frontières et la montée des flux réduit la portée des enjeux territoriaux. Par là s’affaiblissent
les représentations du territoire fermé, et les réflexes de protection ou de renfermement ne
sont que la réaction, parfois légitime mais provisoire, à une ouverture qui relève de la
concurrence marchande plus que de l’échange égal.
 La montée des flux
Les activités transfrontalières se sont multipliées. Les flux dominent le monde.
- Ceux des hommes, d'abord: depuis 1945, des millions d'hommes se sont déplacés d'un
continent à l'autre, à la recherche d'un travail.
- Ceux des marchandises ensuite: de 1984 à 1994, le commerce international a progressé de
5,3 % par an, tandis que les productions n'augmentaient que de 1,9 % chaque année en
moyenne.
- Flux des capitaux surtout. Au début des années 1980, le prix Nobel d'économie, Maurice
Allais, estimait que 420 milliards de dollars s'échangeaient chaque jour, dont 12,4 milliards
seulement correspondaient à la ‘’circulation de marchandise’’. Aujourd'hui les échanges
journaliers dépassent largement les 1500 milliards de dollars, soit l'équivalent du PNB
français. Les mouvements financiers annuels sont évalués à 50 ou 100 fois ceux des
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mouvements commerciaux. Sur cette base, des acteurs s'installent, dont les structures ne sont
plus nationales mais transnationales.
En 1992, l'économie mondiale est dominée par 37 000 firmes multinationales (FMN), autour
desquelles gravitent quelque 200 000 filiales employant directement 73 millions de personnes
et possédant des actifs évalués à 5 000 milliards de dollars. Un tiers environ du commerce
mondial de biens et de services se ferait sous la forme d'échanges entre filiales de ces firmes.
Il s'agit certes d'une structure encore imparfaitement
dénationalisée ». La distribution
géographique des FMN reflète celle de la puissance économique et politique du XXè siècle:
sur les 200 firmes les plus importantes, 172 sont regroupées aux États-Unis, au japon, en
France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Mais l'ancrage territorial de leur centre vital
n'annule pas le fait que la logique de leurs activités, de leurs implantations et de leurs
alliances n'est déjà plus celle de leur État national d'origine . Quand, en 1992, le chiffre
d'affaires de General Motors dépasse le PNB de l'Autriche, de la Finlande ou du Danemark,
quand celui des quatre premières FMN est plus élevé que le PNB de l'ensemble du continent
africain, comment les unes et les autres pourraient-elles ne pas concentrer sur elles une part
des attributs de la puissance qui était naguère le monopole des États? Et que dire de la
multiplication, à côté de ces FMN, des réseaux économiques qui, licites ou illicites, diaspora
chinoise ou maîtres des «narcodollars », organisent leur activité d'un continent à l'autre sans
considération des frontières ?
Or, en s'opérant de plus en plus «en temps réel», par le biais des communications
électroniques, les transactions à haute valeur ajoutée se situent dans une dimension qui nie les
contraintes du temps et de l'espace Les activités économiques sont de plus en plus
transnationales.
Elles ne sont pas les seules. Peu à peu, l'ensemble de la pratique sociale élargit ses cadres
d'organisation. L’expansion des espaces d'activité a peu à peu bouleversé les cadres de la
décision et, partant, ceux du pouvoir dans toutes ses dimensions.
8
L’essor du transnational
La mondialisation a bien sûr été mise à profit par tous les acteurs potentiels, à commencer par
les acteurs économiques, d'où effectivement cette poussée de néolibéralisme conséquence de
la capacité des individus à investir et à commercer directement en dehors de l'Etat et hors de
son contrôle. Mais, on voit aussi se constituer, à côté du marché, d'autres formes de solidarités
transnationales. Par l'immédiateté de l'image, de l'information et de la communication, tous
les individus se trouvent directement impliqués dans les affaires intérieures des Etats voisins
ou lointains.
La mondialisation permet l'émergence d'un très grand nombre d'acteurs, qui vont avoir leur
propre action internationale, leur propre volonté politique - c'est le cas des ONG - ou qui vont
faire pression sur l'Etat pour qu'il intervienne sur la scène mondiale - c'est le cas de l'opinion
publique internationale. On assiste donc à la constitution d'un vaste espace public qui prend
en charge les questions internationales, à côté du système interétatique et hors du contrôle des
Etats.
Dans l'ensemble, la montée des flux transnationaux a stimulé la recherche de niveaux de
gestion plus intégrés, qui privilégient ce que de bons observateurs ont appelé « le
contournement de l'État ». La constitution d'un véritable club des puissants, le «G7 », comme
la multiplication des organismes « régionaux » (Union européenne, ALENA en Amérique du
Nord, Mercosur en Amérique latine, ANSEA en Asie ) sont des exemples pertinents illustrant
l'émergence de ces lieux de décision qui dépassent le cadre étatique et qui, en retour,
modifient l'espace de souveraineté des États. Mais la planète fonctionne aussi comme un tout.
Les progrès de l'écologie, comme science et comme idéologie, ont contribué à populariser
l'image du ‘’village planétaire’’ avancée naguère par Mac Luhan. Le droit international
cherche à traduire juridiquement cette réalité, par exemple autour de la notion de « patrimoine
commun de l'humanité», apparue en 1970 à propos de la mer. En bref, l'idée chemine que le
monde fonctionne peu à peu comme une société. Il n'y a plus seulement « internationalisation
» ou « transnationalisation », il y a « globalisation » et « mondialisation » des problèmes et
des recherches de solution. La démultiplication des réseaux de communication et l'action des
grands organismes internationaux ont certes promu quelque chose qui relève de la « culture
globale », au-delà des cultures nationales particulières. Mais si des universaux culturels
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s'imposent, ils sont plutôt ceux que véhiculent les marchés contrôlés par quelques
multinationales de l'information.
Percée du transnational ou résurgence communautaire: toutes ces évolutions affectent les
fondements d'un ordre mondial construit sur le socle des États-nations et sanctionné par
l'équilibre des puissances. Le modèle étatique-national dominant se voit en effet contesté sur
le triple registre du territoire, du marché et de la souveraineté.
La cohérence du territoire a toujours été limitée, on l'a constaté, si ce n'est peut-être dans l'aire
ouest-européenne. Mais la délimitation et la stabilisation des frontières a été la grande affaire
des relations internationales sur les deux derniers siècles. Or l'espace entre dans une nouvelle
phase de fluidité, quand l'importance du sol se dilue avec le déclin des agricultures
traditionnelles et quand se généralisent en même temps le flux des marchandises et celui des
hommes Le territoire des FMN et des « narcodollars », tout comme celui de Greenpeace,
ignore à peu près complètement le jeu des frontières et des eaux territoriales. Et si la frontière
politique garde toute sa valeur stratégique quand il s'agit de protéger les États-Unis de
l'invasion des wet backs mexicains, elle perd de sa signification dans les limites de l'Union
européenne installée par le traité de Maastricht. Il n'est pas absurde de penser qu'à terme le
territoire perdra de sa substance, dans des sociétés où le réseau devient une forme majeure
organisation. La base de leur agrégation n'est ni la proximité immédiate ni l'origine commune,
mais la communauté d'intérêt, de désir ou de projet. Dans cette optique, le territoire n'est plus
si décisif, puisqu'il n'est plus le support nécessaire de la communauté et le référent central des
solidarités de groupe.
Il en est de même du marché, qui fut la seconde forme,, dominante de l'agrégation nationale.
Dans l'ensemble, les marchés nationaux ont perdu une part de leur texture. La percée des
marchés internationaux et la standardisation élargie des normes de production ont atténué en
effet les spécificités des systèmes productifs et détruit les cloisonnements des échanges. Avec
la domination économique des États-Unis, 1'après 1945, l'hégémonie du libre-échange a
accéléré le processus. De plus, les institutions qui régissent le système économique mondial
considèrent depuis plusieurs décennies que le protectionnisme est un mal, au mieux un
expédient provisoire que l'on peut tout juste tolérer. L'espace régional continental a pris la
relève des nations, en organisant l'économie mondiale autour de la célèbre « Triade», qui relie
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et oppose l'espace nord-américain, la façade pacifique de l'Asie du Sud-Est et l'Europe
occidentale.
Il y perd d'autant plus que, après le territoire et le marché, la souveraineté nationale se trouve
elle aussi érodée, quand elle constituait le troisième pivot de l'Etat-Nation. Même si c'est de
façon inégale, et sur la base de fondements encore âprement discutés, le droit international
tend à empiéter sur les normes nationales de toute juridiction.
II – Mutation des territoires et rôle de l’Etat
A – De l’Etat-Nation aux Etats Régions
Le niveau du territoire de l’Etat était , il y a encore un demi siècle, celui de l’économie dite
« nationale ». Cependant, d’autres niveaux que l’on nomme « régionaux », interviennent de
plus en plus.
De fait, le terme « régional » recouvre plusieurs acceptions, et on range sous ce terme, des
sous ensembles de nature différentes.
Ainsi, ce terme englobe, les marchés communs, les unions économiques, les zones de libre
échange, qui ont des contraintes différentes et constituent des aires rassemblant les territoires
d’états. Les frontières y ont alors au moins 2 valeurs : les frontières entre la « région » et le
reste du monde deviennent les limites importante, des frontières internes dont la hauteur est
diminuée voire supprimée deviennent davantage des limites administratives. Ces ensembles
résultent des négociations entre Etats, leur logique est donc d’abord territoriale. C’est l’Union
Européenne, c’est en Amérique du sud, le Mercosur, marché commun entré en vigueur en
1995 qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay auquel se sont associés le
Chili et la Bolivie, c’est en Amérique du nord l’ALENA, zone de libre-échange entre les
Etats-Unis, le Canada et le Mexique ou encore l’ASEAN pour l’Asie.
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On, considère sous le terme de « régional » :

Une première division d’un territoire national d’une certaine extension, le Languedoc par
exemple.

Une première division d’un territoire mondial, avec le regroupement de pays voisins
offrant une unité historique, culturelle et s’organisant autour de problèmes communs (ex :
le Moyen Orient)

Une région formée par des morceaux de territoires nationaux, dont l’économie et même la
vie sociale se restructurent en transgressant les frontières nationales (ex : la regio
basiliensis qui comprend Bâle, le sud de l’Alsace et du pays de Bade).
 Kenichi OHMAE, et l’émergence des « Etats Régions»
Pour Kenichi OHMAE, sous l’effet des flux transnationaux, c’est ce qu’il appelle les 4 I,
Investissement, Industrie, Information, Individu , l’Etat-Nation, est de plus en plus réduit à un
rôle de figurant sur la scène économique. En effet, ses rigidités structurelles jointes aux
pressions des différents groupes d’intérêt le rende inefficace, tant dans la création de richesses
que dans leur redistribution. Les Etats-Nations sont ainsi devenus des unités territoriales
artificielles sur le plan économique.
Parallèlement au dépérissement des grands Etats-Nations, émergent de nouvelles entités
économique naturelles : les Etats Régions.
Ce qui définit ces Etats Régions, n’est pas l’emplacement de leurs frontières politiques, mais
le fait que leur taille et leur échelle sont suffisante pour en faire les véritables unités
opérationnelles de l’économie planétaire.
En effet, les préoccupations de ces Etats Régions, ne sont pas locales. L’importance de leur
rôle dans le développement tient au fait qu’ils sont prioritairement tournés vers l’économie
planétaire.
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Ces unités territoriales peuvent se situer à l’intérieur des frontières d’un Etat - par exemple,
l’Italie du Nord, la Silicon Valley, Osaka et la région du Kansai – ou chevaucher les frontières
politiques – comme la zone San Diego / Tijuana, Hong Kong et le sud de la Chine, le triangle
de croissance Singapour-Johore-Batam, etc. Ces régions sont aujourd’hui le moteur de la
prospérité mondiale.
Les stratégies de conquête de marchés doivent intégrer cette nouvelle donne. On aborde pas
un marché de façon globale et indifférenciée, mais grâce à des implantations région par
région.
B – Les Etat-Nations ont-ils encore un rôle a jouer a l’heure d’une espace
économique mondiale ?
De nos jours, les frontières géographiques qui faisaient la force des Etats en définissant leurs
limites, leur champ d'action, sont désormais en partie dépassées. Cependant, la crise de la
territorialité via les phénomènes économiques, financières et politiques ne marque pas la fin
des Etats, mais celle de leur monopole et de le pouvoir absolu. Ainsi, le territoire national joue
encore un rôle dans certains cas.
En effet, Si les Etats peuvent utiliser à leur profit les flux transnationaux malgré
l'affaiblissement des frontières (développement économique, …), les acteurs transnationaux
ont inversement besoin d'interlocuteurs étatiques et notamment aujourd'hui des frontières
normatives que seuls les Etats peuvent fixer : des frontières d'un nouveau type, définies par
l'Etat, lui donnent une nouvelle légitimité.
Ainsi, les acteurs transnationaux ne peuvent se passer complètement de l'Etat et les frontières
sont encore invoquées dans la mesure où la concurrence entre les systèmes de droit est forte.
Les entreprises doivent faire appel à l'Etat pour appliquer le droit (même si ce n'est pas le
sien).
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Par ailleurs, la dépendance des différentes entreprises d'un même groupe par rapport à
l'entreprise mère n'est pas toujours absolue, mais l'unité stratégique est réduite par le jeu des
frontières nationales. En effet, les différentes réglementations et ressources nationales
obligent les filiales à adapter une partie de leur politique de production et de
commercialisation. De même, les entreprises mères ont des rapports privilégiés avec leur Etat
d'origine, en effet, chaque partie y trouve son intérêt. La "glocalisation" (localisation de la
production d'une firme multinationale dans ses territoires) est courante. Ces FMN ne
disposent en fait jamais d'une autonomie complète par rapport aux Etats et n'atteignent pas le
niveau de réussite des flux culturels.
Aussi, il est important de souligner que lorsqu'ils se sentent menacés, les acteurs
transnationaux telles que les FMN demandent l'aide des Etats. Et ce, particulièrement dans le
cadre de règlements commerciaux internationaux, les pouvoirs publics étant mis à
contribution pour établir des barrières (des frontières) protectionnistes, pour tenter de
convaincre les partenaires de lever les leurs ou pour agir sur le plan monétaire ou du crédit.
On peut citer l’exemple des Etats-Unis dans le domaine de l’acier. Même si le pays prône de
toute part la mondialisation, il est n’hésite pas à faire appel au protectionnisme quant il s’agit
de protéger ses intérêts sur le territoire national.
Il faut ajouter que l'essentiel des implantations des firmes multinationales concerne les pays
développés, c'est-à-dire là où l'Etat d'accueil est en mesure de contrôler et de limiter la part
des investissements étrangers. Il propose aussi aux entreprises qui s'installent des facilités.
On peut ainsi dire que malgré l’essor de la mondialisation, l’Etat et ses frontières jouent un
rôle économique important. L’Etat peut anticiper, renseigner et aider les firmes nationales à
conquérir des marchés. Et ces dernières se servent parfois de l’image que véhicule leur Etat
d’origine et la puissance de celui-ci pour renforcer leur notoriété et leur identité.
Les frontières de l'Etat délimitent donc l'espace de sécurité de transaction (car l'Etat est le seul
producteur de normes). Or, sans sécurité juridique et des personnes, tout transfert économique
est impossible car il n'y a pas d'interlocuteurs pour les transactions. Et si les entreprises sont
demandeuses de frontières et de règles étatiques pour les raisons invoquées auparavant, il en
est de même pour les citoyens : leur attente se porte vers l'Etat-Providence c'est-à-dire les
services collectifs (éducation, santé, services, infrastructures, politique économique, emplois
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et garanties contre la précarité...). L'Etat et ses frontières normatives acquièrent donc par là
une nouvelle vitalité.
En outre, les Etats-Nations ont à jouer un rôle vital : agir en catalyseurs efficaces des
initiatives régionales.
Enfin, C'est l'Etat lui-même qui "résiste", ou qui s'est défini des limites, de nouvelles
frontières supranationales, pour gagner en puissance mondiale : il reste donc un acteur capital
des relations internationales aux frontières redéfinies.
15
CONCLUSION
Les visions classiques de l’Etat semblent ébranlées du fait de l’évolution des relations
internationales et de l’organisation interne des différents Etats. L’affermissement du rôle des
instances internationales régulatrices pourrait annoncer une période de déclin de l’Etat ou du
moins, un appauvrissement de sa conception traditionnelle selon laquelle la souveraineté d’un
Etat est fondée sur sa puissance.
Les conséquences de la mondialisation sont directes puisqu’elle offre aux individus la
capacité d’investir et de commercer « librement » en dehors de l’Etat et donc de son contrôle.
Pourtant cette montée en puissance n’a pas pour autant signé la mort des Etats puisqu’ils
demeurent plus ou moins présents et ce à différentes échelles, et la constitution de groupes
d’Etats ou d’Etats régions peut être une réponse à l’éventuelle perte de souveraineté de l’Etat.
A travers le monde, on aperçoit également des soulèvements grandissants des individus qui se
soulèvent dès lors contre cette domination économique et financière, ce qui affirme d’autant
plus que les spécificités étatiques ne sont pas mortes et, au contraire, on assiste à un retour en
grâce des affirmations culturelles, linguistiques, religieuses qui portent alors atteinte à
l’identité même des individus.
Enfin, il nous semble difficile de répondre à la question du devenir de l’Etat, car avec le
progrès technologique, l’Etat renforce aussi ses moyens d’action et de communication. Plutôt
que de parler d’une fin de l’Etat, il semblerai judicieux d’évoquer un e transformation
profonde de l’Etat qui perdure alors à côté d’autres acteurs internationaux non étatiques. En
fait, le point noir de cette nouvelle conception peut être la perte du principe de souveraineté
des Etats qui n’ont donc plus autant de pouvoir de contrôle sur les politiques menées.
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BIBIOGRAPHIE
-
L’économie mondialisée, Robert Reich, Ed DUNOD
-
La séduction des nations ou comment attirer les investissements, Charles-Albert
Michalet, Ed ECONOMICA
-
Un monde sans souveraineté, Bertrand Badie, collection Espace politique, Ed
FAYARD
-
La Mondialisation, Olivier Dollfus, collection la bibliothèque du citoyen, Ed. Presse
de sciences politiques
-
La fin des territoires, Bertrand Badie, Ed FAYARD
-
De l’Etat-Nation aux Etats Régions, Kenichi Ohmae, Ed DUNOD
-
Faut-il défendre la nation ? Roger Martelli. Edition La Dispute 1998
-
Alternatives Sud : L’avenir de l’Etat-Nation. Cahiers trimestriels Vol II
L’Harmattan 1995.
-
Au delà et en deçà de l’Etat-Nation. Christian Philip. Collection ‘’études
européennes’’ chaire Jean Monnet, université de Montreal. Edition Bruylercat 1996.
-
Nations et mondialisation. G Lafay, C Herzog, M Freudenberg, D Unal-Kesenci.
Edition Economica 1999
-
http://www.france.diplomatie.fr/
-
http://www.synesthesie.com
-
http://www.ulaval.ca
17
Edition
DEFINITIONS
ETAT : Nation (ou groupe de Nations) organisée soumise à un gouvernement et à des lois
communes.
NATION : Communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire, et qui du
fait d’une certaine unité historique, linguistique, religieuse ou même économique, est animée
d’un « vouloir vivre commun ».
TERRITOIRE : Étendue de terre dépendant d’un État, d’une ville, d’une juridiction.
TERRITORIALITE : Condition de ce qui fait partie du territoire d’un État
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