
L’évolution est marquée par une amélioration de la vigilance. Au 5ème jour elle prononce
les premiers mots, on reprend alors l’alimentation orale avec un régime mixé, sans eau
plate pour limiter le risque de fausses routes. Au 7ème jour elle marche à très petit pas
encadrée par 2 kinés.
Madame E est à nouveau capable de marche seule le 11ème jour ; la désorientation
temporo-spatiale est toujours totale, sans perplexité.
Alors que nous nous émerveillons de ces progrès, le mari de Madame E se désespère de
la voir si peu autonome. « Elle ne mange rien, ne marche pas, etc… »
Quand mon senior évoque un retour à domicile avec 3 passages par jour, j’avoue que je
suis vraiment perplexe et je n’ai pas été la seule difficile à convaincre ; Monsieur E n’était
vraiment pas chaud non plus !!!
La préparation du retour à domicile a commencé par une visite du dit domicile avec
l’assistante sociale, Madame L. Après avoir pris rendez-vous avec Monsieur E, nous voilà
parties toutes les deux pour visiter le domicile réputé « incurique » aux dires de la fille.
Nous avons été extrêmement surprises de découvrir un grand 3 pièces au premier étage
d’une résidence de standing (poignées de porte dorées) avec grand balcon fleuri et vue
imprenable sur la tour Eiffel. L’appartement est très ordonné (trop ?). Le parquet du
salon est comme neuf, nous repérons un épais tapis sous la table à manger que nous
prévoyons de faire enlever… Il est possible de passer avec un déambulateur voire un
fauteuil roulant dans toutes les pièces. Les 2 salles de bain, les toilettes, la cuisine ne
sont pas rutilantes mais propres. Nous remarquons même la présence d’une tomate
fraîche dans la cuisine, un frigo un peu vide. Les piles de vêtements dans les placards ont
l’air d’avoir été tracées à la règle. Seul les draps mériteraient d’être changés, de même
que la chemise de Monsieur E, la même depuis le début de l’hospitalisation de son
épouse. Après négociation nous obtenons de Monsieur E qu’il apporte une chemise de
nuit et une robe de chambre propres à son épouse qui vit depuis 15 jours dans les
pyjamas en papier de l’hôpital.
Alors que tout nous paraît vraiment parfait pour organiser le RAD, Monsieur E lui ne voit
que des obstacles infranchissables :
- Et si Madame E urine sur le parquet ? dans son lit ?
- Où allons-nous mettre le lit médicalisé (dans une chambre de 20m2…)
- Comment faire pour payer le portage des repas qui ne prend que les chèques.
« Vous comprenez, c’est ma femme qui paie les repas, je peux faire son code
de CB à sa place, mais je ne peux pas signer de chèque en son nom. »