6 janvier 2012
Mot d'Accueil
C'est le 6 janvier 1877, il y a aujourd'hui 135 ans, que la Sacrée Congrégation pour la
Propagation de la Foi à Rome a envoyé un télégramme à l'Evêque de Coimbatore en Inde,
Mgr Bardou MEP, pour approuver la fondation d'un nouvel institut religieux situé dans le
vicariat de son diocèse, à Ootacamund, c'est-à-dire celui des Missionnaires de Marie.
Ce jour-là, nous pouvons être res que Marie de la Passion était très unie de cœur, en
pensée et en prière avec ses sœurs en Inde. Je suis sûre que nous pouvons aussi dire de
même, en ce jour en Inde 135 ans après, elle est avec nous toutes, et plus spécialement
chacune de vous, les trente-deux provinciales nouvellement élues de cet Institut.
Bienvenue en Inde et bienvenue à cette rencontre de l'Institut !
Marie de la Passion a été provinciale ici en Inde, elle était jeune et se trouvait sur une terre
étrangère. La réflexion sur sa propre expérience dans cette responsabilité montre, comme
on l'a écrit, que cela a laissé en elle une compréhension personnelle d'une certaine peur qui
pourrait paralyser celles à qui, maintenant comme fondatrice, elle confierait la
responsabilité d'une province. Depuis le premier paragraphe du Coutumier, elle ne leur
cache pas le fait qu'elles auront à souffrir, mais elle les invite à surmonter cette peur, comme
elle l'avait fait, dans une attitude de lâcher prise, nourrie par une profonde humilité et la
prière.
1
Nous voyons le lâcher prise comme une réponse active et non passive à la vie. Active en ce
sens que nous essayons d'être conscientes de nos propres réponses émotionnelles aux
situations, nous les laissons aller, dans le désir de dépasser l'énergie de l'émotion, pour faire
place au calme, afin d'accueillir l'inspiration de l'Esprit qui est en nous. C'est ainsi que nous
comprenons l'invitation de Marie de la Passion, comme un appel à grandir dans la foi et
l'humanité. D'où le thème de cette rencontre : Se laisser conduire par l'Esprit qui est en
nous.
Maintenant plus que jamais auparavant, devant les réalités en constante mutation de nos
vies et de notre mission dans le contexte d'aujourd'hui, nous ne pouvons pas connaître le
chemin devant nous. Nous sommes vraiment appelées à être comme Marie, qui "gardait
tous ces événements dans son cœur"
2
et comme François, désirant "par-dessus tout avoir
l'Esprit du Seigneur".
3
Je crois fermement qu'il n'y a pas d'autre chemin devant nous dans le
leadership, dans notre contexte actuel. Même le monde des affaires commence à le
1
Mon Dieu et mon Tout - La spiritualité de la Supérieure provinciale vue dans son Coutumier, p.25
2
Lc 2, 19, 51
3
Constitutions 11, 2Reg 10
Rencontre des Nouvelles Provinciales
6-30 janvier 2012
Pune, Inde
reconnaître. Nous sommes toutes appelées à être des mystiques dans la complexité du
monde actuel, cherchant le Dieu caché dans le monde en cherchant le Dieu caché dans notre
vie.
Karl Rahner, l'éminent théologien qui a aidé à donner forme à Vatican II, a observé que les
chrétiens de l'avenir seraient des mystiques - ou bien il n'y aurait plus de christianisme. C'est
l'expérience de grâce dans toutes les activités monotones et routinières de notre vie qu'il
appelait "le mysticisme de la vie quotidienne".
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Je crois que Marie de la Passion a saisi cette
compréhension en son temps, pressée par les incroyables responsabilités qu'elle a
rencontrées sur son chemin, à cause de la rapide extension de l'Institut. Elle percevait
l'Institut comme "l'œuvre de Dieu", et nous aussi sommes appelées par l'Esprit à collaborer à
cette "œuvre de Dieu" qu'est la vie et la mission de l'Institut dans l'Eglise et pour le monde
de notre temps.
L'Esprit nous a confié cette responsabilité du leadership, dans la réalité concrète des
circonstances connues de chacune. Nous y sommes ensemble, chacune de vous avec nous
au niveau général, vous n'êtes pas seules.
Vous êtes chacune la personne choisie par vos sœurs et Dieu vous inspirera, vous guidera et
vous perfectionnera dans ce que vous êtes réellement comme personne unique, capable et
douée. Dieu vous demande seulement d'être vraie avec vous-même. Vous pouvez seulement
assumer ce rôle à votre façon, selon ce que vous êtes dans votre unicité, en croyant en votre
propre expérience de la vie, et plus que tout, en votre disponibilité à collaborer avec l'Esprit
Saint de Dieu, pour être façonnée par la responsabilité, grandir dans la foi et l'humanité.
Je suis profondément reconnaissante à chacune de répondre à ce nouvel appel de l'Esprit
dans votre vie ; ma propre expérience me parle d'un certain accablement devant tout ceci,
et du courage nécessaire pour dépasser la peur. Certaines choses n'ont pas changé depuis le
temps de Marie de la Passion !
Mais la réalité de l'amour et de la grâce de Dieu dans la vie de chacune de vous dans son
unicité, dans le déroulement des événements de chaque jour, est vraiment une réalité, la
vraie source de notre paix et de notre courage.
Je prie pour que ce temps ensemble puisse être un temps partager entre sœurs,
répondre au même appel, construire des liens d'affection et de confiance ; apprendre les
détails pratiques de la tâche et les façons de faire de l'Institut ; s'émerveiller de l'action de
l'Esprit dans et parmi nous ; approfondir notre amour du charisme que nous partageons ;
renforcer notre désir de répondre à cette nouvelle mission et avancer, dans la foi et
l'espérance, avec confiance et énergie.
Que Dieu vous bénisse avec largesse durant ces semaines ensemble !
Suzanne Phillips, fmm
Supérieure générale
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Karl Rahner, Ecrits spirituels
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